CHAPITRE 1
CAPITALISME FINANCIER
1.1 Marchés financiers
Nous entendons par capitalisme financier l’évolution du capitalisme dans nos sociétés actuelles et dont
Aglietta et Rebérioux [2] précisent les dérives. Depuis le milieu des années 70, nombreux s’accordent
à dire que les marchés financiers ont fortement évolué avec une liquidité de plus en plus abondante et
des marchés de plus en plus englobants, ainsi que l’apparition de fonds d’investissement dont le pouvoir
financier n’a cessé de croître. La financiarisation actuelle de l’économie a de grandes conséquences sur la
société elle-même.
1.1.1 Évolution dans les années 70
Croissance de la liquidité et des transferts de risque
Les années 70 sont caractérisées par l’apparition de fortes incertitudes financières : l’inflation s’accrût, en
même temps que le développement de la volatilité des taux, ainsi qu’une importante instabilité des taux de
change et des produits énergétiques avec les deux chocs pétroliers, et enfin l’endettement croissant des pays
en voie de développement. Ces événements se sont accompagnés d’une croissance des marchés financiers
pour faciliter les transferts de risques entre entreprises ou États. Ces derniers ont eu pour conséquence une
augmentation de la liquidité, via la multiplication des marchés de dérivés.
Remarquons que ce mouvement est inverse à celui d’après la crise de 1929, qui avait vu Roosevelt suppri-
mer les marchés de dérivés. Comment expliquer cette évolution? Il faut rappeler que les crises financières
aboutissent en majorité à des crises de liquidité. Cela est appuyé par l’image d’Épinal des épargnants pris
de panique allant retirer leur argent en faisant la queue devant les banques lors de crises comme celle de
1929 par exemple. Une crise financière peut avoir de multiples causes, qui sont souvent des bulles spécu-
latives, mais se termine toujours par un défaut de liquidité et donc la faillite de firmes, d’États ou encore
de ménages. Le fait de faciliter les transferts de liquidité via les produits dérivés permet d’éviter la conta-
gion à toutes les entreprises d’une même place financière. Et les outils développés dans les années 70 ont
permis aussi de faciliter leur échange : évaluation d’un call par Black et Scholes et amélioration des outils
informatiques entre autres.
Il en est ainsi également de la crise des subprimes de l’été 2007 : suite à la faillite de ménages américains
sur-endettés dont les emprunts se retrouvaient dans des portefeuilles de crédit sophistiqués dans les banques
internationales, il devint difficile de trouver des acheteurs de ces produits devenus alors illiquides. Sans
l’utilisation de produits assurantiels et l’intervention des banques centrales ajoutant de la liquidité sur les
marchés financiers, peut-être que la crise aurait eu, en tout cas au début, des conséquences encore plus
graves.
Mais cette remarque en implique une autre sur l’autre face de Janus des marchés financiers autrement moins
souriante : la facilitation des transferts de risque a été favorisée par des produits dérivés et des innovations
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