L’impact de la crise de 1929: déséquilibres économiques et sociaux P-14 à 33 Après la Première Guerre Mondiale, les États-Unis s’affirment comme une grande puissance politique, économique et financière. Le pays domine les échanges commerciaux mondiaux. Le début des années 1920 est marqué par une période de prospérité qui repose sur une économie plus fragile qu’il n’y paraît. Ces fragilités éclatent au grand jour avec le krach boursier du 24 octobre 1929 à Wall Street. Dʼabord financière, la crise touche ensuite le secteur bancaire avant de sʼétendre à lʼensemble de lʼéconomie Américaine entraînant chômage et misère. Du fait des liens économiques et financiers unissant les États Unis aux autres pays, la crise se diffuse à lʼéchelle mondiale. Le monde entier entre alors dans une période appelée la « Grande Dépression », une période de récession qui dure jusquʼà la fin des années 1930, sʼinstalle dans les économies et les sociétés de tous les continents, à des degrés divers. A la veille de la Seconde Guerre mondiale la plupart des pays ne sont pas pleinement remis de cette dépression. Comment la crise de 1929 bouleverse les économies et les sociétés et quelles réponses y sont apportées ? I – La crise aux États-Unis 1) – Causes/mécanisme Durant les années 1920, les États-Unis connaissent une prospérité sans précédent. La production industrielle augmente fortement, comme l’industrie automobile et grâce à de nouvelles méthodes de production le Taylorisme, la standardisation, Fordisme. Les E-U deviennent les 1ers producteurs industriels dans le monde 45% de la production mondiale. Les Etats-uniens consomment de plus en plus grâce au développement des crédits à la consommation, à la publicité, c’est le début de la société de consommation de masse. Donnant naissance à « l’American way of life » Cela entraîne La surproduction industrielle, car dès 1927/28 on remarque une demande de biens de consommation qui ralentie. On produit plus que l’on ne vend. Les difficultés du secteur agricole. Dans les années 1920, la production agricole augmente considérablement, tout comme les superficies cultivées. La production dépasse la demande réelle. Ainsi, avant même la crise, les prix baissent et cela met en difficulté de nombreuses exploitations. Spéculation financière boursière d’autre part : Le cours des actions triple de 1924 à septembre 1929, de plus en plus d’américains achètent des actions en bourse espérant revendre avec une importante plus-value ; à la veille du krach boursier, 6 % de la population en moyenne détient des actions. Cependant beaucoup achètent ces actions à crédit ! C’est une bulle spéculative, 2) –Le Krach de Wall Street • Le 24 octobre 1929 est le « Jeudi noir » à la Bourse de New York: 13 millions d'actions sont mises sur le marché sans trouver d'acheteurs. L’offre (vente d’actions) devenant dʼun seul coup très supérieure à la demande, les cours s’effondrent brutalement. Les actionnaires sont ruinés ! Un climat de panique s’empare des marchés. Le krach boursier détruit le système de crédit sur lequel se fonde l’économie américaine. 3) –Conséquences, La Grande Depression : Une crise économique et sociale Crise bancaire : Les actionnaires ayant acheté des actions à crédit sont incapables de les rembourser après la chute des cours. Les épargnants qui ont leurs économies dans les banques paniqués par la situation retirent leur argent. La moitié des banques américaines font faillite. Les banques n’ont plus les moyens de prêter aux entreprises et ne font plus de crédits à la consommation. La crise financière devient économique Crise industrielle Comme les Américains n’ont plus de crédits ils achètent moins, donc les entreprises vendent moins, beaucoup font faillite. La production industrielle diminue de moitié. Crise agricole Le monde rural est également touché car les prix agricoles chutent, les petits paysans ruinés partent sur les routes chercher du travail, les les grands propriétaires brûlent les productions qui ne se vendent plus. Crise sociale Comme les Entreprises produisent moins elles ont moins besoin de salariés cela entraîne des licenciements massifs. Le chômage explose passe de 8,7 % en 1930 à 38 % en 1933 ou de 1,4 à 12,6 millions Le niveau de vie de la population s’effondre subitement. La misère progresse, des manifestations de chômeurs partout dans le pays, des soupes populaires, une véritable détresse des populations. Des bidonvilles apparaissent aux abords des grandes villes américaines ; ils sont nommés par dérision « hoovervilles » du nom du président Américain. Par son étendue, sa profondeur, sa durée, la crise déclenchée en 1929 se mue en une dépression qui affecte en profondeur la société américaine, C’est la Grande Dépression. II- Une crise qui se mondialise 1)-De la crise américaine à la crise mondiale, comment se diffuse la crise ? L'interdépendance des économies et la place des États-Unis dans le système économique mondial sont à l'origine de l'extension rapide des difficultés aux pays industrialisés. Le rôle des mouvements de capitaux et la crise financière internationale Les Etats-unis ont besoin de capitaux et réclament le remboursement des prêts faits par les pays européens pendant la guerre. Les entreprises américaines elles aussi rapatrient leurs capitaux afin de faire face aux difficultés financières. Cela a pour conséquence de fragiliser les banques en Europe (faillites de banques en Autriche, en Allemagne…) Les faillites bancaires se multiplient comme le Kredit Anstalt de Vienne en mai 1931 et la Danat Bank allemande en juillet 1932. L’Europe plonge dans une crise financière ! Le retrait des capitaux Américains à partir de 1930 déstabilise les économies européennes qui, à des rythmes différents, sont touchées par la crise et la dépression. Le rôle du commerce D’autre part Les E-U adoptent une politique de protectionnisme économique. Ils veulent limiter les importations, pour favoriser leurs productions intérieures, et pour freiner l’entrée sur leur territoire de produits étrangers. Donc ils augmentent les droits de douane, en juin 1930, les États-Unis portent les droits de douane à 52 % de la valeur du produit. De nombreux autres pays touchés par la crise font de même. Et donc le commerce international se rétracte. Entre 1929 et 1932, le commerce mondial diminue du quart en volume et de près des deux tiers en valeur du fait de la baisse des prix. La contraction générale des marchés et le manque de capitaux entraînent la baisse des prix, la réduction de la production, donc l’aggravation du chômage qui provoque une nouvelle diminution de la demande, etc. Comme aux États-Unis, la crise nourrit la crise. 2) Les différents États ne sont pas touchés de la même manière : La crise dépend de leurs liens économiques avec les États-Unis, ou du degré de financiarisation de leur économie et de leur lien avec le commerce mondial. C'est en Allemagne que la crise est la plus précoce (1930) et la dépression la plus forte. La France, apparaît comme un pays moins touché où la crise est plus tardive (1931), mais aussi plus durable. Seule l’URSS de Staline qui est à l’écart du commerce mondial et n’a aucun lien financier avec les E-U, semble épargnée par la crise. Donc à l'exception de l'URSS, le monde entier est à des degrés divers gagné en deux ans par la crise. III- Comment lutter contre cette crise ? Quelles sont les différentes politiques économiques mises en oeuvre pour lutter contre cette crise ? Le libéralisme est profondément remis en cause par la crise de 1929 1. Le rôle croissant de l’État Dans un 1er temps les dirigeants des Etats suivaient des politiques libérales, limitant au maximum l’intervention de l’Etat. Cependant L’économiste John Meynard Keynes préconise l’intervention massive de l’État dans l’économie, l'Etat doit être un régulateur de l'éco avec pour objectif de concilier croissance économique et progrès social. Beaucoup de gouvernements vont alors appliquer une politique de relance qui implique des investissements massifs, des lois sociales et un déficit budgétaire important, on parlera alors de l'État-providence (notez la définition……………………………)comme aux Etats-unis avec Roosevelt ou en France sous le gouvernement du Front populaire. 2) Le New Deal Aux Etats-Unis Le président Hoover a eu une attitude attentiste et une politique libérale inefficace contre la crise, incarnant le slogan « la prospérité est au coin de la rue » (1930). Les électeurs désignent en 1932 à la présidence un homme nouveau, le démocrate Franklin D. Roosevelt Il s’inspire des idées de Keynes et renforce l’intervention de l’Etat dans l’éco il mène une politique de relance qui vise à augmenter la consommation pour favoriser la reprise éco et réduire le chômage. Comment ? Il met en place le New Deal, nouvelle donne. Ce programme économique s’appuie sur des administrations spécialisées comme la Industrial Recovery Administration ou l’Agricultural Adjustment Administration qui soutiennent l’industrie et l’agriculture. - Politique de grands travaux dans le cadre de la Works Progress Administration: l'Etat finance de grands chantiers pour équiper le pays (barrages dans la vallée du Tennessee, ponts, routes, autoroutes.....) -Politique sociale dans le cadre du Social Security Act de 1935: Il fixe des salaires minimum, diminue le temps de travail, aides de l'Etat pour lutter contre la misère, allocations chômage, assurance vieillesse. Roosevelt pose les fondements de l’Étatprovidence Résultats ? Doc 5 P-23 Avec les commandes de l 'État Les Entreprises embauchent, le chômage diminue, la consommation est relancée Et c’est un cercle vertueux, comme la conso augmente, les Entreprises produisent plus, création d'emplois, c'est le début de la sortie de la crise. Roosvelt est réelu en 1936, 1940 et 1944. Cependant à la veille de la sde GM les Etats-unis ne sont pas totalement sortis de la crise, le pays et très endetté et ….. (Prouvez le avec des chiffres tirés du doc 5 p-23, chômage, exportations) 3) En France : Le Front Populaire La victoire du Front populaire en 1936, est du au rejet par les français d’une extrême droite antiparlementaire et fascisante, d’autre part les français veulent de nouvelles politiques économiques pour lutter contre la crise. En France, la politique menée par le Front populaire à partir de juin 1936 s’inspire des idées keynésiennes et met en place l’État-providence. Le gouvernement de Léon Blum à partir de juin 1936, veut relancer l'activité économique en relançant la consommation par une hausse du pouvoir d'achat. Les mouvements de grève de juin 1936 aboutissent aux accords de Matignon qui se traduisent par des hausses de salaire de 7 à 15%, l’adoption de lois sociales, comme les congés payés (15 jours/an), la semaine de 40 heures (au lieu de 48), et soutien aux prix agricoles. En outre, l’intervention de l’État se traduit par des nationalisations (naissance de la SNCGF en 1937), et un programme (timide) de grands travaux est prévu dans le budget de 1937. Ces mesures ont donné des résultats économiques mitigés (pas de reprise économique). La diminution du chômage qui se produit est réelle mais lente. 4) Le choix du repli pour certains pays En Europe, l’Italie et l’Allemagne font, à partir de 1934, le choix de l’autarcie et de la course aux armements pour relancer l’économie. Le Japon aussi met en place des mesures protectionnistes drastiques avant de basculer à son tour dans l’autarcie. Conclusion Le krach boursier de Wall Street produit une crise financière puis économique aux ÉtatsUnis. Cette crise se transforme en une dépression et se propage dans le monde. Elle se traduit par un repli de l’activité économique, des échanges et par une explosion du chômage et de la misère. Les politiques anti-crise libérales ne suffisent et l’État intervient dans l’économie dans de nombreux pays. Cette crise bouleverse donc les économies, les sociétés et la politique partout dans le monde: elle met fin à une période de croissance, elle plonge des millions de personnes dans la pauvreté et renforce le rôle de l’État, dans les démocraties comme dans les régimes autoritaires et totalitaires. Un régime totalitaire, comme l’Allemagne nazie, s’est d’ailleurs nourrie de cette dépression.