NATURE, ÉVOLUTION À L’UNISSON ET TÉLÉPATHIE DR LARRY DOSSEY Le Dr Larry Dossey est un pionnier au niveau de l'apport de la compréhension scientifique dans le domaine de la spiritualité. Chirurgien militaire au Vietnam et ancien chef du personnel de l'hôpital de Dallas au Texas, il vit aujourd'hui à Santa Fe, au Nouveau-Mexique, avec son épouse infirmière, Barbara. Il donne des conférences dans le monde entier, et notamment dans des hôpitaux et dans des universités de médecine. Auteur d’une douzaine de livres, qui ont figuré sur la liste des best-sellers du New York Times, il a reçu de nombreuses récompenses pour ses travaux et il est régulièrement invité sur les plateaux de télévision et à la radio. Il est également rédacteur en chef de la revue Explore : The Journal of Science & Healing. L’un des oiseaux les plus doués en matière de comportement de groupe est l'étourneau sansonnet, dont les mouvements acrobatiques en grandes nuées constituent un genre de ballet aérien. En Angleterre, durant les mois d'hiver, des milliers d'étourneaux reviennent le soir, après leur quête de nourriture à Otmoor, une zone humide herbeuse de 200 hectares dans le sud-est de l'Angleterre. De petites troupes fusionnent pour constituer de plus grandes nuées appelées murmurations et elles se mettent alors à tourbillonner et à tournoyer en créant des figures qui comptent parmi les plus élégantes de la nature.1 D’énormes bancs de poissons, comme les harengs, présentent également un comportement de groupe similaire en virevoltant à l'unisson, particulièrement lorsqu'ils sont poursuivis par des prédateurs. Lorsque des créatures témoignent d'un comportement de groupe, agissent-elles de manière irréfléchie et aveugle, ou cela implique-t-il quelque chose de plus ? Lorsqu'un éléphant meurt, le troupeau se rassemble souvent autour de l'animal mort, et il peut s'attarder pendant des jours, en se comportant comme s'il éprouvait un chagrin et un deuil réels. Il arrive même que des membres du troupeau ensevelissent l'animal mort avant de continuer leur chemin et de revenir plus tard sur les lieux de la mort pour vénérer les ossements. Des comportements ont également été observés chez des chiens, des chevaux et des gorilles, qui impressionnent les éthologues, en tant qu'expériences de deuil authentiques, et qui sont décrits par David Alderton dans son livre Animal Grief : How Animals Mourn. Dans un récit qui évoque les obsèques d'une pie, une volée d'une quarantaine de volatiles se rassembla autour d'une pie, qui avait été tuée sur une route. Lorsque la voiture qui avait tué l'oiseau repassa par-là, le groupe de pies se précipita sur elle et la força presque à quitter la route.2 Dans un exemple similaire, un homme abattit un corbeau qui lui volait des œufs. En quelques jours, sa maison fut assiégée par une trentaine de corbeaux qui l'encerclèrent pendant plusieurs jours. L'homme renonça définitivement à la chasse.3 L’INTELLIGENCE EN ESSAIM OU DISTRIBUÉE Comment des quantités d'animaux, d'oiseaux et de poissons parviennent-ils à agir de manière concertée et coordonnée, comme si le groupe constituait une seule entité ? L'idée la plus connue est l'"intelligence en essaim" ou la "théorie des essaims", introduite dans les années 1980 par des chercheurs en intelligence artificielle et en robotique. Selon ce concept, les unités individuelles d'un groupe interagissent localement les unes avec les autres et avec leur environnement. Bien qu'il n'y ait pas de contrôle centralisé dictant le comportement des individus, les interactions locales et souvent aléatoires entre les individus conduisent en quelque sorte à l'émergence d'un comportement de groupe intelligent. En d'autres termes, l'individu n'est pas particulièrement intelligent, mais le groupe l'est. La théorie des essaims s'applique à des phénomènes naturels, tels que les troupeaux d'animaux, les nuées d'oiseaux, les bancs de poissons, les colonies de fourmis et de termites, les ruches d'abeilles et la croissance bactérienne.4 La théorie des essaims a des applications pratiques. Elle peut servir à déterminer la meilleure façon de délivrer des billets et d'embarquer des passagers dans des avions commerciaux, d'affecter des arrivées d'avions à des portes d'aéroport et de faire circuler des camions de la manière la plus efficace possible. Les scientifiques ont développé des logiciels pour des groupes ou pour des "essaims" de robots, en utilisant des règles simples qui imitent le comportement des essaims d'insectes. L'objectif est d'utiliser des robots pour procéder intelligemment à des opérations dangereuses de déminage, de recherche et de sauvetage, qui mettraient en danger les premiers intervenants humains. Selon les scientifiques, des essaims de robots pourraient un jour explorer la surface de Mars.5 Quand des animaux, des oiseaux, des poissons ou des insectes se déplacent massivement, comment font-ils ? Si aucun des harengs d'un banc ne saisit la situation dans son ensemble, comment font-ils pour changer de direction en un éclair, comme une seule entité ? Selon les théoriciens de l'essaim, un des éléments clés est que personne n'est responsable. Il n'y a pas de "général" qui donne des ordres, qui prendraient du temps pour être communiqués au troupeau, à la nuée, au banc ou à la ruche. Au lieu d'ordres venant d'en haut ou de la tête, le comportement complexe est coordonné par des règles relativement simples. En 1986, Craig Reynolds, un chercheur en infographie, imagina un programme simple qu'il baptisa "boids"1 pour explorer ce que pourraient être ces règles. Dans sa simulation, des objets génériques semblables à des oiseaux, les boids, recevaient chacun trois instructions : (1) ne pas bousculer ses voisins, (2) voler dans la direction moyenne par rapport à ses voisins, et (3) rester à proximité de ceux-ci. Quand il exécuta le programme sur un écran d'ordinateur, il obtint une simulation frappante des mouvements imprévisibles et très réels observés dans les nuées d'oiseaux.6 Mais pourquoi les créatures suivent-elles ces lignes directrices et pourquoi constituent-elles d'immenses troupeaux, nuées, bancs ou ruches ? La réponse courante en biologie est qu'il y a un avantage à agir ainsi pour la survie. Un grand groupe d'animaux, d'oiseaux ou de poissons a davantage d'yeux pour repérer les prédateurs. En cas d'attaque, ils peuvent confondre le prédateur par des mouvements de masse bien coordonnés. Une masse d'individus offre un avantage pour localiser un partenaire, trouver de la nourriture ou suivre une route de migration. En tant que membre d'un groupe, chaque individu a davantage de chances de rester en vie et de se reproduire que s'il est isolé et seul. Ah, si tout était si simple ! Même parmi les scientifiques qui s'intéressent à l'intelligence de l’essaim, ces événements "semblent encore miraculeux, même pour les biologistes qui les connaissent le mieux", selon Peter Miller, rédacteur au National Geographic. Les biologistes qui vivent dans la nature pendant de longues périodes et observent de près les créatures ont souvent le sentiment tenace que les belles formulations de la théorie de l’essaim ignorent quelque chose. En 2003, pendant cinq mois, des biologistes de la faune sauvage, Karsten Heuer et son épouse, Leanne Allison, suivirent la harde de caribous de la Porcupine, comptant 123 000 animaux sur plus de 1600 km, lors de sa migration depuis son aire d'hivernage dans le nord du territoire du Yukon, au Canada, jusqu'à son aire de mise bas dans le National Wildlife Refuge de l'Alaska.7 "C'est difficile à décrire avec des mots, mais quand le troupeau était en mouvement, il ressemblait beaucoup à l'ombre d'un nuage qui passe au-dessus du paysage, ou à une masse de dominos basculant 1 Le mot boid est une contraction de l’anglais bird-oid (qui a la forme d'un oiseau). en même temps et changeant de direction", déclara Heuer. Un domino heurtant le suivant, une succession de dominos qui basculeraient les uns après les autres : la cause à effet classique ? Pas exactement. Heuer poursuivit : "C'était comme si chaque animal savait ce que son voisin allait faire, et le voisin d'à côté et celui d'à côté. Il n'y avait aucune anticipation, ni aucune réaction. Pas de cause à effet. C'était comme ça."8 Ce genre de propos rend fous les biologistes. Il n'y a pas de place dans la biologie classique pour cette ''simple connaissance'', qui court-circuite la cause à effet. Ce qui se rapproche le plus de cette "simple connaissance" pour les biologistes, c'est l'idée d'instinct, c'est-à-dire l'inclination inhérente d'un organisme vivant à adopter un comportement particulier. Ces schémas d'action fixes ne reposent pas sur l'apprentissage, mais sont hérités. La plupart des théoriciens croient que les informations qui régissent le comportement instinctif sont câblées dans le système nerveux de l'individu, qu'elles sont contenues dans l'ADN des parents et transmises des parents à la progéniture. L'ADN est la cause ; le comportement instinctif est l'effet. L'intelligence en essaim et les instincts sont sensés jusqu'à ce que l'on commence à examiner les petites exceptions qui ne concordent pas, comme ces observations "sans cause à effet" d'éthologues, comme Heuer et Allison. Je suggère la possibilité d'une intelligence collective - d'un Esprit universel qui ne dépend pas de l'information sensorielle – et qui pourrait opérer dans les troupeaux d'animaux, les nuées d'oiseaux et les bancs de poissons. UN ESPRIT DE GROUPE ? Ainsi que nous l'avons vu, les biologistes ont tenté d'expliquer le comportement de groupe des troupeaux, des hardes, des nuées et des bancs par des informations sensorielles captées par un animal auprès de son voisin immédiat, ce processus s'étendant à l'entièreté du groupe. Une telle explication élimine la nécessité d'une quelconque intelligence de groupe, ou du moins c'est ce que l'on dit. Mais il y a des problèmes avec les modèles informatisés, comme les boids de Reynolds. Comme le précise le biologiste britannique, Rupert Sheldrake, ce qui se passe sur un écran plat d'ordinateur n'a que peu de rapport avec le comportement de véritables nuées d'oiseaux en trois dimensions. Les modèles bidimensionnels, dit Sheldrake, sont "biologiquement naïfs".9 En 1984, le biologiste, Wayne Potts, de l'Université de l'Utah, filma les mouvements virevoltants de grandes nuées de bécasseaux variables, des petits échassiers de rivage, au-dessus de Puget Sound, dans l'État de Washington.10 Il constata que tout bouleversement dans l'orientation, d'un voisin à l'autre, pouvait s'opérer en 15 millièmes de seconde. Ces changements pouvaient être provoqués par des oiseaux isolés ou par de petits groupes localisés n'importe où dans la nuée, et se propager sous la forme d'une onde quasi-simultanée dans toute la nuée. Potts testa plus tard les bécasseaux en laboratoire pour voir à quelle vitesse ils répondraient à un stimulus. Il trouva qu'en moyenne, il fallait 38 millièmes de seconde à un oiseau pour déclencher une réaction de sursaut face à un éclair de lumière. Cela signifie qu'ils ne pouvaient pas se baser sur des indications visuelles de la part de leurs voisins pour changer d’orientation en vol beaucoup plus rapidement que le temps de réaction prouvé expérimentalement. Potts conclut néanmoins que les oiseaux individuels réagissaient bien visuellement, non pas à leurs voisins, mais à ce qu'il qualifia d’onde directrice traversant toute la nuée. Pour Potts, "ces vitesses de propagation semblent se produire à peu près de la même manière que dans une chorégraphie humaine : les individus observent l'onde directrice qui s'approche et synchronisent leur propre exécution pour coïncider avec son arrivée". C’est peu probable, d’après Sheldrake. Les participants à une chorégraphie voient ce qui se passe devant ou à côté d'eux, mais pas ce qui se passe derrière eux. Pour que le modèle de la chorégraphie fonctionne au sein d'une nuée, il faudrait que les oiseaux fassent preuve d'une attention visuelle quasiment constante, à 360 degrés, ce qui n'est pas le cas. Comment pourraient-ils réagir quasiment instantanément aux vagues qui s'approchent d'eux par l'arrière ? Il leur faudrait des yeux à l'arrière de la tête. Or aucun oiseau, dit Sheldrake, ne possède une vision à 360 degrés, qu'ils aient leurs yeux à l'avant de la tête, comme les hiboux, ou sur le côté, comme les oies, les canards, les bécasseaux variables et les étourneaux. Que pourrait-il se passer d'autre ? "Depuis des décennies, des naturalistes spéculent sur le fait que les changements de direction dans les nuées d'oiseaux se produisent si rapidement qu'ils semblent dépendre d'une pensée collective ou de la télépathie", explique Sheldrake. "Ma propre hypothèse, c’est que les nuées d'oiseaux sont effectivement organisées de manière télépathique via des champs, les champs morphiques".11 Sheldrake examine la nature des champs morphiques dans ses livres novateurs, Une nouvelle science de la vie, La mémoire de l'univers et Le septième sens. Selon son hypothèse, les champs morphiques constituent de vastes champs d'influence qui modèlent le comportement et la pensée. Ils opèrent de manière non locale, indépendamment de l'espace ou du temps. Ils se sont formés au cours de la longue évolution et de la sélection naturelle. Les champs morphiques n'excluent pas l'importance de la vision ou de tout autre sens physique dans les nuées d'oiseaux ou dans le comportement de groupe de toute autre créature ; c'est simplement que la vision seule, ou que tout autre sens physique, ne peut pas expliquer la coordination des mouvements du groupe. On a aussi développé des modèles informatiques bidimensionnels qui ressemblent à des boids pour expliquer les mouvements coordonnés des bancs de poissons qui, de loin, ressemblent à un seul et même organisme. Leur comportement le plus spectaculaire est la fameuse expansion éclair, au cours de laquelle le banc explose vers l'extérieur, lorsqu'il est attaqué par un prédateur, chaque poisson fuyant le centre. Une telle expansion peut se produire en l'espace de 20 millisecondes seulement, note Sheldrake. Là encore, il n'y a pas d'explication sensorielle simple à ce phénomène, puisqu’il est trop rapide pour que les impulsions nerveuses passent de l'œil du poisson à son cerveau, puis à ses muscles. En outre, les poissons se rassemblent en bancs la nuit, de sorte que la vision ne peut pas être essentielle. Même lorsque des poissons ont été temporairement rendus aveugles par des lentilles de contact opaques au cours d'expériences en laboratoire, ils sont restés capables de rejoindre le banc et d'y maintenir leur position. Les modèles informatiques ont également utilisé les variations de pression dans l'eau. Les variations de pression sont détectées par des organes sensibles à la pression, des lignes latérales qui courent le long du corps du poisson. Même quand les lignes latérales ont été sectionnées au niveau des ouïes, les poissons continuent à évoluer normalement en banc. Sheldrake relève des éléments qui suggèrent qu'une intelligence de groupe non sensorielle, semblable à un champ, est nécessaire pour expliquer les comportements organisés, non seulement des nuées d'oiseaux et des bancs de poissons, mais également des insectes sociaux, tels que les termites, les guêpes et les abeilles, des troupeaux fuyant un danger, des loups en expédition de chasse, et des foules humaines, des équipes sportives ou des groupes familiaux. Selon lui, les champs morphiques ont évolué au cours d’une longue période pour permettre aux membres d'un groupe de communiquer au-delà de leurs sens habituels. "C'est dans les champs morphiques des groupes sociaux que nous trouvons la base évolutive de la télépathie", note Sheldrake. La télépathie peut bien être tournée en dérision par les matérialistes purs et durs, mais selon Sheldrake, il n'y a rien de troublant là-dedans. Le phénomène pourrait même être prévisible. La communication non sensorielle est une capacité que toute créature peut développer dans un monde hostile, parce que, tout simplement, elle a une valeur de survie. Parce qu'elle contribue à la survie et donc à la procréation, elle pourrait être incorporée dans la structure génétique d'une créature, de sorte qu'avec le temps, elle pourrait être utilisée par l'ensemble de l'espèce. Une telle capacité évoluerait presque certainement à un niveau inconscient, parce que l'analyse consciente et la prise de décision nécessitent un temps précieux, qui pourrait être fatal, dans l'évitement d'un prédateur. Cela suggère que la télépathie ou que la conscience non locale pourrait être présente inconsciemment chez presque tous les humains, à un certain degré. Même chez les sceptiques. Les champs morphiques de Sheldrake confèrent une structure et une spécificité à l'Esprit universel. Les champs morphiques peuvent être spécifiques à une espèce, puisqu’ils ont évolué sous la pression de l'évolution pour s'adapter aux besoins de certaines créatures et pas à d'autres. Ainsi, les champs morphiques des nuées d'étourneaux diffèrent de ceux des bancs de poissons. Des insectes sociaux, comme les termites ont leurs propres champs morphiques. Ils savent construire des nids élaborés qui peuvent atteindre trois mètres de haut, avec des galeries, des chambres et des puits d'aération d'une énorme complexité. Même si le plan d'ensemble de la structure peut difficilement être saisi par un seul termite, la colonie le connaît dans son ensemble. Les essaims de guêpes et d'abeilles construisent des structures elles aussi complexes, mais différemment, peut-être guidées non seulement par un champ morphique généralisable aux insectes, mais par un champ morphique plus spécifique aux guêpes ou aux abeilles. Mais l'Esprit unitaire n'est pas entièrement spécifique à une espèce ; des informations peuvent "sauter d'une espèce à l'autre", pour ainsi dire. Les recouvrements sont fréquents. C’est ainsi que nous assistons non seulement à l'échange non local de pensées et d'intentions entre des parents et des enfants, des jumeaux, des amoureux, des thérapeutes et leurs clients, mais aussi entre des créatures très différentes, comme quand, par exemple, des animaux perdus reviennent vers leurs propriétaires humains en franchissant de grandes étendues inconnues et des obstacles incroyables, et ce, inexplicablement par des repères sensoriels ou la mémoire. L'empathie, la compassion, la sollicitude et l'amour sont souvent les lubrifiants de la communication à distance chez l'homme, et peut-être également chez d'autres créatures. Comme le dit Sheldrake, "la télépathie est un aspect du septième sens qui permet aux membres d'un groupe de réagir aux mouvements et aux activités des autres, et de répondre à leurs émotions, à leurs besoins et à leurs intentions. Les sentiments communiqués par télépathie englobent la peur, l'alarme, l'excitation, les appels à l'aide, les appels à se rendre à un endroit particulier, l'anticipation d'arrivées ou de départs, la détresse et la mort", note Sheldrake.12 Comme exemple de communication inter-espèces à distance manifeste, Sheldrake mentionne la reine Elizabeth, notoirement férue d'animaux. L'entraînement de ses chiens de chasse à Sandringham, son domaine dans le Norfolk, est l'un de ses loisirs préférés. Le personnel de Sandringham affirme qu'il n'a pas besoin d'être prévenu de l'arrivée imminente de la reine, car les chiens le font. "Tous les chiens du chenil se mettent à aboyer, dès qu'elle arrive au portail, qui se trouve à 800 mètres de là", explique Bill Meldrum, le garde-chasse en chef. "Nous ignorons comment ils peuvent le savoir, et ils ne le font avec personne d'autre."13 Ce constat nous conduit directement à l'exploration de la connexion du septième sens entre les animaux et les humains. L’ESPRIT COMMUN DES ANIMAUX ET DES HOMMES Les intelligences des hommes et des animaux peuvent-elles s'unir dans l'Esprit universel ? Lyall Watson, le biologiste, éthologue et aventurier sud-africain, dont les livres m'ont nourri pendant des années, écrivit : "Je pense qu'il pourrait bien y avoir une circulation de schémas ou d'instructions, qui franchit les barrières entre les espèces et qui permet même à des organismes radicalement différents d'emprunter les idées des uns et des autres.... Comme biologiste, je suis parfois conscient – surtout quand je suis immergé dans un cycle naturel - d'une sorte de Conscience intemporelle, illimitée par l'espace ou par les limites de ma propre identité. Dans cet état, je perçois les choses très clairement et je suis capable d'acquérir des informations presque par osmose. Je me retrouve, dans ces moments-là, avec des connaissances qui proviennent directement du fait que je fais partie de quelque chose de beaucoup plus vaste, une sorte d'écologie globale de l'esprit. Et l'expérience qui en découle est littéralement merveilleuse.14 De nombreux éléments tendent à prouver que Watson a raison : en ce qui concerne la conscience, les frontières entre les espèces ne sont pas fondamentales. BOBBIE, LE COLLIE Dans les années 1920, un chien de deux ans appelé Bobbie, un collie avec un peu de chien de berger anglais, fit sensation dans tout le pays. Ses propriétaires, M. et Mme Frank Brazier, des restaurateurs de Silverton, dans l'Oregon, étaient en vacances dans l'Indiana, lorsque Bobbie disparut. En dépit d'efforts intenses pour retrouver le chien, les Brazier ne réussiront pas. Le cœur brisé, ils reprirent la route vers l'ouest, sans aucun espoir de le revoir. Six mois plus tard, Bobbie réapparut, tout émacié, dans le restaurant familial de l'Oregon. Il monta au deuxième étage, grimpa sur le lit et réveilla Frank Brazier en lui léchant le visage. Personne n'arrivait à le croire. Quand le Silverton Appeal publia l'histoire, celle-ci se répandit comme une traînée de poudre dans les journaux de tout le pays. L'Oregon Humane Society mena une enquête pour vérifier les dires des Brazier. En interrogeant des personnes, elle fut en mesure de reconstituer l'itinéraire de Bobbie jusqu'à son domicile, qu'elle chiffra à environ 4 500 km, dont une grande partie au cœur de l'hiver. Bobbie ne suivit pas la route de ses maîtres vers l'Oregon, mais se déplaça plus indirectement sur un terrain qu'il n'avait jamais vu et qu'il n'aurait pas pu connaître. Il ne s'agissait pas non plus d'un sosie, car ses propriétaires purent confirmer son identité grâce à plusieurs marques et cicatrices uniques. La célébrité suivit. Bobbie reçut des médailles, un collier en or et des cadeaux d'Angleterre, de France, d'Australie et d'Amérique. Il reçut une clé de la ville de Vancouver, en Colombie-Britannique. Le Conseil des agents immobiliers de Portland lui offrit un bungalow miniature entièrement équipé pour son foyer. L'écrivain Charles Alexander lui consacra un livre, Bobbie : A Great Collie, publié par Dodd, Mead, and Company, en 1926.15 Bobbie joua son propre rôle dans un film muet, The Call of the West, dont une bobine se trouve dans les archives de la bibliothèque de l'Oregon Historical Society Research. Après sa mort, en 1927, Bobbie fut enterré avec les honneurs à l'Oregon Humane Society. Le maire de Portland prononça l'éloge funèbre. Une semaine plus tard, Rintintin, le berger allemand qui était la star de 23 films hollywoodiens, déposa une couronne sur sa tombe, au nom d'un chien.16 J’ai eu l’opportunité, au fil des ans, de discuter avec de nombreux publics à propos du phénomène de la connaissance à distance ou non locale, et j'utilise fréquemment comme exemple des animaux qui retournent à la maison. Je constate que l'explication qui revient le plus chez les critiques pour le cas de Bobbie et d'autres cas similaires est un sens de l'odorat très développé. Cette question fut abordée au cours d'une conférence que je donnais à la Smithsonian Institution, à Washington, où je fus interrompu par les commentaires d'un homme dans l'auditoire. "Ce sont des phéromones !", lança-t-il avec assurance. "Le chien a senti des phéromones émises par ses maîtres dans l'Oregon. Les vents dominants soufflent d'ouest en est. Le chien a simplement suivi ce signal chimique jusqu'en Oregon". Les phéromones sont des substances chimiques qui sont produites par les mammifères et par les insectes, et qui sont disséminées en concentrations infimes dans l'environnement, en jouant un rôle dans l'attirance sexuelle entre les membres d'une même espèce. "À près de 4 500 km ?", demandai-je. "Et entre des membres d'espèces différentes ? Vous ne pensez pas qu'elles se dilueraient joliment sur plus de 4 500 km ?" Un autre homme dans l'assistance intervint pour avancer une autre explication. "C'est une pure coïncidence", déclara-t-il, sans la moindre ironie. "Le chien a retrouvé la maison dans l'Oregon grâce à un coup de bol extraordinaire". "Il y a pas mal de maisons à l'ouest de l'Indiana", répondis-je. " La probabilité de ne pas pouvoir retrouver la bonne maison par hasard est extrêmement élevée." Les deux hommes affichaient une confiance absolue dans leurs suggestions et ils restèrent de marbre face à mes commentaires. Cela me rappela que de nombreuses personnes préfèreront n'importe quelle explication à une communication d'esprit à esprit, même si leurs alternatives sont peu plausibles ou statistiquement improbables.2 2 Je ne sais pas quelle est la probabilité, mais toujours est-il qu’à la seconde même ou j’ai traduit ces mots, deux tourterelles sont venues se positionner devant la baie vitrée de la véranda où je travaillais, soit à environ un mètre de moi, pour me regarder dans les yeux, avant de repartir calmement au bout de quelques secondes. L’auteur a vécu une expérience similaire avec des… coyotes - il habite au Nouveau-Mexique ! Voici par ailleurs ce qu’il écrit dans les remerciements préalables au livre : Ma femme, Barbara et moi, nous vivons au pied des monts Sangre de Cristo, dans le nord du Nouveau-Mexique. Pendant que j'écrivais, des coyotes ont commencé à nous rendre visite. C'était particulièrement intéressant, parce que cela arrivait souvent pendant que je rédigeais la partie sur les liens entre l'esprit des humains et celui des animaux. Je levais les yeux de Comment Bobbie retrouva-t-il le chemin de la maison en traversant 4500 km de terrain inconnu ? L'hypothèse de l'Esprit universel suggère que l'esprit de l'animal et que celui de ses maîtres font partie d'un Esprit plus vaste, qui autorise la circulation d'informations entre eux. Si le propriétaire de Bobbie savait comment rentrer chez lui, un tel savoir était tout autant accessible pour Bobbie. Il n'y avait pas deux esprits séparés qui communiquaient l'un avec l'autre, mais essentiellement un seul Esprit. Un tel partage, que ce soit entre humains ou entre animaux et humains, est presque toujours associé à de l'amour, de la bienveillance et de la compassion. Ce processus permit à Bobbie de "rentrer chez lui", un peu comme un avion de ligne qui suit un signal radio vers un aéroport éloigné, à la différence près qu'aucun signal électronique n'était impliqué dans le cas de Bobbie et qu'il n'y a pas besoin d'un relais émotionnel dans le cas de l'avion de ligne et de l'aéroport. Le cas de Bobbie n'est pas unique. De nombreux cas suggèrent l'existence d'un lien entre l'homme et l'animal, qui transcende l'espace et le temps, un lien qu'il est difficile de rompre, même lorsque l'on fait tout pour y parvenir. Minosch, un chat allemand, aurait parcouru près de 2 500 km en 61 jours pour rentrer chez lui, après avoir été séparé de sa famille en vacances.17 Des milliers de cas similaires ont été rapportés. On peut sans doute considérer que certains de ces cas concernent des animaux qui se ressemblent, mais ce n'est pas le cas de tous ; souvent, l'animal qui revient a son collier et sa plaque d'identification d'origine, et peut être identifié par des marques distinctives. Les cas où l'animal qui revient semblent répondre aux besoins physiques et émotionnels d'une personne éloignée sont particulièrement fascinants. Il y a par exemple celui d'un soldat irlandais de la Première Guerre mondiale, dont la femme et le petit chien, Prince, vinrent s'installer à Hammersmith, à Londres, en 1914, pendant qu'il était envoyé avec l'un des premiers contingents sur les champs de bataille de France. Après avoir servi là-bas pendant un certain temps, il obtint une permission pour rendre visite à sa famille, mais après la fin de sa permission, Prince était complètement inconsolable et refusait toute nourriture. Puis le chien disparut. mon ordinateur pour voir un, deux ou trois coyotes qui me regardaient à travers les fenêtres de mon bureau. Pendant qu'ils me scrutaient, j'avais l'impression qu'ils étaient intéressés par le manuscrit et qu’ils s'assuraient que je comprenais bien. Après quelques moments de contact visuel, ils s'en allaient. Ils continuent à revenir de temps en temps, comme pour vérifier certaines choses. C'est nouveau. Dans cette région, les coyotes sont normalement des créatures timides. Pendant les deux décennies où nous avons vécu ici, ils ne se sont jamais comportés de cette façon. Et puis il y a eu ce lynx splendide qui est apparu un jour froid et neigeux juste devant ma fenêtre pendant que j'écrivais. Il s'est installé, s'est toiletté, puis il a inspecté les lieux pendant près d'une heure - un autre événement sans précédent. Il y a aussi les oiseaux et les cerfs résidents, qui semblent toujours convaincus que l'endroit leur appartient. Je pense que ces créatures sont apparues en tant qu’ambassadrices du réseau plus vaste de la vie. Elles sont venues me rappeler qu'elles aussi font partie intégrante de I'Esprit universel et qu'elles ne veulent pas être oubliées dans ce récit. Je sens qu'elles me signifient de reconnaître et de manifester ma gratitude à l'égard de toutes les créatures sensibles. Et donc, je le fais, NDT. Pendant dix jours, sa femme tenta désespérément de le retrouver, mais en vain. Finalement, elle décida d'annoncer la nouvelle dans une lettre à son mari. Elle fut stupéfaite d'apprendre que le chien l'avait rejoint dans les tranchées d'Armentières, sous un bombardement intense. D’une manière ou d’une autre, Prince s’était frayé un chemin à travers les rues de Londres et 110 km de campagne anglaise, avait traversé la Manche clandestinement, parcouru une centaine de kilomètres sur le sol français, pour ensuite "retrouver son maître au milieu d'une armée d'un demi-million d'Anglais, et ce malgré le fait que les derniers kilomètres intermédiaires étaient sous le feu des obus qui éclataient, et dont beaucoup étaient chargés de gaz lacrymogène."18 PLUS QUE DES COÏNCIDENCES Les Drs J. B. Rhine et Sally Rhine Feather, qui travaillaient alors à l'université de Duke19, décrivirent dans leur étude classique sur des cas similaires à celui de Bobbie cinq catégories de comportement animal qui suggèrent l'existence d'une sorte de connaissance non locale, à distance : 1. La réaction à un danger imminent menaçant l’animal ou son maître 2. La réaction à la mort du maître dans un endroit éloigné 3. L'anticipation du retour du maître 4. L’orientation et le retour au foyer 5. Le pistage (retrouver son propriétaire en terrain inconnu et parfois dans un lieu inconnu jusqu'alors) Parmi ces catégories, la plus étonnante est peut-être celle du pistage. Pour prouver ce phénomène, quatre critères majeurs furent retenus : 1. La fiabilité des témoins 2. L'identification formelle de l'animal, par exemple à l’aide d'une malformation, d'une cicatrice ou d'une étiquette d'identification 3. La crédibilité et la cohérence des détails du cas 4. Des preuves concordantes, comme d’autres témoins Rhine et Feather relevèrent 54 cas de chiens, de chats et d'oiseaux qui répondaient à ces critères. Certains accomplissements des animaux sont tellement stupéfiants que c'est presque une garantie qu'ils seront ignorés par les sceptiques des formes de conscience extra-cérébrales. Prenons l'exemple de ce qui s'est passé dans un concours de pigeons en Europe, en juin 1995. Un pigeon femelle appartenant à David Dougal, du Northumberland, en Angleterre, était censé s'envoler de Beauvois, en France, pour rejoindre son domicile. Au lieu de cela, il se dirigea vers le sudouest, vers la côte de l'Afrique du Nord, et se posa dans un pigeonnier appartenant à Essoli Mohamed, au Maroc. En octobre, un deuxième oiseau, neveu du premier, quitta également le domicile de Dougal et parcourut les 2 600 kilomètres qui le séparaient de sa tante. "Je ne pouvais pas le croire, lorsque j'ai reçu une autre lettre d'Essoli", dit Dougal. "Lorsque le premier oiseau a disparu, nous n'avons pas été très surpris, car la course s'est déroulée dans des conditions météorologiques déplorables, ce qui affecte le sens de l'orientation de l'oiseau. Mais nous n'avons aucune explication pour le neveu. Il n'avait que quelques semaines et il venait d'apprendre à voler". Dougal fut tellement étonné que le deuxième oiseau ait été capable de localiser le foyer d'adoption de sa tante parmi tous les autres pigeonniers du monde, qu'il permit aux deux oiseaux de demeurer au Maroc.20 Le légendaire J. B. Rhine déclara que ce genre de choses nécessitait des pouvoirs psi bien plus importants que ceux dont les êtres humains ont jamais fait preuve.21 C'est aussi le genre de choses qui pousse les sceptiques à se précipiter vers les "coïncidences" avec le désespoir d'hommes en train de se noyer qui s'accrochent à des fétus de paille. Parfois, c'est le propriétaire qui retourne chez lui, et non l'animal. Sheldrake démontra de manière convaincante que les animaux de compagnie semblent savoir quand leurs maîtres reviennent. Il passa cinq ans à réaliser des expériences méticuleuses qui confirment ce que de nombreux propriétaires d'animaux croient, à savoir qu'il existe un lien entre l'homme et l'animal qui fonctionne à distance, à la fois dans l'espace et dans le temps. Même lorsque l'expérimentateur essaya de piéger les chiens en variant l'heure de retour du propriétaire ou le moyen de transport, par exemple en taxi, les chiens paraissaient toujours savoir et être en alerte en se tenant à la porte ou à la fenêtre, quelques minutes avant que le propriétaire ne se montre. Cela se produisait même lorsque personne à la maison ne connaissait l'heure du retour du propriétaire. Les découvertes de Sheldrake ont fait l'objet d'un livre provocateur intitulé Ces chiens qui attendent leur maître et autres pouvoirs inexpliqués des animaux.22 Les chiens peuvent également savoir quand leurs maîtres ne rentrent pas à la maison. Dans leur livre, The Haunting of the Presidents, Joel Martin et William J. Birnes signalent que juste avant l'assassinat du président Abraham Lincoln au théâtre Ford de Washington, dans la soirée du 14 avril 1865, le chien de Lincoln commença à s'affoler, "pratiquement au moment où le rideau se levait au théâtre Ford… Cet animal, d'ordinaire calme et paisible, se mit inexplicablement à aboyer de manière incontrôlée, comme s'il était pris d'une peur soudaine pour sa vie, et se mit à courir désespérément autour des appartements familiaux pour retrouver son maître, le président". Personne ne sut calmer le chien ; aucun membre du personnel de la Maison Blanche ne put tranquilliser l'animal. Le chien continua à courir dans les couloirs jusqu'à ce qu'il s'arrête, rejette la tête en arrière et se mette à gémir. Tout le monde pensait que quelque chose de terrible s'était produit et que le président était en danger. VALIDITÉ ÉCOLOGIQUE Les animaux sont souvent étudiés en laboratoire, mais le laboratoire n'est pas leur habitat naturel. Dès lors, il n'est pas étonnant que les laboratoires puissent inhiber ou étouffer les manifestations de l'Esprit universel chez les animaux. Comme le dit Susan J. Armstrong, professeure de philosophie et d'études féministes à l'université d'État de Humboldt en Californie, qui a beaucoup écrit sur les phénomènes psi chez les animaux : "Il est possible que les phénomènes psi soient en fait réfrénés par des environnements analytiques stériles et étroitement contrôlés."23 La validité écologique est une expression souvent utilisée pour décrire le point de vue d'Armstrong. Elle signifie que la recherche est menée de manière à ne pas fausser la façon dont le phénomène étudié se produit dans la vie réelle. Armstrong est convaincue de la valeur que peuvent avoir non seulement les expérimentations formelles, mais aussi les simples observations et les rapports de cas. "Les preuves expérimentales et non expérimentales peuvent se soutenir mutuellement", écrivit-elle. "L'abondance même de ces rapports est frappante. Cette abondance peut être considérée comme atténuant les déficiences des rapports individuels."24 Armstrong fournit un exemple personnel de la façon dont les liens émotionnels entre les humains et les autres espèces peuvent fonctionner à distance. À la fin des années 1970, elle avait comme animaux de compagnie un cocker et deux perruches. Elle avait pour habitude de laisser les perruches voler librement dans le salon, puisque rien n'indiquait que le chien leur ferait du mal. Mais un après-midi, alors qu'elle était sortie jardiner, elle ressentit brusquement un sentiment d'une violence inouïe, une émotion inexprimable par des mots. Elle se rua à l'intérieur pour découvrir que son chien venait de tuer l'une des perruches et qu’il lui arrachait les plumes pour la manger.25 PENSÉES PARTAGÉES ? Les propriétaires de chiens et de chats mentionnent souvent que leur animal de compagnie peut détecter leur humeur. De nombreux propriétaires d'animaux vont plus loin et affirment que leur animal peut parfois détecter leurs pensées et leurs intentions. Une enquête menée par Rupert Sheldrake auprès de propriétaires d'animaux de compagnie dans le nord-ouest de l'Angleterre révéla que 53 % des propriétaires de chiens et 33 % des propriétaires de chats pensaient que leur animal réagissait à leurs pensées ou à leurs ordres silencieux, et que des pourcentages similaires pensaient que leur animal était parfois télépathe avec eux.26 On peut citer l'exemple de la réalisatrice de documentaires néerlandaise, Renée Scheltema. Dans son documentaire primé, Something Unknown Is Doing We Don't Know What, elle décrivait comment son chat s'enfuyait et se cachait chaque matin où une visite chez le vétérinaire était prévue, bien que Scheltema n'ait pu déceler aucun indice susceptible de provoquer le comportement du chat.27 IMPLICATIONS POUR LA RECHERCHE De telles observations ont de sérieuses implications pour la recherche impliquant des animaux. Si l'Esprit universel englobe les humains et d'autres espèces, l'animal pourrait-il détecter l'humeur de l'expérimentateur et modifier son comportement en conséquence ? Les expérimentations de Sheldrake sur les chiens qui savent quand leurs maîtres rentrent à la maison constituent un bon exemple. Sheldrake est ouvert à l'idée d'une conscience élargie chez les animaux de compagnie et à la capacité des humains et des animaux à communiquer de manière non locale, à distance. Les expériences minutieuses qu'il mène pour tester cette possibilité génèrent systématiquement des résultats positifs. Un de ses détracteurs, qui est un sceptique convaincu, affirme que lui ne peut pas les reproduire.28 L'hypothèse de l'Esprit universel rend ceci compréhensible. Si j'étais un chien, je ne coopérerais pas non plus avec lui. C'est le genre de chose que le président Woodrow Wilson avait à l'esprit : "Si un chien ne veut pas venir auprès de vous après vous avoir examiné, vous devriez rentrer chez vous et faire votre examen de conscience.", fit-il remarquer.29 DES QUESTIONS DE VIE ET DE MORT On a relevé des milliers de cas où "l'homme porte secours au chien" et "le chien porte secours à l'homme". Nous nous préoccupons beaucoup de nos chiens, et ils nous rendent la pareille. Dans bien des cas, il s'agit d'une question de vie ou de mort ; le sauveteur ne survit pas toujours, qu'il s'agisse du chien ou de l'homme. Précédemment, nous nous demandions pourquoi un être humain risquerait sa vie pour sauver une autre personne en danger extrême, quitte à se sacrifier dans le processus. Le mythologue Joseph Campbell et le philosophe Arthur Schopenhauer ont suggéré, comme nous l'avons vu3, qu'au moment critique, les esprits des deux individus sont fusionnés en un seul Esprit ; les deux individus séparés ne font plus qu'un. Cela implique que, du point de vue de la Conscience, le sauveteur ne sauve 3 Voir mon document intitulé ‘’Sauver les ‘’autres’’…Pourquoi tout risquer ?’’, de Larry Dossey, NDT. pas un autre individu, il se sauve lui-même. La fréquence des sauvetages intervenant de l'animal à l'homme et de l'homme à l'animal suggère que le même processus est peut-être à l'œuvre. L'Esprit universel unit non seulement les êtres humains entre eux, mais aussi à leurs animaux de compagnie bien-aimés. Parfois, les liens intimes entre l'esprit des animaux de compagnie et celui de leurs propriétaires semblent littéraux, comme dans le cas de Sir Henry Rider Haggard, le romancier britannique auteur des Mines du roi Salomon. Le cas d’Haggard concernait Bob, son retriever noir. Peu après minuit, le 10 juillet 1904, Rider Haggard poussa un cri dans son sommeil. Il haletait et il peinait à respirer. Il gémissait et il émettait des sons inarticulés, comme un animal blessé, quand sa femme le sortit d'un rêve. Il lui raconta qu'il avait commencé par un sentiment de détresse qui s'était transformé en une impression de lutter pour sa vie. La vivacité du rêve s'accrut encore jusqu’à ce qu’il ait l'impression d'être piégé dans le corps de son retriever bien-aimé, Bob. "J'ai vu ce bon vieux Bob couché sur le côté dans des broussailles au bord de l'eau", déclara-t-il. "Ma propre personnalité paraissait mystérieusement émaner du corps du chien, qui releva la tête dans un angle peu naturel face à moi. Bob essaya de me parler, et incapable de se faire comprendre par des sons, il me transmit mentalement, d'une manière indéfinie, la certitude qu'il était en train de mourir". Rider Haggard décrivit à sa femme une zone marécageuse proche de leur maison. Quatre jours plus tard, il retrouva le corps de Bob à environ 1,5 km de la maison, flottant dans la rivière Waverly. Il était grièvement blessé, avec une fracture du crâne et les pattes avant brisées. Un vétérinaire estima qu'il avait séjourné dans l'eau plus de trois jours, probablement depuis la nuit du 9 juillet. Deux cheminots pensaient que le chien avait probablement été heurté par un train. Ils supposèrent qu'un train avait heurté le chien sur le pont à peu près au même moment que le rêve de Rider Haggard.30 Une vaste littérature existe sur le phénomène inverse, à savoir les animaux qui pleurent la mort de leur maître. Un des cas les plus célèbres est celui de Greyfriars Bobby, un Skye terrier qui est devenu un symbole de loyauté en Grande-Bretagne. Lorsque son propriétaire, John Gray, un policier et veilleur de nuit, succomba à la tuberculose en 1858, il fut enterré sans pierre tombale à Greyfriars Kirkyard, dans la vieille ville d'Édimbourg. Bobby aurait passé les 14 années suivantes à garder la tombe en ne la quittant que pour aller manger. Selon un récit, le gardien du cimetière s'était lié d'amitié avec lui et lui donnait de la nourriture ; d'autres prétendent qu'il était nourri dans un restaurant voisin par des admirateurs. Lorsque Bobby mourut en 1872, il ne put être enseveli dans le cimetière même, car il s'agissait d'une terre consacrée. Il fut alors enterré juste derrière le portail de l'entrée principale sud de Greyfriars Kirkyard, non loin de la tombe de John Gray. Bobby était devenu célèbre. En 1873, une aristocrate, la baronne Angela Burdett-Coutts, fit ériger une statue grandeur nature et une fontaine en son honneur, à l'extrémité sud du pont George IV d'Édimbourg. À l'origine, la fontaine comportait une partie supérieure à laquelle les humains pouvaient boire et une partie basse pour les chiens. Les "trois Bob" - Bobbie le collie, le Bob de Rider Haggard et Greyfriars Bobby illustrent différemment le fait que les esprits des hommes et des animaux peuvent se rejoindre dans I'Esprit Universel. Cette unité se manifeste de différentes façons. Pour Bobbie, la connaissance qu'avait son maître du chemin du retour à la maison sur une immense distance semblait être partagée et comprise par l'animal. Henry Rider Haggard se confondit avec Bob, son retriever, quand il fut blessé et mourut. Greyfriars Bobby semblait indissolublement lié à son propriétaire décédé, et il pleura son absence sur sa tombe pendant 14 ans. "Nous savons bien que nous nous sentons très mal, quand un animal de compagnie bien-aimé meurt, et il semble que nos animaux ressentent la même chose, quand quelqu'un qu'ils aiment disparaît", releva la journaliste Naomi Kane, éleveuse de chiens au Canada. Écrivant pour dogsincanada.com, un site web consacré aux chiens canadiens, elle ajouta : "Le lien entre l'homme et l'animal est une voie à double sens : nos chiens n'ont pas seulement des comportements que nous interprétons comme de l'affection, parce que nous sommes des êtres humains qui en ont besoin ; nos chiens nous retournent vraiment notre amour, et ils éprouvent la joie et la tristesse d'une véritable amitié.’’31 Jim Harrison, l'auteur et poète de renom, s'y entend avec les chiens. Alors qu'il se trouvait à New York dans le cadre de ses activités professionnelles, il appela sa femme dans leur maison du Michigan. Elle était préoccupée, parce que les setters anglais d'un voisin avaient disparu depuis toute une journée dans un blizzard du Midwest. Harrison avait chassé avec ces "splendides créatures", comme il les appelle, et il était particulièrement inquiet à leur sujet, car ils n'étaient pas habitués à passer la nuit dehors par des températures négatives, et son ami Nick, le propriétaire, craignait pour leur vie. Cette nuit-là, à New York, Harrison fit un rêve particulièrement frappant sur le chemin emprunté par les trois chiens. Celui-ci les conduisait notamment sur la tombe d'un ami, puis à travers un marais et un ruisseau gelé jusqu'à une forêt dense bordant le lac Michigan. Le lendemain matin, Harrison considéra ce rêve comme étant un non-sens révélateur de la volonté de l'esprit de savoir où étaient partis les chiens. Il décolla de l'aéroport de LaGuardia pour arriver chez lui en milieu d'après-midi. Après vérification, il constata que les chiens étaient toujours perdus. Il se vêtit chaudement, avant de parcourir les 13 km jusqu'au cimetière qu'il avait vu en rêve. Il fut stupéfait de voir trois séries de traces traversant la tombe de son ami décédé. Il roula encore pendant trois kilomètres jusqu'à la destination dont il avait rêvé, sans rien voir. Mais lorsqu'il klaxonna, les trois chiens surgirent de derrière une grosse congère, où ils s'étaient manifestement enterrés pour tenter de rester au chaud. "Ils étaient bien contents de me voir, mais ils grimpèrent dans la voiture sans faire de commentaire", raconta Harrison.32 Harrison reconnaissait que "de telles expériences sont ce que les scientifiques qualifient d'anecdotiques, donc peu fiables, peut-être spécieuses, mais alors j'ai une longueur d'avance, puisque je ne me soucie pas de savoir si elles le sont ou non. J’ai plus tendance à croire ce merveilleux poète, Simon Ortiz, du pueblo Acoma, qui disait : "Il n'y a pas de vérités, il n'y a que des histoires."33 DES BONS SAMARITAINS DANS TOUTES LES ESPÈCES Si l'Esprit universel n'englobe pas que les humains, mais toutes les créatures, nous pourrions nous attendre à ce que les actes de sauvetage désintéressés impliquent toutes les combinaisons d'êtres sensibles, et pas seulement les chiens, et c'est exactement ce qui se passe. Ces sauvetages inter-espèces sont tellement fréquents qu'ils suggèrent que les comportements compatissants ne dépassent pas seulement les cultures, comme le disait le mythologue, Joseph Campbell, mais aussi les espèces. DES ANIMAUX QUI SAUVENT DES ANIMAUX En mars 2008, deux cachalots, une mère et son petit, s'échouèrent sur Mahia Beach, à l'est de l'île du Nord de la Nouvelle-Zélande. Pendant une heure et demie, les sauveteurs tentèrent vainement de les remettre à l'eau. Les baleines étaient désorientées et s'échouèrent quatre fois de plus sur un banc de sable. Les sauveteurs et les baleines s'épuisaient, et les sauveteurs commençaient à croire qu'il serait nécessaire d'euthanasier les baleines pour leur éviter une mort lente et prolongée. C'est à ce moment-là qu'apparut Moko, un grand dauphin bien connu des nageurs de la région, qui s'approcha des baleines et qui les conduisit sur 200 mètres à travers les eaux peu profondes, le long de la plage, jusqu'à un chenal qui menait à la haute mer. Après avoir secouru les deux cachalots, Moko retourna vers la plage pour jouer avec les nageurs humains. "Je ne parle pas le langage des baleines, ni celui des dauphins", précisa l'agent de protection de la nature, Malcolm Smith, "mais il s'est manifestement passé quelque chose, les deux baleines ayant changé d'attitude, de la détresse à la volonté de suivre le dauphin, directement le long de la plage et jusqu'à la mer. Le dauphin a fait ce que nous n'avions pas réussi à faire. Tout s'est terminé en quelques minutes." Et il ajouta : "Je ne devrais pas faire ça, je sais, mais je suis entré dans l'eau avec le dauphin, et je lui ai donné une petite tape amicale, parce qu'il avait véritablement sauvé la mise."34 En mars 2011, sur Marco Island, en Floride, un doberman qui s'appelait Turbo tomba du haut d'un mur en béton dans un canal. Le chien n'avait aucune chance de pouvoir remonter par ses propres moyens. Turbo lutta 15 heures durant et finit par s'épuiser et se retrouver en état d'hypothermie, et c'est alors que des dauphins surgirent, et ils firent un tel raffut qu'ils attirèrent l'attention d'un couple voisin, Sam et Audrey D'Alessandro, qui étaient en train de charger leur bateau. Sam sauta à l'eau et assura la flottaison de l'animal au moyen d'une bouée. "Ils faisaient vraiment beaucoup de tapage et manquèrent presque de s'échouer sur le banc de sable làbas", dit-il. "S'il n'y avait pas eu les dauphins, je n'aurais jamais vu le chien.’’ Le couple fit appel aux services de secours. Les pompiers arrivèrent et ils aidèrent à sortir le lourd animal de l'eau froide, pour finalement le ramener à son propriétaire.35 DES ANIMAUX QUI SAUVENT DES HUMAINS Les témoignages de dauphins qui protègent les humains remontent à la Grèce antique, et ils continuent de le faire. Le 28 août 2007, le surfeur Todd Endris, 24 ans, se fit attaquer par un grand requin blanc de 4 à 6 mètres de long au large de Marina State Beach, près de Monterey, en Californie. Sans aucun signe avant-coureur, le requin frappa à trois reprises, lacérant sa jambe droite et lui tailladant le dos. Tout à coup, un groupe de grands dauphins apparut et forma un cordon protecteur autour de lui, ce qui maintint le requin à distance et donna à Endris le temps de rejoindre le rivage. Les premiers soins prodigués par un ami permirent à Endris de survivre jusqu'à ce qu'il soit évacué par hélicoptère vers un hôpital, où un chirurgien le recousit. Six semaines plus tard, bien que toujours en rééducation, Endris était de nouveau dans l'eau, et il attribua aux dauphins le mérite de lui avoir sauvé la vie. 36 Des événements semblables ont été rapportés dans le monde entier, comme à Ocean Beach, près de Whangerei, en Nouvelle-Zélande, en octobre 2004. Rob Howes, 47 ans, sauveteur chevronné, et trois sauveteuses s'entraînaient à nager à 100 mètres du rivage, lorsqu'un groupe de sept grands dauphins se dirigea rapidement vers eux et les bloqua. Les dauphins ont commencé à se comporter de manière "vraiment étrange", déclara Howes, "en tournant en rond autour de nous et en frappant l'eau avec leur queue". Howes se détacha alors du groupe et il aperçut un grand requin blanc de trois mètres de long à quelques encablures de là. Lorsque le requin commença à s'approcher de deux des jeunes femmes, dont Nicky, la fille de Howe âgée de 15 ans, les dauphins tournèrent protectivement autour des quatre sauveteurs pendant 40 minutes supplémentaires, en générant autour d’eux un écran de confusion - "un amas de nageoires, de dos et de têtes humaines", dit Howe. Toute cette activité frénétique attira l'attention d'un bateau de sauvetage, et à son approche, le requin abandonna la partie. "Les dauphins sont bien connus pour aider les êtres sans défense", indiqua le Dr Rochelle Constantine, de l'école des sciences biologiques de l'université d'Auckland. "C’est une réaction altruiste, et les grands dauphins sont particulièrement réputés pour cela."37 Un incident similaire, qui attira l'attention internationale, survint lors d'un concours de plongée en apnée en juillet 2009 à Polarland à Harbin, dans le nord-est de la Chine. Les plongeurs concouraient pour retenir leur souffle le plus longtemps possible sans équipement respiratoire dans une piscine de 6 mètres de profondeur contenant des bélugas. L'eau avait été refroidie à des températures arctiques. La plongeuse Yang Yun, 26 ans, se sentait parfaitement bien pendant la plongée, mais lorsqu'elle tenta de remonter à la surface, elle fut prise de crampes dans les jambes en raison du froid glacial, et celles-ci ne réagirent plus. Yun était en train de couler, et elle était sur le point de se noyer. Yun raconta : "J'ai commencé à étouffer et à sombrer encore plus bas, et j'ai cru que c'en était fini pour moi, que j'étais morte, jusqu'à ce que je sente une force incroyable sous moi qui me propulsa vers la surface.38 Un béluga nommé Mila était venu à la rescousse de Yun. La baleine, qui était très familière avec les humains, prit la jambe de Yun dans sa bouche et nagea jusqu'à la surface, la remontant ainsi en sécurité et lui sauvant la vie. De tels incidents ne se limitent pas aux créatures marines. En août 2007, Fiona Boyd, 40 ans, agricultrice à Chapmanton, en Écosse, voulut conduire un veau vers un hangar, lorsque sa mère entendit les cris de son veau et attaqua l’agricultrice. "Tout ce dont je me suis rendu compte, c'est que j'étais allongée par terre - j'ai bien cru que j'étais morte ", raconta Mme Boyd. "Puis, chaque fois que je tentais de m'éloigner en rampant, la vache me rentrait dedans à nouveau. Personne n'était là pour m'aider. J'étais terrifiée et je pensais que les autres vaches suivraient, ce qui arrive parfois". Persuadée qu'elle allait être piétinée à mort, Mme Boyd se roula en boule pour se protéger des sabots de la vache. C’est alors que son cheval, Kerry, qui paissait tout près de là, chargea la vache, ce qui effraya l'animal en colère et ce qui donna le temps à Mme Boyd de se mettre à l'abri. Elle attribue à son cheval de 15 ans le mérite de lui avoir sauvé la vie.39 Binti Jua, une femelle gorille des plaines de l'Ouest âgée de huit ans, accéda à la célébrité internationale en août 1996, lorsqu'une caméra vidéo filma son sauvetage d'un enfant de trois ans dans un zoo de Brookfield, une banlieue de Chicago. L'enfant était parti en courant devant sa mère, s'était penché trop loin par-dessus une falaise en béton, et il avait fait une chute de six mètres dans l'enclos des primates, en hurlant. Binti Jua, dont le nom signifie "fille du soleil" en swahili et qui portait son propre rejeton sur son dos, s'approcha du garçon inconscient, et le ramassa pour le déposer délicatement près d'une porte où des gardiens et des secouristes le récupérèrent. Puis elle se retourna comme pour protéger l'enfant des autres gorilles. Transporté d'urgence au centre médical de l'université Loyola dans un état critique, l'enfant finira par se rétablir. Des journalistes et des équipes de télévision du monde entier affluèrent à Brookfield. Des récompenses en argent et en bananes suivirent. Les politiciens ne furent pas en reste. La première dame, Hillary Rodham Clinton invoqua le nom de Binti Jua dans un discours prononcé lors de la convention nationale du parti démocrate à Chicago, déclarant : "Binti est une citoyenne typique de Chicago. Dure à l'extérieur, mais dotée d’ un cœur d'or à l'intérieur."40 L’ANNONCE AUX ABEILLES Les abeilles comptent parmi les créatures les plus vénérées de l'histoire de l'humanité. Dans les cultures anciennes du Proche-Orient et de la mer Égée, l'abeille était considérée comme un insecte sacré qui faisait le lien entre le monde naturel et le monde souterrain. Les abeilles figuraient dans les décorations des tombes, qui prenaient même parfois la forme de ruches. Référence était souvent faite à la prêtresse de Delphes, en la comparant à une abeille, et le don de prophétie d'Apollon lui aurait été conféré par trois jeunes abeilles. Dans la mythologie égyptienne, on raconte que lorsque les larmes du dieu du soleil, Râ, tombèrent sur le sable du désert, des abeilles en jaillirent. La corde de l'arc de Kamadeva, le dieu de l'amour hindou, est composée d'abeilles mellifères. Les abeilles sont associées à des états de conscience modifiés : l'hydromel, la boisson fermentée à base de miel, était un ancien breuvage crétois, encore plus ancien que le vin. Pour les Mérovingiens, les abeilles à miel représentaient l'immortalité et la résurrection.41 A une époque, apparut l'ancienne coutume de "l'annonce aux abeilles", qui prévoyait d’informer les abeilles de la mort de leur apiculteur. On rapporte qu'à la mort du roi George VI, "les apiculteurs allèrent informer les abeilles de son décès, la tête couverte en signe de respect."42 Les ruches étaient parfois drapées de crêpe noir. Selon une variante, les abeilles de la ruche sont censées mourir à la suite du décès de leur gardien, à moins que les ruches ne soient déplacées ailleurs ; selon une autre version, il suffit de réorienter les ruches. La coutume est encore largement répandue. En 1961, à la mort de Sam Rogers, cordonnier et facteur du village de Myddle, dans le Shropshire, en Angleterre, ses enfants firent le tour de ses 14 ruches et annoncèrent sa mort aux abeilles. Selon l'Associated Press, en avril 1961, peu après que les proches de Rogers se soient recueillis sur sa tombe, des milliers d'abeilles provenant de ses ruches, situées à plus d'1,5 km de là, vinrent se poser sur le cercueil et autour de celui-ci, en ignorant les arbres en fleurs qui se trouvaient à proximité. Au bout d'une demi-heure, elles s’en retournèrent à leurs ruches.43 On songe ainsi au poème élégiaque de John Greenleaf Whittier, ''L'annonce aux abeilles'' : Je n’étais pas sans ignorer qu'elle parlait aux abeilles d'une personne Partie pour le voyage que nous devons tous accomplir. Le vieil homme s'assit, la soubrette continuant De chanter aux abeilles qui sortaient et rentraient. Et la chanson qu'elle chantait depuis lors A mon oreille résonne encore : "Restez au foyer, jolies abeilles, ne vous envolez plus ! Votre maîtresse Marie est morte et bel et bien partie !"44 En 2005, un apiculteur anonyme diffusa via Internet son expérience de "l'annonce aux abeilles". Dans un ancien livre de folklore, il avait lu qu'il fallait informer les abeilles des événements importants, tels que les naissances, les décès et les mariages au sein d'une famille, sous peine d'en subir les conséquences. Il n'avait pas pris l’avertissement au sérieux et, à son retour de l'enterrement de sa mère, il put constater que ses abeilles avaient essaimé et qu’elles étaient parties ailleurs, en laissant les ruches vides. Un ami lui donna d'autres abeilles (il ne faut pas les acheter, selon le folklore), et pendant de nombreuses années, cet ami vint périodiquement récolter le miel. Puis l'ami tomba malade et mourut. L'apiculteur assista à ses funérailles et, comme pour la mort de sa mère, des années auparavant, il oublia de raconter aux abeilles cet événement important de sa vie. Et comme à l’occasion de l'événement précédent, il retrouva ses ruches vides. Cette fois, il fut de nouveau sauvé par un ami, qui devint son partenaire apicole pendant quelques années, jusqu'à ce que ce partenaire, lui aussi, meure subitement pendant son sommeil. Cette fois, l'homme avait compris et il avait bel et bien l'intention d'annoncer à ses abeilles la mort de son partenaire, mais dans la précipitation des événements entourant les obsèques, il ne put tout simplement pas trouver le temps. Une fois de plus, les abeilles désertèrent ses ruches. "Mais ce qui arriva par la suite me convainquit comme rien d'autre n'aurait pu le faire", écrivit-il. Un ami très cher perdit son fils de trois ans, victime d'un virus mortel, et la famille fut submergée par le chagrin. Les obsèques furent tragiques pour toutes les personnes impliquées. La cérémonie touchait à sa fin et une abeille pénétra à l’intérieur de l'église. À la vue de toutes les personnes en deuil, elle vola jusqu'au cercueil, puis pendant quelques minutes, elle bourdonna autour des fleurs qui recouvraient le cercueil. À présent, tout le monde avait les yeux rivés sur elle. Elle décrivit des cercles de plus en plus larges autour du cercueil, puis très lentement, elle se dirigea vers les trois membres de la famille endeuillée et elle tourna autour de leurs têtes, en s'attardant autour de la sœur du garçon décédé, âgée de cinq ans, qui était particulièrement bouleversée par la mort de son petit frère. Sans crainte, elle leva les yeux vers l'abeille qui vola jusqu'à une trentaine de centimètres de son visage avant de rester en vol stationnaire. Elle paraissait hypnotisée par l'abeille. Finalement, l'abeille quitta l'église. "Dans certaines cultures’’, écrivit l'apiculteur anonyme, ‘’l'abeille représentait l'âme d'une jeune personne. Elle s'envolait de la bouche du défunt au moment de sa mort. Toutes les cultures les considéraient avec respect et révérence et, dans certains cas, les vénéraient. Je sais que j'aime les abeilles et qu'elles me manquent, même si ne vis plus à la campagne.... On peut se demander à quoi pensait J. K. Rowling, lorsqu’elle nomma Dumbledore le directeur de Poudlard. Dumbledore est un vieux nom anglais qui désigne une abeille."45 Les liens intimes entre les humains et des animaux en tous genres, et l'amour et l'affection que nous partageons avec eux, ont conduit de nombreuses personnes à espérer que ces liens continueront même après la mort. Cela n'a rien de farfelu : s'ils sont véritablement non locaux, ils sont illimités dans le temps. Comme le disait l'humoriste américain, Will Rogers : "S'il n'y a pas de chiens au paradis, alors quand je mourrai, je veux aller là où ils sont allés."46 Et Mark Twain : "Le chien est un gentleman ; j'espère aller dans son paradis, pas dans celui de l'homme." 47 Certains sont convaincus que les animaux occupent un état pur et sans artifice que nous, les humains, nous avons perdu. Charles de Gaulle déclara : "Plus je connais les hommes, plus j’aime les chiens."48 Ou encore, comme l’a dit le dessinateur Charles M. Schulz, qui nous a donné Peanuts : "Toute sa vie, il a essayé d'être quelqu'un de bien. Mais, il échouait souvent car, après tout, il n'était qu'un humain. Il n'était pas un chien."49 D'autres laissèrent entendre que nos animaux de compagnie peuvent être des voies d'accès vers le domaine non local. Le romancier Milan Kundera écrivait : "Les chiens sont notre lien avec le paradis. Ils ne connaissent ni le mal, ni la jalousie, ni le mécontentement. S'asseoir avec un chien sur une colline par un après-midi radieux, c'est revenir à l'Eden, où ne rien faire n'était pas ennuyeux - c'était la paix."50 Chers amis des chats, ne désespérez pas ! Bien que les chiens occupent le haut du pavé, il existe de nombreux récits de chats volant à la rescousse, ayant sauvé des vies humaines d'incendies, de serpents venimeux et d'autres prédateurs, d'une dangereuse hypoglycémie ou d'un coma diabétique. Certains chats peuvent prédire les crises d'épilepsie. Dans l'Ohio, un homme en fauteuil roulant apprit à son chat Tommy à composer rapidement le numéro des urgences, ce que le chat fit un jour, en sauvant ainsi la vie de l'homme.51 Oscar, un chat d'un centre de soins et de rééducation du Rhode Island, prédit la mort des patients, avec une précision infaillible, en se pelotonnant sur leur lit jusqu'à six heures avant leur décès.52 Mark Twain déclara que "parmi toutes les créatures de Dieu, il n'y en a qu'une qui ne peut pas être rendue esclave de la laisse. Il s'agit du chat. Si l'on pouvait croiser l'homme avec un chat, cela bonifierait l'homme, mais cela dégraderait le chat."53 "Le plus petit félin se révèle être un chef-d'œuvre’’, conclut Leonard de Vinci…54 - Extrait du livre du Dr Larry Dossey, One Mind – How our individual mind is part of a greater Consciousness and why it matters RÉFÉRENCES Winter, Dylan. Starlings at Otmoor. www.youtube.com/watch?v=XH-groCeKbE Shadow. Dailygrail.com. www.dailygrail.com/blogs/shadow/2005/7/Telling-Bees. 3 Ibid. 4 Miller, Peter. “The Genius of Swarms.” National Geographic. NGM.com. July 2007. http://ngm.nationalgeographic.com/2007/07/swarms/miller-text. 5 “Planes, Trains, and Ant Hills: Computer Scientists Simulate Activity of Ants to Reduce Airline Delays.” ScienceDaily.com. www.sciencedaily.com/videos/2008/0406-lanes_trains_and_ant_hills.htm. 6 Miller, Peter. “The Genius of Swarms.” National Geographic. NGM.com. July 2007. http://ngm.nationalgeographic.com/2007/07/swarms/miller-text” 7 Caribou. U. S. Fish and Wildlife Service. Arctic National Wildlife Refuge. http://arctic.fws.gov/caribou.htm 8 Miller, Peter. “The Genius of Swarms.” National Geographic. NGM.com. July 2007. http://ngm.nationalgeographic.com/2007/07/swarms/miller-text. 9 Sheldrake, Rupert, The Sense of Being Stared At: And Other Aspects of the Extended Mind. New York: Random House; 2003 :113–21. 10 Potts, Wayne. “The Chorus-Line Hypothesis of Manoeuvre in Avian Flocks.” Nature. 1984; 309: 344–45. 11 Sheldrake, Rupert, The Sense of Being Stared At: And Other Aspects of the Extended Mind. New York: Random House; 2003 :115; Selous, Edmund. Thought Transference (or What?) in Birds. London: Constable; 1931: 931; Long, William J. How Animals Talk: And Other Pleasant Studies in Birds and Beasts. Rochester, VT: Bear & Company; 2005 12 Sheldrake, Rupert, The Sense of Being Stared At: And Other Aspects of the Extended Mind. New York: Random House; 2003 :119. 13 Ibid., 83. 14 Watson, Lyall, “Natural Harmony: The Biology of Being Appropriate.” Conférence donnée à l’Isthmus Institute, Dallas, Texas, en avril 1989. 15 Alexander, Charles D. Bobbie, A Great Collie. New York: Dodd, Mead and Company; 1926 : 103– 13. 16 Harness, Jill. “The Most Famous Mutts Ever.” Neatorama.com. http://www.neatorama.com/2012/07/31/the-most-famous-mutts-ever/. July 31, 2012 ; l'histoire de Rin Tin Tin est racontée dans Orlean, Susan. Rin Tin Tin: The Life and Legend. New York: Simon & Schuster; 2011 ; Stelljes, Susan. Wonder Dog, the Story of Silverton Bobbie. Portland, OR: For the Love of Dogs Books; 2005 ; Schul, Bill. The Psychic Power of Animals. New York: Fawcett; 1979 : 52 ; Rhine, J. B. and S. R. Feather. “The Study of Cases of ‘Psi-Trailing’ in Animals.” Journal of Parapsychology. 1962; 26(1): 1–21. 17 Scheib, R. “Timeline.” Utne Reader. January–February 1996: 52–61. 18 Trapman, A. H. The Dog, Man’s Best Friend. London: Hutchinson & Co.; 1929. 19 Rhine, J. B. and S. R. Feather. “The Study of Cases of ‘Psi-Trailing’ in Animals.” Journal of Parapsychology. 1962; 26(1): 1–21. 20 “Of All the Pigeon Lofts in the World.” Fortean Times. July 1996; 88: 10. Aussi rapporté dans le London Daily Telegraph, March 23, 1996. 21 Rhine, J. B. and S. R. Feather. “The Study of Cases of ‘Psi-Trailing’ in Animals.” Journal of Parapsychology. 1962; 26(1): 1–21. 22 Sheldrake Rupert, Dogs That Know When Their Owners Are Coming Home. Reprint edition. New York: Three Rivers Press; 1999 ; Sheldrake, Commentaire sur un article de Wiseman, Smith et Milton sur le phénomène des "animaux de compagnie psychiques". 23 Armstrong, Susan J. “Souls in Process: A Theoretical Inquiry into Animal Psi.” In Michael Stoeber and Hugo Meynell (eds.). Critical Reflections on the Paranormal. Albany, NY: SUNY Press; 1996: 134. 1 2 Ibid., 135. Ibid. 26 Sheldrake, Rupert and Pam Smart. “Psychic Pets: A Survey in Northwest England.” Journal of the Society for Psychic Research. 1997; 61: 353–64. 27 Scheltema, Renée. Something Unknown Is Doing We Don’t Know What. www.somethingunknown.com/about.php. 28 Wiseman, Richard, M. Smith, and J. Milton. “Can Animals Detect When Their Owners are Returning Home? An Experimental Test of the ‘Psychic Pet’ Phenomenon.” British Journal of Psychology. 1998; 89(3): 453–62. ” 29 Wilson, cité dans GoodReads.com. 30 Schul, Bill. The Psychic Power of Animals. New York: Fawcett; 1979: 142–43; “Telepathy.” Gale Encyclopedia of Occultism and Parapsychology. Données citées disponibles à : Answers.com. http://www.answers.com/topic/telepathy.. 31 Kane, Naomi. “Do Dogs Mourn?” Dogsincanada.com. http://www.lewenhart.com/mourning.htm. ” 32 Harrison, Jim. Off to the Side: A Memoir. New York: Grove Press; 2002 : 47–48. 33 Ibid., 48. 34 “NZ Dolphin Rescues Beached Whales.” BBC News online. http://news.bbc.co.uk/2/hi/7291501.stm. 35 Gessler, Paul. “Couple Alerted by Dolphins about Tired Dog Tells Story.” ABC7 News online. www.abc-7.com/Global/story.asp?S=14145484. 36 Cellzic, M. “Dolphins Save Surfer from Becoming Shark’s Bait.” Today.com. http://today.msnbc.msn.com/id/21689083/. 37 “Dolphins Save Lifeguards from Circling Great White Shark.” www.joe-ks.com. http://joeks.com/archives_nov2004/Dolphins_Save_Lifeguards.htm. 38 “Amazing Moment Mila the Beluga Whale Saved a Stricken Diver’s Life by Pushing Her to the Surface.” Daily Mail online. www.dailymail.co.uk/news/worldnews/article-1202941/Pictured-Themoment-Milabrave-Beluga-whale-saved-stricken-divers-life-pushing-surface.html 24 25 “Heroic Horse Halted Cow’s Attack.” BBC News online. http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/scotland/south_of_scotland/6945914.stm.. 40 “Gorilla Rescues Child: The World Goes Ape.” Year in Review: 1996. www.cnn.com/EVENTS/1996/year.in.review/talk/gorilla/gorilla.index.html. “Gorilla’s Maternal Instinct Saves Baby Boy Who Fell into Zoo Enclosure from Coming to Harm.” The Independent online. August 19, 1996. www.independent.co.uk/news/world/gorillas-maternal-instinct-saves-baby-boy-whofell-intozoo-enclosure-from-coming-to-harm-1310456.html. 41Buchmann, Stephen. Letters from the Hive: An Intimate History of Bees, Honey, and Humankind. New York: Bantam; 2006 : 123. 42 Anonymous. “Telling the Bees.” Dailygrail.com. www.dailygrail.com/blogs/shadow/2005/7/TellingBees. 43 Schul, Bill. The Psychic Power of Animals. New York: Fawcett; 1979: 146; “Telling the Bees.” SacredTexts.com 44 Whittier, John Greenleaf. “Telling the Bees.” The Complete Poetical Works of John Greenleaf Whittier. Whitefish, MT: Kessinger Publishing; 2003: 167. 45 Shadow, "Telling the Bees", Dailygrail.com.; Il se peut que J. K. Rowling ne connaissait pas l'annonce aux abeilles et la révérence des cultures anciennes à leur égard. Une source dit que Rowling savait que dumbledore était un ancien mot anglais voulant dire "bourdon" et que, parce que son personnage Albus Dumbledore aimait beaucoup la musique, elle se le représentait toujours en train de fredonner. Voir : Rowling. " What Jo says about Albus Dumbledore’’. 46 Rogers, Will. Cité dans GoodReads.com. www.goodreads.com/quotes/tag/dogs. 47 Twain, Mark. Cité dans GoodReads.com. www.goodreads.com/quotes/tag/dogs. 48 De Gaulle, Charles. Cité dans Goodreads.com. www.goodreads.com/quotes/tag/dogs.. 49 Schulz, Charles M. Cité dans Goodreads.com. www.goodreads.com/quotes/tag/dogs. Schulz.. 50 Kundera, Milan. Cité dans Goodreads.com. www.goodreads.com/quotes/tag/dogs. 39 “Cat heroes.” Squidoo.com. www.squidoo.com/catheroes#module9861309. Dosa, David. “A Day in the Life of Oscar the Cat.” New England Journal of Medicine. 2007; 357(4): 328–29. 53 Twain, Mark. Cité dans Goodreads.com. www.goodreads.com/quotes/tag/cats. 54 Da Vinci, Leonardo. Cité dans Goodreads.com. www.goodreads.com/quotes/tag/cats. De Vinci. 51 52 Partage-pdf.webnode.fr