G Model REVMED-4947; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS La Revue de médecine interne xxx (2015) xxx–xxx Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com Mise au point Histiocytose langerhansienne de l’adulte Langerhans cell histiocytosis in adults A. Néel a,∗ , M. Artifoni a , J. Donadieu c , G. Lorillon b , M. Hamidou a , A. Tazi b,d a Service de médecine interne, Hôtel-Dieu, CHU de Nantes, 1, place Alexis-Ricordeau, 44093 Nantes, France Service de pneumologie, centre national de référence de l’histiocytose langerhansienne, hôpital Saint-Louis, AP–HP, 75475 Paris, France c Service d’hémato-oncologie pédiatrique, centre national de référence de l’histiocytose langerhansienne, hôpital Trousseau, AP–HP, 75012 Paris, France d Inserm UMR 717, université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, 75012 Paris, France b i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le xxx Mots clés : Histiocytose langerhansienne Cellule dendritique Adulte Traitement r é s u m é L’histiocytose langerhansienne (HL) est une affection rare d’étiologie inconnue caractérisée par une infiltration d’un ou plusieurs organes, par des cellules dendritiques de type Langerhans, le plus souvent organisées en granulomes. Cette entité a été initialement décrite chez l’enfant. L’HL a une présentation clinique extrêmement polymorphe, la maladie touchant essentiellement l’os, la peau, l’hypophyse, le poumon, le système nerveux central, les organes lymphoïdes et plus rarement le foie et le système digestif. Son évolution est très variable : la maladie peut être fulminante, évoluer de façon chronique mais aussi régresser spontanément. La prise en charge des cas pédiatriques se base sur les résultats de plusieurs études prospectives randomisées internationales. L’HL de l’adulte a quelques particularités cliniques et pose des problèmes thérapeutiques spécifiques, en sachant que les données concernant ces patients sont limitées. L’objectif de cette mise au point est d’exposer l’état des connaissances actuelles concernant l’HL de l’adulte et les données récentes permettant de guider la prise en charge thérapeutique. Nous discuterons également les progrès réalisés ces dernières années dans la compréhension de la maladie, notamment la découverte du rôle de l’oncogène BRAF qui ouvre la perspective de thérapies ciblées. © 2015 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Langerhans cell histiocytosis Dendritic cells Adult Treatment Langerhans cell histiocytosis (LCH) is a rare disease characterized by the infiltration of one or more organs by Langerhans cell-like dendritic cells, most often organized in granulomas. The disease has been initially described in children. The clinical picture of LCH is highly variable. Bone, skin, pituitary gland, lung, central nervous system, lymphoid organs are the main organs involved whereas liver and intestinal tract localizations are less frequently encountered. LCH course ranges from a fulminant multisystem disease to spontaneous resolution. Several randomized controlled trials have enable pediatricians to refine the management of children with LCH. Adult LCH has some specific features and poses distinct therapeutic challenges, knowing that data on these patients are limited. Herein, we will provide an overview of current knowledge regarding adult LCH and its management. We will also discuss recent advances in the understanding of the disease, (i.e. the role of BRAF oncogene) that opens the way toward targeted therapies. © 2015 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction, historique Les premières descriptions cliniques d’histiocytose langerhansienne (HL) remontent au début du siècle dernier [1]. Hand en 1893, Kay en 1905, Schüller en 1915 et Christian en 1919 ont été les premiers à rapporter les observations de jeunes enfants présentant ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Néel). http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.04.015 0248-8663/© 2015 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Pour citer cet article : Néel A, et al. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.04.015 Histiocytose langerhansienne de l’adulte. Rev Med Interne (2015), G Model REVMED-4947; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS A. Néel et al. / La Revue de médecine interne xxx (2015) xxx–xxx 2 une exophtalmie, un diabète insipide et des lacunes osseuses crâniennes. Plus tard, Letterer en 1924 puis Siwe en 1933 ont décrit une affection du nourrisson associant une éruption cutanée, des polyadénopathies, une hépatosplénomégalie dans un contexte de profonde altération de l’état général. Le granulome éosinophile osseux a été individualisé en 1940 par Otani et Lichtenstein. C’est en 1953 que ce dernier proposa, compte tenu de leurs similitudes anatomopathologiques, de regrouper ces trois tableaux en une même entité, l’histiocytose X [2]. C’est à Basset et Nezelof que l’on doit la découverte des granules de Birbeck au sein des histiocytes anormaux et finalement la démonstration, dans les années 1970, que l’histiocytose X correspond à une infiltration tissulaire par des cellules de Langerhans (CL) [3]. La cause en demeure inconnue à ce jour et la nature de cette affection reste débattue (maladie néoplasique, réactionnelle à un processus dysimmunitaire ?). La découverte récente de la forte prévalence d’une mutation de l’oncogène BRAF et de l’implication constante de la voie RAS-RAFMEK-ERK est une avancée importante dans la compréhension de la maladie [4]. 2. Épidémiologie L’HL est une affection rare, cosmopolite qui survient sur un mode sporadique bien que de très rares cas de formes familiales et des paires de jumeaux homozygotes aient été signalés [5]. La maladie peut atteindre des patients d’âge très différent, allant des nouveaunés aux personnes âgées. L’étude d’incidence de l’HL de l’enfant (< 15 ans) réalisée en France sur la période 2000–2004 retrouvait une incidence annuelle de 4,6 cas par million, soit 55 nouveaux cas par an [6]. L’incidence était plus élevée chez les nourrissons (15,3 cas par million), et diminuait avec l’âge pour atteindre 2 par million après 10 ans. Chez l’adulte, on dispose de peu de données quant à la fréquence de la maladie. Dans la série de 314 patients de la Mayo Clinic rapportées par Howarth et al. [7], 58 % des patients avaient plus de 20 ans au moment du diagnostic, dont près de la moitié sous une forme pulmonaire isolée. Dans l’analyse du registre international de l’Histiocyte Society rapportée par Aricò et al. [8] qui regroupaient 274 patients âgés de plus de 18 ans ayant une HL histologiquement prouvée, près des 2/3 des patients avaient une forme systémique. Des études épidémiologiques sont actuellement en cours en France concernant l’HL de l’enfant mais aussi de l’adulte. 3. Particularités de l’histiocytose langerhansienne de l’adulte L’essentiel des connaissances sur l’HL, qu’il s’agisse de son histoire naturelle ou de l’effet des diverses stratégies thérapeutiques, provient de travaux pédiatriques. Pour autant, la maladie pose des problèmes diagnostiques et thérapeutiques spécifiques aux pédiatres et aux médecins d’adulte. En effet, le phénotype de la maladie est étroitement lié à l’âge. Les formes hématologiques graves, menaçant à court terme le pronostic vital s’observent essentiellement chez le nourrisson, alors qu’elles sont exceptionnelles chez l’adulte. À l’inverse, l’atteinte pulmonaire est plus fréquente chez l’adulte, la forme pulmonaire isolée étant l’apanage de l’adulte fumeur. D’autres particularités s’observent chez l’adulte, telles que la fréquence des atteintes stomatologiques, la possibilité d’atteintes génitales, et les formes de chevauchement avec la maladie d’Erdheim-Chester (MEC) [9]. Enfin, la prise en charge des patients pose des problèmes spécifiques liés à l’âge, tels que les séquelles orthopédiques ou hépatiques et les atteintes neurodégénératives retardées chez l’enfant ou la tolérance des traitements systémiques chez l’adulte (chimiothérapie, corticothérapie). Pour citer cet article : Néel A, et al. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.04.015 Histiocytose 4. Physiopathologie À l’état normal les CL ne sont présentes qu’au niveau des épithéliums malpighiens et des voies aériennes respiratoires. Ce sont des cellules dendritiques, c’est-à-dire des phagocytes mononucléés spécialisés dans la capture antigénique et l’induction des réponses lymphocytaires T qui s’effectue après leur maturation et migration au sein des organes lymphoïdes. À l’état physiologique ces cellules dérivent d’un précurseur médullaire spécifique. Contrairement aux autres types de cellules dendritiques, les cellules de Langerhans de l’épiderme ont une capacité de se régénérer in situ de façon prolongée [10], ce qui ne semble pas être le cas dans l’épithélium respiratoire. Des cellules dendritiques exprimant des marqueurs langerhansiens (CD1a, langérine/CD207) peuvent également se différentier à partir des monocytes circulants, notamment dans un contexte inflammatoire [10]. Dans l’HL les cellules CD1a+ ont un phénotype anormal, semi-mature. Bien que ces cellules expriment des marqueurs proches des CL normales, des études récentes de cellules provenant des lésions d’HL indiquent un profil transcriptomique différent des CL épidermiques et des cellules dendritiques normales [11,12]. L’origine néoplasique ou réactionnelle de l’HL est débattue depuis des décennies. L’étude du phénomène de lyonisation du chromosome X chez des patientes ayant des formes osseuses, ganglionnaires ou systémiques d’HL a suggéré qu’il s’agissait d’une maladie clonale [13,14] dans un effectif de 12 patients au total. De plus, quelques travaux ont mis en évidence des altérations cytogénétiques dans les lésions d’HL, sans toutefois identifier d’anomalie récurrente [15]. Cependant, l’absence d’atypies cellulaires, la rareté des mitoses et la fréquence des cas d’HL régressant spontanément allaient contre cette hypothèse. L’autre piste pathogénique était celle d’une accumulation de cellules dendritiques réactionnelle à un processus dysimmunitaire, en particulier à un agent infectieux. Le rôle de chémokines [16] et de diverses cytokines, dont l’IL17, et des lymphocytes T régulateurs a été évoqué, le primum movens restant obscur [17–19]. En 2010, un pas important a été franchi avec la mise en évidence de la mutation V600E de l’oncogène BRAF au sein des lésions de la majorité des cas d’HL [4]. Depuis, il a été montré que cette mutation oncogénique somatique était présente dans 38 à 60 % des HL [4,20,21]. Cette mutation est retrouvée dans différents types de cancers solides, en particulier les mélanomes (> 50 %), les cancers papillaires de la thyroïde (60 %), et plus rarement les cancers colorectaux ou pulmonaires. Elle est retrouvée dans 100 % des leucémies à tricholeucocytes. Cette mutation n’est pas synonyme de cancer : elle est également impliquée dans la physiopathologie. . . des nævi [22] ! De plus, la mutation de BRAF pourrait apparaître dans différentes cellules et induire une prolifération cellulaire BRAF mutée polyclonale, comme c’est le cas pour les nævi [23]. BRAF est une sérine thréonine kinase de la famille RAF. La voie RAS-RAF-MEK-ERK est responsable de la transduction du signal en aval de récepteurs membranaire de mitogènes (cytokines, facteurs de croissance, hormones) et régule la prolifération, la différentiation et la survie cellulaire [24]. La mutation V600E modifie le domaine kinase et entraîne une activation constitutive de la voie RAF-MEK-ERK. De façon intéressante, l’activation de la voie MEK-ERK est constamment retrouvée dans les lésions d’HL indépendamment de la présence ou non de la mutation de BRAF, suggérant que cette voie de signalisation a un rôle clé dans la physiopathologie de la maladie [4]. En effet, quelques mutations touchant d’autres acteurs de cette voie ont également été rapportées, telles que MAP2K1 [25,26]. La démonstration expérimentale du rôle clé de BRAF V600E a été apportée récemment par des modèles murins [27]. L’expression de l’allèle mutant dans les cellules dendritiques langérine+ ou leurs précurseurs CD11c+ induit un tableau clinico-pathologique proche langerhansienne de l’adulte. Rev Med Interne (2015), G Model REVMED-4947; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS A. Néel et al. / La Revue de médecine interne xxx (2015) xxx–xxx de la pathologie humaine. La maladie était plus sévère lorsque l’oncogène était exprimé dans les précurseurs CD11c+ plutôt que dans les cellules différenciées. Ces travaux ont également montré que la mutation BRAF pouvait être détectée dans le sang et la moelle des patients atteints de formes multi-viscérales [27]. Cette mutation est également retrouvée dans une proportion importante de MEC, alors qu’elle est absente dans les autres histiocytoses non langerhansiennes [28]. Ceci concorde avec l’existence de formes de chevauchement HL-MEC [29] et pourrait amener à repenser la classification actuelle des histiocytoses. L’histiocytose pulmonaire isolée de l’adulte a été longtemps considérée comme un cadre à part, du fait du fort lien avec le tabagisme [30] et du caractère le plus souvent polyclonal des lésions pulmonaires déduit de l’analyse de lyonisation du chromosome X [31]. Cependant, le fait que l’HL pulmonaire puisse récidiver après transplantation bi-pulmonaire, est fortement en faveur du caractère systémique de cette forme clinique. Le tabac jouerait essentiellement un facteur de déclenchement de l’expression pulmonaire de l’HL, ce qui est conforté par le fait que les enfants ayant une HL non pulmonaire développent plus souvent une atteinte pulmonaire de la maladie s’ils fument à l’adolescence ou à l’âge adulte [32]. Le tabac est un facteur de recrutement accru de cellules dendritiques vers le poumon [30]. Ainsi, le tabagisme pourrait jouer un rôle dans l’expression de l’HL au niveau pulmonaire, par le biais du recrutement in situ des cellules dendritiques circulantes « anormales » des patients atteints d’HL. Enfin, des travaux très récents ont montré que BRAF est aussi fréquemment muté dans les lésions d’HL pulmonaire [33]. De plus, lorsque plusieurs lésions d’un même individu sont testées, la mutation, si elle est présente, l’est dans toutes les lésions. Cela peut suggérer la nature clonale de ces cas. Le rôle potentiel du tabac dans l’induction de cette mutation mérite d’être étudié. Si la découverte de la mutation BRAF montre que la physiopathologie de l’HL comporte des mécanismes oncogéniques, cela n’en fait pas une maladie maligne. De plus, ceci n’élimine pas l’hypothèse qu’un facteur infectieux persistant joue un rôle, comme c’est le cas dans certaines néoplasies. Quels que soient les mécanismes sous-jacents dans l’HL, des facteurs dépendant de l’hôte sont impliqués dans la maladie. Ainsi, la rareté de l’HL pulmonaire, comparativement à la fréquence du tabagisme de la population générale, implique la présence de facteurs prédisposant chez les patients qui développent la maladie. La très forte concordance de survenue de la maladie chez les jumeaux homozygotes par rapport aux jumeaux hétérozygotes suggère la présence de facteurs génétiques qui restent à déterminer [5]. La survenue de rechutes de la maladie après transplantation bi-pulmonaire ou hépatique indique que ces anomalies concernent les précurseurs des cellules CD1a+ qui infiltrent les lésions [34]. Enfin, pour l’heure, l’étiologie de l’HL dans ses différentes formes demeure inconnue. Un agent infectieux, notamment viral, a été recherché sans succès, et le rôle des herpes viridae semble écarté [19]. Quoi qu’il en soit, la découverte du rôle de BRAF et de l’activation de la voie RAS-RAF-MEK-ERK ouvre des perspectives thérapeutiques nouvelles. Le vémurafénib est un inhibiteur de BRAF muté, utilisé dans le traitement du mélanome métastatique. Il s’est avéré efficace dans 3 cas d’histiocytoses BRAF mutées de l’adulte (1 MEC et 2 formes mixtes HL-MEC) [35]. Sa toxicité non négligeable (carcinomes épidermoïdes cutanés, toxidermie, photosensibilité, allongement du QT) paraît limiter ses perspectives de développement dans l’HL. Du fait de l’activation constante de la voie MEK-ERK dans les lésions d’HL, les inhibiteurs de MEK, tel que le tramétinib constituent une approche thérapeutique intéressante, si leur profil de tolérance s’avérait plus favorable. Le tramétinib a été approuvé par la FDA en 2013 dans le traitement du mélanome avancé. Pour citer cet article : Néel A, et al. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.04.015 Histiocytose 3 5. Histiocytose langerhansienne et cancer Les études pédiatriques montrent qu’il existe une association non fortuite entre néoplasie et HL. Pour ce qui est des cancers solides le rôle des traitements de l’HL (chimiothérapie, radiothérapie) apparaît bien établi. Ainsi, dans l’étude internationale sur l’association HL et cancer publiée en 1999 par Egeler et al., 62 % des cancers solides étaient survenus dans un champ de radiothérapie [36]. Le lien entre HL et hémopathie maligne est complexe. Des cas de leucémie aiguë (LA) myéloblastique ont surtout été observés dans les suites d’une HL traitée [37]. À l’inverse, pour les LA lymphoblastiques, c’est le plus souvent l’hémopathie qui, quand elle n’est pas synchrone, précède la survenue de l’HL, posant la question du rôle des traitements mais aussi d’un lien entre le clone leucémique et celui de l’HL, ce qui a pu être démontré dans plusieurs observations récentes [38,39]. Enfin, des cas d’HL survenant plusieurs années après un lymphome (hodgkinien en particulier) ont été rapportés [36,40], ainsi que l’association HL-leucémie myélomonocytaire chronique [41]. Chez l’adulte les patients tabagiques atteints d’HL pulmonaire sont évidemment à risque de cancer pulmonaire. Dans l’analyse du registre international d’HL adulte publié par Aricò et al. en 2003, 6 % des patients avaient un antécédent néoplasique, souvent hématologique [8]. 6. Manifestations cliniques 6.1. Trois atteintes clés : osseuse, cutanéomuqueuse et hypothalamo-hypophysaire 6.1.1. Atteinte osseuse C’est la localisation la plus fréquente de l’HL (notamment sous une forme localisée) et représente environ 50 % des localisations chez l’adulte. L’atteinte osseuse peut être unique ou multiple y compris au sein d’un même os, et prédomine au niveau céphalique et axial [42]. Radiologiquement l’aspect est celui de(s) lacune(s) « à l’emporte-pièce » sans condensation périphérique alors qu’une ostéosclérose bilatérale des os long oriente vers une MEC ou une forme mixte [29]. La maladie touche particulièrement le crâne (30 à 50 % des cas) tant au niveau de la voûte que de la base du crâne, du massif facial ou de la mandibule [43–45]. L’atteinte maxillaire ou mandibulaire semble particulièrement fréquente chez l’adulte (Fig. 1). Elle est souvent source d’errances diagnostiques et de séquelles importantes (pertes dentaires). Les lésions peuvent également toucher les côtes [46], le pelvis voire le rachis. Au niveau vertébral, elles peuvent induire un tassement des corps vertébraux (vertebra plana) avec, en principe, le respect du mur postérieur et des disques intervertébraux. L’atteinte du squelette appendiculaire prédomine en proximal (fémurs surtout, mais aussi scapula, clavicule, humérus, etc.). En revanche, l’atteinte des extrémités est exceptionnelle. Les lésions peuvent être uniques ou multiples. Chez l’adulte l’atteinte osseuse est plus souvent unifocale que chez l’enfant. Le pronostic en est habituellement excellent. Les atteintes du massif facial sont statistiquement associées au diabète insipide [47,48]. Les lésions osseuses peuvent être asymptomatiques ou responsables d’une douleur localisée, parfois à l’occasion d’un traumatisme, avec ou sans gonflement des parties molles en regard. Une fracture pathologique peut survenir et accélère parfois la consolidation de la lésion. Ces lésions, par leur développement, peuvent empiéter sur les structures adjacentes et provoquer une symptomatologie orbitaire, gingivale, du système nerveux central ou de l’oreille moyenne. Cette dernière atteinte est à différencier d’une otite externe qui peut aussi se manifester par un écoulement auriculaire, du fait de l’extension de lésions cutanées dans le canal auditif. La triade classique de Hand-Schüller-Christian langerhansienne de l’adulte. Rev Med Interne (2015), G Model REVMED-4947; No. of Pages 10 4 ARTICLE IN PRESS A. Néel et al. / La Revue de médecine interne xxx (2015) xxx–xxx Fig. 1. Histiocytose langerhansienne de l’adulte, aspects radiologiques. A. Lésion ostéolytique frontale gauche. B. Atteinte maxillaire et mandibulaire multifocale délabrante. C. Lésions pulmonaires macro-kystiques bilatérales. D. Lésion hypophysaire tumorale (*), venant au contact du chiasma optique (flèches). (lacunes osseuses crâniennes, exophtalmie, diabète insipide) peut entièrement correspondre à des lésions osseuses multiples avec extension locale, mais aussi relever de lésions méningées ou périorbitaires directes. L’atteinte des tissus mous au niveau du crâne ou du squelette axial semble plus fréquente chez l’adulte que l’enfant et associée à un risque accru de rechutes. Les radiographies du squelette entier constituent la principale méthode d’investigation de l’atteinte osseuse. La scintigraphie osseuse au 99m Tc semble peu utile. La tomodensitométrie et l’IRM sont surtout utiles pour préciser les complications mécaniques de certaines localisations et l’extension par contiguïté. La place de la TEP au 18 FDG n’est pas encore bien définie. Il est important de ne pas multiplier les techniques d’imagerie lors du suivi, les différentes méthodes ne fournissant pas les mêmes informations et n’étant pas comparables. 6.1.2. Atteinte cutanéomuqueuse L’atteinte cutanée est polymorphe. Il peut s’agir d’une lésion unique ou, plus souvent, d’une atteinte multifocale [41,49]. Les lésions se présentent sous la forme de papules squameuses ou squamo-croûteuses, parfois d’aspect séborrhéique ou eczématiforme ou de nodules brun/rouge parfois ulcérés (Fig. 2). Elles touchent essentiellement le tronc, le visage et le cuir chevelu (les atteintes du conduit auditif externe et du sillon rétro-auriculaire sont évocatrices). L’atteinte des grands plis à type d’intertrigo est fréquente et peut prendre un aspect, érosif, y compris au niveau périnéal. Les localisations péri-anales ou vulvaires ne sont pas rares chez l’adulte et peuvent être très invalidantes. Les lésions de la muqueuse buccale sont généralement associées à des lésions osseuses sous-jacentes. 6.1.3. Atteinte hypothalamo-hypophysaire Les localisations hypophysaires doivent être dépistées dès l’examen clinique (syndrome polyuro-polydypsique, hémianopsie bi-temporale, etc.). L’atteinte de la posthypophyse est fréquente et peut précéder le diagnostic d’HL. Dans les séries pédiatriques la fréquence du diabète insipide (DI) est de 17 à 25 % [47,48]. Pour citer cet article : Néel A, et al. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.04.015 Histiocytose Elle est comparable chez l’adulte (15 à 30 %) [8]. L’atteinte de l’antéhypophyse est également possible, allant parfois jusqu’au pan-hypopituitarisme. Des signes de dysfonction hypothalamohypophysaire non endocriniens peuvent parfois y être associés (troubles de la soif, de l’appétit, de la mémoire, du sommeil, de la thermorégulation) [50]. L’IRM peut mettre en évidence une perte de l’hypersignal spontané en T1 (comme dans tout DI central), une prise de contraste, un épaississement de la tige pituitaire voire, plus rarement, une véritable tumeur hypophysaire pouvant menacer les structures de voisinage (notamment le chiasma optique) (Fig. 1). Chez l’enfant, le DI est un facteur de risque d’atteinte neurodégénérative : 95 % des enfants ayant développé une atteinte neurodégénérative ont un diabète insipide. Le risque de survenue d’une telle atteinte est de 15 % en cas de DI et de 1 % en l’absence de DI [48]. Par ailleurs, le DI est associé aux atteintes cranio-faciale, ORL, cérébrale, aux pneumothorax ou aux cholangites [48]. Ces différentes manifestations peuvent précéder le DI, être synchrone ou lui succéder, sans que l’on puisse établir un lien de causalité entre l’existence d’une de ces atteintes et la présence ou la survenue ultérieure d’un DI et a fortiori d’une atteinte neurodégénérative, contrairement à ce qui a pu être suggéré par la notion de site osseux à risque neurologique défendue par certaines auteurs [47,51]. Les traitements locaux ou généraux sont sans effet sur le DI mais une régression spontanée est possible en cas de forme partielle. Enfin, une atteinte thyroïdienne primitive avec une hypothyroïdie périphérique a été rapportée et peut coexister avec un carcinome thyroïdien [52]. 6.2. Une forme particulière : l’histiocytose langerhansienne pulmonaire L’HL pulmonaire isolée est une entité particulière qui se rencontre quasi-exclusivement chez l’adulte, associée dans plus de 90 % au tabagisme [30,53,54]. Dans cette forme d’HL, les CL semblent majoritairement polyclonales [31]. S’il existe des arguments pour un rôle déclenchant du tabac (cf. plus haut), ses effets sur le devenir de la maladie sont moins bien compris. langerhansienne de l’adulte. Rev Med Interne (2015), G Model REVMED-4947; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS A. Néel et al. / La Revue de médecine interne xxx (2015) xxx–xxx 5 Fig. 2. Histiocytose cutanée. Papules rouge-brun prédominant au niveau des plis, lésions érythémato-squameuses du cuir chevelu. Dans les séries pneumologiques, la majorité des patients présente des signes respiratoires (toux, dyspnée d’effort dans 50 à 70 % des cas) ou un ou plusieurs épisodes de pneumothorax spontané (10–20 %). Des signes généraux à type de fébricule ou d’amaigrissement peuvent être présents en l’absence de toute atteinte extrathoracique. Dans 10 à 25 % des cas l’atteinte pulmonaire est asymptomatique. L’examen est généralement normal. Sur le plan radiologique le cliché standard est le plus souvent anormal (90 %) et montre des anomalies réticulo-nodulaires qui prédominent dans les parties moyennes et supérieures des poumons, avec un volume pulmonaire normal ou augmenté. Au scanner thoracique, les lésions pulmonaires associent à des degrés variables nodules pleins, nodules excavés, kystes à paroi épaisse et kystes à paroi fine. Sur le plan fonctionnel on note dans 90 % des cas une altération de la capacité de transfert du CO [53,54]. L’anomalie des volumes pulmonaires la plus fréquente est une diminution de la capacité vitale associée à un piégeage aérique du fait de l’atteinte bronchiolaire qui caractérise cette atteinte. La présence d’un trouble ventilatoire obstructif disproportionnée par rapport au tabagisme de ces patients jeunes est corrélée à l’étendue de la destruction kystique du parenchyme pulmonaire [54]. La maladie peut se compliquer d’une hypertension artérielle pulmonaire [55] qu’il faut suspecter notamment en cas d’altération profonde et isolée de la DLCO. Le lavage broncho-alvéolaire (LBA) retrouve une alvéolite macrophagique en rapport avec le tabagisme. La recherche de cellules CD1a+ est peu rentable et peu spécifique. L’évolution de l’HL pulmonaire est variable. Elle peut se faire vers une stabilisation ou au contraire une aggravation progressive, parfois rapide, jusqu’au stade d’insuffisance respiratoire chronique et motiver une transplantation pulmonaire. Des données rétrospectives suggèrent que l’espérance de vie de ces patients est plus courte que celle de la population générale [53]. Lors du bilan d’extension d’une HL révélée par une atteinte cutanée, osseuse ou hypothalamo-hypophysaire il n’est pas rare de découvrir des lésions pulmonaires asymptomatiques. La découverte d’une telle atteinte fait par définition « basculer » une HL cliniquement unifocale dans la catégorie multi-systémique, mais sa signification pronostique est incertaine. Dans l’analyse du registre national publiée en 2003 la présence d’une atteinte pulmonaire n’avait pas d’impact sur la survie des patients atteint d’HL multisystémique [8]. Chez l’enfant, le poumon n’est plus considéré Pour citer cet article : Néel A, et al. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.04.015 Histiocytose comme un organe à risque, car l’atteinte pulmonaire n’apparaît plus comme un facteur de surmortalité indépendant [56,57]. 6.3. Trois atteintes viscérales rares 6.3.1. Atteinte digestive 6.3.1.1. Atteinte hépatobiliaire. La série de 23 adultes récemment rapportée par Abdallah et al., montre que comme chez l’enfant, l’atteinte hépatique survient le plus souvent chez des patients atteints d’HL multi-viscérale [58]. Elle peut se manifester par des anomalies biologiques isolées ou une hépatomégalie, une insuffisance hépatocellulaire ou une hypertension portale. L’imagerie peut mettre en évidence une hépatomégalie, des nodules parenchymateux, ou une dilatation des voies biliaires. Il faut distinguer l’atteinte aiguë secondaire à l’infiltration du foie par des CL, qui peut être améliorée par la chimiothérapie, des atteintes séquellaires irréversibles à type de cholangite sclérosante, qui peuvent aboutir à une cirrhose biliaire. Au stade de cholangite l’histologie peut être aspécifique et dépourvue d’infiltrat histiocytaire. Dans cette étude, et contrairement aux données de Aricò et al. [8] l’atteinte hépatique semblait être un facteur pronostic péjoratif, comme c’est le cas chez l’enfant. 6.3.1.2. Atteinte intestinale. L’atteinte gastro-intestinale est rare. En pédiatrie elle s’observe essentiellement chez les jeunes enfants (< 2 ans), au cours de formes multi-viscérales graves avec atteinte cutanée et hématologique [59]. Elle est généralement étendue et se manifeste par une diarrhée, des vomissements, des saignements, un retard staturo-pondéral, une malabsorption ou encore une entéropathie exsudative. Ce type d’atteinte digestive est exceptionnel chez l’adulte. Une série récente montre qu’à cet âge, il s’agit le plus souvent d’une lésion colique unique (polype, ulcération) découverte de façon fortuite, sans manifestation extra-digestive (éventuellement une atteinte cutanée) [60]. 6.3.2. Atteinte neurologique centrale Le système nerveux central peut être touché à l’étage cérébral ou médullaire par l’extension d’une lésion osseuse. Le cerveau peut également être le siège d’une ou plusieurs masse(s) intraparenchymateuse(s) [51]. Chez l’enfant une atteinte dégénérative, touchant essentiellement le cervelet et les noyaux gris centraux langerhansienne de l’adulte. Rev Med Interne (2015), G Model REVMED-4947; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS A. Néel et al. / La Revue de médecine interne xxx (2015) xxx–xxx 6 peut apparaître plusieurs années après le diagnostic ; sa fréquence a été évaluée à 1 à 4 %, en fonction de la durée de suivi et du critère utilisé (symptômes neurologiques ou anomalies IRM isolées). Elle peut être asymptomatique ou responsable de troubles moteurs ou neuropsychiques. La survenue de cette atteinte est plus fréquente en cas de DI mais ne semble pas être influencée par le traitement. On dispose de peu de données sur le devenir à long terme de ces enfants. L’atteinte dégénérative semble exceptionnelle dans l’HL de l’adulte. 6.3.3. Atteinte hématologique Chez l’enfant l’atteinte hématologique (anémie, thrombopénie, hépatosplénomégalie) est rare mais constitue un facteur de gravité [57,61]. Elle réalise parfois un syndrome d’activation macrophagique. Elle se rencontre le plus souvent avant 2 ans et concerne 10 à 15 % des HL pédiatriques. Cette atteinte semble exceptionnelle chez l’adulte (moins de 5 % des cas d’après la série de Kilpatrick et al.) [7,8,44,45]. Elle peut alors être responsable d’une pancytopénie dans des formes disséminées au cours desquelles elle est habituellement associée à une hépatosplénomégalie et à un mauvais pronostic. Ces formes sont souvent difficiles à différencier d’une hémopathie myéloïde, d’autant que des formes de passage d’une HL vers des leucémies monocytaires ont été décrites. Des localisations ganglionnaires peuvent s’observer, en particulier dans le territoire de drainage de lésions cutanées ou osseuses. La découverte d’une infiltration langerhansienne ganglionnaire est une situation piège qui doit avant tout faire discuter une cause secondaire (adénite des dermatoses, lymphomes). kystique pure. Dans le premier cas, il faut envisager une infection bactérienne notamment à mycobactérie ou mycotique, une pneumocystose cavitaire, des métastases pulmonaires excavées, plus rarement une vascularite granulomateuse, une sarcoïdose cavitaire ou des emboles pulmonaires septiques. En cas de forme kystique diffuse, chez la femme, le diagnostic alternatif est la lymphangioléiomyomatose sporadique ou, plus rarement, survenant dans le cadre d’une sclérose tubéreuse de Bourneville. En cas de pneumothorax familial, il faut évoquer un syndrome de Birt-Hogg-Dubé, génodermatose multi-systémique rare (fibrofolliculomes cutanés, notamment du visage), liée à une mutation du gène de la folliculine. Ce syndrome, à l’origine de kystes pulmonaires, peut s’associer à différentes tumeurs, en particulier rénales qu’il convient de rechercher. L’enquête familiale est importante pour dépister d’éventuelles tumeurs infracliniques. Enfin, récemment, une maladie kystique pulmonaire secondaire à un dépôt de chaînes légères a été identifiée [65]. Le diagnostic différentiel avec les histiocytoses non langerhansiennes (MEC, maladie de Rosai-Dorfman [MRD]) repose sur la présentation clinico-radiologique (ostéosclérose, périaortite et atteinte rétropéritonéale dans la MEC, masses cervico-faciales dans la MRD, etc.) et l’histologie (histiocytes CD1a négatifs, spumeux dans la MEC, images d’empéripolèse dans la MRD, etc.). Toutefois, des formes mixtes sont possibles (d’emblée ou dans l’évolution d’une maladie initialement langerhansienne), en particulier HL-MEC [29]. La résistance au traitement, l’existence de lésions ostéocondensantes ou d’une atteinte rétropéritonéale ou péri-aortique doivent faire évoquer l’hypothèse d’une forme mixte HL-MEC. 7. Anatomopathologie 9. Prise en charge Les lésions d’HL sont caractérisées par une accumulation de CL sous la forme de granulomes, dont l’aspect varie en fonction du stade évolutif, mais aussi selon le tissu concerné. Les CL sont associées en proportion variable à des lymphocytes, des macrophages, des cellules géantes, des polynucléaires éosinophiles et plus tardivement à une réaction xanthomateuse ou fibreuse. La nature langerhansienne de la composante histiocytaire est suspectée sur des arguments morphologiques (cellules de grande taille au noyau excentré en grain de café, sans surcharge) mais ne peut être affirmée que devant l’expression du CD1a ou de la langérine (CD207). Toutefois, la présence d’une accumulation de CL sur un prélèvement tissulaire ne signe pas nécessairement le diagnostic d’HL. La gale et le syndrome de Gianotti-Crosti peuvent induire de telles images au niveau cutané [62]. La découverte d’une HL ganglionnaire doit toujours faire éliminer une prolifération réactionnelle à un lymphome [63], ou une adénite dermatopathique. La présence d’atypies cellulaires doit faire évoquer une forme de transition vers un sarcome à cellules dendritiques [64]. Inversement, lorsque la biopsie intéresse une lésion inactive, en phase de détersion ou au stade de fibrose, la présence de CL peut manquer. La prise en charge de l’HL de l’adulte n’est pas consensuelle. Bien qu’elle pose des problèmes spécifiques et que le rapport bénéfice–risque de certaines thérapeutiques semble différer de chez l’enfant, la prise en charge se base en grande partie sur l’extrapolation à l’adulte des études épidémiologiques et des essais thérapeutiques pédiatriques. Le groupe d’étude des histiocytose (GEH) a émis en 2010 des recommandations de prise en charge de l’HL pédiatriques [66], conformes aux recommandations européennes [57]. Il a également participé à l’élaboration de recommandations pour la prise en charge des adultes, formulées à partir des travaux d’un groupe d’expert internationaux [67]. 8. Diagnostics différentiels Compte tenu de la variété des situations cliniques, les diagnostics différentiels sont très nombreux. En cas de suspicion d’HL extrapulmonaire le diagnostic positif doit toujours être affirmé histologiquement. En revanche en cas de suspicion d’HL pulmonaire isolée, l’apport de la TDM haute résolution, dans un contexte clinique et paraclinique compatible, a tendance à limiter les indications de la biopsie pulmonaire chirurgicale qui sont du domaine du spécialiste et se discutent au cas par cas. Le diagnostic différentiel d’une HL pulmonaire se pose différemment selon qu’il s’agit d’une forme nodulo-kystique ou Pour citer cet article : Néel A, et al. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.04.015 Histiocytose 9.1. Bilan d’extension, classification, activité, indications thérapeutiques Une fois le diagnostic d’HL posé, un bilan d’extension doit être réalisé, appuyé par quelques examens simples (Tableau 1). À noter que la scintigraphie osseuse a un apport assez limité dans cette indication et que la TEP-TDM a été peu évaluée [68]. L’activité de la maladie peut être évaluée à l’aide des scores développés chez l’enfant [69]. Plusieurs classifications ont été proposées. Celle de Lahey a été récemment supplantée par celle adoptée par l’Histiocyte Society dans le cadre du protocole LCH III (Tableau 2). Elle distingue 3 groupes : maladie mono-systémique (uni- ou multifocale), maladie multi-systémique, et maladie multi-systémique avec atteinte d’organe à risque. Il faut noter que 15 à 20 % des patients du premier groupe développeront une seconde atteinte d’organe au cours du suivi. Il est important de préciser que les indications thérapeutiques ne découlent pas de façon systématique de cette classification : un patient atteint d’une forme osseuse localement menaçante ou langerhansienne de l’adulte. Rev Med Interne (2015), G Model REVMED-4947; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS A. Néel et al. / La Revue de médecine interne xxx (2015) xxx–xxx Tableau 1 Histiocytose langerhansienne de l’adulte : bilan d’extension [66,67]. l’activité de la maladie doit inclure, autant que possible, l’utilisation des scores d’activité de la maladie [69]. De façon systématique Examen clinique complet y compris endocrinien, cutanéomuqueux, ORL et neurologique NFS plaquettes, bilan hépatique, bilirubine, albumine, hémostase, ionogramme, créatinine, CRP TSH, T4 libre Radiographies du squelette complet Radiographie thoracique Échographie abdominale Sur signe d’appel Syndrome polyuro-polydipsique : osmolalité sanguine et urinaire, test de restriction hydrique Suspicion de déficit antéhypophysaire : bilan endocrinien Atteinte hypothalamo-hypophysaire : IRM hypophysaire ± champ visuel Signes respiratoires : TDM thoracique et EFR Signes encéphaliques : IRM cérébrale Atteinte rachidienne ou crânienne : IRM ± IRM Atteinte otologique : audiogramme, IRM et TDM du rocher Atteinte buccale : panoramique dentaire Atteinte ganglionnaire : biopsie Signes digestifs : endoscopie avec biopsies Anomalies hépatospléniques : éliminer autres causes, scanner, IRM et cholangio-IRM, biopsie Cytopénie : éliminer autre cause, myélogramme, biopsie ostéo-médullaire ± bilan d’activation macrophagique (ferritine, triglycérides, fibrinogène) Tableau 2 Histiocytose langerhansienne (HL) : classification type LCH III [67]. Maladie mono-systémique : atteinte d’un seul organe HL osseuse (uni- ou multifocale), cutanée, ganglionnaire, hypothalamo-hypophysaire, SNC HL pulmonaire isolée Maladie multi-systémique (> 1 organe) sans atteinte d’organe à risque Maladie multi-systémique avec atteinte d’organe à risque Moelle/hématopoïèse, rate, foie, lésion tumorale du système nerveux central SNC : système nerveux central. Le diabète insipide, insensible au traitement systémique, n’est pas pris en compte dans l’énumération des atteintes. multifocale, ou d’une atteinte cutanée sévère pourra nécessiter un traitement systémique, alors que certains patients atteints d’une forme multi-systémique ne relèvent que d’une prise en charge symptomatique (par exemple lésion osseuse sensible aux AINS, avec atteinte pulmonaire limitée et DI). Les organes à risque sont ceux dont l’atteinte est, dans les études pédiatriques, associée à une surmortalité. Ces atteintes, très rares chez l’adulte, incluent la moelle osseuse (les cytopénies), le foie et la rate. Dans les travaux les plus récents, l’atteinte pulmonaire n’apparaît plus comme un facteur de surmortalité [56]. Parmi les localisations osseuses on distingue deux types de sites particuliers. D’une part, les « sites spéciaux », à risque fonctionnel important et pour lesquels un geste local n’est pas réalisable (apophyse odontoïde, atteinte vertébrale avec extension aux parties molles, atteinte du rocher, etc.). D’autre part, le concept discuté des « atteintes osseuses à risque neurologique » qui correspondent aux atteintes du massif cranio-facial (voûte exclue). Pour certains auteurs le fait que le DI soit statistiquement associé à ces localisations ferait de celles-ci un facteur de risque d’atteinte neurodégénérative. En réalité, il n’y a aucune donnée statistique solide allant dans ce sens. En dehors du DI, aucun élément ne permet de prédire le risque d’atteinte neurodégénérative. En France, les recommandations pédiatriques ne reprennent pas ce concept [66]. Au total, les indications thérapeutiques dépendent, d’une part, de l’activité de la maladie, d’autre part, de la présence de localisations à risque (organes à risque, sites osseux particuliers) et enfin de la possibilité d’un traitement local. Dans tous les cas l’évaluation de Pour citer cet article : Néel A, et al. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.04.015 7 Histiocytose 9.2. Traitements 9.2.1. Traitements locaux 9.2.1.1. Atteinte osseuse. En cas d’atteinte osseuse la régression spontanée est possible. Elle peut également être induite par un curetage voire, de façon surprenante, par une simple biopsie [70]. En cas de douleur, les AINS ont une efficacité souvent nette et peuvent permettre de voire régresser la lésion. La reconstruction osseuse est lente, rarement visible avant 6 mois [70]. Les exérèses étendues et les extractions dentaires sont à risque de perte de substance définitive et doivent être évitées. Les injections locales de corticoïdes peuvent être proposées (méthylprednisolone, 40 à 160 mg). Les bisphosphonates ont également été proposés mais doivent être évalués plus précisément. Les atteintes osseuses à risque sont une indication à un traitement systémique. Chez l’enfant la radiothérapie (RT) a été largement utilisée dans les années 1960–1980. Elle s’est avérée responsable d’anomalies de la croissance osseuse mais aussi de cancer secondaire [36,37,71]. De ce fait, elle a été progressivement abandonnée par les pédiatres. Chez l’adulte la principale inconnue concerne le risque de cancer secondaire mais le rapport bénéfice–risque apparaît moins défavorable que chez l’enfant [72]. Le taux de réponse est en effet de 75 à 100 %. La RT à faible dose peut être utile dans de rares situations difficiles (localisation osseuse menaçante, progression sous traitement systémique). La dose recommandée est de 10 à 20 Gy [72]. 9.2.1.2. Atteinte cutanée. L’application locale de Caryolysine® (ou Mustargen® ) est efficace, mais des problèmes d’approvisionnement en limitent l’utilisation. Les dermocorticoïdes peuvent également être essayés mais ils sont rarement efficaces. La photothérapie a été utilisée mais certaines localisations classiques sont difficiles à aborder (scalp, grands plis). La thalidomide s’est avérée décevante dans les formes multisystémiques mais plusieurs observations font état de son efficacité dans les formes cutanéomuqueuses de la maladie, y compris périnéales et génitales [73,74]. L’utilisation de méthotrexate a également été rapportée [75]. 9.2.2. Traitements systémiques cytotoxiques Chez l’enfant le traitement systémique de référence repose sur l’association de vinblastine et de corticoïdes [66]. Le traitement d’attaque comporte 6 cures hebdomadaires de vinblastine (6 mg/m2 , sans dépasser 10 mg par injection) associées à une corticothérapie de 6 semaines. Cette phase « d’induction » peut être renouvelée en cas de réponse partielle. Le traitement d’entretien consiste en une injection de vinblastine toutes les 3 semaines, associée à 5 jours de corticothérapie. La durée totale du traitement de 12 mois. Compte tenu du manque d’études dédiées, le traitement systémique chez l’adulte n’est pas consensuel, et varie en fonction des pays et des habitudes des centres. Les recommandations d’experts proposées récemment [67] ont des niveaux de preuve faibles, n’excédant pas le grade C. En France, le traitement systémique de première ligne repose généralement sur l’association vinblastinecorticoïdes. Dans le registre international publié en 2003, cette association était également la première ligne la plus souvent utilisée [8]. Bien que ce traitement soit utilisé chez l’adulte depuis de nombreuses années et signalé dans les plus anciennes séries consacré à l’HL de l’adulte [76,77], très peu d’études permettent de quantifier son efficacité et sa tolérance. Les principales études évaluant les traitements systémiques de l’HL de l’adulte sont résumées langerhansienne de l’adulte. Rev Med Interne (2015), G Model ARTICLE IN PRESS REVMED-4947; No. of Pages 10 A. Néel et al. / La Revue de médecine interne xxx (2015) xxx–xxx 8 Tableau 3 Traitements systémiques de l’histiocytose langerhansienne (HL) de l’adulte : revue de la littérature des 20 dernières années. Auteur, année [Réf.] Type d’étude Molécule Tox. Gr 3–4 Remarques Giona et al., 1994 [77] Rétrospective Vinblastine/pred. Efficacité 4/5 (80 %) 0 1 neutropénie, pas de neuropathie Malpas et Norton, 1996 [76] Rétrospective Vinblastine/pred. 8/9 (89 %) ND Saven et Burian, 1999 [78] Prospective Ph. 2 Cladribine 9/12 (75 %) 7/13 (54 %) 2 neutropénies fébriles, 1 zona Grau et al., 2001 [79] Rétrospective Cladribine 6/9 (66 %) 5/9 (56 %) Infection(s) sévère(s) chez 4 patients, dont 1 décès Pardananni et al., 2003 [80] Rétrospective Cladribine 5/5 (100 %) ND McClain et Kozinetz, 2007 [73] Prospective Ph. 2 Thalidomide 3/3 (100 %) ND Derenzini et al., 2010 [81] Rétrospective MACOP-B 7/7 (100 %) 2/7 (28 %) Ng Wing Tin et al., 2011 [82] Rétrospective Vinblastine/pred. 3/6 (50 %) 0 2 neuropathies grade 2, 2 toxicités hépatiques grade 2 Cantu et al., 2012 [83] Rétrospective Cladribine 9/22 (51 %) 8/22 (37 %) Vinblastine/pred. 3/19 (16 %) 14/19 (75 %) Critère d’efficacité choisi : réponse sans rechute dans l’année Vinblastine/pred. : tox. non détaillée (neuropathie vs cortisone) 4 patients, 1 arrêt précoce pour confusion, 1 neutropénie à M5 Aracytine 19/24 (79 %) 5/24 (20 %) Morimoto et al., 2013 [84] Prospective Special C 10/14 (71 %) 5/14 (36 %) 3 décès dont 2 de sepsis (à distance) Schini et al., 2013 [85] Rétrospective Cladribine 0 80 % myélosuppression grades 1–2, 1 sepsis 4/5 (80 %) Pred. : prednisone ; tox. : toxicité ; Gr : grade de toxicité selon l’OMS ; MACOP-B : méthotrexate, doxorubicine, cyclophosphamide, vincristine, prednisone, bléomycine ; Special C : vinblastine, prednisone, méthotrexate, 6-mercaptopurine ; ND: non disponible ; Ph.: phase. dans le Tableau 3 [73,76–85]. Parmi ces 9 études seules 3 portent sur un effectif de plus de 10 patients. La tolérance neurologique de la vinblastine est moins bonne chez l’adulte. De plus, la corticothérapie peut être source d’effets secondaires significatifs. De ce fait certains auteurs privilégient l’utilisation d’autres chimiothérapies telles que la cladribine ou la cytarabine [83]. Pour les rares formes agressives l’utilisation de polychimiothérapie intensive (MACOP-B, Special C) a été également rapportée [81,84]. Des travaux rétrospectifs sont actuellement en cours sous l’égide du groupe d’étude des histiocytoses afin de préciser l’efficacité et la tolérance de la vinblastine et de la cladribine chez l’adulte. Pour l’histiocytose pulmonaire isolée, le sevrage tabagique est indispensable. L’abstention thérapeutique est la règle chez les patients peu ou pas symptomatiques. L’association de corticoïdes et de 2-mimétiques de longue durée d’action par voie inhalée est utile en cas d’hyperréactivité bronchique. La corticothérapie orale est efficace sur les signes généraux mais n’a pas fait la preuve de son efficacité sur l’évolution de l’atteinte pulmonaire. De rares observations récentes ont suggéré l’efficacité, parfois spectaculaire, de la cladribine [86,87] qui peut être active même dans les formes kystiques diffuses d’HL pulmonaire de l’adulte. Un essai thérapeutique contrôlé coordonné par le centre de référence est actuellement en cours dans cette indication (étude ECLA, NCT-01225601). Les formes très sévères peuvent conduire à une transplantation pulmonaire avec des résultats similaires aux transplantations pulmonaires en général [34]. Des rechutes de la maladie sur le greffon ont cependant été rapportées. La prise en charge thérapeutique des séquelles est de difficulté variable selon les localisations. Les atteintes endocriniennes nécessitent une substitution hormonale pour le diabète insipide (desmopressine) ou les autres déficits antéhypophysaires ; les atteintes hépatiques relèvent de l’acide ursodésoxycholique en cas de cholestase chronique, voire de la transplantation hépatique (risque de rechute sur greffon). Pour citer cet article : Néel A, et al. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.04.015 Histiocytose Dans l’avenir, de nouvelles thérapies ciblées visant, à l’instar du vémurafenib, la voie RAF-MEK-ERK pourraient venir enrichir l’arsenal thérapeutique. 10. Conclusion L’HL est une maladie rare pour laquelle d’importants progrès ont été réalisés ces dernières années, qu’il s’agisse de la prise en charge pédiatrique ou, plus récemment, de notre compréhension de la maladie. L’HL de l’adulte n’est pas exceptionnelle mais elle reste peu étudiée et sa prise en charge se base encore essentiellement sur l’extrapolation de données pédiatriques, avec toutes les limites que cela implique. La prise en charge des adultes atteints d’HL peut concerner de multiples spécialistes parmi lesquels l’interniste a un rôle important à jouer. Elle implique une approche pluridisciplinaire médicale, mais réunissant aussi des kinésithérapeutes, des psychologues et les associations de patients du fait de son caractère polymorphe, chronique, émaillé de rechutes et parfois responsable de séquelles invalidantes. Cette affection pose des problèmes spécifiques parfois difficiles face auxquels le clinicien peut s’appuyer sur le réseau multidisciplinaire du groupe d’étude des histiocytoses et du centre de référence (http://www.histiocytose.org/geh/). Dans la pratique, les formes sévères d’HL sont discutées au cours des réunions de concertation pluridisciplinaire du centre de référence. L’inclusion des patients adultes dans le registre français des patients porteurs d’histiocytose est vivement encouragée (contact : [email protected]). C’est un outil indispensable à la réalisation des travaux cliniques et fondamentaux nécessaires à l’amélioration de la prise en charge de ces patients. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. langerhansienne de l’adulte. Rev Med Interne (2015), G Model REVMED-4947; No. of Pages 10 ARTICLE IN PRESS A. Néel et al. / La Revue de médecine interne xxx (2015) xxx–xxx Remerciements Les auteurs remercient le Dr H. Aubert-Wastiaux (iconographie cutanée). Références [1] Coppes-Zantinga A, Egeler RM. The Langerhans cell histiocytosis X files revealed. Br J Haematol 2002;116:3–9. [2] Lichtenstein L. Histiocytosis X: integration of eosinophilic granuloma of bone, Letterer-Siwe disease, and Schuller-Christian disease as related manifestations of a single nosologic entity. AMA Arch Pathol 1953;56:84–102. [3] Nezelof C, Basset F, Rousseau MF. Histiocytosis X: histogenetic arguments for a Langerhans cell origin. Biomedicine 1973;18:365–71. [4] Badalian-Very G, Vergilio JA, Degar BA, MacConaill LE, Brandner B, Calicchio ML, et al. Recurrent BRAF mutations in Langerhans cell histiocytosis. Blood 2010;116:1919–23. [5] Aricò M, Danesino C. Langerhans’ cell histiocytosis: is there a role for genetics? Haematologica 2001;86:1009–14. [6] Guyot-Goubin A, Donadieu J, Barkaoui M, Bellec S, Thomas C, Clavel J. Descriptive epidemiology of childhood Langerhans cell histiocytosis in France, 2000–2004. Pediatr Blood Cancer 2008;51:71–5. [7] Howarth DM, Gilchrist GS, Mullan BP, Wiseman GA, Edmonson JH, Schomberg PJ. Langerhans cell histiocytosis: diagnosis, natural history, management, and outcome. Cancer 1999;85:2278–90. [8] Aricò M, Girschikofsky M, Généreau T, Klersy C, McClain K, Grois N, et al. Langerhans cell histiocytosis in adults. Report from the International Registry of the Histiocyte Society. Eur J Cancer 2003;39:2341–8. [9] Haroche J, Cohen-Aubart F, Arnaud L, Hervier B, Charlotte F, Drier A, et al. Erdheim-Chester disease. Rev Med Interne 2014;35:715–22. [10] Merad M, Ginhoux F, Collin M. Origin, homeostasis and function of Langerhans cells and other langerin-expressing dendritic cells. Nat Rev Immunol 2008;8:935–47. [11] Allen CE, Li L, Peters TL, Leung HC, Yu A, Man TK, et al. Cell-specific gene expression in Langerhans cell histiocytosis lesions reveals a distinct profile compared with epidermal Langerhans cells. J Immunol 2010;184:4557–67. [12] Hutter C, Kauer M, Simonitsch-Klupp I, Jug G, Schwentner R, Leitner J, et al. Notch is active in Langerhans cell histiocytosis and confers pathognomonic features on dendritic cells. Blood 2012;120:5199–208. [13] Willman CL, Busque L, Griffith BB, Favara BE, McClain KL, Duncan MH, et al. Langerhans’ cell histiocytosis [histiocytosis X] – a clonal proliferative disease. N Engl J Med 1994;331:154–60. [14] Yu RC, Chu C, Buluwela L, Chu AC. Clonal proliferation of Langerhans cells in Langerhans cell histiocytosis. Lancet 1994;343:767–8. [15] Da Costa CE, Szuhai K, van Eijk R, Hoogeboom M, Sciot R, Mertens F, et al. No genomic aberrations in Langerhans cell histiocytosis as assessed by diverse molecular technologies. Genes Chromosomes Cancer 2009;48:239–49. [16] Annels NE, Da Costa CE, Prins FA, Willemze A, Hogendoorn PC, Egeler RM. Aberrant chemokine receptor expression and chemokine production by Langerhans cells underlies the pathogenesis of Langerhans cell histiocytosis. J Exp Med 2003;197:1385–90. [17] Senechal B, Elain G, Jeziorski E, Grondin V, Patey-Mariaud de Serre N, Jaubert F, et al. Expansion of regulatory T cells in patients with Langerhans cell histiocytosis. PLoS Med 2007;4:e253. [18] Coury F, Annels N, Rivollier A, Olsson S, Santoro A, Speziani C, et al. Langerhans cell histiocytosis reveals a new IL-17A-dependent pathway of dendritic cell fusion. Nat Med 2008;14:81–7. [19] Jeziorski E, Senechal B, Molina TJ, Devez F, Leruez-Ville M, Morand P, et al. Herpes-virus infection in patients with Langerhans cell histiocytosis: a case-controlled sero-epidemiological study, and in situ analysis. PLoS One 2008;3:e3262. [20] Satoh T, Smith A, Sarde A, Lu HC, Mian S, Trouillet C, et al. BRAF mutant alleles associated with Langerhans cell histiocytosis, a granulomatous pediatric disease. PLoS One 2012;7:e33891. [21] Sahm F, Capper D, Preusser M, Meyer J, Stenzinger A, Lasitschka F, et al. BRAF V600E mutant protein is expressed in cells of variable maturation in Langerhans cell histiocytosis. Blood 2012;120:e28–34. [22] Michaloglou C, Vredeveld LC, Soengas MS, Denoyelle C, Kuilman T, van der Horst CM, et al. BRAFE600-associated senescence-like cell cycle arrest of human naevi. Nature 2005;436:720–4. [23] Lin J, Takata M, Murata H, Goto Y, Kido K, Ferrone S, et al. Polyclonality of BRAF mutations in acquired melanocytic nevi. J Natl Cancer Inst 2009;101:1423–7. [24] Badalian-Very G, Vergilio JA, Fleming M, Rollins BJ. Pathogenesis of Langerhans cell histiocytosis. Annu Rev Pathol 2013;8:1–20. [25] Nelson DS, Quispel W, Badalian-Very G, van Halteren AGS, van den Bos C, Bovée JV, et al. Somatic activating ARAF mutations in Langerhans cell histiocytosis. Blood 2014;123:3152–5. [26] Brown NA, Furtado LV, Betz BL, Kiel MJ, Weigelin HC, Lim MS, et al. High prevalence of somatic MAP2K1 mutations in BRAF V600E negative Langerhans cell histiocytosis. Blood 2014;124:1655–8. [27] Berres ML, Lim KP, Peters T, Price J, Takizawa H, Salmon H, et al. BRAF V600E expression in precursor versus differentiated dendritic cells defines clinically distinct LCH risk groups. J Exp Med 2014;211:669–83. Pour citer cet article : Néel A, et al. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.04.015 Histiocytose 9 [28] Haroche J, Charlotte F, Arnaud L, von Deimling A, Hélias-Rodzewicz Z, Hervier B, et al. High prevalence of BRAF V600E mutations in Erdheim-Chester disease but not in other non-Langerhans cell histiocytoses. Blood 2012;120:2700–3. [29] Hervier B, Haroche J, Arnaud L, Charlotte F, Donadieu J, Néel A, et al. Association of both Langerhans cell histiocytosis and Erdheim-Chester disease linked to BRAF V600E mutation: a multicenter study of 23 cases. Blood 2014;124:1119–26. [30] Tazi A. Adult pulmonary Langerhans’ cell histiocytosis. Eur Respir J 2006;27:1272–85. [31] Yousem SA, Colby TV, Chen YY, Chen WG, Weiss LM. Pulmonary Langerhans’ cell histiocytosis: molecular analysis of clonality. Am J Surg Pathol 2001;25:630–6. [32] Bernstrand C, Cederlund K, Sandstedt B, Ahström L, Lundell M, Dahlquist G, et al. Pulmonary abnormalities at long-term follow-up of patients with Langerhans cell histiocytosis. Med Pediatr Oncol 2001;36:459–68. [33] Yousem SA, Dacic S, Nikiforov YE, Nikiforova M. Pulmonary Langerhans cell histiocytosis: profiling of multifocal tumors using next-generation sequencing identifies concordant occurrence of BRAF V600E mutations. Chest 2013;143:1679–84. [34] Dauriat G, Mal H, Thabut G, Mornex JF, Bertocchi M, Tronc F, et al. Lung transplantation for pulmonary Langerhans’ cell histiocytosis: a multicenter analysis. Transplantation 2006;81:746–50. [35] Haroche J, Cohen-Aubart F, Emile JF, Arnaud L, Maksud P, Charlotte F, et al. Dramatic efficacy of vemurafenib in both multisystemic and refractory Erdheim-Chester disease and Langerhans cell histiocytosis harboring the BRAF V600E mutation. Blood 2013;121:1495–500. [36] Egeler RM, Neglia JP, Puccetti DM, Brennan CA, Nesbit ME. Association of Langerhans cell histiocytosis with malignant neoplasms. Cancer 1993;71:865–73. [37] Egeler RM, Neglia JP, Aricò M, Favara BE, Heitger A, Nesbit ME, et al. The relation of Langerhans cell histiocytosis to acute leukemia, lymphomas, and other solid tumors. The LCH-Malignancy Study Group of the Histiocyte Society. Hematol Oncol Clin North Am 1998;12:369–78. [38] Feldman AL, Berthold F, Arceci RJ, Abramowsky C, Shehata BM, Mann KP, et al. Clonal relationship between precursor T-lymphoblastic leukaemia/lymphoma and Langerhans cell histiocytosis. Lancet Oncol 2005;6:435–7. [39] Castro EC, Blazquez C, Boyd J, Correa H, de Chadarevian JP, Felgar RE, et al. Clinicopathologic features of histiocytic lesions following ALL, with a review of the literature. Pediatr Dev Pathol 2010;13:225–37. [40] Feuillet S, Louis L, Bergeron A, Berezne A, Dubreuil ML, Polivka M, et al. Pulmonary Langerhans cell histiocytosis associated with Hodgkin’s lymphoma. Eur Respir Rev 2010;19:86–8. [41] Edelbroek JR, Vermeer MH, Jansen PM, Stoof TJ, van der Linden MM, Horváth B, et al. Langerhans cell histiocytosis first presenting in the skin in adults: frequent association with a second haematological malignancy. Br J Dermatol 2012;167:1287–94. [42] Oehler E, Léogite J, Hellal K, Feuillet B, Evenat F, Ghawche F. Bone lesions. Rev Med Interne 2014;35:554–5. [43] Islinger RB, Kuklo TR, Owens BD, Horan PJ, Choma TJ, Murphey MD, et al. Langerhans’ cell histiocytosis in patients older than 21 years. Clin Orthop Relat Res 2000;379:231–5. [44] Baumgartner I, von Hochstetter A, Baumert B, Luetolf U, Follath F. Langerhans’ cell histiocytosis in adults. Med Pediatr Oncol 1997;28:9–14. [45] Kilpatrick SE, Wenger DE, Gilchrist GS, Shives TC, Wollan PC, Unni KK. Langerhans’ cell histiocytosis (histiocytosis X) of bone. A clinicopathologic analysis of 263 pediatric and adult cases. Cancer 1995;76:2471–84. [46] Gallay L, De Charry F, Pasquet F, Khenifer S, Vitry T, Pavic M. A rib lesion. Rev Med Interne 2014;35:278–80. [47] Grois N, Potschger U, Prosch H, Minkov M, Arico M, Braier J, et al. Risk factors for diabetes insipidus in Langerhans cell histiocytosis. Pediatr Blood Cancer 2006;46:228–33. [48] Donadieu J, Rolon MA, Thomas C, Brugieres L, Plantaz D, Emile JF, et al. Endocrine involvement in pediatric-onset Langerhans’ cell histiocytosis: a populationbased study. J Pediatr 2004;144:344–50. [49] Singh A, Prieto VG, Czelusta A, McClain KL, Duvic M. Adult Langerhans cell histiocytosis limited to the skin. Dermatology 2003;207:157–61. [50] Kaltsas GA, Powles TB, Evanson J, Plowman PN, Drinkwater JE, Jenkins PJ, et al. Hypothalamo-pituitary abnormalities in adult patients with Langerhans cell histiocytosis: clinical, endocrinological, and radiological features and response to treatment. J Clin Endocrinol Metab 2000;85:1370–6. [51] Grois N, Fahrner B, Arceci RJ, Henter JI, McClain K, Lassmann H, et al. Central nervous system disease in Langerhans cell histiocytosis. J Pediatr 2010;156:873–81. [52] Vergez S, Rouquette I, Ancey M, Serrano E, Caron P. Langerhans cell histiocytosis of the thyroid is a rare entity, but an association with a papillary thyroid carcinoma is often described. Endocr Pathol 2010;21:274–6. [53] Vassallo R, Ryu JH, Schroeder DR, Decker PA, Limper AH. Clinical outcomes of pulmonary Langerhans’ cell histiocytosis in adults. N Engl J Med 2002;346:484–90. [54] Tazi A, Marc K, Dominique S, de Bazelaire C, Crestani B, Chinet T, et al. Serial computed tomography and lung function testing in pulmonary Langerhans’ cell histiocytosis. Eur Respir J 2012;40:905–12. [55] Le Pavec J, Lorillon G, Jaïs X, Tcherakian C, Feuillet S, Dorfmüller P, et al. Pulmonary Langerhans cell histiocytosis associated pulmonary hypertension: clinical characteristics and impact of pulmonary arterial hypertension therapies. Chest 2012;142:1150–7. [56] Ronceray L, Pötschger U, Janka G, Gadner H, Minkov M, German Society for Pediatric Hematology and Oncology, et al. Pulmonary involvement in langerhansienne de l’adulte. Rev Med Interne (2015), G Model REVMED-4947; No. of Pages 10 10 [57] [58] [59] [60] [61] [62] [63] [64] [65] [66] [67] [68] [69] [70] [71] ARTICLE IN PRESS A. Néel et al. / La Revue de médecine interne xxx (2015) xxx–xxx pediatric-onset multisystem Langerhans cell histiocytosis: effect on course and outcome. J Pediatr 2012;161:129–33. Haupt R, Minkov M, Astigarraga I, Schäfer E, Nanduri V, Jubran R, et al. Langerhans cell histiocytosis (LCH): guidelines for diagnosis, clinical work-up, and treatment for patients till the age of 18 years. Pediatr Blood Cancer 2013;60:175–84. Abdallah M, Généreau T, Donadieu J, Emile JF, Chazouillères O, Gaujoux-Viala C, et al. Langerhans’ cell histiocytosis of the liver in adults. Clin Res Hepatol Gastroenterol 2011;35:475–81. Geissmann F, Thomas C, Emile JF, Micheau M, Canioni D, Cerf-Bensussan N, et al. Digestive tract involvement in Langerhans cell histiocytosis. The French Langerhans Cell Histiocytosis Study Group. J Pediatr 1996;129:836–45. Singhi AD, Montgomery EA. Gastrointestinal tract Langerhans cell histiocytosis: a clinicopathologic study of 12 patients. Am J Surg Pathol 2011;35:305–10. A multicentre retrospective survey of Langerhans’ cell histiocytosis: 348 cases observed between 1983 and 1993. The French Langerhans’ Cell Histiocytosis Study Group. Arch Dis Child 1996;75:17–24. Kartono F, Lee EW, Lanum D, Pham L, Maibach HI. Crusted Norwegian scabies in an adult with Langerhans cell histiocytosis: mishaps leading to systemic chemotherapy. Arch Dermatol 2007;143:626–8. Christie LJ, Evans AT, Bray SE, Smith ME, Kernohan NM, Levison DA, et al. Lesions resembling Langerhans cell histiocytosis in association with other lymphoproliferative disorders: a reactive or neoplastic phenomenon? Hum Pathol 2006;37:32–9. Kairouz S, Hashash J, Kabbara W, McHayleh W, Tabbara IA. Dendritic cell neoplasms: an overview. Am J Hematol 2007;82:924–8. Colombat M, Stern M, Groussard O, Droz D, Brauner M, Valeyre D, et al. Pulmonary cystic disorder related to light chain deposition disease. Am J Respir Crit Care Med 2006;173:777–80. Donadieu J, Chalard F, Jeziorski E. Medical management of Langerhans cell histiocytosis from diagnosis to treatment. Expert Opin Pharmacother 2012;13:1309–22. Girschikofsky M, Arico M, Castillo D, Chu A, Doberauer C, Fichter J, et al. Management of adult patients with Langerhans cell histiocytosis: recommendations from an expert panel on behalf of Euro-Histio-Net. Orphanet J Rare Dis 2013;8:72. Phillips M, Allen C, Gerson P, McClain K. Comparison of FDG-PET scans to conventional radiography and bone scans in management of Langerhans cell histiocytosis. Pediatr Blood Cancer 2009;52:97–101. Donadieu J, Piguet C, Bernard F, Barkaoui M, Ouache M, Bertrand Y, et al. A new clinical score for disease activity in Langerhans cell histiocytosis. Pediatr Blood Cancer 2004;43:770–6. Womer RB, Raney Jr RB, D’Angio GJ. Healing rates of treated and untreated bone lesions in histiocytosis X. Pediatrics 1985;76:286–8. Kotecha R, Venkatramani R, Jubran RF, Arkader A, Olch AJ, Wong K. Clinical outcomes of radiation therapy in the management of Langerhans cell histiocytosis. Am J Clin Oncol 2014;37:592–6. Pour citer cet article : Néel A, et al. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.04.015 Histiocytose [72] Olschewski T, Seegenschmiedt MH. Radiotherapy of Langerhans’ cell histiocytosis: results and implications of a national patterns-of-care study. Strahlenther Onkol 2006;182:629–34. [73] McClain KL, Kozinetz C. A phase II trial using thalidomide for Langerhans cell histiocytosis. Pediatr Blood Cancer 2007;48:44–9. [74] El-Safadi S, Dreyer T, Oehmke F, Muenstedt K. Management of adult primary vulvar Langerhans cell histiocytosis: review of the literature and a case history. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 2012;163:123–8. [75] Steen AE, Steen KH, Bauer R, Bieber T. Successful treatment of cutaneous Langerhans cell histiocytosis with low-dose methotrexate. Br J Dermatol 2001;145:137–40. [76] Malpas JS, Norton AJ. Langerhans cell histiocytosis in the adult. Med Pediatr Oncol 1996;27:540–6. [77] Giona F, Caruso R, Testi AM, Moleti ML, Malagnino F, Martelli M, et al. Langerhans’ cell histiocytosis in adults: a clinical and therapeutic analysis of 11 patients from a single institution. Cancer 1997;80:1786–91. [78] Saven A, Burian C. Cladribine activity in adult Langerhans cell histiocytosis. Blood 1999;93:4125–30. [79] Grau J, Ribera JM, Tormo M, Indiano JM, Vercher J, Sandoval V, et al. Results of treatment with 2-chlorodeoxyadenosine in refractory or relapsed Langerhans cell histiocytosis. Study of 9 patients. Med Clin (Barc) 2001;116: 339–42. [80] Pardanani A, Phyliky RL, Li CY, Tefferi A. 2-chlorodeoxyadenosine therapy for disseminated Langerhans cell histiocytosis. Mayo Clin Proc 2003;78: 301–6. [81] Derenzini E, Fina MP, Stefoni V, Pellegrini C, Venturini F, Broccoli A, et al. MACOP-B regimen in the treatment of adult Langerhans cell histiocytosis: experience on seven patients. Ann Oncol 2010;21:1173–8. [82] Ng Wing Tin S, Martin-Duverneuil N, Idbaih A, Garel C, Ribeiro M, Parker JL, et al. Efficacy of vinblastine in central nervous system Langerhans cell histiocytosis: a nationwide retrospective study. Orphanet J Rare Dis 2011;6:83. [83] Cantu MA, Lupo PJ, Bilgi M, Hicks MJ, Allen CE, McClain KL. Optimal therapy for adults with Langerhans cell histiocytosis bone lesions. PloS One 2012;7: e43257. [84] Morimoto A, Shimazaki C, Takahashi S, Yoshikawa K, Nishimura R, Wakita H, et al. Therapeutic outcome of multifocal Langerhans cell histiocytosis in adults treated with the Special C regimen formulated by the Japan LCH Study Group. Int J Hematol 2013;97:103–8. [85] Schini M, Makras P, Kanakis G, Voulgarelis M, Kaltsas G. Cladribine therapy in adults with advanced Langerhans cell histiocytosis. Leuk Lymphoma 2013;54:1541–3. [86] Lazor R, Etienne-Mastroianni B, Khouatra C, Tazi A, Cottin V, Cordier JF. Progressive diffuse pulmonary Langerhans cell histiocytosis improved by cladribine chemotherapy. Thorax 2009;64:274–5. [87] Lorillon G, Bergeron A, Detourmignies L, Jouneau S, Wallaert B, Frija J, et al. Cladribine is effective against cystic pulmonary Langerhans cell histiocytosis. Am J Respir Crit Care Med 2012;186:930–2. langerhansienne de l’adulte. Rev Med Interne (2015),