Léon SPILLIAERT Bio partielle : Né en 1881 à Ostende dans une famille bourgeoise (son père gère une parfumerie et un salon de coiffure), Léo SPILLIAERT est un enfant à la santé fragile. A l’âge de 18 ans, il s’inscrit aux Beaux-Arts de Bruges, mais abandonne après quelque mois pour des raisons de santé. De retour en Ostende, il commence à dessiner et à peintre en autodidacte, développant alors un style très personnel. Ses dessins monochromes représentent des paysages inspirés de sa région ainsi que des silhouettes solitaires. A partir de 1902 il travaille pour l’édition et illustre notamment un recueil de poésie de Verhaeren, dont il fera la rencontre à Paris en 1904 et qui deviendra pour lui l’égal d’un père spirituel, et un volume de théâtre de Maeterlinck, dont il se sent très proche. Durant la belle époque, Spilliaert se fait connaître du milieu et expose à plusieurs reprises. La guerre éclate, Spilliaert s’engage brièvement dans la garde civique. En 1916, alors que son ami Verhaeren est mort la même année à Rouen lors d’un accident ferroviaire, Léon Spilliaert rencontre Rachel Vergison et l’épouse. Cet évènement dans la vie de l’artiste marque un tournant dans son œuvre, où les séries sombres aux personnages anxieux torturés laissent leur place à des lithographies en couleur. L’exposition Lumière et Solitude se termine d’ailleurs par la série des « Serres chaudes », réalisée en 1918 d’après les poèmes éponymes de Maeterlinck et dont la large palette de couleurs tranche avec le reste des œuvres exposées. L’Exposition Lumière et Solitude : Style général : L’exposition se concentre sur les jeunes années du peintre, soit la période 1900-1919. Ses œuvres sont alors radicales et dominées par l’obscurité (le noir comme matière avec l’utilisation abondante de l’encre de Chine) et la solitude, qui font ressurgir l’angoisse de l’artiste. Les personnages sont souvent seuls sur une étendue déserte, tournant le dos dans une attitude prostrée et d’attente (les habits blancs) ou regardant le spectateur d’un regard inexpressif (la buveuse d’absinthe). Les contours eux-mêmes sont la plupart du temps diffus, comme dilués, ce qui donne une dimension hautement onirique à de simples portraits aux attitudes pourtant très simples. Agencement de l’expo : Les espaces sont disposés de manière à mettre en valeur le travail en série du peintre. La première salle est principalement consacrée aux illustrations pour le théâtre de Maeterlinck que Spilliaert a donc réalisé au début de sa carrière d’illustrateur. Ce sont souvent des personnages morbides, longilignes, réduits à l’état de silhouettes, encapuchonnées dans une toge qui semble les avaler et se déplaçant sur de mornes plaines. Un second espace se concentre sur les autoportraits du peintre qui se représentent toujours les cheveux relevés, ce qui élargit son front et souligne les traits du crâne, et le regard en coin, l’œil à peine visible. L’impression donnée est que le peintre se contemple à demi-mort (ou en mort vivant). L’avant dernière série, avant celle des serres chaudes, s’intéresse aux femmes de pécheurs que SPILLIAERT saisit sur le port, dans des positions d’attente, le dos tourné au spectateur et le visage caché vers la mer. Exemple de Tableaux : Un tableau qui m’a marqué est justement « Femme au bord de l’eau ». Ce n’est pas une femme de pêcheurs, reconnaissable à leur tablier et leur forte stature, tandis que la femme au bord de l’eau est vêtue d’une robe et porte un chapeau violet à large bord. Mais le sujet est le même. Une femme seule, tournée vers le large, dans une position mois d’attente que de souvenir. Contrairement aux autres tableaux de Spilliaert, celui-ci est dominé par le blanc. Le traitement de la mer à plat est particulièrement réussi, les vagues sont représentées par des zébrures de formes indéfinies aux multiples teintes de bleu tandis que de simples bandes de papier laissé à nu forment l’écume vouée à mourir sur le rivage. Cette forme, qui n’est pas sans rappeler l’estampe japonaise, nous fait perdre nos repères et déconstruit les perspectives du dessin. La position de la femme est indéfini à la fois au bord de l’eau et comme surplombant les flots. Le seul élément réaliste est le soulèvement de l’ourlet qui atteste de la présence du vent sur la plage. Au final, on ne sait plus très bien si nous nous situons à hauteur de la femme ou si nous regardons la scène par le haut, ce qui ajoute à la dimension du rêve.