Leçon 5 : toujours par téléphone, tu le relanceras
Comment faut-il s’y prendre alors ? « Il n’y a qu’une chose à faire : décrocher son téléphone et demander directement au
client pourquoi il n’a pas envoyé son règlement, indique Frédéric Doumenc. En France, les cadres n’aiment pas faire cela, parce
qu’ils considèrent, à tort, cette tâche comme peu intéressante, réservée à des exécutants. Or, chercher à comprendre pourquoi un
client ne vous paie pas fait partie des problématiques majeures de toute entreprise. C’est de la relation clients. Les Anglo-Saxons
l’ont parfaitement intégré : chez eux, les managers n’ont aucun état d’âme à prendre leur téléphone pour chercher à savoir ce qui se
passe. »
Leçon 6 : l’ordonnateur des paiements, tu harcèleras
Acquérir le réflexe du téléphone, c’est bien, mais encore faut-il parvenir à toucher le bon interlocuteur. Celui qui a le
pouvoir de déclencher le virement, de signer le chèque ou de parapher l’effet de commerce que vous attendez... Comment localiser ce
décisionnaire ? Première hypothèse : vous avez obtenu son nom et ses coordonnées lors de la leçon 1, quand vous vous êtes plongé
dans les circuits de paiement de votre client. Votre tâche est simple : appelez-le directement, faites-lui part de votre volonté de régler
les éventuels problèmes avec lui, et ne le lâchez pas tant qu’il n’aura pas lâché l’argent !
Deuxième hypothèse : vos interlocuteurs ont jusque-là réussi à dissimuler derrière un flou stratégique l’identité de leur
ordonnateur des paiements. « Dans ce cas, joignez le directeur comptable, et exigez d’être réglé. Si vous constatez qu’il ne débloque
pas les fonds, demandez à parler à son supérieur, et remontez ainsi dans la hiérarchie jusqu’à ce que vous soyez en contact avec le
vrai décisionnaire, préconise Frédéric Doumenc. Puis, quand vous le tenez, harcelez-le comme indiqué précédemment ! »
Leçon 7 : cartes sur table avec ton client, tu joueras
Comment obtenir que votre client cesse de vous faire lanterner ? Essayez d’abord la méthode douce. Montrez à votre
interlocuteur l’étendue du préjudice que ses retards de paiement vous causent, et faites appel à son sens de la justice... voire à son bon
coeur. « Quantifiez ce que vous coûtent les retards de paiement du client, et jouez cartes sur table », conseille Frédéric Doumenc.
Dites, par exemple : « Notre société réalise avec la vôtre 600 000 euros de chiffre d’affaires par an. Vous réglez avec quinze jours de
retard en moyenne, ce qui génère pour nous un décalage permanent de trésorerie de 25 000 euros. Nous sommes obligés de le
financer par de l’affacturage. Cela nous coûte 2 000 euros par an. Comprenez qu’une petite structure comme la nôtre ne peut pas
absorber de tels frais ! »
Leçon 8 : si nécessaire, la manière forte tu emploieras
Votre interlocuteur se soucie peu de vous créer des problèmes de trésorerie ? Il est temps d’employer des moyens de
persuasion musclés. Différentes options s’offrent à vous. La première : facturer des pénalités de retard. « C’est une excellente façon
d’éduquer vos clients, estime Frédéric Doumenc, à une condition : prévenez-les dès l’envoi de la facture que tout jour de retard
donnera lieu à des pénalités calculées à tel taux. Et expliquez-leur que, en agissant ainsi, vous vous contentez de leur refacturer ce
que leur négligence vous coûte. »
Vous pouvez aussi menacer un mauvais payeur de cesser toute livraison de marchandises (ou prestation de services) s’il ne
règle pas sur-le-champ ce qu’il vous doit. « Très peu d’entreprises le font, pourtant c’est un moyen de pression efficace », observe
Frédéric Doumenc. Enfin, face aux clients les plus récalcitrants, n’hésitez pas à évoquer une assignation en référé. « Dès lors que
vous pouvez produire un contrat signé, un bon de livraison et une facture, vous êtes assuré de gagner si vous allez en référé, note
l’expert de Lowendal Masaï. Je ne pousse pas à la procédure, mais il y a des circonstances où il faut savoir brandir un épouvantail...
La personne chargée de monter au créneau doit être un cadre de haut niveau
Frédéric Doumenc, directeur du pôle cash de Lowendal Masaï.
Comprendre les circuits de paiement de chaque société cliente, négocier les délais de règlement contractuels, s’assurer du
règlement des litiges, garder en permanence les clients sous contrôle afin qu’ils paient en temps et en heure... Ces missions revêtent
une importance capitale pour toute entreprise. C’est pourquoi elles doivent impérativement être centralisées auprès d’un manager de
haut niveau. Dans une PME, ce responsable peut être soit le patron lui-même, soit un cadre directement rattaché à la direction
générale. Les Etats-Unis, qui sont très en avance sur la France dans ce domaine, ont créé le métier de "cash manager", dont le rôle est
d’accélérer les paiements des clients. Enormément d’entreprises américaines emploient un cash manager, même parmi les petites
boîtes. »