poétique de dire : "Comment est-ce que je peux m'en sortir ?" C'est une réaction humaine, lorsque
nous sommes mis au défi ou accablés, de demander ou d'espérer que l'obstacle soit enlevé, mais les
enseignements spirituels nous indiquent comment faire face à ces moments et de quoi nous inspirer.
L'un des thèmes courants est la volonté de ne pas fuir ou de tenter de s'échapper. Même si Jésus a
demandé à Dieu s'il pouvait se sortir de sa situation, juste après avoir prononcé ces paroles, il a
rétabli son équilibre intérieur et il a dit : "Que ta volonté soit faite." C'est comme s'il avait puisé dans
son Être plus profond et accepté son destin, même si celui-ci était terrifiant. Pensez-y : la crucifixion
est l'une des façons les plus terribles de mourir, et il savait que cela arriverait.
Dans les histoires de Jésus et du Bouddha, de nombreuses images sont dramatisées et amplifiées,
mais c'est pour que nous ne manquions pas l'essentiel. Ces enseignements transmettent quelque
chose d'important sur la façon de trouver la grâce dans nos défis. Les moments les plus difficiles de la
vie nous donnent un point d'accès, une possibilité de nous ouvrir à la grâce qui dépasse notre
aptitude à le créer ou à le fabriquer. En d'autres termes, nous pouvons répondre à ce moment par un
oui, ou nous pouvons dire non, hésiter, nous plaindre ou avoir peur, parce que nous ne pouvons pas
dépasser notre insécurité. Si nous pouvons dire oui à ces expériences, si nous n'essayons pas de les
éviter ni de les rationaliser, quelque chose de plus profond jaillira dans cet espace où nous nous
ouvrons à nos limites. C'est la grâce.
J'ai fait l'expérience de cette grâce chez mon père. Au cours des cinq dernières années de sa vie, il a
eu une crise cardiaque, un AVC, puis un cancer avancé qui l'a emporté quelques mois après avoir été
diagnostiqué. Alors qu’il se remettait de son AVC, mon père m'a dit qu'il avait vécu une expérience de
mort imminente qui lui avait enlevé la peur de la mort, et que c'était donc une grande grâce dans ce
sens. Pourtant, cet AVC a constitué un défi, car il a perdu pas mal de fonctions pendant un certain
temps. Une bonne partie de ses fonctions sont revenues avec le temps, mais pas tout, car il n'a jamais
retrouvé l'usage d'un bras et d'une main. Néanmoins, il a pu dire : "Mon AVC m'a sauvé la vie". C'était
là une manière merveilleuse de communiquer ce qu'il avait vécu. Grâce au défi que représentait cet
AVC, il est devenu vivant d'une manière nouvelle. Il a trouvé quelque chose qu'il avait toujours
cherché, à savoir une véritable expérience de l'amour - pas un amour extérieur, mais quelque chose de
profond, à l’intérieur. Pendant les dernières années de sa vie, vous ne pouviez jamais entrer dans une
pièce où il se trouvait sans qu'il ne vous dise à quel point il vous aimait. Il disait cela à tout le monde. Il
a eu ses moments de difficulté, lorsqu’il était déprimé par sa situation, lorsqu’il devait composer avec
un corps qui ne fonctionnait plus comme avant et un esprit qui n'était plus aussi vif qu'avant.
Pourtant, il exsudait un sentiment d’acceptation malgré tout cela, ainsi qu’une reconnaissance qu'il ne
tardait pas à partager avec son entourage.