Quelle Trame Verte et Bleue Avril 2012 mirabel-lne.asso.fr Sommaire Edito Un territoire toujours plus morcelé 3 Des projets problématiques en lorraine... Impacts du projet de la route RD 32 dans les Vosges 4 Canal Saône-Moselle 5 Alzette Belval, un projet routier à contresens Continuité écologique de la Sarre Qu’est-ce que Trame Verte Bleue ? 6 8 la et 10 Comment restaurer les continuités écologiques ? Quelle méthodologie pour la TVB ? C o r r i d o r s écologiques : couloirs de vie pour la faune 12 Analyse et diagnostic des réseaux écologiques du Val de Roselle Les arbres de bord de route : bons pour la biodiversité ! 14 La TVB à différentes échelles... Passages à faune 16 TVB sur le pourtour du massif forestier de Haye 26 Les ouvrages militaires, témoins des paysages passés et futurs 17 Le réseau thermophile en Lorraine 30 Quelle « sous-trame » forestière en Lorraine ? 18 Connectivité des massifs des Vosges et du Jura pour le lynx 30 Agriculture biologique & trame verte et bleue 20 Le temps à l’action…. La reconquête des rivières dans le PNR des Vosges du Nord 22 J’habite de moins en moins les moissons lorraines : qui suis-je ? Quelle Trame Verte et Bleue en Lorraine ? - vision inter-associative Publication : MIRABEL-Lorraine Nature Environnement Mise en page et maquette : Dempsey Princet Relecture : R.Millarakis, R.Droz, D.Princet, M-A.Poireau Nombre de tirages : 1000 - Date d’impression : avril 2012 Impression : BIALEC - 95 bd d’Austrasie 54000 Nancy Numéro de dépôt légal : 78070 24 31 MIRABEL-Lorraine Nature Environnement 09 allée des Vosges - 55000 Bar-le-Duc Tel : 09 50 30 95 60 / 09 81 98 30 12 [email protected] www.mirabel-lne.asso.fr Ont collaboré à cet ouvrage : Pascale Combettes (PAVE), Jean-François Fleck & Viviane Karamarko (Le Collectif « La route de trop »), Stéphane Langlois & Marie-Aude Poireau (Empreinte Positive), Sophie Noiret (CETE de l’Est), Sébastien Morelle (PNR des Vosges du Nord), Jean Poirot (LPO Lorraine), Chantal Pradines (Arbres et Routes), Armand Wernet (GECNAL de Sarreguemines), Christophe Borel (CPEPESC Lorraine), Romain Virrion (MIRABEL-LNE), Angélique Obertin (ADPSE), Alain Seitz (GECNAL de Sarreguemines), Julien Perl (MIRABEL-LNE), Raynald Rigolot (Flore54), Fabrice Lecerf (CGA de Lorraine), Régine Millarakis (Meuse Nature Environnement), Dempsey Princet (MIRABEL-LNE). Photos de couverture : Flore54-Olivier Rémy, Empreinte Positive Cet ouvrage a été réalisé avec des encres végétalisées sur du papier 100% PEFC, chez un imprimeur respectant toutes les normes environnementales. En Lorraine, la part de surface artificialisée est en constante augmentation et cette tendance s’est accélérée depuis les années 2000. Selon les données rassemblées par le projet européen Corine Land Cover, 5,7 % du territoire lorrain était artificialisé en 2006, avec une hausse de 2,7 % par rapport à la situation en 2000. Cette progression s'est faite essentiellement au détriment des espaces agricoles (2 977 ha perdus pendant cette période) et des forêts et espaces semi-naturels (774 ha). A lors que la population de notre région est en très faible augmentation, les constructions, les zones industrielles et commerciales continuent à grignoter les espaces naturels. Nous construisons aussi de nouvelles infrastructures de transport, routières et ferroviaires. Celles-ci sont non seulement consommatrices d’espaces, mais elles sont surtout responsables de la fragmentation des habitats naturels. La fragmentation se manifeste lorsqu’un écosystème de large étendue est transformé par action humaine en plusieurs fragments, de taille réduite, isolés les uns des autres. Elle altère la qualité des habitats, et elle s'oppose au besoin vital de la faune et la flore de pouvoir se déplacer. Elle constitue la principale cause d’extinction des espèces dans le monde. Les lignes électriques et téléphoniques, ou les barrages pour les réseaux fluviaux, sont également des facteurs de fragmentation. La fragmentation affecte en effet la biodiversité par la destruction pure et simple des habitats, mais aussi par perturbation des processus de dispersion. Les espèces qui exigent une mosaïque d’habitats pour leur développement peuvent être menées vers l’extinction si une barrière physique sépare un habitat des autres. C'est par exemple le cas, bien connu, des amphibiens qui traversent chaque année en grand nombre certaines routes pour quitter le lieu de leur hivernage et rejoindre des zones humides propices à leur reproduction. Les espèces peuvent aussi être mises en danger quand la fragmentation provoque la séparation d’une grande population en plusieurs petites populations qui ne sont plus reliées entre elles et dont les effectifs ne sont plus assez importants pour avoir une population viable. Ces populations ne pourront pas survivre sur le long terme du fait de leur faible effectif, et du fait de l’uniformité génétique que cela va induire et qui les rendra plus sensibles aux conditions extérieures. De plus, par ce morcellement, on augmente la part représentée par la lisière dans l’écosystème. Des conditions spécifiques sont présentes dans l’écosystème de lisière par rapport à la zone centrale : l’ensoleillement, les régimes des vents et de température, le niveau de bruit, la fréquence des dérangements vont varier. Un territoire toujours plus morcelé L’habitat initial sera par conséquent dénaturé du fait de l’augmentation de l’effet de lisière, et une faune et une flore différentes seront donc présentes sur cet espace, souvent au détriment des espèces d’origine. Bien sûr, les individus, les espèces et les populations sont différemment affectés par la fragmentation de leur habitat. Ils y sont plus ou moins vulnérables selon leur degré de spécialisation, leur dépendance à certains écosystèmes, ou leurs capacités d'adaptation. Par exemple, si la capacité de voler semble permettre aux oiseaux de s'adapter plus facilement à ces modifications de leurs habitats, la pollution sonore engendrée par le trafic des infrastructures de transport les affecte fortement. Ainsi, la création d'une autoroute peut faire disparaître les oiseaux chanteurs jusqu'à 4 km de distance. À l'inverse, quelques espèces végétales sont favorisées par les infrastructures, mais ce sont souvent des plantes banales, voire invasives. La renouée du Japon envahit ainsi progressivement notre région depuis quelques décennies.● Pascale Combettes - PAVE Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 3 Ce projet routier ignore totalement les exigences environnementales d’aujourd’hui, ainsi que les enjeux énergétiques de demain. S’il venait à aboutir, il serait constitué de 2 tronçons : ZOOM SUR Epinal/Rambervillers et Rambervillers/Saint-Dié Collectif « La Route de Trop » Impacts du projet de la route RD 32 dans les Vosges sur la biodiversité Le tronçon Epinal/Rambervillers ...slalome aux altitudes les plus basses entre les villages, traverse la zone géographique nommée Les Prévosges, plateau calcaire comprenant des collines, des zones humides, dont certaines inondables, des étangs, des dolines en lisière de forêt, deux résurgences, et une vallée de la petite rivière le Padozel. Le tracé longe une zone Natura 2000, Le Fort de Longchamp, très importante réserve de chauvessouris qui démoustiquent toute la région, puis 2 étangs appartenant au patrimoine du village de Padoux. Les espaces piscicoles déjà anciens, très bien végétalisés, entretenus écologiquement, abritent de nombreuses espèces animales aquatiques et subaquatiques. Ensuite, il rejoint le lit du Padozel qu’il traverse en pleine zone inondable, pour suivre alors sa vallée jusqu’à Rambervillers. Le tracé retenu traverse aussi 6 ruisseaux et zones inondables : le St-Oger, le Durbion, la zone de Pierrefitte, le Padozel et son affluent, le Pinson, et à nouveau le Padozel. C’est une succession d’habitats variés qui sont en péril C’est une succession d’habitats variés qui sont en péril, avec toutes les conséquences que cela suppose pour toutes les espèces animales et végétales concernées. Prairies naturelles certifiées biologiques depuis plus de 12 ans (situées au milieu du tracé de la route) - Crédit : Collectif La route de trop Le tronçon Rambervillers/Saint-Dié Le contournement de Jeanménil traverse la prairie de ruisseau (la Nauve), le bassin de source de la fontaine du village de Brû, puis 2 vallons de ruisseaux, longe ensuite un autre ruisseau vers Fraispertuis en limite de Zone de Protection Spéciale. De la sortie de Jeanménil à La Salle, la D32, maintenue en l’état, traverse un massif forestier qui abrite une partie de la Zone de Protection Spéciale mise en place depuis longtemps pour la protection de l'habitat de 7 espèces d'oiseaux menacés : grand tétras, gélinotte, faucon pèlerin, pic noir, pic cendré, chouette de Tengmalm, chouette chevéchette. Le tronçon Rambervillers/Saint-Dié traverse le Bassin Meurthe-Valdange. C’est une unité géographique circulaire constituée d’un plateau central découpé par les 2 rivières qui le contournent (Plateau de Nompatelize, Plateau du Han). On y retrouve aussi 5 zones humides : - Le vallon du ruisseau La Chèvre (truites sauvages) - La vallée de La Valdange - Le vallon de la Faux, avec ses 2 étangs (nombreuses espèces de libellules) - Le vallon du Rupt-Bihaye : 3 espèces de poissons répertoriées (truite fario, petite lamproie, loche) - La Meurthe et ses étangs très poissonneux (anciennes sablières très bien végétalisées) - L’étang Derrey est, depuis plus de 10 ans, classé en zone Natura 2000 (présence, entre autres, de papillons de la famille des « azurés ») et bordé par une Zone Naturelle d’Intérêt Faunistique et Floristique. Ce projet routier impacterait fortement ces noyaux de biodiversité ainsi que les corridors qui les relient. ● 4 - MIRABEL-LNE - Trame verte et bleue Crédit : R. Ledorven Le projet du Canal Saône Moselle L e projet de liaison Rhin-Rhône a pour but de créer une liaison fluviale à grand gabarit entre les vallées de la Saône et de la Moselle. Il devrait permettre le passage de péniches de 4 400 tonnes pour relier le Rhône au Rhin. Alors que ce mode de transport et ce projet peuvent sembler des réponses adaptées au contexte actuel d’économie d’énergies fossiles, il est aisé de démontrer que ce projet constitue une vraie fausse réponse, pour des raisons économiques (en termes de logique de transports) et pour des raisons écologiques. Impacts paysagers Bien qu’il soit difficile d’en dire beaucoup du fait des incertitudes dans lequel se trouve le projet quant aux différents couloirs possibles, nous pouvons imaginer que proportionnellement à l’ampleur des travaux de génie civil, ces impacts seront importants sur les hautes vallées, plus resserrées, plus sinueuses. Les cicatrices de ces travaux marqueront à jamais les paysages des hautes vallées de la Saône ou de la Moselle. L’impact sur le patrimoine construit varie selon les tracés mais serait classé comme « globalement fort » : une vingtaine de zones ou de sites classés sont répertoriés. Ce projet constituerait donc une perte importante de patrimoine paysager rural et urbain. Impacts sur la biodiversité et les écosystèmes Carte des couloirs de passage potentiels du Canal Saône Moselle - Source : VNF En tout état de cause, si elle devait emprunter le cours d’eau ou son lit majeur, l’infrastructure aurait des effets importants sur la biodiversité, et plus particulièrement sur les zones humides dont les fonctionnalités écologiques et la qualité seraient réduites. La richesse et l’importance du patrimoine naturel rencontré par le projet sont notables. Val de Saône, Bassigny ou vallée de la Moselle constituent des zones à patrimoine vivant riche que de nombreuses conventions ou régimes protègent : jusqu’à 4 zones Natura 2000, 344 Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type I, 39 ZNIEFF de type II, 6 Zones d’Intérêt Communautaire, 7 Zones de Protection Spéciale et des dizaines de sites protégés. Forêts alluviales en Val de Saône, vallées de la Moselle et de la Lanterne, abritant des espèces d’importance patrimoniale, vertébrées ou invertébrées liées à l’eau représentent des enjeux forts sur lesquels la France s’est engagée devant la communauté internationale. Elles constituent des milliers d’hectares qui seraient fragilisés, voire détruits irrémédiablement et ce malgré la mise en place de mesures dites compensatoires. ● Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 5 Alors que les décideurs politiques soutiennent ardemment le projet de liaison routière « Belval vers l’autoroute A30 » en vantant son prétendu caractère salutaire et indispensable, le collectif écocitoyen Empreinte Positive, avec le soutien de France Nature Environnement, de Mirabel LNE et d’Agirr-Fnaut, poursuit ses efforts pour dénoncer les impacts irréversibles de la future infrastructure sur l’environnement, ainsi que ses illusoires effets bénéfiques sur la mobilité. Alzette Belval un projet routier a contresens Crédit : Empreinte Positive L a liaison routière de 11,5 km qui raccorderait le pôle luxembourgeois de développement économique et urbain de Belval aux communes françaises, se diviserait en deux tronçons : l’un qui partirait de la frontière franco-luxembourgeoise pour rejoindre la commune de Villerupt, en passant par Russange et Audun-le-Tiche ; l’autre prolongerait le premier à travers l’ancien site sidérurgique de Micheville, pour venir s’échouer au centre du petit village de Tiercelet, sans se raccorder à l’autoroute A30. Ces deux parties du projet routier se distinguent de par leur opportunité, les fonctions qu’elles remplissent, le trafic qu’elles drainent et les impacts environnementaux qu’elles impliquent. De plus, le tracé routier constituerait l’axe structurant du vaste programme d’aménagement urbain Alzette-Belval en cours de planification (lui-même concrétisé par une opération d’intérêt national), et viserait la mise à disposition de nouveaux espaces fonciers. Mare de l'ancienne mine à ciel ouvert de Micheville Crédit : Empreinte Positive Le corridor écologique entre Micheville et les zones Natura 2000 correspond au tracé du projet routier Critiquable sur de nombreux points en matière de mobilité*, la pertinence du tracé est surtout à remettre en question sur le plan environnemental. En effet, les décideurs, considérant la friche de Micheville comme un espace foncier dégradé à reconquérir, ont choisi un tracé qui traverse cet ancien site sidérurgique de part en part. Pourtant, sur Micheville, le passé minier a cédé la place à une formidable recolonisation naturelle qui s’est opérée au gré des 25 dernières années : l’enclavement de Micheville a créé une zone de quiétude qui a favorisé le maintien des habitats et la circulation des espèces venues s'y réfugier. La friche industrielle et les anciennes mines de fer à ciel ouvert, ainsi que la vallée du ruisseau Beler et le crassier de Russange, constituent aujourd’hui un patrimoine naturel et paysager remarquable abritant de nombreuses espèces protégées. Cette mosaïque d’habitats (composée de réseaux de mares, prairies humides, taillis arborescents, fronts de taille, éboulis thermophiles, prairies sèches calcaires à orchidées remarquables, mines souterraines…) présente des caractéristiques similaires aux anciennes mines de fer luxembourgeoises limitrophes classées Natura 2000, et surtout une quantité d’espèces végétales et animales plus importante et plus diversifiée encore. De plus, le site de Micheville est l’élément principal d’une connexion biologique entre les noyaux de biodiversité remarquable du réseau Natura 2000 luxembourgeois d’Eschsur-Alzette et Differdange. Ce corridor permet un échange des populations sauvages de part et d’autre de la frontière, malgré des mesures de protection hétérogènes de ces espaces d’un pays à l’autre. Le Damier de la Succise (Euphydryas aurinia) est une espèce de papillon emblématique sur Micheville. Il affectionne les prairies de fauches extensives. 6 - MIRABEL-LNE - Trame verte et bleue Crédit : Alsace Nature Crédit : Empreinte Positive Cette trame écologique transfrontalière risque d’être mise en péril par le projet de liaison routière, dont le tracé correspond exactement au seul couloir de dispersion fonctionnel à grande échelle entre ces milieux semblables. Les maîtres d’ouvrage minimisent, de façon déplorable, les effets de la fragmentation des milieux. Nous pouvons craindre que les mesures proposées ne soient pas à la hauteur des enjeux en termes de biodiversité sur le secteur Alzette-Belval, et remettent en cause le maintien dans un état de conservation favorable des populations, étant donné que le corridor écologique de Micheville n’est pas compensé. De plus, le fractionnement du corridor transfrontalier risquerait d'impacter l'état de conservation des populations des sites Natura 2000 avoisinants. On peut légitimement dénoncer la démarche des maîtres d’ouvrage, irrespectueuse vis-à-vis des enjeux écologiques, qui consisterait à construire la route et à en évaluer a posteriori les impacts sur le corridor écologique. Tracé du projet routier Belval vers l'autoroute A30 à travers la ZNIEFF de Micheville L’opération d’intérêt national Alzette-Belval fait craindre également des pressions foncières fortes qui pourraient contribuer à une artificialisation irrémédiable du territoire, à une destruction des continuités écologiques et à l'érosion de la biodiversité en diminuant les capacités de dispersion des espèces animales et végétales. Les mesures de compensation proposées pour la route par les maîtres d’ouvrage concernent uniquement l’infrastructure routière puisque les nombreux aménagements qu’elle prétend structurer n’ont pas été intégrés dans la réflexion. La non prise en compte des impacts cumulés est scientifiquement injustifiable. De par le fractionnement qu'il créerait, le projet routier rendrait impossible l'intégration d'un espace naturel cohérent et fonctionnel à l'ensemble du programme d’urbanisation. Nous estimons pourtant que la création d'un espace protégé (une réserve naturelle transfrontalière par exemple) serait justifiée au regard de la richesse naturelle en présence et qu’il valoriserait de manière certaine et pérenne les zones alentour, apportant une meilleure qualité de vie à leurs habitants actuels et futurs. Considérer a priori cette infrastructure routière comme élément structurant l’élaboration de l’opération d’aménagement en cours rend très improbable la gestion intégrée de la biodiversité et son maintien sur cette zone. Il serait néanmoins nécessaire d'anticiper et de fondre le projet d'infrastructure et les grands projets d'aménagements fonciers en un seul programme pour avoir une vision globale et cohérente à long terme, et ambitieuse en termes d’impacts sur la biodiversité. Face à un projet routier totalement obsolète vis-à-vis des prescriptions de développement durable, car ne permettant pas le maintien des continuités écologiques, il serait pourtant impératif que les autorités et les collectivités étudient les solutions alternatives existantes moins pénalisantes pour l'environnement et qui pourraient répondre parfaitement aux besoins de mobilité de la population et du secteur économique, d’autant plus que ce projet est en partie financé par des fonds européens. Dans la perspective de l’aménagement d’une agglomération transfrontalière durable, la réouverture au trafic voyageur de la voie ferrée Fontoy/Audun-le-Tiche (dont le tronçon terminal serait détruit par la liaison routière, condamnant à terme la réhabilitation de la ligne entière) pourrait offrir par exemple de belles opportunités de mobilité. ● Empreinte Positive Note : * Notamment, la nouvelle infrastructure serait loin de traiter la situation préoccupante d’engorgement du centre-ville d’Audun-leTiche, pourrait générer des nuisances dans les villages de Rédange et Tiercelet, et condamnerait la remise en service de la ligne ferroviaire Fontoy-Audun. Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 7 , ZOOM SUR La continuité écologique de la Sarre La centrale de production d’électricité HAMBREGIE Le bon état écologique des cours d'eau et des milieux aquatiques, visé par la Directive Cadre européenne sur l'Eau (DCE), intègre la notion de continuité écologique. La continuité écologique, qui se définit simplement par la libre circulation des espèces biologiques et le bon déroulement du transport naturel des sédiments, est également l'une des priorités du Grenelle de l'environnement.. Si la continuité écologique est communément liée aux ouvrages de franchissement (barrages, moulins, écluses…), elle peut être, dans certains cas, et comme nous allons le voir ici, liée aux prélèvements d’eau pour diverses activités dont la production d’électricité. À ce titre, la loi française (article L.214 -8 du Code de l’environnement) intègre la notion de débit minimum réservé. Ainsi, toute installation, ouvrage, travaux ou activité dans le lit d’un cours d’eau doit permettre d’assurer « en permanence la vie, la circulation et la reproduction des espèces vivant dans l’eau ». Ce débit est généralement définit comme le dixième du débit moyen interannuel du cours d’eau sauf pour certaines installations produisant de l’électricité en période de pointe de consommation où le débit minimum peut être plus faible (un vingtième du débit moyen interannuel). Ainsi, dans la législation française, la sécurisation du réseau électrique a une certaine priorité sur l’équilibre des milieux aquatiques. HAMBREGIE : de l’eau pour faire de l’électricité Dans le cadre de sa demande d’autorisation d’exploiter une centrale de production d’énergie électrique sur les territoires des communes de Hambach, Sarralbe et Willerwald (Moselle – proche Sarreguemines) ; la société HAMBREGIE a déposé une demande d’autorisation de prélèvement d’eau dans la Sarre (rivière naturelle) de 1100 m3/h correspondant à plus de 2 % du débit moyen interannuel et à 15 % du QMNA5 (débit de référence des étiages), ce qui la place comme « gros consommateur d’eau » vis-à-vis de la législation des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement. À titre informatif, ce prélèvement d’eau correspond approximativement à la consommation domestique de 200 000 français. La technologie choisie pour cette centrale à cycle combiné au gaz naturel d’une puissance approchant les 900 MW (pour 8 000 h/an de fonctionnement) est un refroidissement à eau qui, contrairement au refroidissement à air, implique moins de nuisances sonores mais davantage de consommation d’eau. 1/3 seulement de l’eau prélevée sera restituée au milieu naturel, à 3 km environ en aval du prélèvement. Le reste (730 m3/h) sera intégralement évaporé. L’eau de ce rejet sera caractérisée par une température élevée, un pH faible, une augmentation significative de la concentration de l’ensemble des éléments en présence initialement dans l’eau prélevée (Azote, Phosphore, Zinc…) et notamment une charge conséquente en sulfates (acide sulfurique) et biocides, ces deux composés étant utilisés pour traiter les conduites du circuit de refroidissement. Le risque pour l’Albe et les milieux aquatiques associés négligé Ce prélèvement très important d’eau a lieu à proximité immédiate de la confluence entre l’Albe et la Sarre. La confluence entre l’Albe et la Sarre constitue une particularité de la zone de prélèvement indissociable de l’ouvrage et de l’évaluation de ses impacts. Or, la rivière Albe et cette confluence n’ont pas du tout été considérées (ni même mentionnées) dans l’étude d’incidence hydraulique faite a posteriori de l’enquête publique et préalablement à la mise en œuvre de la station de pompage. Il existe un impact significatif du prélèvement d’HAMBREGIE sur le fonctionnement hydrodynamique de l’Albe : La prise d’eau d’HAMBREGIE se situe à seulement 270 m en aval de la confluence entre l’Albe et la Sarre. Vu cette proximité immédiate, en période d’étiage, le niveau de la Sarre dans cette zone constitue le niveau de base hydrodynamique de l’affluent. 1 8 - MIRABEL-LNE - Trame verte et bleue Localisation de la prise d’eau – en bas vers amont (confluence), en haut vers aval (pont) - 01/10/2009 – MIRABEL LNE 1 Romain VIRRION - MIRABEL-LNE, Angélique OBERTIN - ADPSE & Alain SEITZ - GECNAL Sarreguemines augmenterait le courant …mais pas les hauteurs d’eau ! 2 L’Albe est un cours d’eau à faible pente. Environ 0,5/1000 sur le linéaire de cours d’eau de 10 km entre le Val de Guéblange (ZN2000) et la confluence et 0,25/1000 sur les 3 km de linéaire aval entre la station de mesure des débits de l’Albe à Sarralbe (Rech) et la confluence. En étiage, cette faible pente soumet le cours d’eau aux variations de charge pouvant être provoquées par les pompages sur cette zone qui constitue son niveau de base. 2 L’Albe, environ 200 m avant la confluence – en haut vers aval, En bas vers amont – 01/10/09 – MIRABEL LNE 3 À la confluence, la direction de la Sarre aval est en continuité avec celle du lit de l’Albe en amont, alors que la Sarre amont vient rejoindre la confluence en formant un angle de 90° avec cet axe. D’une manière générale et particulièrement en étiage, cette configuration est favorable à une sollicitation plus vive des courants de l’Albe. 3 Confluence entre l’Albe et la Sarre 08/12/2011 – MIRABEL LNE Les seuils de vigilance et de crise fixés à Keskastel ne prémunissent pas des incidences des pompages d’HAMBREGIE sur l’Albe. Aucun dispositif n’est mis en place pour garantir en permanence la vie, la circulation et la reproduction des espèces sur l’Albe. Cette rivière constitue en outre l’axe drainant d’une importante partie de la zone Natura 2000 FR4100244 – « Vallée de la Sarre, de l’Albe et de l’Isch » dont les zones humides du Val de Guéblange, en lien direct avec l’Albe, sont situées à moins de 10 km de linéaire de cours d’eau en amont de la prise d’eau. À noter également que la prise d’eau se trouve à 100 m à peine en amont de cette même zone Natura. Les incidences sur le maintien, dans un état de conservation favorable, des populations d’espèces concernées, ne peuvent être correctement évaluées qu’en tenant compte de l’ensemble de la zone Natura 2000 qui a été justement délimitée au regard de la cohérence des fonctionnalités écologiques des différents milieux et habitats concernés. Ainsi, l’ouvrage est susceptible d'affecter de manière significative la zone Natura 2000 FR4100244 – « Vallée de la Sarre, de l’Albe et de l’Isch ». Il apparaît urgent que les autorités prennent conscience de la nécessité de réaliser une évaluation d’incidence sur l’ensemble de la zone Natura 2000 FR4100244 – « Vallée de la Sarre, de l’Albe et de l’Isch » et de mettre en place un dispositif adapté permettant de se prémunir des conflits d’usage et de garantir en permanence la vie, la circulation et la reproduction des espèces sur l’Albe. ● Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 9 Qu’est-ce que la et Bleue ? © FLORE 54 - Olivier REMY par Dempsey Princet - MIRABEL-LNE Un réseau écologique, outil de préservation de la biodiversité La Trame verte et bleue (TVB), l’un des engagements « phare » du Grenelle de l'environnement, est une démarche qui vise à maintenir et à reconstituer un réseau d’échanges sur le territoire national pour que les espèces animales et végétales puissent, comme l’homme, communiquer, circuler, s’alimenter, se reproduire, se reposer... Elle contribue ainsi au maintien des services que nous rend la biodiversité : qualité des eaux, pollinisation, prévention des inondations, amélioration du cadre de vie, etc. La Trame verte et bleue constitue un outil de préservation de la biodiversité s'articulant avec l'ensemble des autres outils (stratégie de création des aires protégées, parcs nationaux, réserves naturelles, arrêtés de protection de biotope, Natura 2000, parcs naturels régionaux, plans nationaux d'actions en faveur des espèces menacées, etc.) encadrés par la stratégie nationale de biodiversité 2011-2020. En complément de ces autres outils essentiellement fondés sur la connaissance et la protection d'espèces et d'espaces remarquables, la Trame verte et bleue permet de franchir un nouveau pas en prenant en compte le fonctionnement écologique des espaces et des espèces dans l'aménagement du territoire et en s'appuyant sur la biodiversité ordinaire. Un outil d'aménagement du territoire La prise en compte de la Trame verte et bleue au niveau local, notamment par le biais des documents d'urbanisme réalisés par les collectivités (SCoT et PLU), mais aussi grâce à la mobilisation d'outils contractuels, permet d'intégrer les continuités écologiques et la biodiversité dans les projets de territoire. Même si la Trame verte et bleue vise en premier lieu des objectifs écologiques, elle permet également d'atteindre des objectifs sociaux et économiques, grâce au maintien de services rendus par la biodiversité (production de bois énergie, production alimentaire, bénéfices pour l'agriculture, auto-épuration, régulation des crues...), grâce à la valeur paysagère et culturelle des espaces qui la composent (amélioration du cadre de vie, accueil d'activités de loisirs...), mais aussi grâce à l'intervention humaine qu'elle nécessite sur le territoire (gestion des espaces TVB, ingénierie territoriale, etc.). © FLORE 54 - Olivier REMY 10 - MIRABEL-LNE - Trame verte et bleue Quelles échelles d’action pour Echelle régionale Echelle départementale garante de la cohérence du dispositif et de la prise en compte des services rendus par la biodiversité Au travers de la politique Espaces Naturels Sensibles, de la gestion des infrastructures routières départementales, de l'aménagement foncier agricole, etc. Trame Verte Réservoir de biodiversité (boisement, zone humide, etc.) Définitions de la Trame verte et bleue La Trame verte et bleue est un ensemble de continuités écologiques, composées de réservoirs de biodiversité, de corridors écologiques et de cours d'eau et canaux, ceux-ci pouvant jouer le rôle de réservoirs de biodiversité et/ou de corridors. Elle se conçoit jusqu'à la limite des plus basses mers en partant de la terre. Zone d’extension (renforcement du réservoir de biodiversité) Corridors écologiques (cours d’eau, haies, lisières, etc.) Corridors naturels relais (potentialités d’accueil pour la biodiversité plus faibles) La Trame verte et bleue est constituée d'une composante bleue, se rapportant aux milieux aquatiques et humides, et d'une composante verte, se rapportant aux milieux terrestres, définies par le Code de l'environnement (articles L.371-1 II et L.371-1 III). © FLORE 54 - Olivier REMY Objectifs de la Trame verte et bleue Atteindre des objectifs écologiques... Diminuer la fragmentation et la vulnérabilité des habitats naturels et habitats d’espèces et prendre en compte leur déplacement dans le contexte du changement climatique ; Identifier, préserver et relier les espaces importants pour la préservation de la biodiversité par des corridors écologiques ; Garantir la libre circulation des espèces et permettre le déplacement des espèces ; Prendre en compte la biologie des espèces sauvages ; Faciliter les échanges génétiques nécessaires à la survie des espèces de la faune et de la flore sauvages ; Assurer la fourniture des services écologiques rendus par la biodiversité ; ...tout en... améliorant le cadre de vie ; Améliorant la qualité et la diversité des paysages ; Prenant compte les activités économiques du territoire ; Favorisant un aménagement durable des territoires : orienter l’urbanisation et l’implantation des infrastructures et améliorer leur perméabilité ● la trame verte et bleue ? Echelle du SCoT Echelle communale La TVB comme partie intégrante du projet de territoire, complémentarité et cohérence entre les différentes politiques publiques Mise en œuvre opérationnelle et opposabilité aux tiers par les documents d'urbanisme Echelle individuelle action des entreprises par l'aménagement de leur site et la réduction de leur impact sur l'environnement rôle positif des agriculteurs et forestiers dans le maintien des continuités écologiques action du citoyen, dans son jardin, au sein d'association... Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 11 Corridors écologiques : couloirs de vie pour la faune sauvage Pour compenser les effets négatifs de la fragmentation des habitats naturels sur la vie sauvage remarquable et ordinaire, protéger les continuités écologiques est désormais un des nouveaux enjeux majeurs dans le domaine de la protection de la nature. Quelle en est la portée au niveau national ? Quand les espaces naturels sont fragmentés Une voie de chemin de fer, une autoroute, une zone commerciale, un ouvrage hydraulique… Autant de constructions qui contribuent inexorablement à l’artificialisation des sols1 et à la fragmentation du milieu naturel. Entravant la mobilité des populations animales en milieux terrestres et aquatiques entre les différents habitats vitaux de la faune sauvage (sites de nourrissage, de reproduction, de repos, de migration, etc.), la pression des activités humaines sur le milieu naturel menace la survie de nombreuses espèces : certains animaux (grands herbivores, petits mammifères, amphibiens…) franchissent les obstacles et les collisions sur les réseaux routiers sont particulièrement meurtrières ; les animaux plus sédentaires, demeurent prisonniers sur des îlots de nature restreints et s’ils n’ont pas accès aux ressources de façon optimale, sont plus vulnérables à la prédation, aux maladies, aux événements climatiques défavorables ; la pérennité d’une espèce nécessite les échanges entre les populations pour permettre la diversité génétique : lorsque les animaux n’ont pas la liberté migratoire suffisante pour rencontrer de nouveaux partenaires, le brassage génétique sain n’est plus assuré, accroissant le risque de consanguinité. Par conséquent, pour fournir aux animaux les conditions de déplacement nécessaires à l’exercice de leur cycle de vie, les biologistes de la conservation pointent cette priorité : rétablir et conserver les couloirs assurant la communication entre les différents habitats naturels, avec un intérêt particulier porté au maintien des interactions biologiques relatives à toutes les espèces végétales et animales, remarquables ou pas (intégration des espèces qualifiées de « communes » et de la nature dite « ordinaire »). Il s’agit de protéger écosystèmes, habitats et espèces, et les facteurs environnementaux qui conditionnent leur viabilité. Le réseau écologique se construit Les recherches scientifiques sur le rôle positif des corridors écologiques ont influencé ces dernières années les décisions publiques. Centrée historiquement sur la protection d’espèces rares ou menacées, la stratégie de conservation de la nature prend dorénavant en compte la gestion du territoire à une échelle très large, couplant la protection des habitats remarquables à la connectivité du réseau écologique. Adoptée par 54 États en 1995, la Stratégie paneuropéenne pour la protection de la diversité biologique et paysagère est un des premiers textes internationaux explicitant le concept de réseau écologique (Réseau écologique paneuropéen REP). À l’instar de cette stratégie internationale, l’engagement n° 73 du Grenelle, concrétisé par la loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010, loi dite Grenelle II 12 - MIRABEL-LNE - Trame verte et bleue crédit photo : Empreinte positive Corridor de survie Dans le contexte du réchauffement planétaire, les espèces animales et végétales sont contraintes de relever un défi exceptionnel pour survivre : se déplacer vers des zones climatiques qui leur sont plus favorables. Si la connectivité des habitats n’est pas restaurée, le phénomène de fragmentation, entravant les migrations nécessaires, combiné à la modification du climat pourrait constituer une ultime menace : accélérer de façon spectaculaire la disparition des espèces dans un mécanisme d’extinctions en cascade. et les articles L 371-1 à L 371-6 du Code de l’environnement, s’est attaché à l’élaboration du maillage d’un réseau écologique sur l’ensemble du territoire français par la mise en place d’une Trame verte et bleue (TVB), laquelle concerne respectivement les milieux terrestres et les milieux aquatiques. Qu’elles soient prises en compte de façon directe ou indirecte dans l’identification des continuités et discontinuités écologiques, les données naturalistes sur les espèces sont toujours un élément de sensibilisation et de mobilisation des acteurs. Les espèces cibles sont aussi bien une des finalités de la trame qu’un élément permettant d’en valider la pertinence : autrement dit, on construit le réseau écologique « pour » elles et « par » elles. Une conciliation de l’urbanisation et de la protection de la nature ? Cependant, la TVB, relayée dans les régions par les futurs schémas régionaux de cohérence écologique (SRCE) modélisés avant la fin 2012, permettra-t-elle de créer cette indispensable continuité territoriale naturelle ? D’après de nombreuses associations de protection de la nature, la portée juridique de cette mesure sur l’aménagement du territoire est faible : « Les parlementaires ont supprimé la disposition du projet de loi retranscrivant un des engagements du Grenelle qui prévoyait que les infrastructures linéaires de l’État devaient être compatibles avec le schéma régional de cohérence écologique, outil de mise en œuvre de la TVB en région. Cette disposition aurait grandement contribué à la mise en place cohérente de la TVB sur l’ensemble du territoire. En effet, l’obligation de compatibilité signifiait que la construction d’une ligne à grande vitesse ou d’une autoroute aurait dû respecter les continuités écologiques.»2 Pour la construction d’infrastructures linéaires, les continuités seront donc simplement « prises en compte » sur le territoire national. Rassemblons ensemble les pièces du puzzle... La TVB est toutefois un outil fédérateur pour l'intégration de la biodiversité dans les politiques publiques. Concrètement, les textes réglementaires vont conduire les acteurs de l’aménagement du territoire à démultiplier les actions en faveur des continuités écologiques : végétalisation des berges et ripisylves, construction d’ouvrages de franchissements pour la faune sauvage sur les infrastructures linéaires, plantations de haies champêtres, instauration de bandes enherbées, effacement des obstacles des cours d’eau, etc. Également, vous pouvez agir en faveur des corridors écologiques. Devenez les observateurs privilégiés de la nature dans vos déplacements quotidiens en prêtant attention à la présence d’espèces animales (amphibiens, reptiles, mammifères, insectes…) ou à l’écrasement d’animaux en grand nombre à certains endroits sur les routes. Transmettez vos observations aux structures naturalistes de votre région, en y joignant des photos. La TVB étant en cours d’élaboration, les informations sur les espèces serviront à enrichir les bases de données pour affiner les analyses de restauration et maintien des corridors. Dans votre jardin, également, vous pouvez préserver les continuités écologiques en prenant soin des haies dites naturelles. Elles font toujours le bonheur des insectes, oiseaux et petits mammifères : ils viendront s’y réfugier, s’y reproduire à l’abri des agressions ! ● Marie-Aude Poireau - Empreinte Positive La double vie des amphibiens Vaste prairie humide du ruisseau Beler, corridor écologique crédit photo : Empreinte positive 1. Selon une étude Agreste (« L’utilisation du territoire entre 2006 et 2010 », n°246, Agreste Primeur, juillet 2010), l’artificialisation des sols a atteint 9 % du territoire français en 2009, gagnant entre 2006 et 2009 en moyenne 236 hectares par jour sur les espaces agricoles et naturels, soit une augmentation de l’ordre de la surface d'un département français moyen tous les 7 ans. 2. Communiqué de France Nature Environnement du 18/06/2010 : « Les trames de bitume préférées aux trames vertes et bleues » Crapaud commun en migration crédit photo : Empreinte positive Comme l’étymologie de leur nom l’indique, les amphibiens (du grec ancien, amphibios « qui vit dans deux éléments ») naissent en milieu aquatique et passent l’essentiel de leur vie en milieu terrestre (bois de feuillus, lisières, prairies…). Chaque printemps, les populations quittent leur lieu d’hivernage et migrent en masse vers les mares pour s’y reproduire. Des millions d’amphibiens, amenés à traverser les voies des infrastructures routières, sont écrasés par les véhicules. Toutes les espèces d’amphibiens (crapauds, grenouilles, tritons, salamandres) étant protégées au niveau communautaire, il serait indispensable que les gestionnaires des réseaux routiers sécurisent leurs déplacements par le maintien de leurs corridors de migration : l'aménagement de passages à petite faune (crapauducs) est une solution durable, même si ces passages augmentent parfois le risque de prédation car les animaux sont concentrés sur des zones spécifiques que leurs prédateurs naturels repèrent facilement. Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 13 Jeune allée au Luxembourg La graphiose de l’orme, qui menaçait de faire disparaître toutes les « allées » du sud de la Suède a été le moteur de la politique de préservation engagée par ce pays. Chalara Fraxinea, qui menace de faire disparaître les « allées » lorraines, nous rendra-t-il le même « service » ? LES ARBRES DE BORD DE ROUTE : BONS POUR LA BIODIVERSITE ! Les alignements d'arbres au bord des routes, les « allées » - terme français utilisé dans de nombreux pays pour les désigner, et terme recommandé dans le rapport « Infrastructures routières : les allées d’arbres dans le paysage » - constituent des éléments marquants de nos paysages. Ils font partie du patrimoine culturel européen et jouent un rôle positif dans de nombreux domaines, notamment l’environnement. Outre leur action sur les températures, le ruissellement et la pollution, les arbres de bord de route sont en effet des alliés de la biodiversité ! Les « allées » : des biotopes particuliers Les « allées » : corridor et pont à la fois Le rôle positif des allées pour la biodiversité est lié à l'ambiance physique qui y règne, avec des conditions d’éclairement et un microclimat qui sont ceux d'une longue lisière forestière double. Il s’explique également par des considérations temporelles : les allées constituant un patrimoine culturel, avec une fonction d'ornement de la route, il est normal que les arbres de bord de route demeurent en place plus longtemps que des arbres de forêt - aussi longtemps, en fait, que le caractère paysager de l’allée est préservé. Cette longévité, rare par ailleurs, est indispensable à certaines espèces et contribue à faire des allées des habitats précieux. Une étude réalisée en Allemagne dans des alignements d’arbres de bord de route (chênes et tilleuls vieux de 180 à 350 ans) a par exemple mis en évidence la présence de plusieurs dizaines d’espèces d’insectes de la liste rouge nationale. Les plantations en regarni, pratiquées couramment au-delà de nos frontières, permettent par ailleurs de faire coexister des arbres d'âge différent dans un même alignement, ce qui est nécessaire à la continuité entre générations. Les allées jouent également un rôle important en tant qu’éléments de la « trame verte et bleue ». Ce rôle est lié, bien sûr, à leur caractère linéaire. Une étude exploratoire effectuée par la CPEPESC dans la clairière de Grand (Vosges) a par exemple confirmé l'importance de ces allées comme route de vol pour les chiroptères. En une soirée, au moins 7 espèces des 22 recensées en Lorraine, ont pu être identifiées, dont le Grand Murin et la Barbastelle. Un autre élément important réside dans le fait que les alignements d'arbres donnent à la route une dimension verticale. Ils constituent ainsi un « ouvrage de franchissement » qui vient corriger l'effet de coupure de l'infrastructure. Sans arbres - et même avec des haies -, le franchissement d’une route est souvent fatal, notamment aux oiseaux. Avec la voûte des arbres, le franchissement se fait au-dessus des véhicules, évitant les collisions. 14 - MIRABEL-LNE - Trame verte et bleue Plantation en regarni en Allemagne La voûte de l’« allée » constitue un pont pour le franchissement (Pays-Bas) Une route nue, coupure dans le paysage ZOOM SUR LA LORRAINE Quelles conséquences pour la gestion ? L’avis 2009-37 du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel de Lorraine reconnaît l’importance des « allées » pour la biodiversité, demande que des mesures alternatives à l’abattage soient systématiquement envisagées et que tout abattage soit précédé d’une étude d’impact. Les réglementations allemandes et suédoises sont allées plus loin, en tirant toutes les conséquences qui s’imposent : pas d’abattages en dehors de cas très précis (risque de chute de l’arbre sur la voie publique), et replantations - en regarni dans les alignements existants, ou sous forme de nouveaux alignements dans les espaces ouverts. Ces réglementations permettent une approche très pragmatique : les scientifiques n’ont pas à justifier au cas par cas l’intérêt de l’alignement pour la biodiversité, cet intérêt est considéré comme acquis une fois pour toutes. L’abattage relève au contraire d’un régime de dérogation ; pour pouvoir abattre, le gestionnaire de la route doit en faire la demande et la justifier. Ce système n’empêche évidemment pas d’engager par ailleurs des études scientifiques - réalisées alors hors de toute pression (de délais et d’enjeux) - afin d’enrichir et affiner les connaissances sur le rôle des allées. Très pragmatique aussi le système de compensation prévu en Allemagne dans le Land du Mecklembourg-Poméranie Occidentale (qui protège ses « allées » dans sa Constitution) : en fonction du pourcentage d’arbres restant dans l’allée et de leur circonférence, un arbre abattu peut être compensé par 1 arbre, 2 arbres ou 3 arbres replantés, auxquels peuvent s’ajouter, selon le cas, des compensations financières abondant un fonds spécial. Ce pragmatisme a l’avantage de la clarté (le gestionnaire sait à quoi s’attendre) ; il a l’avantage de la sécurité (on n’est pas tributaire de bureaux d’études aux compétences incertaines) ; il a enfin l’avantage de la rapidité et de l’économie (pas de délais / de coûts pour des études). Il devrait être expérimenté cette année en Lorraine. ● S elon les indications des conseils généraux concernés, le patrimoine lorrain des « allées » serait de 45 000 arbres en Meurthe-et-Moselle, de 6 000 en Meuse, de 30 000 en Moselle. Dans les Vosges, il est probable qu’il n’atteigne pas les 1 000 arbres. Pour l’instant, aucun de ces départements n’a engagé une politique globale de sensibilisation et de communication et l’intérêt des allées sur le plan historique, culturel, paysager, environnemental et économique reste largement ignoré de la population et des gestionnaires eux-mêmes. Ceci explique que l’on doive brosser un tableau plutôt morose : ces cinq dernières années, on a assisté à des abattages injustifiés ; globalement, le nombre d’arbres replantés n’équilibre même pas les abattages (autant dire qu’on est bien loin d’un début d’idée de compensation ...) ; les plantations en regarni, quelquefois pratiquées par le passé, ont été abandonnées ; certains départements n’ont pas replanté d’allée depuis des dizaines d’années ; lorsqu’elles sont effectuées trop loin du bord de la chaussée, les plantations d’alignements complets ne respectent pas le caractère culturel des « allées ». Un retournement rapide s’impose indéniablement. D’autant plus qu’une grande majorité d’allées lorraines, constituées de frênes, sont menacées d’une disparition rapide, faisant suite à l’apparition du champignon Chalara Fraxinea. Chantal Pradines – Arbres et Routes Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 15 PASSAGES A FAUNE, couloirs de vie L'érosion de la biodiversité et le grignotage de la nature sont des réalités qui s'imposent à nous au quotidien. Nombreux sont ceux qui se battent pour contrebalancer ou du moins freiner cette évolution. Les enjeux contraires à la nature (urbanisation, développement des transports, création de zones industrielles et commerciales...) sont souvent tels qu'il est illusoire d'espérer un abandon de ces projets. Sommes-nous alors condamnés à l'impuissance ? , Armand Wernet – GECNAL Sarreguemines Dans ce contexte difficile, il est très frustrant de constater que des solutions existantes pour diminuer l'impact des divers aménagements ne sont que très peu utilisées dans notre pays. Il nous appartient d'en faire la promotion chaque fois que l'occasion nous en est donnée. C’est l'objet de cet article. Ces solutions sont des aménagements permettant une libre circulation de la faune malgré les inévitables obstacles. Il s'agit de créer, chaque fois que nécessaire, des passages pour faune (en souterrain, voir photo en bas de page) ou, mieux, des « ponts verts » (en aérien) . C'est la topographie qui dictera le choix de l'une ou l'autre de ces solutions. Les passages sous voie sont la moins bonne alternative parce que beaucoup d'animaux hésitent à s'engager dans un tunnel. Les entrées doivent être abondamment végétalisées des deux côtés pour mettre la faune en confiance. L’installation de grillages est indispensable pour guider les animaux vers les entrées. La meilleure solution est le « pont vert ». Une buse en béton (ou plusieurs) d'une profondeur de quelques dizaines à une centaine de mètres (voir plus) et recouverte de terre puis végétalisée récréera une continuité du paysage par-dessus les voies de circulation. Des grillages de chaque côté conduiront les grands animaux vers les zones de franchissement. Crédit : G. Crisci (CG 38) Ces deux solutions sont bonnes pour la faune mais pas seulement. Elles présentent beaucoup d'autres intérêts : REPERES : Les collisions avec des ongulés (dont le sanglier) sont passées de 3.700/an en 1970 à 23.500/an en 2007 en France*. *«Faune et trafic – Manuel européen d’identification des conflits et de conception de solutions» - 2007 16- MIRABEL-LNE - Trame verte et bleue Les buses en béton recouvertes de terre (« ponts verts ») sont à l'abri des intempéries et donc du gel. Elles sont beaucoup plus durables que les ponts en béton qu'elles remplacent et qui doivent être réparés tous les quinze, vingt ans à grands frais. Les remblais n'auront pas besoin d'être évacués par des norias de camions et seront réutilisés sur place. L'intégration paysagère des nouveaux axes de circulation s'en trouve grandement améliorée. Ce n'est pas pour rien que ces aménagements se multiplient dans des régions touristiques comme l'Autriche ou la Bavière (Parc des Volcans d'Auvergne déjà cité). Les franchissements pour la grande faune sont aussi un enjeu de sécurité publique. Ils évitent les multiples collisions avec les automobiles. Plus d'animaux prisonniers à l'intérieur des grillages autoroutiers et qui courent dans tous les sens pour trouver une sortie. Pour que ces solutions se mettent en place elles doivent être intégrées très en amont dans les projets. Les différents services de l'Etat sont bien sûr sollicités mais associations et citoyens (au moment des enquêtes publiques par exemple) peuvent exiger leur mise en place.● Crédit : A.Wernet - Passage sous voie réalisé sous la N 61 près de Sarreguemines avant sa mise à 2x2 voies . Cet aménagement a été programmé en amont par les pouvoirs publics et a été une bonne surprise pour les naturalistes locaux. Les ouvrages militaires T erritoire marqué par les violents affrontements des guerres du siècle dernier, la Lorraine garde encore dans ses paysages de nombreux ouvrages militaires français et allemands d’époques différentes, constituant un patrimoine historique hors du commun. Ce patrimoine, aujourd’hui désuet et la plupart du temps à l’abandon, constitue un formidable potentiel d’habitats pour les mammifères (chiroptères, mustélidés, félidés, canidés, gliridés, etc.), l’avifaune (rapaces nocturnes notamment), les amphibiens, sans compter les insectes et autres arthropodes parfois inféodés à ce type de milieu. Au-dessus de ces sites se développe également une flore diversifiée (pelouses calcaires, plantes rupestres, etc.) parfois en évolution naturelle depuis un siècle. Temoins des Paysages passes et futurs L’intérêt majeur est sans aucun doute pour les chiroptères (chauves-souris). La multiplicité des types de structure et leurs différents niveaux d’enfouissement proposent aux chiroptères plusieurs conditions d’aérologie, nécessaires à une partie ou à l’ensemble de leur cycle vital. De nombreux anciens sites militaires sont aujourd’hui pris en compte dans les ZNIEFF ainsi que dans le réseau Natura 2000. Dans une région pauvre en grottes, ces milieux souterrains artificiels servent de gîtes de substitution aux espèces cavernicoles. L’intensité des combats, la superposition de rideaux défensifs d’époques différentes et les mouvements de front sont responsables d’une forte densité d’ouvrages et d’une organisation spatiale en réseau très favorable pour la répartition des chauves-souris. L’aspect linéaire du front de la Première Guerre Mondiale traversant de part en part la Lorraine ou la ligne Maginot en sont sans doute la meilleure preuve. Aujourd’hui souvent situés près de boisements ou en forêt, les anciens sites militaires sont à proximité immédiate de zones de chasse très favorables aux chauves-souris. Exemples de dégradations rencontrées - photos CPEPESC Lorraine - L’aspect de nombreux sites est souvent dévalorisé par des tags, des déchets, des feux, des parties de paint-ball ou parfois des rave party. D’autres visites effacent les traces du passé : la fouille illégale des champs de bataille pille le patrimoine militaire et réduit les possibilités de compréhension de l’Histoire. La protection de ces sites est à envisager dans un but historique et écologique. A insi ces vestiges témoins d’une époque révolue doivent être conservés et intégrés dans la structuration du paysage de la région. La prise en compte de ces vestiges dans la trame verte et bleue constitue sans aucun doute la démonstration d’un lien fort entre le passé et le futur. Les citadelles Vauban, les forts Séré de Rivière, les blockhaus et les sapes de la Grande Guerre de même que les fortifications Maginot, anciens sites guerriers, sont en partie devenus et doivent demeurer des havres de paix pour la biodiversité.● Christophe Borel – CPEPESC Lorraine Source : CPEPESC Lorraine Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 17 Quelle « sous-trame forestière » en Lorraine ? 1 Forêts anciennes…. Importance des milieux forestiers L a trame verte et bleue (TVB) s’organise en plusieurs « sous-trames » correspondant chacune à un grand type de milieu naturel ; par exemple pour la partie « trame verte » : sous-trames des milieux ouverts secs (pelouses), des milieux semi-naturels (vergers, parcs) ou encore des milieux en voie de renaturation (terrils, carrières)… En Lorraine, la sous-trame forestière est au cœur de la TVB. La forêt couvre en effet plus du tiers de la surface régionale. Notre région se classe d’ailleurs au 5ème rang national pour le taux de boisement. Par rapport à d’autres régions françaises, cette forêt est restée relativement peu transformée par l’homme. Malgré l’intensification de la sylviculture (enrésinements, mécanisation, raccourcissement des âges d’exploitabilité…), près des deux tiers des forêts lorraines peuvent être considérées comme « semi-naturelles », c'est-à-dire composées d’essences autochtones, non plantées ni semées : la forêt reste le milieu naturel le moins artificialisé de Lorraine. Sa valeur patrimoniale est évidente : plus de 60 % du réseau Natura 2000 lorrain se concentrent en milieu boisé ; outre les espèces strictement forestières, la forêt abrite aussi la majorité des animaux à grand territoire, voire certaines espèces de milieux ouverts, en voie de disparition dans les zones cultivées et pour lesquels elle constitue un ultime refuge. Les grands massifs forestiers, souvent domaniaux, sont une composante majeure du paysage régional. Ils sont généralement d’origine seigneuriale et l’état boisé y a été maintenu sans discontinuité depuis l’Ancien Régime. Ces forêts sont dites « anciennes » par opposition aux forêts « récentes » issues du reboisement (artificiel ou spontané) qui a accompagné la déprise agricole au cours des 2 derniers siècles. Elles comptent des espèces que l’on ne retrouve pas dans les forêts récentes, notamment au niveau de la strate herbacée. Beaucoup d’espèces forestières se caractérisent en effet par leur faible pouvoir de dispersion. Ce critère d’ancienneté mérite donc d’être pris en compte au niveau de la TVB pour identifier les « réservoirs » de biodiversité. En Lorraine, les forêts anciennes sont heureusement relativement nombreuses et globalement assez peu menacées. Réserve naturelle régionale de la Moselle sauvage (88/54) : une ripisylve protégée photo : M. MUNIER Corridors forestiers et ripisylves Les corridors écologiques prévus par la TVB sont destinés à relier entre eux les différents « réservoirs » et permettre les migrations d’espèces. Il en existe de différents types plus ou moins continus ; les arbres en sont souvent un élément majeur. Au 1er rang des corridors forestiers se trouvent les « ripisylves », c'est-à-dire l’ensemble des formations boisées, arbustives et herbacées bordant naturellement le lit des cours d’eau. Cette « forêt linéaire » est un élément essentiel pour la trame bleue ; souvent riches en vieux arbres ou bois mort, elle abrite de très nombreuses espèces : oiseaux pêcheurs ou cavicoles, insectes aquatiques ou xylophages, poissons amateurs de caches entre les racines ou recherchant l’ombrage, mammifères hautement spécialisés comme le castor. Plus largement, les ripisylves assurent aussi d’importantes fonctions d’épuration des eaux, de maintien des berges et de brise-vents. Si la formation boisée s’étale sur plus de 30 m de large, on parle de « forêt alluviale » ou « forêt inondable » ; ces forêts particulières sont rares en Lorraine et mériteraient une protection accrue**. 3 18 - MIRABEL-LNE - Trame verte et bleue ….et forêts âgées. Reménaumont, dernier lambeau de vieille hêtraie en forêt de Haye (54) Photo : Jean POIROT 2 Il n’en va pas de même pour les « vieilles forêts » ou « forêts âgées », c'est-à-dire celles qui portent des peuplements effectivement mâtures ou sénescents. Naturellement, la forêt se régénère suivant un rythme très lent, de l’ordre de 300 ans pour les sapinières, 500 ans pour les chênaies. En forêt gérée, ce cycle forestier est considérablement raccourci, les arbres récoltés dépassant rarement 200 ans. L’intensification actuelle de la sylviculture se traduit par un nouveau raccourcissement des âges d’exploitabilité (- 20% cf. rapport PUECH -2009). Ce raccourcissement et la chasse aux « gros bois » qui l’accompagne, risquent de faire rapidement disparaître les derniers lambeaux de forêts âgées dans notre région. Conscient du problème, le CSRPN a, dans le cadre de la modernisation en cours des ZNIEFF, classé les « vieilles forêts » parmi les habitats déterminants de Lorraine. Ces vieilles forêts sont absolument indispensables à la conservation des espèces forestières les plus menacées (grand tétras, chauves-souris, insectes saproxyliques, lichens, champignons...). Leur intégration à la TVB, sur la base d’une cartographie régionale restant à définir*, est prioritaire. Zones tampons et friches forestieres 4 Pour les associations de protection de l’Environnement, il est également important d’établir des « zones tampons » servant d’intermédiaire entre les « réservoirs » de biodiversité et les « corridors écologiques » prévus par la TVB. En marge des grands massifs forestiers, la Lorraine compte plus de 10 000 ha de bosquets ou boqueteaux dont certains pourraient avantageusement remplir ce rôle. Les forêts privées de petite taille, nombreuses en Lorraine, restent souvent inexploitées. Ces « friches forestières » constituent des îlots de naturalité (présence d’arbres morts, mélange d’essences spontanées et très diversifiées, abondance des lianes…) à prendre en compte. En 2010, le CSRPN de Lorraine a créé une fiche « forêts spontanées » dans le cadre de la réactualisation en cours de l’inventaire ZNIEFF (fiche ZNLOR2). Les forêts militaires (plus de 5 500 ha en Lorraine) présentent en beaucoup d’endroits des caractéristiques similaires. Elles mériteraient certainement d’être aussi intégrées pour partie à la trame forestière. Conclusion La sous-trame forestière semble un élément essentiel de la future TVB lorraine. Il est important que l’approche qualitative initiée par le CSRPN en 2010 dans le cadre de l’actualisation des ZNIEFF (fiches « vieilles forêts » et « forêts spontanées ») débouche rapidement sur le recensement et la cartographie des forêts lorraines âgées et/ou à forte naturalité. D’autres régions ont déjà engagé ce travail (Rhône-Alpes). Pour les APNE, il s’agit, dans un contexte global d’intensification de la sylviculture, d’une priorité. Outre la TVB, cette démarche peut appuyer d’autres réflexions territoriales également en cours : Stratégie de création des aires protégées (SCAP), Atlas de la biodiversité communale (ABC), etc.● Jean POIROT – LPO Lorraine Forêt spontanée sur terre agricole (prairie) dans le Pays de Bitche (57) – photo JC GENOT * en Lorraine, MIRABEL-LNE réalise actuellement en partenariat avec la LPO la cartographie des peuplements âgés (+ de120 ans) dans les zones Natura 2000 du massif vosgien. ** MIRABEL-LNE et la LPO proposent notamment la création d’une réserve biologique intégrale en forêt domaniale de Lisle (55), dans le cadre de la certification PEFC. Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 19 Crédits : CGA de Lorraine Agriculture Biologique et Trame Verte et Bleue Dans les années 60 sont nés les Parcs Naturels Nationaux pour maintenir des îlots sauvages, plus récemment les sites Natura 2000 sanctuarisent certaines zones riches et fragiles, puis le Grenelle de l’environnement met sur rail, dans chaque région, des trames vertes et bleues pour renforcer les corridors écologiques. Le cahier des charges europeen de L Agriculture Biologique L e cahier des charges européen pour l’Agriculture Biologique commence par un long préambule : « La production bio est un système agricole global qui allie les meilleures pratiques environnementales, un haut degré de biodiversité, la préservation des ressources naturelles et des normes élevées en bien-être animal. » Ce mode d’agriculture est contrôlé par des organismes certificateurs indépendants. Il interdit tout engrais ou pesticide de synthèse en production végétale et limite l’utilisation de médicaments en production animale. Source: RMT DevAB (Fleury, 2011) Agriculture biologique et Qualite de l eau L a non utilisation d’engrais et pesticides de synthèse a de toute évidence un effet immédiat et indiscutable sur la qualité des eaux. En 1998, le CEMAGREF écrit : « L’agrobiologie a, en regard de l’agriculture conventionnelle, un impact très positif sur la qualité de l’eau. Elle préserve à la fois la qualité de l’eau et les autres composantes de l’environnement » (Bourdais, 1998). En 2003, l'INRA évalue l'impact environnemental de pratiques agricoles correspondant à huit cahiers des charges différents et conclu : « Le cahier des charges européen de l’Agriculture Biologique est celui qui répond le mieux à la préservation de la qualité des eaux souterraines » (Girardin et Sardet, 2005). 20 - MIRABEL-LNE - Trame verte et bleue Un chercheur lorrain, Marc Benoît de l'INRA de Mirecourt, a travaillé sur la ferme de Pierrot, Odile et Jacques, située sur un petit bassin versant à Montenoy. Il conclut : « Cette étude indique que l’Agriculture Biologique permet d’obtenir une eau de qualité très satisfaisante, buvable sans traitements. » Le seul petit bémol noté est un pic de nitrates lessivés que l’on peut trouver sous une parcelle lors du retournement à l’automne de prairies temporaires riches en légumineuses. Ce phénomène est toujours limité en surface puisque le producteur bio conserve la même surface de prairie temporaire et n’en retourne qu’un quart par an (voire moins). Crédits : CGA de Lorraine Biodiversite et paysages L es agriculteurs bio observent et travaillent leur terre en bon agronome : ils ont l'obsession de ne pas tasser, ils recherchent une structure de sol grumeleuse, une richesse importante en arthropodes de leurs parcelles. Ils considèrent leur environnement proche comme un allié, un réservoir de biodiversité capable de minimiser, voire de réguler, des attaques de parasites. La comparaison de plus de 600 fermes classiques et bio sur la base du diagnostic agroenvironnemental DIALECTE montre que l’implantation de haies, bosquets, bandes enherbées et prairies extensives est systématiquement plus importante sur les fermes en agrobiologie (Le Maire, 2008). Autant de lieux privilégiés pour l'installation et la circulation d'une faune et d'une flore riche et diversifiée. Faible chargement, rotation plus longue et plus diversifiée, utilisation de compost, de semences et de races locales, semis de mélanges céréaliers, maintien de prairies permanentes, prairies temporaires complexes et fauches tardives, participent a un système global qui permet une production intéressante en quantité et qualité tout en préservant la biodiversité. Plusieurs synthèses bibliographiques montrent en effet que les êtres vivants : araignées, oiseaux, chauves-souris, syrphes, carabes, vers de terre, champignons mycorhiziens et plantes, sont nettement plus nombreux en variétés d’espèces (jusqu'à + 400 % pour les plantes) et en nombre (voir encart ci-dessous). + 5 % d’oiseaux Références citées + 17 % d’araignées Bourdais J.L. 1998. Agrobiologie et Environnement, une comparaison des systèmes de production agrobiologiques et conventionnels en Aquitaine. Rapport de synthèse CEMAGREF, 49 p. + 33 % de chauves-souris Fleury P. coordination. 2011. Agriculture biologique et environnement, des enjeux convergents. Co édition Acta / Educagri. 272 p. + 40 % de champignons mycorhiziens + 60 % de Staphylinidés (syrphes) Girardin P. et Sardet E. 2005. Impacts environnementaux des prescriptions du cahier des charges de l'agriculture biologique. Brochure INRA, 16 p. + 50 % de carabidés (carabes) & + 15% d'espèces Le Maire B. 2008. En quoi l'AB peut-elle répondre aux objectifs des politiques de trames vertes et bleues en Nord Pas de Calais? Mémoire de fin d'études d'ingénieur, ISARA Lyon, 72 p. + 50 % de vers de terre & + 25 % d'espèces de vers Sources : Pfiffner et. al (2001), Mäder et. al (2002) / Hole et. al (2005) dans Le Maire, 2008. L’Agriculture Biologique, véritable outil de préservation de la qualité de l’eau et de la biodiversité, joue un rôle encore faible en Lorraine du fait de son développement limité : 3 % des surfaces en moyenne. Mais les conversions continuent : 400 fermes aujourd’hui réparties sur la Lorraine ! Les nouveaux convertis sont en phase avec la société et ne se préoccupent pas des propos et gesticulations actuels aberrants du réseau corporatiste agricole, à contresens des désirs sociétaux, à contresens de l'histoire. ● Fabrice LECERF – CGA de Lorraine Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 21 Le poids de l’Histoire... et les défis d’aujourd’hui ! Depuis les moines cisterciens de l’abbaye de Sturzelbronn qui édifièrent les premiers ouvrages hydrauliques et de pisciculture dès le XIIème siècle, jusqu’aux excès des Trente Glorieuses, caractérisés par un développement anarchique des petits trous d’eau et le mitage résidentiel, les cours d’eau des Vosges du Nord et leurs zones humides ont largement été remodelés par l’homme. Aujourd’hui, malgré ces modifications séculaires, de nombreuses rivières abritent encore un patrimoine naturel d’exception salué par le label européen Natura 2000. Cependant, avec la présence d’un ouvrage hydraulique en moyenne tous les 400 à 500 mètres, la naturalité et le bon fonctionnement des rivières sur grès sont profondément altérés. Le rétablissement de la continuité écologique est aujourd’hui une priorité, seule réelle solution alternative pour rendre les lits mineurs moins sensibles à l’ensablement, Crédit : Sycoparc permettre le maintien, à long terme, des habitats nécessaires à la survie des espèces animales emblématiques de nos milieux aquatiques et atteindre le bon état des cours d’eau exigé par la DCE, au plus tard, à l’horizon 2027. LA RECONQUETE DES RIVIERES DANS LE PNR DES VOSGES DU NORD Dans le cadre de la mise en œuvre des documents d’objectifs Natura 2000, le Syndicat de coopération pour le parc naturel régional des Vosges du Nord initie, avec ses nombreux partenaires, de multiples actions afin de garantir la libre circulation des espèces animales et des sédiments dans les rivières de son territoire. Suppression d’ouvrages hydrauliques, renaturation des lits mineurs rectifiés, restauration des ripisylves ou effacements d’étangs en barrage sont des actions devenues incontournables pour espérer reconquérir la fonctionnalité des milieux aquatiques. Crédit : Sycoparc 22 - MIRABEL-LNE - Trame verte et bleue Pour que revivent les ruisseaux de la Bieldmuehle et de la Moosbach ! Dés 2007, les premières actions prévues aux documents d’objectifs du site interdépartemental de la « Haute Moder et affluents » se mettent progressivement en place. La volonté est grande de passer à l’action après plusieurs années de concertation et de mettre en place une action exemplaire d’envergure qui signera l’acte de renaissance des cours d’eau sur grès. L’Office National des Forêts, sous l’impulsion du Sycoparc, décide de montrer l’exemple et s’engage dans une réflexion visant la suppression de 12 digues d’étangs qui barrent deux petits ruisseaux salmonicoles, l’un en forêt domaniale de Lemberg, la Bieldmuehle ; l’autre en forêt domaniale de Sturzelbronn, la Moosbach. D e 2008 à 2010, sur plus de deux kilomètres de ruisseaux et après une vidange délicate, toutes les digues sont ouvertes et reprofilées, les ouvrages de vidange en béton sont détruits et évacués… le lit des cours d’eau se redessine progressivement dans les sédiments tapissant le fond des étangs disparus. Le sable est remobilisé par la force hydraulique du cours d’eau et les graviers réapparaissent çà et là au détour des petits méandres nouvellement formés. Le milieu réagit vite et, alors que les pelles mécaniques viennent de quitter les lieux, la flore pionnière est déjà à l’œuvre. Le cours d’eau ressuscité de la Bielmuehle est sous haute surveillance, l’Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques (ONEMA) assure le suivi hydromorphologique et biologique de l’expérience, laboratoire à ciel ouvert permettant l’observation des processus fonctionnels restaurés et la réponse de la faune et de la flore aquatique. Cette année, un an à peine après les dernières remises en état, le printemps fut porteur de bonnes nouvelles pour les partenaires du projet. En effet, dans le cadre d’une pêche électrique menée par l’ONEMA sur la Bieldmuehle, une trentaine de truitelles ont été capturées attestant de la reproduction du poisson dans des secteurs qui lui étaient jusquelà inaccessibles. D’autre part, un agent du Sycoparc a également eu la chance d’observer la reproduction de la Lamproie de Planer dans le ruisseau du Mossbach en lieu et place d’un ancien étang. La dynamique est en marche, la nature n’est décidément pas rancunière ! ● Sébastien MORELLE – Sycoparc Chargé de mission « rivières et zones humides » [email protected] Pourquoi supprimer ces étangs ? Les objectifs de ces effacements d’ouvrages sont de : limiter le réchauffement et l’évaporation de l’eau ; rétablir la continuité écologique pour les poissons et les sédiments ; restaurer les frayères à Truite fario et à Lamproie de Planer ; gérer définitivement le risque de rupture de ces ouvrages vieillissants ; limiter les risques d’introduction d’espèces aquatiques à caractère invasif : les plans d’eau sont des portes d’entrée de nombreuses espèces indésirables (écrevisses américaines, poissons-chats...) Crédit : Sycoparc Barrage d’étang Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 23 Analyse et diag Méthodologie éco L es espèces n’utilisent pas les éléments du paysage de la même façon pour leurs cycles de vie et ne disposent pas des mêmes capacités de dispersion. Dans le cadre de l’identification des corridors écologiques, il s’agit de savoir pour quels types d’espèces les corridors seront les plus utiles. Il est donc possible de diagnostiquer l’existence et l’efficacité d’un réseau écologique à partir d’espèces. Espèces déterminantes Il convient de choisir des espèces pour lesquelles le territoire possède une responsabilité forte et qui constitue un réservoir (bastion) pour ces espèces. Ces espèces doivent être représentatives du besoin de connectivité des milieux. Elles doivent permettre de valider la trame verte et bleue du territoire considéré mais elles peuvent également, dans un objectif plus ambitieux, servir à élaborer ladite trame. Le choix des espèces peut s’appuyer sur des listes établies dans chaque région par le Muséum National d’Histoire Naturelle. 24 - MIRABEL-LNE - Trame verte et bleue Dans le cadre de l’identification des réseaux écologiques du SCOT du Val de Rosselle, la méthode employée croise deux approches : une approche biogéographique, qui permet d'identifier les réseaux écologiques à partir des données disponibles complétées par des observations de terrain. C’est à ce stade que sont identifiées les différentes unités d’occupation du sol ainsi que les biotopes institutionnels remarquables ou fonctionnels, que l’on nomme « réservoirs de biodiversité ». Un système d’information géographique (SIG) agrège ensuite toutes ces couches d’informations spatiales existantes et les observations naturalistes. une approche informatique, qui calcule la perméabilité des déplacements de la faune pour chaque continuum écologique (forestier, thermophile…). La modélisation vient ainsi conforter et compléter les premières analyses. gnostic des réseaux ologiques du Val de Rosselle Il s'agit de modéliser sous le logiciel IDRISI (Éditions Andes) les possibilités de déplacement d'espèces réelles, dites déterminantes, caractérisées par des données tangibles ainsi que les possibilités de déplacement d’espèces virtuelles caractérisées par des préférences en matière d’habitat. Cette double analyse permet de réaliser une identification théorique des réseaux écologiques sur des territoires où il n’existe que peu de données d’observation. Afin de tester ces hypothèses de déplacements, des simulations informatiques sont réalisées. Cette modélisation est basée sur un algorithme de calcul du « coût de déplacement ». Il utilise le mode « grille » des SIG pour calculer un « coût potentiel de dispersion » d’un animal symbolique qui se déplace dans un paysage. On attribue à chaque unité d’occupation du sol, définie dans l’approche biogéographique, une valeur de résistance proportionnelle à l’effort que l’animal hypothétique est prêt à consentir pour coloniser ou pour se déplacer dans un milieu différent de son espace vital habituel. Formule pour un animal allant compartiment 1 à un compartiment 3 : d’un C1-3 = ((R1+R2)/2 x D1-2) + ((R2+R3)/2 x D2-3) avec C : coût de déplacement. R : coefficient de résistance du milieu D : distance parcourue (en mètres) Cette approche permet de définir pour chaque type de milieux naturels (zones humides, prairies, forêts...) les voies de déplacement privilégiées des espèces déterminantes ou théoriques retenues : Ces continuités écologiques théoriques sont identifiées dans les cartographies sous les intitulés (milieu structurant et milieu attractif), les autres milieux constituent des milieux difficilement perméables voir infranchissables dans lesquels il existe néanmoins des corridors.● par Sophie NOIRET – CETE de l’Est (MEDDTL) Voies de déplacement théorique du chat forestier (CETE de l’Est) La somme de toutes ces continuités constitue le réseau écologique du territoire du Val de Rosselle. Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 25 DOSSIER — étude TVB autour du massif forestier de Haye (54) Trame verte et bleue sur le pourtour du massif forestier de Haye , Julien PERL - MIRABEL-LNE & Raynald RIGOLOT - FLORE 54 Contexte et intérêt La forêt de Haye, aux portes du bassin de vie de Nancy, suit actuellement, sur l'initiative d'un collectif de 62 associations piloté par FLORE 54, une procédure visant à classer le massif forestier en forêt de protection. Dans cette optique, un recensement du patrimoine et de la biodiversité a permis de prendre conscience de la richesse des milieux naturels bordant le massif. Constatant que la protection de l’emprise foncière de la forêt seulement ne serait pas cohérente si on ne stoppait pas le grignotage sur les milieux alentour, milieux dont la valeur biologique est peu reconnue, les fédérations MIRABEL-LNE et FLORE 54 ont voulu mettre en valeur ces espaces. C’est de cette manière qu’a émergé la proposition de réaliser une étude de Trame verte et bleue sur le territoire, dont le but était de disposer d’un état zéro des continuités, afin de maintenir celles existantes et de restaurer les continuités perdues. La zone ainsi étudiée représente une surface de 270 km², englobant 28 communes et 7 intercommunalités (pour près de 260 000 habitants). Elle a été établie selon une volonté associative de ne pas se limiter à une zone d’étude contrainte administrativement, afin d’avoir un regard supérieur à l’échelle d’une seule collectivité, et ainsi dialoguer avec une multiplicité d’interlocuteurs. Au-delà de la forêt de Haye, la zone d’étude a donc été élargie à tout l’espace ceinturé par la Meurthe de Frouard à Laneuveville-devant-Nancy, par la Moselle de Frouard à Messein, et par le canal de jonction (VOIR CARTE 1). Le rôle de ces cours d’eau, qui représentent des discontinuités plus ou moins naturelles, est de former des limites écologiquement pertinentes, qui permettront à des études futures de s’y accrocher pour étendre le réseau de la trame verte et bleue ainsi définie (en descendant ou remontant les cours d’eau par exemple). CARTE 1 : localisation et délimitation de la zone d’étude 26 - MIRABEL-LNE - Trame verte et bleue Méthodologie Un des principaux intérêts de ce travail est la dualité entre la réflexion scientifique et la concertation locale, toutes deux indispensables à l’établissement d’un schéma de trame verte et bleue ainsi qu’à son application sur le terrain. La démarche menée s’est donc répartie en deux phases, qui ont été successivement : Plateau de Brabois—Nancy (54) © FLORE 54 - Olivier REMY la réalisation d’une modélisation débouchant sur une cartographie des continuités écologiques, tout en utilisant une méthode ayant fait ses preuves lors de précédentes études (continuités écologiques sur le SCoT du Val de Rosselle par exemple) : Pour établir la trame verte et bleue, deux méthodes complémentaires ont été employées : une identification visuelle à l’échelle départementale, couplée à une modélisation informatique à l’échelle locale. Des logiciels de cartographie et d’analyse de données géographiques ont été utilisés pour traiter les informations de l’occupation du sol. Les données brutes ont été exploitées pour produire des cartes, qui ont ensuite été mises en forme pour en faciliter la compréhension. Ici, 4 continuums (ou sous-trames) ont été choisis, en fonction des spécificités du territoire : Synthèse des 4 continuums utilisés dans cette étude pour former la trame verte et bleue la réalisation d’entretiens avec des acteurs locaux : En parallèle ont été menés une trentaine d’entretiens avec différents partenaires issus majoritairement de collectivités, mais également de services de l’Etat et de structures associatives ou avec Commune de Chavigny (54) des naturalistes. Cette concertation a eu pour but de présenter la © FLORE 54 - Olivier REMY démarche, de voir ce qui se faisait déjà, et réfléchir ensemble sur cette problématique commune, pour ensuite proposer des actions pertinentes. Il paraissait bien plus intéressant d’impliquer les acteurs afin qu’ils s’approprient la démarche pour la perpétuer. Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 27 DOSSIER — étude TVB autour du Un point sur la méthode de cartographie En premier lieu, une identification visuelle (par photo-interprétation) a permis de définir les corridors à une échelle supérieure à la zone étudiée. Pour cela, il a suffit de « relier » entre eux les massifs forestiers, et faire de même pour les espaces agricoles, pour les zones thermophiles des côtes de la Moselle (établies par l’étude Trame Thermophile en Lorraine, CRL 2010), et enfin pour les cours d’eau. Cela représente l’ossature initiale (VOIR CARTE 2), qui sera précisée à l’échelle locale. LEXIQUE Continuum : ensemble des milieux favorables à un groupe d’espèces, et reliés entre eux. Corridor : section du paysage utilisée par des espèces pour leurs déplacements. Continuité : ensemble d’éléments continus sans interruption physique majeure. Discontinuité : rupture de continuité, d’origine naturelle (gros cours d’eau, falaise…) ou artificielle (voie de communication, berges canalisées, zones urbanisées…). Perméabilité : facilité de franchissement d’un milieu. La méthode ensuite employée est une simulation informatique, appelée « coût de déplacement » ou méthode de Berthoud. Son but est de modéliser les possibilités de déplacement dans la matrice paysagère d’une espèce théorique (représentative d’un continuum), en fonction des ses préférences écologiques. Les caractéristiques de la perméabilité de ce paysage sont représentées, pour chaque type d’occupation du sol et pour chaque continuum, par un coefficient de friction (ou coefficient de résistance). Celui-ci varie de 0 (milieu structurant) à 1 000 (milieu infranchissable) et permet de pondérer la distance maximale de déplacement de l’espèce en fonction de l’effort qu’elle devra fournir pour se déplacer dans chaque type d’occupation du sol. Une des difficultés réside dans la représentation de l’occupation du sol, qui doit être à la fois la plus précise et la plus à jour possible. Ensuite, il faut définir de manière détaillée et représentative la perméabilité de chaque type d’occupation du sol pour chacune des espèces retenues. Enfin, le logiciel IDRISI permet de mixer ces informations et d’en ressortir une carte des potentiels de dispersion pour chaque continuum étudié. Ici, les continuums étudiés sont au nombre de 4 : forestier, thermophile et vergers, agricole extensif, aquatique et zones humides. DONNEES EXPRESS Massif de Haye Surface de 270 km² (étendue à 350 km² pour la modélisation) 28 communes de 7 intercommunalités 260 000 habitants Le territoire est composé d’1/3 de forêt, 1/3 d’espaces agricoles et 1/3 de zones urbaines. Il est ceinturé par les cours d’eau. Il est très fragmenté par des coupures artificielles. Commune de Ludres (54) 28 - MIRABEL-LNE - Trame verte et bleue © FLORE 54 - Olivier REMY massif forestier de Haye (54) Résultats, discussion et suite donnée à cette étude L’identification visuelle a permis d’éditer une carte des continuités géographiques, mettant en évidence des corridors d’envergure départementale pour chacun des 4 continuums étudiés (VOIR CARTE 2 ci-contre). La modélisation a quant à elle permis d’éditer 4 cartes (une par continuum) des continuités écologiques théoriques à l’échelle du massif. Celles-ci, bien plus précises, permettent d’identifier et de détailler le niveau de continuité et l’état et l’importance de chaque corridor (VOIR CARTE 3). D’un point de vue technique, les corridors ont été identifiés scientifiquement à l’échelle du massif par l’étude, et sont donc assez théoriques dans le sens où ils ne représentent pas avec exactitude leur emprise au sol, qui est à définir localement en fonction des liaisons qui existent ou qui sont à mettre en place entre les espaces. Les entretiens avec les acteurs locaux ont permis d’obtenir une vision plus précise encore du territoire. Ils ont notamment été indispensables pour préciser l’état des continuités et proposer des actions à mettre en place. Enfin, ils ont favorisé la connaissance des actions déjà menées, ce qui sera utile à leur mise en valeur via la réalisation d’un document de communication et l’organisation de présentations orales pour les élus et le grand public dans le courant de l’année 2012. Tout ceci permettra aux collectivités de voir ce qui se fait ailleurs et de travailler en commun sur les mêmes problématiques. Lors de nos rencontres, il est apparu que la plupart des collectivités étaient en attente de tels éléments afin de mener des actions visant à préserver et rétablir les continuités écologiques sur leur territoire. Certaines communes ont mené des réflexions, et quelques-unes en sont déjà à la phase de mise en œuvre d’initiatives. On peut par exemple citer : CARTE 2 : représentation de l’ossature principale des corridors à l’échelle départementale Il est toutefois utile de préciser que ces exemples ne sont pas des solutions immuables mais des propositions d’actions, qui doivent être réfléchies et ajustées en fonction des particularités de chaque territoire. Il est primordial de maintenir voire de renforcer les échanges et réflexions avec plusieurs acteurs au-delà des limites administratives communales ou intercommunales, car la faune et la flore ne tiennent pas compte de ce découpage artificiel ! Les résultats de cette étude viendront probablement apporter des éléments en vue du classement en forêt de protection : par exemple ils pourront aider à estimer si le périmètre retenu est écologiquement approprié, ou proposer des corridors qu’il conviendra de conforter en les adossant aux documents de planification. Enfin, dans la perspective de la mise en place imminente du SRCE (Schéma Régional de Cohérence Ecologique, déclinaison régionale de la trame verte et bleue), il restera à vérifier l’imbrication entre les réflexions menées par le SCoTSud54 en matière de continuités écologiques et cette étude, qui en constitue un zoom détaillé.● Houdemont, qui tente de mettre sur pied un régime de protection de ses vergers. Heillecourt, qui a engagé avec différents partenaires une renaturation des cours d’eau sur son territoire. Fontenoy-sur-Moselle, Velaine-enHaye et Sexey-les-bois, qui ont d’un commun accord acheté une parcelle agricole de 120 ha pour limiter la construction de zones industrielles et commerciales. La communauté de communes de Moselle et Madon, qui se pose des questions par rapport à la fragmentation que pourrait induire l’augmentation du trafic sur la route de Clairlieu à Maron. Laxou qui travaille à améliorer les nombreux sentiers situés au cœur du « village » et à inscrire son patrimoine naturel communal dans le projet de Trame verte et bleue. CARTE 3 : carte des continuités forestières à l’échelle du massif de Haye. Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 29 La trame thermophile en Lorraine La mise en évidence de l’importance des réseaux écologiques dans la préservation de la biodiversité a abouti, en France à la démarche de trame verte et bleue. En Lorraine, une première étude a été réalisée en 2009. Les pelouses sèches de Lorraine de par leur caractère thermophile et leur importante biodiversité, constituent des milieux de grande importance régionale. La réalisation de la cartographie des espaces thermophiles a été réalisée sous SIG. Cette étude a mis en évidence leur association au relief de côtes et a souligné leur caractère fragmenté. Elle a aussi mis en évidence le rôle majeur d’une agriculture dynamique et raisonnée dans le maintien de ces milieux. Cette cartographie devra servir de support aux projets d’aménagement du territoire pour éviter la rupture des corridors existants et rétablir des liaisons inexistantes entre les espaces thermophiles. Grâce à une meilleure visualisation des impacts et des zones à forts enjeux biologiques cette étude est un gage de durabilité et d’ intégration du projet dans son contexte local et régional. La communication et l’échange avec tous les acteurs concernés sera donc la clé de la réussite d’un tel projet. ● Source : Conseil Régional de Lorraine Pour en savoir plus : Lagarde E., 2010. Définition de la trame thermophile en Lorraine, CR Lorraine, DREAL Lorraine. 32p. Connectivité des massifs des Vosges et du Jura au niveau de la trame forestière L’étude des continuités forestières entre grands massifs est très importante dans le cadre de la démarche de trame verte et bleue. Ces continuités assurent le déplacement des espèces forestières entre populations et permettent donc des échanges génétiques entre celles-ci. C’est notamment le cas pour le Lynx, espèce typiquement forestière, dont les deux principaux noyaux de population se situent dans les massifs vosgien et jurassien. Une connexion entre ces deux populations permettrait d’assurer la viabilité du noyau vosgien, dont la dynamique s’est stabilisée ces dernières années. La recherche et la cartographie de corridors forestiers pour le Lynx entre ces deux massifs a donc été réalisée dans cette étude. Deux corridors ont été représentés de façon précise au 1/5000ème et les ruptures de continuité ont été analysées. Crédit photo : LG.Marcus 30 - MIRABEL-LNE - Trame verte et bleue L’analyse de ces corridors montre que de nombreuses barrières existent encore entre ces deux massifs, mais qu’une connexion des deux populations semble néanmoins réalisable. Le suivi des points de passages identifiés dans cette étude permettrait de vérifier leur fonctionnalité pour le Lynx, ou encore pour d’autres espèces forestières. Les secteurs à enjeu ciblés dans cette étude pourront ensuite être éventuellement considérés lors de la prise en compte de la Trame verte dans les documents d’urbanisme. ● Pour en savoir plus : Assmann C., 2011. Etude de la connectivité des massifs des Vosges et du Jura au niveau de la trame forestière . CR Lorraine—DREAL Lorraine. 30p. J’habite de moins en moins les moissons lorraines : Qui suis-je, et pour combien de temps encore ?... par Régine Millarakis – Meuse Nature Environnement L’hécatombe du siècle Nous avons tous au fond de notre mémoire des images de champs colorés, ondoyant de bleuets ou de coquelicots, même si, aujourd’hui, le vent n’agite plus que des épis dressés en rangs serrés. Mais il faut bien réaliser qu’entre les années 1900 et 2000, les plantes messicoles (plantes sauvages qui accompagnent les moissons céréalières et par extension les autres cultures annuelles) ont régressé de manière considérable : un exemple, sur les 250 taxons (espèces) potentiels en Meuse, 20 % sont disparus ou sont considérés comme tels, et la proportion entre les messicoles communes et les messicoles rares et donc patrimoniales s’est littéralement inversée (voir chiffres cidessous). Il faut maintenant, pour trouver des parcelles cultivées riches en messicoles, rechercher des agriculteurs qui, pour diverses raisons, à la fois, n’ont pas besoin d’intensifier à outrance la culture, ont renoncé aux traitements chimiques successifs et ressèment une partie de leurs récoltes. Adonis d’été -Adonis aestivalis var. jaune : trouvée en quelques exemplaires dans le même champ de culture. L’Adonis est au seuil de l’extinction en Lorraine.. Crédit : R. Millarakis Le Plan national de restauration des plantes Messicoles Alors, comment construire une trame verte messicoles, dans ces conditions de rareté et de contexte agricole défavorable ? Cette question fait, depuis 2009, à la suite des engagements du Grenelle de renforcer la Stratégie nationale pour la Biodiversité, l’objet d’un Plan national de restauration à partir d’une approche globale, intégrant les problématiques agricoles. Depuis cette date, c’est le Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées qui est chargé de recenser toutes les actions menées en France et de conduire les expérimentations nécessaires à l’amélioration de la situation. Quel continuum agricole pourrions-nous à ce jour imaginer et restaurer compte tenu des messicoles présentes in-situ (dans les champs de cultures bio ou extensifs mais parfois aussi les friches faunistiques et floristiques, les jachères agricoles, à la suite des travaux récents sur talus et bords de route, dans les jardins, sur les atterrissements des cours d’eau…) ou qui pourraient être semées ex-situ (sur bandes cultivées en bordure des champs intensifs ou sur le foncier des collectivités) ?… Fausse camomille -Anthemis arvensis, sur un bord de route en forêt de Trois Fontaines (département 51, limite de 55) Commune en Meuse au début du siècle, elle y est devenue très rare et est inscrite sur la liste rouge des espèces menacées en Champagne-Ardenne (pas encore de liste lorraine). Crédit : R. Millarakis Nombre de messicoles « très communes à rares » et « rares à très rares » par famille en Meuse entre 1900 et 2000 Année Très commun Rare à assez rare à très rare 1900 (= Ombellifères) 9 2 2000 2 9 Renonculacées 1900 6 1 2000 - 7 1900 15 2 2000 9 8 Apiacées Caryophyllacées (œillets) En 2000, sur 250 taxons potentiels 50 + ou considérés disparus 100 + ou - fréquents (inventaire de Meuse = 110) 20 % 40 % 40 % 100 relativement rares Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 31 Sétaire fauve - Setaria pumila : la photo de cette graminée a été prise sur les graviers de la rivière Ornain, dans le sud-meusien. Elle illustre bien le rôle non négligeable des milieux -refuges : ici un atterrissement de cours d’eau. Crédit : R. Millarakis Des études à l’action Champ de céréales à Euville (55), en biologie depuis 2 générations d’agriculteurs. On y distingue aisément deux messicoles : le Coquelicot et le Bleuet. Crédit : R. Millarakis Etant donné l’urgence à sauvegarder, il est indispensable de mobiliser l’ensemble des acteurs privés et publics : des agriculteurs aux associations et collectivités, se former et agir ensemble. En parallèle des études - à poursuivre -, c’est à l’échelle de la région lorraine qu‘il faut engager dès maintenant des actions de sauvegarde et d’expérimentation, à partir des quelques noyaux patrimoniaux inventoriés. En quelque sorte, engager une trame verte de survie, au travers d’un réseau d’agriculteurs et collectivités volontaires, par échanges d’expériences et de semences, avec un suivi technique et scientifique… On ne sait rien - ou si peu - des relations que les messicoles entretiennent avec la culture qui les héberge. Les agriculteurs qui travaillent avec la nature à maintenir un équilibre biologique sur leurs parcelles aimeraient mieux connaître - et donc que soient étudiées - les interactions bénéfiques ou néfastes entre les plantes cultivées et spontanées et avec la faune associée. Les messicoles ont parfois aussi trouvé refuge dans des milieux de substitution. Même si la flore qui s’y installe les premières années est celle qui depuis toujours s’adapte le mieux, ces lieux sont importants aussi et nous pouvons décider de laisser à la Nature le soin de coloniser spontanément les milieux où notre empreinte se révèle plus néfaste que bénéfique. De nombreux bords de route sont végétalisés à perte - plantations squelettiques, non entretenues les années suivantes -, au détriment à la fois de l’aspect paysager et de la spontanéité. A contrario, quoi de plus beau qu’une explosion de coquelicots relayés les années suivantes par des fleurs prairiales sur un rond-point ou un talus routier...Et puis, rien de plus pédagogique – et à moindre frais - pour faire découvrir au public cette partie méconnue de notre flore et lui apprendre à différencier la nature spontanée des « Graines de Paysage », opération de séduction pilotée par les chambres d’agriculture… Grand ammi -Ammi majus : se ressème depuis 4 ans dans un jardin ; ici, dans une culture de pommes de terre Crédit : R.Millarakis Les jardins, laboratoires à ciel ouvert... Les jardins des particuliers, dispersés dans le paysage lorrain, « retournés » chaque année - pour peu qu’ils ne soient pas livrés à la frénésie du désherbage et de la tonte systématique - sont autant de laboratoires à ciel ouvert. Et si les jardins sont une multitude de milieux-relais, les jardiniers amateurs sont des observateurs à mobiliser : les muséums d’Histoire naturelle l’ont bien compris en les appelant à observer et faire remonter toutes informations sur les papillons, par exemple. Il y a quelques années, La Hulotte, « le journal le plus lu dans les terriers » avait gracieusement fourni aux jardiniers volontaires des graines de Cardère des villes (Dipsacus sativus H.) afin de sauver cette sous-espèce cultivée. Et j’ai moi-même, il y a quelques années, vu apparaître dans mon jardin une messicole inhabituelle, plutôt méridionale (le Grand ammi -Ammi majus), qui depuis s’y ressème chaque année. Nous avons des atouts en Lorraine pour faire émerger un Plan régional de restauration des messicoles : des inventaires, une réflexion et des partenaires potentiels – tant techniques et scientifiques que territoriaux -, un appui national pour la formation et la méthodologie expérimentale. Alors, ....chiche ? ● Il y a aussi les « trames » biologiques mal connues parce que moins étudiées et souvent « invisibles », que nous ignorons, alors qu’elles sont utiles à la faune nocturne, à la qualité du sol, aux déplacements aériens (turbulences)… La restauration des trames nous conduit à réduire notre empreinte écologique : c’est un appel vibrant à regarder, écouter, sentir la vie autour de nous, dans toute sa complexité ; c’est une révolution des esprits à entreprendre…. 32 - MIRABEL-LNE - Trame verte et bleue