En Lorraine, la part de surface artificialisée est en constante
augmentation et cette tendance s’est accélérée depuis les années 2000.
Selon les données rassemblées par le projet européen Corine Land Cover,
5,7 % du territoire lorrain était artificialisé en 2006, avec une hausse de
2,7 % par rapport à la situation en 2000. Cette progression s'est faite
essentiellement au détriment des espaces agricoles (2 977 ha perdus
pendant cette période) et des forêts et espaces semi-naturels (774 ha). morcelé
Un territoire
toujours plus
A
lors que la population de
notre région est en très
faible augmentation, les
constructions, les zones
industrielles et commerciales
continuent à grignoter les espaces
naturels. Nous construisons aussi de
nouvelles infrastructures de
transport, routières et ferroviaires.
Celles-ci sont non seulement
consommatrices d’espaces, mais
elles sont surtout responsables de la
fragmentation des habitats naturels.
La fragmentation se manifeste
lorsqu’un écosystème de large
étendue est transformé par action
humaine en plusieurs fragments, de
taille réduite, isolés les uns des
autres. Elle altère la qualité des
habitats, et elle s'oppose au besoin
vital de la faune et la flore de pouvoir
se déplacer. Elle constitue la
principale cause d’extinction des
espèces dans le monde.
Les lignes électriques et
téléphoniques, ou les barrages pour
les réseaux fluviaux, sont également
des facteurs de fragmentation.
La fragmentation affecte en
effet la biodiversité par la destruction
pure et simple des habitats, mais
aussi par perturbation des processus
de dispersion.
Les espèces qui exigent une
mosaïque d’habitats pour leur
développement peuvent être
menées vers l’extinction si une
barrière physique sépare un habitat
des autres. C'est par exemple le cas,
bien connu, des amphibiens qui
traversent chaque année en grand
nombre certaines routes pour quitter
le lieu de leur hivernage et rejoindre
des zones humides propices à leur
reproduction.
Les espèces peuvent aussi
être mises en danger quand la
fragmentation provoque la
séparation d’une grande population
en plusieurs petites populations qui
ne sont plus reliées entre elles et
dont les effectifs ne sont plus assez
importants pour avoir une
population viable. Ces populations ne
pourront pas survivre sur le long
terme du fait de leur faible effectif,
et du fait de l’uniformité génétique
que cela va induire et qui les rendra
plus sensibles aux conditions
extérieures.
De plus, par ce morcellement,
on augmente la part représentée par
la lisière dans l’écosystème. Des
conditions spécifiques sont présentes
dans l’écosystème de lisière par
rapport à la zone centrale :
l’ensoleillement, les régimes des
vents et de température, le niveau
de bruit, la fréquence des
dérangements vont varier.
L’habitat initial sera par
conséquent dénaturé du fait de
l’augmentation de l’effet de lisière,
et une faune et une flore différentes
seront donc présentes sur cet
espace, souvent au détriment des
espèces d’origine.
Bien sûr, les individus, les
espèces et les populations sont
différemment affectés par la
fragmentation de leur habitat. Ils y
sont plus ou moins vulnérables selon
leur degré de spécialisation, leur
dépendance à certains écosystèmes,
ou leurs capacités d'adaptation. Par
exemple, si la capacité de voler
semble permettre aux oiseaux de
s'adapter plus facilement à ces
modifications de leurs habitats, la
pollution sonore engendrée par le
trafic des infrastructures de transport
les affecte fortement. Ainsi, la
création d'une autoroute peut faire
disparaître les oiseaux chanteurs
jusqu'à 4 km de distance.
À l'inverse, quelques espèces
végétales sont favorisées par les
infrastructures, mais ce sont souvent
des plantes banales, voire invasives.
La renouée du Japon envahit ainsi
progressivement notre région depuis
quelques décennies.●
Pascale Combettes - PAVE
Trame verte et bleue - MIRABEL-LNE - 3