Quelle Trame Verte et Bleue pour la Lorraine ? Mirabel - Lorraine Nature Environnement

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Avril 2012
mirabel-lne.asso.fr
Quelle Trame Verte et Bleue
Sommaire
MIRABEL-Lorraine Nature Environnement
09 allée des Vosges - 55000 Bar-le-Duc
Tel : 09 50 30 95 60 / 09 81 98 30 12
mirabel-lne@wanadoo.fr
www.mirabel-lne.asso.fr
Quelle Trame Verte et Bleue en Lorraine ? - vision inter-associative
Publication : MIRABEL-Lorraine Nature Environnement
Mise en page et maquette : Dempsey Princet
Relecture : R.Millarakis, R.Droz, D.Princet, M-A.Poireau
Nombre de tirages : 1000 - Date d’impression : avril 2012
Impression : BIALEC - 95 bd d’Austrasie 54000 Nancy
Numéro de dépôt légal : 78070
Ont collaboré à cet ouvrage : Pascale Combettes (PAVE), Jean-François Fleck & Viviane Karamarko (Le Collectif « La route de
trop »), Stéphane Langlois & Marie-Aude Poireau (Empreinte Positive), Sophie Noiret (CETE de l’Est), Sébastien Morelle (PNR des
Vosges du Nord), Jean Poirot (LPO Lorraine), Chantal Pradines (Arbres et Routes), Armand Wernet (GECNAL de Sarreguemines),
Christophe Borel (CPEPESC Lorraine), Romain Virrion (MIRABEL-LNE), Angélique Obertin (ADPSE), Alain Seitz (GECNAL de
Sarreguemines), Julien Perl (MIRABEL-LNE), Raynald Rigolot (Flore54), Fabrice Lecerf (CGA de Lorraine), Régine Millarakis (Meuse
Nature Environnement), Dempsey Princet (MIRABEL-LNE). Photos de couverture : Flore54-Olivier Rémy, Empreinte Positive
Cet ouvrage a été réalisé
avec des encres
végétalisées sur du papier
100% PEFC, chez un
imprimeur respectant
toutes les normes
environnementales.
3
Un territoire toujours plus
morcelé
Edito
Des projets
problématiques
en lorraine...
Impacts du projet de la
route RD 32 dans les
Vosges 4
Canal Saône-Moselle 5
Alzette Belval, un projet
routier à contresens 6
Continuité écologique de
la Sarre 8
Qu’est-ce que la
Trame Verte et
Bleue ?
Comment restaurer
les continuités
écologiques ?
C o r r i d o r s
écologiques : couloirs de
vie pour la faune 12
Les arbres de bord de
route : bons pour la
biodiversité ! 14
Passages à faune 16
Les ouvrages militaires,
témoins des paysages
passés et futurs 17
Quelle « sous-trame »
forestière en Lorraine ? 18
Agriculture biologique &
trame verte et bleue 20
Quelle
méthodologie
pour la TVB ?
Analyse et diagnostic des
réseaux écologiques du
Val de Roselle
22
La reconquête des
rivières dans le PNR des
Vosges du Nord
24
10
TVB sur le pourtour du
massif forestier de Haye 26
La TVB à différentes
échelles...
Le réseau thermophile en
Lorraine
J’habite de moins en
moins les moissons
lorraines : qui suis-je ?
30
30
31
Le temps à
l’action….
Connectivité des massifs
des Vosges et du Jura
pour le lynx
En Lorraine, la part de surface artificialisée est en constante
augmentation et cette tendance s’est accélérée depuis les années 2000.
Selon les données rassemblées par le projet européen Corine Land Cover,
5,7 % du territoire lorrain était artificialisé en 2006, avec une hausse de
2,7 % par rapport à la situation en 2000. Cette progression s'est faite
essentiellement au détriment des espaces agricoles (2 977 ha perdus
pendant cette période) et des forêts et espaces semi-naturels (774 ha). morcelé
Un territoire
toujours plus
A
lors que la population de
notre région est en très
faible augmentation, les
constructions, les zones
industrielles et commerciales
continuent à grignoter les espaces
naturels. Nous construisons aussi de
nouvelles infrastructures de
transport, routières et ferroviaires.
Celles-ci sont non seulement
consommatrices d’espaces, mais
elles sont surtout responsables de la
fragmentation des habitats naturels.
La fragmentation se manifeste
lorsqu’un écosystème de large
étendue est transformé par action
humaine en plusieurs fragments, de
taille réduite, isolés les uns des
autres. Elle altère la qualité des
habitats, et elle s'oppose au besoin
vital de la faune et la flore de pouvoir
se déplacer. Elle constitue la
principale cause d’extinction des
espèces dans le monde.
Les lignes électriques et
téléphoniques, ou les barrages pour
les réseaux fluviaux, sont également
des facteurs de fragmentation.
La fragmentation affecte en
effet la biodiversité par la destruction
pure et simple des habitats, mais
aussi par perturbation des processus
de dispersion.
Les espèces qui exigent une
mosaïque d’habitats pour leur
développement peuvent être
menées vers l’extinction si une
barrière physique sépare un habitat
des autres. C'est par exemple le cas,
bien connu, des amphibiens qui
traversent chaque année en grand
nombre certaines routes pour quitter
le lieu de leur hivernage et rejoindre
des zones humides propices à leur
reproduction.
Les espèces peuvent aussi
être mises en danger quand la
fragmentation provoque la
séparation d’une grande population
en plusieurs petites populations qui
ne sont plus reliées entre elles et
dont les effectifs ne sont plus assez
importants pour avoir une
population viable. Ces populations ne
pourront pas survivre sur le long
terme du fait de leur faible effectif,
et du fait de l’uniformité génétique
que cela va induire et qui les rendra
plus sensibles aux conditions
extérieures.
De plus, par ce morcellement,
on augmente la part représentée par
la lisière dans l’écosystème. Des
conditions spécifiques sont présentes
dans l’écosystème de lisière par
rapport à la zone centrale :
l’ensoleillement, les régimes des
vents et de température, le niveau
de bruit, la fréquence des
dérangements vont varier.
L’habitat initial sera par
conséquent dénatu du fait de
l’augmentation de l’effet de lisière,
et une faune et une flore différentes
seront donc présentes sur cet
espace, souvent au détriment des
espèces d’origine.
Bien sûr, les individus, les
espèces et les populations sont
différemment affectés par la
fragmentation de leur habitat. Ils y
sont plus ou moins vulnérables selon
leur degré de spécialisation, leur
dépendance à certains écosystèmes,
ou leurs capacités d'adaptation. Par
exemple, si la capacité de voler
semble permettre aux oiseaux de
s'adapter plus facilement à ces
modifications de leurs habitats, la
pollution sonore engendrée par le
trafic des infrastructures de transport
les affecte fortement. Ainsi, la
création d'une autoroute peut faire
disparaître les oiseaux chanteurs
jusqu'à 4 km de distance.
À l'inverse, quelques espèces
végétales sont favorisées par les
infrastructures, mais ce sont souvent
des plantes banales, voire invasives.
La renouée du Japon envahit ainsi
progressivement notre région depuis
quelques décennies.●
Pascale Combettes - PAVE
Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 3
Ce projet routier impacterait fortement
ces noyaux de biodiversité ainsi que les corridors qui les relient. ●
Impacts du projet de la route RD 32
dans les Vosges sur la biodiversité
ZOOM SUR Ce projet routier ignore totalement les exigences environnementales d’aujourd’hui, ainsi que les
enjeux énergétiques de demain. S’il venait à aboutir, il serait constitué de 2 tronçons :
Epinal/Rambervillers et Rambervillers/Saint-Dié
...slalome aux altitudes les plus
basses entre les villages, traverse la
zone géographique nommée Les
Prévosges, plateau calcaire
comprenant des collines, des zones
humides, dont certaines inondables,
des étangs, des dolines en lisière de
forêt, deux surgences, et une
vallée de la petite rivière le Padozel.
Le tracé longe une zone Natura 2000,
Le Fort de Longchamp, très
importante réserve de chauves-
souris qui démoustiquent toute la
région, puis 2 étangs appartenant au
patrimoine du village de Padoux.
Les espaces piscicoles déjà anciens,
très bien végétalisés, entretenus
écologiquement, abritent de
nombreuses espèces animales
aquatiques et subaquatiques.
Le tronçon Epinal/Rambervillers Ensuite, il rejoint le lit du Padozel qu’il
traverse en pleine zone inondable, pour
suivre alors sa vallée jusqu’à Rambervillers.
Le tracé retenu traverse aussi 6 ruisseaux et
zones inondables :
le St-Oger, le Durbion, la zone de
Pierrefitte, le Padozel et son affluent, le
Pinson, et à nouveau le Padozel.
C’est une succession d’habitats variés qui
sont en péril, avec toutes les
conséquences que cela suppose pour
toutes les espèces animales et végétales
concernées.
C’est une succession
d’habitats variés
qui sont en péril
Le tronçon
Rambervillers/Saint-Dié
Le contournement de Jeanménil
traverse la prairie de ruisseau (la
Nauve), le bassin de source de la
fontaine du village de Brû, puis 2
vallons de ruisseaux, longe ensuite un
autre ruisseau vers Fraispertuis en
limite de Zone de Protection Spéciale.
De la sortie de Jeanménil à La Salle, la
D32, maintenue en l’état, traverse un
massif forestier qui abrite une partie
de la Zone de Protection Spéciale
mise en place depuis longtemps pour
la protection de l'habitat de 7 espèces
d'oiseaux menacés : grand tétras,
gélinotte, faucon pèlerin, pic noir, pic
cendré, chouette de Tengmalm,
chouette chevéchette.
Le tronçon Rambervillers/Saint-Dié
traverse le Bassin Meurthe-Valdange.
C’est une unité ographique
circulaire constituée d’un plateau
central découpé par les 2 rivières qui
le contournent (Plateau de
Nompatelize, Plateau du Han). On y
retrouve aussi 5 zones humides :
- Le vallon du ruisseau La Chèvre
(truites sauvages)
- La vallée de La Valdange
- Le vallon de la Faux, avec ses 2
étangs (nombreuses espèces de
libellules)
- Le vallon du Rupt-Bihaye : 3 espèces
de poissons répertoriées (truite fario,
petite lamproie, loche)
- La Meurthe et ses étangs très
poissonneux (anciennes sablières très
bien végétalisées)
- L’étang Derrey est, depuis plus de 10
ans, classé en zone Natura 2000
(présence, entre autres, de papillons
de la famille des « azurés ») et bordé
par une Zone Naturelle d’Intérêt
Faunistique et Floristique.
Collectif « La Route de Trop »
Prairies naturelles certifiées biologiques depuis plus de 12 ans
(situées au milieu du tracé de la route) - Crédit : Collectif La route de trop
4 - MIRABEL-LNE - Trame verte et bleue
Le projet du Canal Saône Moselle
Crédit : R. Ledorven
L e projet de liaison Rhin-Rhône a pour but de créer une liaison fluviale à grand gabarit entre les vallées de la Saône et de la Moselle. Il devrait
permettre le passage de péniches de 4 400 tonnes pour relier le Rhône au Rhin. Alors que ce mode de transport et ce projet peuvent sembler des
réponses adaptées au contexte actuel d’économie d’énergies fossiles, il est aisé de montrer que ce projet constitue une vraie fausse réponse,
pour des raisons économiques (en termes de logique de transports) et pour des raisons écologiques.
Bien qu’il soit difficile d’en dire beaucoup du fait des incertitudes dans lequel se trouve
le projet quant aux différents couloirs possibles, nous pouvons imaginer que
proportionnellement à l’ampleur des travaux de génie civil, ces impacts seront
importants sur les hautes vallées, plus resserrées, plus sinueuses. Les cicatrices de
ces travaux marqueront à jamais les paysages des hautes vallées de la Saône ou de la
Moselle. L’impact sur le patrimoine construit varie selon les tracés mais serait classé
comme « globalement fort » : une vingtaine de zones ou de sites classés sont
répertoriés. Ce projet constituerait donc une perte importante de patrimoine paysager
rural et urbain.
En tout état de cause, si elle devait emprunter le cours d’eau ou son lit majeur,
l’infrastructure aurait des effets importants sur la biodiversité, et plus particulièrement
sur les zones humides dont les fonctionnalités écologiques et la qualité seraient
réduites. La richesse et l’importance du patrimoine naturel rencontré par le projet sont
notables. Val de Saône, Bassigny ou vallée de la Moselle constituent des zones à
patrimoine vivant riche que de nombreuses conventions ou régimes protègent : jusqu’à
4 zones Natura 2000, 344 Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et
Floristique (ZNIEFF) de type I, 39 ZNIEFF de type II, 6 Zones d’Intérêt
Communautaire, 7 Zones de Protection Spéciale et des dizaines de sites protégés.
Forêts alluviales en Val de Saône, vallées de la Moselle et de la Lanterne, abritant des
espèces d’importance patrimoniale, vertébrées ou invertébrées liées à l’eau
représentent des enjeux forts sur lesquels la France s’est engagée devant la
communauté internationale. Elles constituent des milliers d’hectares qui seraient
fragilisés, voire détruits irrémédiablement et ce malgré la mise en place de mesures
dites compensatoires.
Impacts paysagers
Impacts sur la biodiversité et les écosystèmes
Carte des couloirs de passage potentiels du Canal
Saône Moselle - Source : VNF
Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 5
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