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L'ANALYSE DU DISCOURS
Publié par internet Lundi, 12 Mai 2014
La notion de Discours
La grande extension du concept discours le rend difficile à appréhender. Tantôt,
il est synonyme de la parole au sens saussurien, tantôt il désigne un message
pris globalement.
Dans l’œuvre de Benveniste (1966), il est défini comme "toute énonciation sup-
posant un locuteur et un auditeur et chez le premier l’intention d’influencer
l’autre en quelque manière" (p.242).
Chez Jaubert (1990), c'est "du langage en situation" (p.22). Selon Widdowson,
c’est "l’utilisation d’énoncés en combinaison pour l’accomplissement d’actes so-
ciaux" (dans Kramsch, 1984, p.10).
Avec Kerbrat-Orecchioni, il s’agit de "langage mis en action" (dans Bougnoux,
1993, p.219), tandis que du point de vue de Maingueneau (1976), "le discours
n’est pas un objet concret offert à l’intuition, mais le résultat d’une construc-
tion (…), le résultat de l’articulation d’une pluralité plus ou moins grande de
structurations transphrastiques, en fonction des conditions de production"
(p.16).
S’il est difficile de circonscrire le discours à travers cette diversité de défini-
tions, il y a néanmoins une évidence : "le discours ne peut être défini comme
une unité linguistique, mais qu’il résulte de la combinaison d’informations lin-
guistiques et situationnelles" (Roulet, Filliettaz et Grobet, 2001, p.12).
Aussi, concluons-nous que le discours implique un acte langagier d’où émergent
un texte, un contexte et une intention. Le discours est donc une entité com-
plexe ayant une dimension linguistique (en tant que texte), une dimension so-
ciologique (en tant que production en contexte), et une dimension communica-
tionnelle (en tant qu’interaction finalisée).
Le discours peut être:
Pédagogique quand le locuteur fait appel à des procédés de renforcement
comme la répétition.
Didactique quand le locuteur entend faire la leçon à son interlocuteur. Il se pré-
sente alors comme étant celui qui "sait".
Prescriptif quand le locuteur adopte le ton du conseiller ou dicte des comporte-
ments à adopter.
Mais le discours est foncièrement :
Subjectif: le discours est toujours celui d'un sujet individuel ou collectif. Qu'il
s'agisse de discours médiatique ou scientifique, il est pris en charge par une ins-
tance. La notion de discours désincarné n'est pas envisageable.
Dialogique: parler, c'est parler à quelqu'un. Le locuteur en situation de discours
postule nécessairement un allocutaire. Contrairement à l'idée généralement ad-
mise, le monologue n'est pas mono logique. En tant que discours, il est dialo-
gique.
Polémique : le discours est une arme de combat. Il doit son existence à un état
de choses à définir ou redéfinir. Il n’envisage les réalités à construire qu’à partir
de réalités à déconstruire.
L’analyse du discours
L’analyse du discours est une technique de recherche en sciences sociales per-
mettant de questionner ce qu’on fait en parlant, au-delà de ce qu’on dit. Du
point de vue de Maingueneau (2005), il s'agit de l'analyse de l'articulation du
texte et du lieu social dans lequel il est produit.
Les principales questions auxquelles l’analyse du discours est censée répondre,
RECHERCHE
sont celles du "Comment" et du « Pourquoi » de l’activité langagière, par opposi-
tion aux méthodes traditionnelles d’analyse qui plaçaient au centre de leur pro-
blématique les questions "Qui ? Quoi ? Quand ? Où ? ».
L’analyse du discours est née dans les années 50 à la suite de la publication de
l’article de Zellig Harris"Discourse Analysis" dans la revue ''Language #28, 1952'',
[trad. fr. Langages #13, 1969].
L’analyse du discours se veut en réaction, d’une part, à la tradition philologique
des études de textes et, d’autre part, à la linguistique de la langue cantonnée
dans la description de la phrase en tant que plus grande unité de la communica-
tion.
Dans la conception traditionnelle, un sens stable et unique est attribué au dis-
cours/texte. Cette logique fait du discours un objet clos.
Dans la conception linguistique classique assortie de l’œuvre de Saussure, l’at-
tention porte sur les structures de langue : phonologie, syntaxe, morphologie,
sémantique structurale. Aucune considération n’est faite du sujet de la commu-
nication. La fonction objective du langage est mise au premier plan. La linguis-
tique classique se veut donc descriptive et immanentiste.
Par contre, avec l’analyse du discours, l’accent porte sur l’articulation du lan-
gage et du contexte, sur les activités du locuteur.
Dans cette approche, le sujet est considéré comme un acteur sociohistorique
agissant par le langage, et la fonction subjective est considérée comme fonction
fondamentale de la communication langagière.
Il existe diverses approches d’analyse du discours, chacune prenant en considé-
ration des aspects particuliers de l'objet discours.
Le champ de l’analyse du discours est d'autant plus vaste et morcelé qu'on pour-
rait même parler d’éclatement dans ce domaine.Par exemple, Benveniste s’inté-
resse aux phénomènes d’énonciation, Austin et Searle aux actes de langage,
Ducrot aux connecteurs, à la présupposition et la polyphonie, Sperber et Wilson
aux processus inférentiels, le Groupe Saint-Cloud au lexique, pour ne citer que
ceux-là.
De plus, dans certains modèles, l'analyse du discours porte sur des énoncés iso-
lés et/ou fabriqués pour les besoins de la démonstration. C’est le cas des ana-
lyses de Ducrot, de la théorie des actes de langage et de la théorie de la perti-
nence, entre autres. Pour les tenants de cette dernière théorie, le discours
'n’est pas une catégorie pertinente" (Moeschler et Reboul, 1998, p.40), en sorte
que l’analyse de la production langagière doit porter sur des énoncés, de ma-
nière indépendante.
Dans d'autres modèles, comme le modèle modulaire de l'école de Genève, l'ana-
lyse porte sur le discours dans sa globalité.
Étant donné ces difficultés, l’analyse du discours a un défi de taille à relever :
celui de constituer son unité. Toutefois les problèmes de vues divergentes n’em-
pêchent pas que l’analyse du discours soit possible en tant que technique per-
mettant de questionner ce qu’on fait en parlant au-delà de ce qu’on dit.
Parmi les approches du discours les plus-en vue ces 50 dernières années, on peut
retenir l’analyse textuelle du discours, l’analyse de contenu du discours, l’ana-
lyse énonciative du discours, l’analyse modulaire du discours, l’analyse pragma-
tique du discours …
La notion d’énonciation
Vue de manière étendue, l’énonciation désigne l’acte de dire par opposition à
l’énoncé qui est ce qui est dit. En d’autres mots, l’énoncé renvoie au contenu
informationnel tandis que l’énonciation renvoie au fait de dire ce qu’on dit.
L’énoncé, c’est le dit et l’énonciation le dire. L’énoncé comme objet empirique
est concret, l’énonciation est abstraite.
Pour âtre plus simple :
L'énonciation est le fait d'énoncer : un locuteur s'adresse à un interlocuteur, à
un moment donné, dans un lieu précis ; ces quatre données définissent une si-
tuation d'énonciation.
Je peux ainsi définir la situation d'énonciation actuelle :
- le locuteur, c'est moi qui vous parle d'énonciation ;
- l'interlocuteur, c'est vous qui êtes en train de m'écouter ;
- quant au moment et au lieu, …
Étudier l'énonciation dans un texte peut consister à y repérer des références à
la situation dans laquelle il a été produit.
Ceci est chose aisée, par exemple, dans une lettre, un récit autobiographique,
un poème lyrique. Ces textes rédigés à la 1re personne font référence en parti-
culier au locuteur qui les a produits.
Mais très souvent un texte semble se développer de manière autonome, sans ré-
férence à la situation dans laquelle il a été produit.
Je dis bien " semble " car, en fait, il est possible, dans la plupart des textes litté-
raires, de trouver des marques de la présence du locuteur - l'auteur du texte.
D'une manière générale, étudier l'énonciation dans un texte littéraire, quel qu'il
soit, consiste à repérer des marques de la présence de l'auteur, des indices qui
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dévoilent sa subjectivité.
o Prenons un exemple : il s'agit d'un texte de Victor Hugo, extrait des
Misérables. Nous sommes le 18 juin 1815. C'est la bataille de Waterloo, la der-
nière bataille de Napoléon. Le texte raconte l'assaut de la cavalerie française
commandée par le maréchal Ney. lisez plutôt :
" Ils étaient trois mille cinq cents. Ils faisaient un front d'un quart de lieue.
C'étaient des hommes géants sur des chevaux colosses. […]
L'aide de camp Bernard leur porta l'ordre de l'empereur. Ney tira son épée et
prit la tête. Les escadrons énormes s'ébranlèrent.
Alors on vit un spectacle formidable.
Toute cette cavalerie, sabres levés, étendards et trompettes au vent, formée en
colonne par division, descendit, d'un même mouvement et comme un seul
homme, avec la précision d'un bélier de bronze qui ouvre une brèche, la colline
de la Belle-Alliance, s'enfonça dans le fond redoutable où tant d'hommes déjà
étaient tombés, y disparut dans la fumée, puis, sortant de cette ombre, reparut
de l'autre côté du vallon, toujours compacte et serrée, montant au grand trot, à
travers un nuage de mitraille crevant sur elle, l'épouvantable pente de boue du
plateau de Mont-Saint-Jean. […] On croyait voir de loin s'allonger vers la crête
du plateau deux immenses couleuvres d'acier. Cela traversa la bataille comme
un prodige. "
Observons ce récit de plus près par rapport à notre problématique.
Certes, ce récit ne fait pas référence à la situation dans laquelle il a été pro-
duit. Pas de " je ", pas de " vous ", pas d'indication sur le lieu et le moment de
l'écriture.
Par son caractère très documenté, ce récit s'apparente à un récit historique.
Cependant impossible de ne pas y déceler la présence de l'auteur, de ne pas y
relever des traces de subjectivité.
A travers diverses marques textuelles, Victor Hugo exprime l'enthousiasme et
l'admiration qu'il éprouve pour cette cavalerie qui donne l'assaut, en une der-
nière charge héroïque.
Relevons quelques-unes de ces marques :
- en premier lieu, on peut citer des adjectifs à valeur méliorative ;
l'adjectif géants dans " C'étaient des hommes géants sur des chevaux colosses "
(cet adjectif a ici à la fois un sens propre et figuré) ; et puis bien sûr l'adjectif
formidable dans " Alors on vit un spectacle formidable " ;
- on relève également plusieurs images qui valorisent la scène et la transfi-
gurent :
" avec la précision d'un bélier de bronze qui ouvre une brèche ",
" deux immenses couleuvres d'acier ",
" Cela traversa la bataille comme un prodige. "
o Toutes ces marques, appelées également marques de modalisation, relèvent
de l'analyse de l'énonciation : nous sommes bien en présence d'un auteur, qui
cherche à communiquer à son lecteur l'émotion que suscite en lui la fin de l'épo-
pée napoléonienne.
Dans une conception restreinte élaborée par Benveniste et approfondie par
K-Orecchioni, l’énonciation est définie comme l’ensemble des traces de l’activi-
té du sujet parlant dans l’énoncé, c’est-à-dire «la subjectivité dans le langage».
Catégories : #analyse du discours
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