La grossesse molaire
Pr Ag Bouchahda Haifa
2020-2021
23/11/2023
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Préambule
• Les môles hydatiformes (MH) font partie du groupe des maladies
gestationnelles trophoblastiques. Ce sont des maladies rares, mais
non exceptionnelles ;
• Sa fréquence au USA est de 1/1500, en Hollande 1/2270 au
Maroc 1 /171 et en Tunisie 1/285 .
• C’est une urgence gynécologique imposant l’évacuation utérine et
pouvant mettre en jeu le pronostic vital de la femme par le risque
hémorragique et l’état de choc en cas d’avortement spontané.
• C’est une tumeur bénigne potentiellement maligne, qui peut
dégénérer en choriocarcinome d’où la gravité de cette pathologie,
04/12/2020
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Objectifs éducationnels
1. Expliquer a une femme enceinte ayant une grossesse molaire les
mécanismes de survenue de cette pathologie,
2. Etablir le diagnostic de grossesse molaire en se basant sur les
données cliniques et paracliniques,
3. Réunir les éléments de gravité chez une femme ayant une
grossesse molaire
4. Planifier la prise en charge d’une femme ayant une grossesse
molaire
5. Expliquer à une femme ayant une grossesse molaire les
modalités de surveillance en se basant sur les complications
potentielles de cette pathologie
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Définition
• Les maladies trophoblastiques gestationnelles regroupent
plusieurs entités distinctes sur le plan clinique, histologique,
cytogénétique et pronostic.
• On distingue :
•
•
•
•
La môle hydatiforme complète ou partielle
La môle invasive
Le choriocarcinome
La tumeur du site d’implantation placentaire
• La grossesse molaire est l’entité la plus fréquente des maladies
trophoblastiques gestationnelles.
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Définition
• La grossesse molaire résulte d’une dégénérescence kystique des
villosités choriales (aspect hyperplasique et hydropique) associée
à une prolifération du trophoblaste avec sécrétion excessive de
l’hormone chorionique gonadotrope
• Lorsqu’elle pénètre le myomètre, elle devient invasive : mole invasive.
• - Le choricarcinome typique : est une tumeur purement épithéliale
comportant des éléments cyto et syncitiotrophoblastiques sans villosités
choriales.
• Il n’y a pas de filiation môle invasive – choriocarcinome
• - La tumeur du site d’implantation : c’est une greffe tumorale chez la
mère sans atteinte fœtale
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Origine CYTOGENITIQUE des grossesse molaire
• Habituellement les môles complètes sont
diploïdes comprenant deux jeux de
chromosomes paternels avec la persistance d'un
ADN mitochondrial maternel
• 99 % des môles partielles ont un caryotype
triploïde (3n) :
Par digynie (non-expulsion d’un globule
polaire à la première ou à la 2ème division
méiotique et fécondation par un Spz haploïde) ou
dispermie : fécondation de l’ovule haploïde par 2
spermatozoïdes haploïdes.
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Présentation anathomopathologique
• La mole complète
Le trophoblaste (placenta) est aberrant avec
embryon absent. Les villosités placentaires
s’hypertrophient, deviennent turgescentes, avec un
aspect en grappe de gros grains gorgés d’eau et plus ou
moins translucides.
C’est une masse formée de multiples vésicules
2mm ==> 3 cm ressemblant à une grappe de raisin :
aspect kystique absence totale de villosités normales
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Présentation anatomopathologique
• La mole partielle
Associe un placenta dont les villosités sont pour certaines normales
et pour d’autres de type molaire. Le tout dans une cavité amniotique unique
avec membrane, cordon ombilical et parfois embryon ou même un fœtus.
L’embryon meurt en général avant 7 ou 8SA. Exceptionnellement, la
grossesse peut se poursuivre et le fœtus présente un syndrome malformatif
évocateur de triploïdie :
RCIU;
Des anomalies de la face.
Une hypoplasie pulmonaire.
Une ambiguïté sexuelle.
Une syndactylie des 3ème et 4ème doigts.
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LES FACTEURS DE RISQUE de la môle complète
•
l’âge : augmentation du risque chez les femmes de moins de 20 ans et plus de 40 ans;
•
La contraception par pilule
•
GS A+
•
Certains facteurs nutritionnels :
−carence en B carotène ;
−rétinol.
- Une diminution de protéines et de graisses animales
•
Certains gènes d’histocompatibilité.
•
Un antécédent de grossesse molaire : L'existence d'une mole dans les antécédents
multiplie par 10 le risque de récidive de mole complète. Après deux antécédents, le
risque augmente de 15 à 28%,
•
Multiparité.
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DIAGNOSTIC CLINIQUE
• La grossesse molaire a un début qui ne se distingue pas de la
grossesse normale. Après quelques semaines d’évolution ou tout
semble se dérouler normalement, cette grossesse devient
anormale avec apparition des premiers signes.
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DIAGNOSTIC CLINIQUE
• Métrorragies :
Ces métrorragies indolores sont faites de sang rouge,
d’abondance variable ; elles sont capricieuses, répétées, entraînant
par leur persistance un état d’anémie et d’asthénie très prononcée
•
Douleurs pelviennes
Ce sont des douleurs à type de pesanteur ou de coliques expulsives.
• Signes sympathiques exagérés
-Troubles digestifs: nausées, sialorrhée, vomissement, subictère;
- Troubles nerveux : insomnie, crampes, troubles psychiques ;
- Troubles rénaux : protéinurie, dont l’apparition précoce éveille
l’idée de môle
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DIAGNOSTIC CLINIQUE
• Thyrotoxicose
-Analogie structurale et fonctionnelle entre la TSH et l’Hcg
-Thermophobie , tremblement, tachycardie associés à un goitre sans
exophtalmie
• Préeclampsie
Son apparition au cours du premier trimestre de la grossesse doit
faire évoquer une môle hydatiforme
• Anémie de gravité variable et d’asthénie
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DIAGNOSTIC CLINIQUE
• L’examen physique retrouve un utérus mou, sans ballotement fœtal et un
volume utérin plus important que ne le veuille le terme de la grossesse. Ce
volume peut différencier d'un jour à l'autre sous l'effet de la constitution et de
l'évacuation de la collection sanguine, on parlera d'utérus-accordéon de
Jeannin.
• Spéculum : saignement endo-utérin; parfois expulsion par le col d’une vésicule
molaire.
• Des masses latéro-utérines peuvent être perçus dans les culs-de-sac vaginaux
lors du toucher vaginal. Leur fréquence est variable mais leur valeur diagnostic
est grande. Leur régression après évacuation de la mole est de règle
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Les explorations paracliniques
• Echographie pelvienne
L’échographie pelvienne est un examen fondamental qui montre
des images
caractéristiques à savoir :
 l'absence de cavité amniotique
 l’absence d'embryon,
 cavité utérine dilatée par des images hyperéchogènes,
hétérogènes en «grappe de raisin», en «nid d'abeille» ou
en «tempête de neige».
 Les 2 ovaires présentent un aspect kystique bilatéral
multiloculaire
Ces images permettent souvent un diagnostic de certitude
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Les explorations paracliniques
• Dosage des BHCG plasmatiques
Normalement les BHCG plasmatiques ont un pic à 11 SA à
90.000UI/L puis les taux se stabilisent à 20.000 jusqu’à la fin de la
grossesse.
Les taux au cours de la grossesse molaire sont souvent supérieur à
100000 UI/L et peut dépasser parfois 500 000 UI/L jusqu’à atteindre
1000000 UI/L au niveau sérique.
Il confirme le diagnostic et permet de suivi de base à la surveillance
ultérieure.
•
Radio thorax
Elle met en évidence des métastases pulmonaires
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Diagnostic différentiel
• Toutes les étiologies des métrorragies du premier trimestre de la
grossesse
-Grossesse normale évolutive.
− Menace d’avortement.
− Grossesse extra-utérine.
− Rétention d’un œuf mort
− lésions du col (polypes, cervicites….)
•
Les étiologies de la hauteur utérine excessive
− Une grossesse gémellaire.
− Une association fibrome et grossesse.
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TRAITEMENT
• Hospitalisation
• Reserve de sang et consultation pré anesthésique
• Anti D si Rh négatif
• Surveillance du saignement et des constantes hémodynamiques
• La découverte d’une grossesse molaire partielle ou complète impose
l’évacuation utérine.
• Il faut réaliser une aspiration sous contrôle échographique au bloc
opératoire et de préférence sous anesthésie générale, sous perfusion de
synto. Le traitement d’une HTA ou une dysthyroïdie associée sera
entrepris préalablement.
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TRAITEMENT
• Une contraception doit être conseillée dans les suites de
l’aspiration. Elle peut faire appel aux œstroprogestatifs ou
éventuellement au stérilet.
• La môle doit être pesée et faire l’objet d’une étude histologique et
si possible cytogénétique avec détermination de la ploïdie.
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LA SURVEILLANCE POST-MOLAIRE
• Clinique
La clinique est d’intérêt modeste, L’inspection du vagin au spéculum
permet d’éliminer une métastase vaginale
Biologique
L’hCG est le marqueur spécifique des moles et des tumeurs
trophoblastiques . Il est parfaitement corrélé à la masse trophoblastique
résiduelle
Le rythme de surveillance des hCG après évacuation d’une môle
complète ou partielle est hebdomadaire jusqu’à négativation complète.
À partir de la négativation, une surveillance mensuelle est réalisée
pendant un an en cas de mole complète, pendant 6 mois en cas de mole
partielle.
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LA SURVEILLANCE POST-MOLAIRE
• Radiologique
Il est recommandé de réaliser une échographie pelvienne
endovaginale dans les 15 jours après l’évacuation initiale pour
éliminer le diagnostic de rétention.
Une deuxième évacuation utérine systématique n’est pas
recommandée en l’absence de métrorragies et/ou de rétention
échographique.
En cas de rétention avérée à l’échographie (diamètre antéropostérieur supérieur à 17 mm), il est recommandé de réaliser une
seconde évacuation.
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Evolution
• Deux types d’évolutions anormales peuvent survenir :
 la banale rétention molaire qui justifie simplement une 2e aspiration
 La véritable tumeur trophoblastique (môle invasive, choriocarcinome
ou rarement tumeur du site d’implantation) qui justifie une
chimiothérapie.
• l’évolution vers une maladie trophoblastique persistante ou une néoplasie
trophoblastique gestationnelle se fait dans 10 à 20 % des cas de mole
complète. Cette évolution est beaucoup moins fréquente en cas de mole
partielle avec une fréquence de 0,5% à 12%
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Evolution
• Les facteurs de risque d'une évolution maligne des môles
hydatiformes
• Un âge avancé des patientes
• Des antécédents personnels ou familiaux de mole hydatiforme
• Un taux plasmatique très élevé des β –HCG
• Des métrorragies très abondantes
• L'hypertension artérielle
• Prolifération avec des atypies cellulaires du trophoblaste
• La nécrose tissulaire
• Un taux élevé d'ADN haploïde.
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Evolution
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Devenir obstétrical et fertilité
• Après une MH, une nouvelle grossesse est habituellement envisageable:
 après 6 mois de dosages négatifs d’hCG totale sérique en cas de MHP;
 après 12 mois de dosages négatifs d ’hCG totale sérique en cas de MHC;
 après 6 mois pour les MHC lorsque les dosages d’hCG totale sérique se négativent en
8 semaines ou moins
• Le déroulement des grossesses ultérieures est superposable à celui de la population
générale , hormis pour le risque de récidive de la môle, évalué à 1 à 2% des grossesses
ultérieures.
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Conclusion:
• La grossesse molaire est une pathologie rare mais grave ayant
une évolution imprévisible d’où l’intérêt d’une surveillance stricte
en post évacuation.
• La surveillance de l’évolution par le dosage de l’hCG totale sérique
revêt ainsi une importance capitale pour affirmer avec certitude la
réussite de la prise en charge thérapeutique et diagnostiquer de
manière précoce toute complication maligne
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