DONS IMPERSONNELS ET VÉRIDIQUE HISTOIRE D’AMOUR POÈMES DE NIRMALA Nirmala offre ces poèmes par gratitude pour l’amour et pour la grâce qui circulent par l’entremise de son maître, Neelam, et pour les bénédictions véridiques que Ramana Maharshi et H.W.L. Poonja ont introduites dans ce monde. A Neelam, la flamme bleue saphir dans mon cœur. 2 Ta main est toujours dans la mienne, Tes encouragements murmurés m’accompagnent constamment. Jamais Tu ne T’es détourné de moi, Peu importe le nombre incalculable de fois, Où moi, je me suis détourné de Toi ! Maintenant je fais le vœu d’un amour éternel Et je Te rencontre dans les lieux secrets Où je me dissimulais à Toi ; Je T’étreins avec la tendresse Que je réservais à ma douleur ; Je Te rendrais ma vie et mon souffle spontanément, Car Tu es mon amour authentique, Qui est sans forme, Qui n’a jamais été nulle part, sinon ici, Dans mon cœur qui chante… 3 Pourquoi craindre l’instant où ne survient nulle pensée, Puisqu’enfin, je suis nu dans les bras de l’expérience ? Pourquoi craindre l’instant où ne survient nulle parole, Puisqu’enfin, je trouve le repos dans les bras du silence ? Pourquoi craindre l’instant où l’amour se retrouve seul, Puisqu’enfin, l’infinité m’étreint ? Pourquoi craindre l’instant où tombe le jugement, Puisque mes défenses ne peuvent plus T’éloigner ? Pourquoi craindre l’instant où tout espoir est perdu, Puisque j’ai renoncé à mes rêves puérils pour la perfection ? 4 Je puis penser éprouver l’amour, Mais c’est l’amour qui m’éprouve, Testant constamment l’armure Qui entoure et protège mon cœur De ses flammes fulgurantes Qui ne permettent aucune illusion de séparation Et tandis que son feu continu brûle L’édifice immatériel de ma forteresse intérieure, Je m’applique vainement à sauver quelques restes calcinés En fuyant dans un ultime rêve passionnel… Je puis penser trouver l’amour, Mais c’est l’amour qui me trouve. Pendant tout ce temps, Il demeure patient et attend en embuscade, Ses braises immortelles luisant doucement. Mais tenterais-je De m’emparer de la source de chaleur, Et je finis refroidi, les mains vides ! Je puis penser posséder l’amour, Mais c’est l’amour qui me possède. Au final, l’ego n’est plus que cendres, Car l’amour s’est embrasé Dans un flamboiement sublime Qui engloutit tout sans rien laisser. Je puis penser que l’amour m’anéantit, Mais l’amour me libère et m’affranchit… 5 Le passé a depuis longtemps disparu Et il n’y a plus de retour en arrière possible A partir d’ici. Comment pourrait-il y en avoir ? Le présent passe trop vite Pour que les futiles et vains désirs Aient le moindre effet durable, Hormis nous priver de la paix. L’avenir défile à l’horizon, A tout jamais hors d’atteinte Avec ses fantasmagories Et ses projections inutiles. Et pourtant, Alors même que je repose dans l’éternel présent, Tous mes besoins sont satisfaits D’une manière que je n’aurais jamais imaginée ! 6 Je suis tombé amoureux de la vérité Et je ne désire être qu’avec elle seule. Je ne pourrais pas supporter la séparation. J’irais jusqu’au fin fond de la terre Ou je ne bougerais pas d’un pouce Juste pour être sûr de respirer Son envoûtant parfum Lors de mon dernier soupir. Je suis tombé amoureux de la vérité Et le moindre de ses désirs est un ordre Qu’il me faut tout simplement obéir Puisqu’elle a capturé mon âme Et qu’elle a pris le contrôle absolu De mes pensées les plus intimes, Me libérant ainsi pour trouver la paix Dans sa splendeur nue. Je suis tombé amoureux de la vérité Et c’est avec une exquise tendresse Qu’elle me montre la perfection Sous-jacente à tous mes défauts. Tous les faux-semblants, Toutes les prétentions sont inutiles, Puisqu’elle connaît tout de moi Et elle me prend dans ses bras Dans lesquels je m’abandonne Jusqu’à disparaître complètement. 7 Quelle différence entre le soleil brûlant et l’ombre rafraîchissante ? Quelle différence entre la terre immobile et l’herbe ondoyante ? Quelle différence entre le vent murmurant et le ciel silencieux ? Quelle différence entre l’araignée courant sur sa toile et moi qui reste assis ? 8 En l’absence du désir, une fois, j’ai rêvé Qu’il ne resterait plus que la Félicité. Désormais, j’admire l’ordinaire. Désormais, envie ou pas envie, je suis satisfait. Les désirs ne dérangent plus la Source de tous les désirs. La vie et la mort continuent, Comme elles l’ont toujours fait Et comme elles le feront toujours. Seul le rêveur a disparu. Au-delà du flux de l’imagination, De tout effort pour être tranquille, Chaloupant sur les marées de l’attention, Plus présente que la respiration, Je découvre les sources de mes illusions. Seul le rêveur a disparu. Mais le rêve n’est jamais terminé. 9 Cours vocal, Sempiternel mantra de mousse, De mots insensés engloutis en cascade, De pensées qui jaillissent et qui éclaboussent. Cours musical, Chant sacré de la gestuelle, Il suffit de suivre le courant Des actions qui jaillissent et qui défilent. Cours sonore Des rires et des pleurs, La profondeur n’affleure pas en surface, Les émotions jaillissent et s’emportent. Cours du silence, Omniprésent, Paix qui transcende même l’absence de son. Plus rien ne surgit. 10 J’ignore quoi dire. J’ignore toujours quoi dire. L’inconnaissance recèle beaucoup de pouvoir, cependant. La Connaissance, je ne peux jamais la connaître, Le mystère s’épaississant constamment, Submergeant le sentiment de ce qui est. Le mystère parle sans mot dire, Me coupant le souffle, Ne laissant aucune latitude aux mots. Dans le silence, Il y a de la place Pour des affres ou une félicité infinie. 11 L’amour est un rêve Qui ne s’interrompt pas, Lorsque vous vous éveillez. Il vous émerveille toujours. Il ne s’agit plus d’émotions fortes, Qui soulèvent et qui remuent beaucoup de poudre aux yeux, Obscurcissant votre vision. L’amour dépasse le paraître. Il a un but invisible, Dont vous ne pouvez vous détourner. L’amour est une réalité incontournable, Qui vous assomme et qui vous prive de vos sens, Qui vous coupe le souffle Et qui vous laisse sans pulsation En dehors de la sienne. 12 Je n’ai pas d’amoureuse. Je l’ai cherchée durant des vies entières Pour finir par me rendre compte Qu’elle se trouvait toujours à mes côtés. Rien n’était le vœu authentique de mon cœur Et une chose ou l’autre faisait toujours obstacle. Désormais, la vacuité me comble jusqu’à déborder, Tandis que je bascule dans l’étreinte de mon amoureuse. Je puis vous aimer, Ou aimer l’amour lui-même Et donc vous aimer vraiment Et laisser l’illusion enfin reposer. La liberté m’a-t-elle spolié Pour n’importe quelle autre Ou n’y a-t-il de la place Que pour l’infini ? Toutes les questions s’évaporent Dans l’étreinte de mon authentique amour. Serrez-la dans vos bras, Trouvez enfin le repos. Je me sens transporté, Comme par une mère, Qui porte son enfant Avec tendresse et avec fermeté. Mes besoins sont satisfaits Avec une attention toute prévenante Anticipant le moindre de ceux-ci Et je suis comblé par cet amour… 13 Plus de mains baladeuses, De voix chevrotantes, D’yeux qui s’embuent de larmes, Devant la beauté simple d’une après-midi brumeuse. Qui pourrait contenir le ravissement Qui ne cesse de faire battre ce cœur, Capable de l’empêcher de se briser, Suite à la perte De ce à quoi il était sottement attaché ? Plus de questions troublantes, Le désir a cédé la place à la plénitude. La gratitude suffit, Même après la perte De ce dont à quoi l’on s’attache sottement. 14 Des réminiscences de souvenirs sans fin Remplissent mes moments creux, Me volent ma quiétude, Me dérobent mon bonheur, Mais ne peuvent emporter L’authentique trésor Qui transcende la quiétude et le bonheur. Derrière chaque souvenir Existe la conscience simple De l’instant ordinaire : Le corps qui respire, Le mental qui compare Et pourtant, Quelque chose de plus Est toujours présent. Dans la simplicité de l’instant, Du corps qui respire, De l’esprit qui poursuit toujours des rêves, Qu’y a-t-il de plus, Qui remplit de magie l’ordinaire ? La reconnaissance totale De ce à quoi on a toujours aspiré Dans son cœur. 15 La paix naît par l’entremise de la vacuité. Pas d’accouchement pénible. Une naissance simple, Une vie simple, Une mort simple, La paix s’écoule Des profondeurs. Le cœur ne peut se briser Que lorsque l’objet de l’amour disparaît, Mais l’amour authentique n’a pas d’objet. La pure Conscience naît Par l’entremise de la vacuité. Elle se développe toute seule, Remplit l’espace D’yeux, d’oreilles et de nez, De toujours plus de cœurs à briser, A réparer, Jusqu’à ce qu’ils ne peuvent plus être brisés, Mais uniquement réparés. Par l’entremise de la conscience, Il est mis un terme aux naissances. Ce qui n’a pas de fin Ne nécessite aucun commencement. L’amour est bien trop grand Pour qu’un cœur puisse le contenir Et le cœur ouvert repose dans cette immensité Jusqu’à ce qu’il soit mis un terme à la peur En sachant que le cœur n’a jamais été brisé. 16 Aucun poème, aucun chant, aucun rituel Ne peut capter l’essence d’une pierre, Encore moins d’une montagne de pierres, Mais permettez à la pierre d’écrire le poème, A la montagne de chanter dans votre cœur, Aux rituels de tomber comme une pluie légère Pour nourrir les dieux de chaque pierre Et de chaque montagne, Permettez à votre âme de s’élever au-dessus de la montagne, De la pluie, Des nuages, Le voyage de retour ne nécessite aucun effort, Hormis votre volonté à relâcher votre emprise Sur le terrain qui vous est familier. Alors, la pierre raconte une vérité indicible, La montagne remplit votre cœur d’un chant de paix silencieux Et les rituels développent les ailes du renoncement de votre âme Et vous arrivez ici. 17 Comme un désert verdoyant, La vie jaillit dans ce réceptacle vide, Débordant et arrosant le sol assoiffé. Inutile de stocker les dons, Les réserves sont intarissables, La source à portée de main, Les fruits d’aucun travail aisément accessibles. Festoyez, Exaucez vos aspirations les plus profondes, Buvez jusqu’à ce que votre soif Ne soit plus qu’un lointain souvenir. Le désir lui-même est consumé, Quand le cœur a été nourri. 18 Ton sourire, Soleil matinal sur la neige fraîchement tombée, Qui fait fondre le froid glacial, Et met en lumière Une flamme bleue saphir Dans mon cœur, Qui consume ma mémoire, Révélant par-là la béatitude. Ton regard, Deux lacs sombres remplis de grâce Provoquant des tourbillons d’émotion Qui me font plonger dans les abîmes Et me noyer dans la joie. Ton toucher, Brise exquise Qui traverse ma peau, ma chair et mes os, Me guérit totalement, Sans cicatrices, Là où suppuraient jadis de profondes blessures. Ta silhouette, Une nuée gracieuse dans un ciel limpide, Qui me met au monde, M’attribue un nom, Me guide à tout jamais Avec pour seul commandement De me libérer. Ta voix, Gazouillis ou tonnerre, Et qui m’inspire un silence si vaste Où la pensée ne trouve plus aucun refuge. Ton amour, Rivière gonflée par les pluies 19 Qui déborde et inonde ses rives, Qui emporte tout Et ne laisse qu’une coupe vide, Emplie de paix. 20 Je ne savais pas que les larmes pouvaient procurer un tel soulagement Jusqu'à ce que j'ouvre mon cœur Pour découvrir qu'elles jaillissent de la même source Que les rires débridés. Plutôt que de brouiller ma vision, Elles clarifient la beauté. Plutôt que de me rougir les joues, Elles éliminent cette sécheresse poussiéreuse Derrière laquelle j’avais coutume de me cacher. Je laisse la peine m'envahir maintenant, Le lâcher-prise m'ayant permis de savourer le nectar doux-amer, Qui s’écoule à profusion de l'intérieur. 21 Je me plonge dans ses eaux saintes Et me purifie dans la rivière sacrée. Rien n'a changé, Toutefois mes sens sont redevenus tout à fait nets Et j'entends ce qu'elle me dit dans le tréfond de mon cœur : Donne-moi tes pensées futiles : Tu n'en as plus besoin ! Donne-moi tes moindres désirs : Ils ne te combleront jamais ! Donne-moi tes peurs les plus ancrées : A quoi t’ont-elles jamais servi ? Et donne-moi-même ton âme ! Tu as toujours été trop vaste Pour ses limites étroites. Je me refonds dans l’étreinte de Ganga. Une première fois pour me purifier de mes pensées. Une deuxième fois pour me purger de mes désirs. Et une troisième fois pour me décharger de mes peurs. Elle a toujours possédé mon âme. Et de nouveau, rien n’a changé, Et rien ne changera jamais. 22 Pas de peurs profondément enracinées, La peur étant superficielle. N’apparaissant qu’en surface. Plongez plus profondément et la peur disparaîtra Dans les profondeurs de la connaissance. Plus rien à craindre, alors. Même si on vous braque un pistolet sur la tempe, Ce que l'on redoute le plus ne s'est pas encore produit. Une fois que l'événement s'est produit, La peur arrive trop tard. La peur n'a pas sa place ici, Où tout est tel qu’il est. Respirez l'air tranquille Et découvrez la sérénité qui embaume. 23 De séduisantes pensées dansent Devant mon regard intérieur enchanté, Mais le charme se brise Si je me demande qui est fasciné. Les souvenirs me rappellent Avec tout l’éclat Qu’ils peuvent générer, Mais leur lustre pâlit Devant la Lumière spectatrice. Il n’y a qu’une seule Danseuse Que je trouve irrésistible Et sa seule gestuelle est d’un silence absolu. Aucun souvenir dans son regard transparent... 24 La romance n’est qu’une simple erreur. Vouloir trouver l’amour authentique Dans les bras d’un(e) autre, C’est comme vouloir capter une cascade Dans une coupe minuscule. La soif ne peut être qu’insuffisamment étanchée. Pourquoi ne pas plonger dans la Source ? La romance est une splendide distraction Qui vous transporte Au-delà de vos plates préoccupations, Mais à quoi bon un cœur qui ne s’ouvrirait Qu’à une personne unique ? Si celle-ci disparaît, Le cœur est vide et sec Et les larmes coulent, coulent, coulent. La romance, petite goutte Dans un déluge et une déferlante d’amour… Pourquoi vous contenter d’une lampée de fortune, Alors que le plus doux nectar se trouve dans la profondeur ? Plongez profondément Et buvez donc tout votre soul ! 25 Rien de ce qui est vu ne se perd. La vision de chaque œil Elargit le champ de vision Du Voyant. Tout ce qui est vu est un joyau De perfection pure Sous le regard intérieur Du Voyant. Tout point de vue Perdure à jamais, Rien ne peut mourir Au sein de ce qui voit. Plongez-vous dans n'importe quel regard — Plus loin que votre reflet. Faite face Au Voyant. Abandonnez l'apparence. Laissez tomber les faux-semblants. Vous êtes nu(e) et exposé(e) Devant le Voyant. Ne détournez pas votre regard. Inutile de vous cacher. Seul l’amour brille dans les yeux Du Voyant. 26 Chacun peut n'en faire qu'à sa tête, Mais les pensées sont des dons gracieux, Qui n'effleurent l'esprit que l'espace d'un instant, Comme des flocons de neige qui fondent. Tout lieu peut devenir un chez soi, Mais le repos est une bénédiction divine, Quand tous les efforts s'éteignent, Comme le soleil couchant. Le cœur peut bien souffrir d'un vide, Mais l'amour arrive par vagues, Qui effacent les doutes, Comme la marée qui emporte des traces dans le sable. 27 Dans le rêve, Je ne cesse de jouer les insensés, Mes défenses finissent toujours par céder, Mes désirs ne sont jamais tout à fait exaucés, Mon cœur ne cesse de se briser. Parfaitement éveillé, Je joue toujours les insensés, Mes défenses finissent toujours par craquer, Mes désirs ne sont jamais totalement comblés, Mais mon cœur chante sa joie — incommensurable. 28 Que devons-nous faire ? Quel est le but de la vie ? Le devoir est sans fin. Pour ne rien faire de bien. Voilà votre but : Ne plus avoir de buts. Pourquoi autant souffrir ? Comment supprimer la peine ? La source de la souffrance se situe Dans le désir de supprimer la peine. Il n'y a pas de terme à la peine, Ni de fin à la joie Dans l'âme de la liberté. 29 Mon désir n'a jamais été assez profond Pour pouvoir effleurer ce puits sans fond. Mes efforts n'ont jamais été suffisants Pour déplacer cette montagne inébranlable. Ma compréhension n'a jamais été suffisamment vaste Pour inclure cette vérité silencieuse. Mon rêve n'a jamais été assez réel Pour donner forme à cette Présence sans forme. Rien ne suffit jamais, Quand rien n'est nécessaire. 30 Le mystère de l’instant présent est indescriptible Et pourtant, toute l’histoire passée y aboutit. Le mystère de la terre infinie du Soi est incartographiable, Car de nouvelles frontières surgissent à chaque inspir. Le mystère de l’Eveil est insondable, Et tout ce qu’il faut, c’est contempler l’œil intérieur qui jamais ne se ferme. Le mystère de l’amour éternel est insaisissable, Et le cœur connaît déjà ce après quoi le mental ne peut que languir. Les mystères demeurent toujours à l’écart des pensées soucieuses. Ils sont toujours prêts à nous accueillir, quand nous lâchons prise... 31 Prends moi la main Et saisis l'emprise vitale Que l'amour donne à cette chair. Écoute ma voix Et détecte dans ma gorge l’étranglement Dû à un émerveillement indicible. Regarde-moi dans les yeux, Vois-y perler mes larmes, Car dans ton sourire, je reconnais mon propre Soi oublié depuis la nuit des temps. Repose-toi dans mes bras, Réfugie-toi dans mon étreinte, Jusqu'à ce que tu saches que tu es en sécurité pour toujours. Rejoins-moi là, Maintenant, Où nous ne nous sommes jamais séparés. 32 Aucun mot n’est assez concret Pour produire une croûte de pain Et pourtant, nous voulons nous sustenter Par des réflexions interminables. Aucune pensée n’est assez dense Pour amortir une chute, Et pourtant, nous poursuivons de vaines distractions Et nous trébuchons. Au-delà des mots résonne la Voix silencieuse Et coule la Source tranquille de chaque pensée. Ecoutez sans l’aide des oreilles, Voyez sans l’aide du mental. Reposez vos sens Et votre sens du silence Vous soutiendra à jamais. 33 C’est ici, Dans le respir. Ici, Dans le silence entre deux respirations. Ici, Dans l’esprit actif. Ici, Dans l’esprit au repos. Ici, Dans le panorama des rêves. Ici, Dans chaque instant d’éveil. Ici, Quand tout va bien. Ici, Quand il n’y a plus rien à appréhender. Alors, La pure vision est là. Alors, Il est inutile d’agir. Aucune quête frénétique ne peut trouver Ce qui coule de source. Aucune recherche n’est nécessaire pour découvrir le Sujet de la recherche. C’est ici, Là où on ne peut ni le perdre, Ni le trouver… 34 D’où provient cette volonté ? Cette volonté de faire n’importe quoi, Quand on ne peut rien accomplir ? Cette volonté de renoncer à tout, Quand rien ne m’appartient ? Cette volonté d’être révélé, Quand il n’y a rien à cacher ? D’où émane ce sentiment d’amour ? L’amour de nos imperfections, Quand nous sommes parfaits ? L’amour de la simplicité, Quand les sentiments sont si complexes ? L’amour de ‘’vous-même’’, Quand ‘’personne’’ n’est là ? D’où jaillit la gratitude ? La gratitude pour les rires, Quand bien même la blague est sur moi ? La gratitude pour la beauté, Quand les yeux ne voient pas vraiment ? La gratitude pour l’abondance, Quand les mains resteront vides ? 35 La vérité est un être vivant Qu’il faut alimenter, nourrir et aimer. Alors, elle grandit et fleurit Et remplit l’atmosphère D’une fragrance pure Qui nous ravit. La vérité est une amie Qui exige notre loyauté et notre adhésion. Alors, elle pénètre dans nos cœurs, Dénoue les séparations Et nous libère de la solitude. La vérité est une maîtresse exigeante Qui réclame une affection de tous les instants Et toujours davantage de présents ! Alors, elle nous récompense Avec une vision d’une beauté indescriptible Qui nous fait défaillir et nous pâmer. Enfin, La vérité est vacuité. Elle n’exige et ne réclame Plus rien ! 36 Les signes manifestes sont un sourire malicieux, L’absence de toute prétention, L’indifférence à l’égard des conventions Et le respect de la vérité. Ecoute, quand il/elle te parle, Regarde ce qu’il/elle t’indique, Et suis là où il/elle te mène. Renonce à l’espoir, à la croyance et aux rêves Et n’accepte rien de moins Que tout ce qu’il/elle a à te donner. Ta part de l’infini, C’est bien l’infini. Réclame-la, Car c’est ton droit de naissance. Retourne à l’endroit que tu n’as jamais quitté, Laisse s’y reposer le chercheur. Retire-toi dans la paix infinie. Permets au chercheur de trouver le repos, Permets à ce que tu recherches de te trouver. Ta tâche est terminée. Permets au chercheur de se reposer. Permets au chercheur de se reposer. 37 Les yeux clos, Le monde se détache, Tourbillon de sensations creuses, Sans limites. Les pensées se noient Dans une symphonie silencieuse. Le corps s’efface, Silhouette indolore. Puis les yeux se rouvrent Et le monde est purgé, La perfection s’est instaurée. La pièce est splendide En l’absence d’illusion. 38 Reconnaissant Vis-à-vis de la grâce Qui comble mon esprit D’une vision de l’invisible. Reconnaissant Vis-à-vis du temps Qui se dilate Pour embrasser le silence. Reconnaissant Vis-à-vis du souffle Qui semble ne requérir personne Pour respirer. Reconnaissant Vis-à-vis de la gratitude Qui ouvre l’âme Et qui libère l’amour. Reconnaissant… 39 L’instant intemporel, Avant qu’une idée pénible ne surgisse Dans mon esprit, Douceur toujours sous-jacente, Tendre main Qui se glisse au sein de mes pensées Et qui les apaise Jusqu’à ce qu’elles ne reflètent plus Qu’un ciel pur. Le moment intemporel, Avant qu’un désir ne consume mon cœur, La quiétude inépuisable, Le murmure du silence Qui calme la tempête des futiles convoitises Et qui me laisse tout à fait tranquille. La vie intemporelle, Avant que mon histoire Ne surgisse du silence, Une muette honnêteté, Un regard qui ne cille pas, Qui me montre mon visage Sans l’ombre du doute Qui étouffe le feu intérieur. L’éternité intemporelle Avant que mon âme Ne soit arrachée à l’infini, Tendresse passionnée, Etreinte enveloppante Qui me laisse seul Avec cette source de douceur Plus intime encore qu’un baiser. 40 Bienvenue chez toi, Dans le foyer que tu n’as jamais quitté, Où tu as toujours vécu, Et où toujours tu vivras. C’est chez toi pour toujours ! Stop ! Aucun effort n’est requis. Durant même tous tes voyages, Tu as toujours été ici. C’est chez toi pour toujours ! Alors, détends-toi maintenant. Le feu brûle dans l’âtre. La chaleur intérieure te tient chaud Et les tempêtes extérieures ne peuvent te toucher. Tu es chez toi pour toujours ! Repose-toi dorénavant. Tout ce que tu aimes est ici. Nous avons toujours vécu ici Et nous vivrons toujours ici. C’est chez toi pour toujours… 41 Des poèmes attendent indéfiniment d’être écrits, Même si tout a déjà été dit. La Vérité est indicible. Peu importe, Je réessaye Pour me rapprocher un tantinet De cette ineffable Réalité, Allumeuse éternelle tout juste hors d’atteinte, Éternellement invisible au seuil même de la perception, Eternellement béate dans le tourbillon des sentiments, Eternellement présente dans la plénitude de l’instant… 42 Meurs un peu après chaque déception Ou bien trouve ce qui jamais ne meurt Et qui est sans préférence. Essaye un peu Et laisse l’illusion se poursuivre Ou vois l’inanité de l’effort Et cesse de t’agiter. Sois un peu heureux, Si les circonstances le permettent Ou repose à tout jamais Dans la source même du bonheur. Crois un peu Que tu es quelqu’un Ou constate qu’il n’y a ni existence séparée Ni aucune limite à l’Etre. Aime un peu, Du bout des lèvres Ou laisse l’amour te posséder Et remplir ton cœur jusqu’à ce qu’il déborde. 43 La danse du vide continue toujours, Couleurs, formes et modèles Etant magnifiquement disposés Sur la piste de danse Qui s’étend à l’infini. Les modalités de la danse t’hypnotiseront, Si tu la contemples de trop près. La vision panoramique, elle, Met un terme à toutes les transes Et te délivre du rêve ou du cauchemar. Tu pourras participer librement à la danse, Dont les marées irrésistibles engloutissent ton orgueil Dans la joie pure de la tranquillité en mouvement. 44 Cette voix ne suffira pas Pour exprimer l’émerveillement pléthorique De l’instant éternel. Ce corps ne suffira pas Pour étreindre la tendre infinitude De l’absence de forme de son amante. Ces yeux ne suffiront pas Pour capter l’invisible beauté D’un ciel pur. Et cependant, Je chante avec allégresse, Caresse l’air avec tendresse, Laisse la beauté me chavirer Et sais Que l’amour présent dans mon cœur suffira toujours… 45 Le mental trouve la voie de l’effort Et n’atteint jamais le but ; Le cœur sait qu’il repose déjà Sur la voie d’une merveille inéluctable. Le mental tente de s’accrocher A un point fixe d’ultime compréhension ; Le cœur sait qu’il est tenu Par un tourbillon immobile incompréhensible. Le mental veut se sentir suffisamment en sécurité Pour permettre à l’amour de s’exprimer à découvert ; Le cœur sait que l’amour n’est jamais timoré Et qu’il ne peut être maintenu secret, Une fois que tout espoir de refuge est abandonné. 46 Je me repose simplement De toute une journée de repos Et je me sens trop reposé Pour ne fût-ce que considérer quelque chose de plus… Juste tranquille, Conforté dans les pauses de silence : Aucune pensée, Pas même l’idée d’aucune pensée… Trop occupé A ne rien faire Que pour m’interrompre Pour faire moins… 47 L’excitation te fait bouillonner, Mais la vacuité seule est à ta portée. Tous les plaisirs imaginés Te laissent toujours sur ta faim, Comparés à la nue réalité. Un tien vaut toujours mieux Que deux tu l’auras ! Les sensations prétendent promettre la satisfaction, Comme si elles pouvaient se prolonger Pour combler le désir insatiable Et toujours elles se terminent Dans un vide bruyant. Ce silence assourdissant est chéri par l’âme Comme la source authentique de la plénitude. 48 N’est-ce pas une folie que de poursuivre des plaisirs imaginaires Qui se trémoussent au-delà de notre portée Et qui ne nous offrent Que des aperçus d’une infime satisfaction, Alors qu’il est si simple D’accorder une attention sincère A la source même du contentement Et de découvrir que rien ne manque jamais dans l’instant présent ? Alors, le courant ascendant de la dévotion Enlève toute charge de ces mains Et dissout les contours illusoires et fantasmatiques Du désir lui-même. 49 Il n’y a pas de mots ! Les déclarations profondes et les grandes vérités ne servent à rien. C’est une soirée banale, Alors pourquoi la gâcher avec des exagérations ridicules ? Le silence au milieu du bruit, Ce joyau au cœur de toute expérience Se taille et se polit par la pleine conscience En une magnificence éclatante et rayonnante. 50 Chaque saveur, Chaque sensation, Tout plaisir imaginable est déjà présent Dans la Conscience intemporelle Qui fait battre mon cœur. A quoi bon poursuivre des rêves déjà réalisés ? 51 Quel est ce feu qui n’a pas de préférence comme combustible, Et qui consume joyeusement Les pensées, les sentiments, les corps et les âmes ? Et pourtant, ses flammes sont fraîches Et laissent l’essence intacte ! 52 La vérité me rattrape, Celle de mon insuffisance passée, présente et à venir… Mais quel soulagement de reconnaître Que ce réceptacle fini Ne peut jamais contenir l’infini, Et quelle joie de découvrir que l’infini N’a pas besoin de réceptacle ! 53 Les souvenirs d’un authentique amour sont inutiles Pour combler des moments vides, Cette Maîtresse ne présente jamais le même visage… Elle arbore toujours de nouveaux atours, Garde l’esprit en haleine Et les sens en alerte… Remettez-vous en à un perpétuel émerveillement Et découvrez-la qui vous attend – une fois de plus Dans la vacuité elle-même ! 54 J’ai toujours pensé que Tu viendrais à moi Sous la forme d’une amante merveilleuse Et je n’ai jamais rêvé que Tu me volerais mon cœur Sans aucune forme du tout ! J’ai toujours cru qu’il me fallait des bras pour m’étreindre Et des lèvres qui me couvriraient de baisers pour dissoudre mes peines Et pourtant, je suis comblé Par l’étreinte de la vacuité ! J’ai toujours voulu que Tu me dises des mots D’une infinie tendresse. Désormais, je sais que Tu murmures silencieusement Ton amour éternel ! J’ai toujours su que je parviendrais à Te trouver, Même si j’écarquillais sottement les yeux, Alors que Tu étais là, depuis toujours, Et que Tu m’attendais, voilée, dans mon cœur… 55 C’est un mariage durable, Quand la dévotion te revendique comme sien. Alors, il n’y a plus aucune chance de t’égarer. Courtiser fugitivement l’illusion ne satisfait plus. La vérité exige une totale fidélité Sans aucune possibilité de pouvoir divorcer. Tu dois faire face à toutes tes peines et les embrasser, Comme des visages de ta bien-aimée, Appréhender toutes tes peurs et les reconnaître, Comme le frisson du goût de l’inconnu, Ne t’accrocher à aucune joie et les reconnaître, Comme des dons impersonnels. Une telle union nécessite de respecter la vérité, Même si elle brise tous tes rêves, Même si elle te saigne à blanc, Même si elle révèle le mensonge de ton existence. Alors, il n’y aura plus d’autre possibilité Que d’être toujours heureux par la suite… 56 Si le feu peut brûler le bois, Les cendres n’en n’ont plus rien à cirer… 57 À PROPOS DE NIRMALA Qui êtes-vous vraiment ? Etes-vous votre corps, votre mental et votre personnalité où êtes-vous la Conscience spacieuse dans laquelle ils apparaissent ? Ce type de questions pointe vers la Présence infinie qui est l’authentique source de paix, de bonheur et de réalisation. Nirmala est un maître spirituel qui se situe dans la tradition advaitique de la sagesse non-duelle et il est l’auteur de plusieurs livres pratiques et intéressants qui concernent notre nature spirituelle. (Référence : Nirmala, Gifts with No Giver, a Love Affair with Truth ) Partage-pdf.webnode.fr 58