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Réseaux de renseignements
et filières d’évasion à Genève
Sa neutralité politique ainsi que la
position géographique de son territoire
inséré entre l’Allemagne, la France,
l’Italie et l’Autriche, feront de la Suisse un
lieu privilégié de contacts entre les services
de renseignements alliés en guerre avec le
III Reich. Certains réseaux créés en France
tels Agir, Ajax utiliseront la Suisse et les
représentations internationales qui s’y trou-
vent, ambassades et consulats à Berne ou
Genève, pour transmettre des renseigne-
ments stratégiques à Londres ou Alger.
L’armée Suisse par ailleurs soucieuse des
intentions allemandes et italiennes autour
de ses frontières créera son propre réseau
de renseignement (S.R) en recrutant des
agents étrangers qui pour certains étaient
déjà en place dans d’autres organisations.
Plus de 1500 agents seront ainsi employés,
seuls 47 d’entre-eux dont 6 de nationalité
Suisse seront tués ou morts en captivité à la
fin de la guerre.(Rapport du colonel Bernard Guénoud
chef du S.R Suisse)
D’autres groupes de “renseignement et
d’évasion” indépendants se créeront en
Suisse dès 1940 souvent à partir d’initia-
tives individuelles ou de groupes peu nom-
breux. C’est le cas du réseau dirigé par Jean
Paschoud à Genève ou celui du révérend
Père Favre du Juvénat de Ville-la-Grand.
Devant l’afflux de réfugiés, les autorités
suisses décideront le 13 août 1942 de fer-
mer les frontières et de durcir les conditions
d’accueil. Les juifs français quant à eux
seront refoulés à partir du 26 septembre
1942 et les réfractaires à la relève et plus
tard au S.T.O refoulés à partir du 14 dé-
cembre 1942. Néanmoins avec des diffi-
cultés accrues, 25 000 personnes, seront
finalement contrôlées sur l’arrondissement
territorial de Genève entre le 13 août 1942
et décembre 1945, la frontière ayant été
réouverte le 12 juillet 1944, la libération de la
Haute Savoie ayant eu lieu le 19 août 1944.
10 novembre 1942, la zone sud “dite libre”
de la France est occupée par les troupes
allemandes et italiennes. C’est à ce moment
là que le colonel Groussard, aidé financiè-
rement par les britanniques (vice-consul
Victor Farrell de l’ambassade de Grande-
Bretagne à Berne) va participer à la créa-
tion en Suisse d’une organisation “Les
réseaux GILBERT” regroupant plusieurs
réseaux indépendants qui travailleront pour
l’Intelligence Service à Londres.
Réseau Paschoud
Jean Paschoud est né à Genève le 18 août
1917 de nationalité française. Etudiant dans
une école supérieure de commerce il sera
appelé sous les drapeaux et exempté de ser-
vice le 15 octobre 1938. Il sera définitive-
ment réformé n°2 le 27 décembre 1939. En
1940, il est en poste comme secrétaire au
Consul Général de France à Genève. Refu-
sant la défaite et les sollicitations de Vichy
relayées par l’Ambassade pour adhérer à la
“Légion Française des Combattants” aux
“Amis de la Légion”, ou à “Jeune France”
il tente de partir sur l’Espagne. Cette tenta-
tive avortant, en janvier 1941, il démis-
sionne de ses fonctions à l’Ambassade.
Les réseaux GILBERT. 1940-1944
Le 93 rue Lauriston et la Brigade Nord-Africaine
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La fenêtre de gauche garde en
permanence ses volets fermés. Cette
partie du rez-de-chaussée a été
bunkérisée pendant la guerre pour
protéger l'accés de l'immeuble
contre une attaque surprise.
A travers la porte vitrée on aperçoit
l'escalier qui mène au vestibule
que Lafont avait fait décorer d'une
grande peinture représentant Hitler
et Goering. Au milieu du pan de mur
sur la droite on remarque les traces
de la caméra de surveillance installée
du temps où l'immeuble abritait la
Chambre de Commerce Franco-
Arabe. Lorsque l'ancien ministre
de Charette a été nommé fin 2008
à la tête de cette institution, trouvant,
soit-disant l'adresse du 93 trop
connotée, il a demandé aussitôt,
avec l'accord du maire du XVIème
Claude Goasguen, de la transformer
en 91 bis menaçant de déménager
en cas de refus.
La presse s'étant emparée
de l'affaire et la jugeant ridicule,
de Charette à transporté l'institution
au 250 bis Bd Saint-Germain.
Plaque commémorative apposée
très tardivement, aux alentours de 2005.
Par un vantail ouvert du
soupirail donnant sur la rue, on
peut apercevoir l'intérieur du
sous sol, haut de plafond grâce
à la surélévation du rez-de-
chaussée. Après avoir abrité une
cuisine aménagée et les locaux
où se pratiquaient les interroga-
toires, puis le service des visas
de la Chambre de Commerce
Franco-Arabe, l'endroit est
complètement vide. A la lumière
d'un flasch au fond on aperçoit
la porte d'accès et sur le sol
dallé de marbre quelques outils
oubliés par les déménageurs
de 2009.
L'immeuble, entièrement à usage de bureau,
abrite désormais des sociétés spécialisées
dans l'immobilier de luxe.
Au rez-de-chaussée, à droite du vestibule
se trouvait la salle de réception.
Le premier étage abritait le bureau
de l'inspecteur Bonny et ceux de deux
secrétaires. Le bureau d'Henri Lafont,
dans lequel il y avait une alcove,
se situait au troisième et le quatrième
étage servait à loger les permanents
de la Carlingue, dont les gardes
du corps du patron.