L'adjonction d'une forme bilinéaire bien choisie est source de formalisations de géométries. L'exemple le
plus célèbre est peut-être celui des espaces euclidiens pour les espaces vectoriels sur le corps de nombres
des réels dans le cas de la dimension finie. Cette forme bilinéaire appelée produit scalaire joue alors le
même rôle que la forme bilinéaire canonique entre l'espace et son dual, permettant une formalisation plus
concrète et plus facile d'accès.
Il n'est pas le seul exemple, un équivalent existe pour les nombres complexes. Un autre en dimension
infinie existe avec les espaces préhilbertiens comportant un cas particulier essentiel, l'espace de Hilbert. En
dimension finie, le choix d'une forme bilinéaire ayant d'autres propriétés permet de construire d'autres
géométries. L'espace de Minkowski est construit à l'aide d'une approche de cette nature. Il offre un cadre
géométrique à la théorie de la relativité restreinte.
L'influence des formes bilinéaires dans la géométrie ne se limite pas à la formalisation de nouveaux
espaces. La relation entre certaines surfaces comme les quadriques et les formes bilinéaires est profonde.
L'apport des différents outils provenant de l'algèbre linéaire permet une classification générale et pour une
dimension quelconque.
Il est fructueux de considérer un ensemble de fonctions issu de l'analyse, comme par exemple les fonctions
du segment [0,1] à valeurs réelles et infiniment dérivable. Un ensemble de cette nature est un espace
vectoriel de dimension infinie, les résultats de l'algèbre linéaire fondée sur l'utilisation de bases de cardinaux
finis ne s'appliquent plus. L'étude de formes bilinéaires sur les espaces de cette nature s'avère féconde.
Un outil devient essentiel pour l'étude d'espaces vectoriels de cette nature, la topologie. Elle induit
naturellement une autre topologie sur le dual. Il existe un cas particulier analogue à celui de la dimension
finie, celui où le dual est une copie de l'espace des fonctions. Tel est le cas par exemple pour l'ensemble des
fonctions de [0,1] à valeurs réelles qui sont de carrés intégrable. Un tel espace peut être muni d'un produit
scalaire, apportant un service analogue à celui des espaces euclidiens, il porte le nom d'espace de Hilbert.
Dans le cas général, le dual possède une structure différente de celle de l'espace de départ. Une autre forme
bilinéaire est utilisée, celle qui à un élément du dual f et à un élément de l'espace x associe f(x). L'étude
d'une telle structure est plus simple si la topologie est issue d'une norme possédant au moins une bonne
propriété, la complétude. Un tel espace est appelé espace de Banach. La forme bilinéaire canonique entre le
dual et l'espace prend souvent le nom de produit scalaire.
La démarche des mathématiciens ayant étudié les espaces fonctionnels consiste à retirer une hypothèse
auparavant toujours utilisée, celle de la dimension finie. Elle est finalement féconde et de nombreux
théorèmes en analyse fonctionnelle tirent leur origine de l'étude d'une forme bilinéaire, comme un produit
scalaire analogue à celui des espaces euclidiens ou issu de la forme canonique entre un espace et son dual.
Une autre hypothèse peut être retirée, celle qui garantit que tout nombre différent de zéro du corps sous-
jacent à l'espace vectoriel possède un inverse pour la multiplication.
Un exemple étudié depuis longtemps est celui des équations diophantiennes. Certaines d'entre elles
s'écrivent comme la recherche des racines d'une équation polynomiale à plusieurs variables et à coefficients
entiers. Les solutions recherchées sont celles qui s'expriment uniquement avec des nombres entiers. Un
exemple célèbre et difficile est le grand théorème de Fermat. L'équation s'écrit xn + yn = zn. Les solutions
peuvent être vues comme des points d'intersection entre ℤ3, où ℤ désigne l'ensemble des entiers, et une
surface d'un espace géométrique de dimension trois. Un changement de repère permet parfois de simplifier
Analyse fonctionnelle
Arithmétique