Chapitre-01 histoire de la pharmacie

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Chapitre I
Histoire de la Pharmacie
HISTOIRE DE LA PHARMACIE
1. L'ART DE GUERIR DANS LES SOCIETES PRIMITIVES
Nécessité de survivre
Depuis la nuit des temps, un des principaux soucis de l'homme a toujours été celui de "survivre", de se
maintenir à flot, parmi les incessantes fluctuations de la vie.
Survivre, cela veut dire ... "trouver un équilibre entre les nécessités du corps et de l'esprit" ... ! Cet
équilibre est la condition essentielle d'une vie heureuse. Aussi l'homme a toujours cherché à trouver cet équilibre,
à le conserver, éventuellement à le rétablir.
La santé
Qu'est-ce que la santé ? – C'est un équilibre résultant d'un "ensemble de mécanismes biologiques et
psychiques complexes, qui interréagissent sans cesse, et qui doivent être minutieusement coordonnés".
Qu'est-ce que la maladie ? – C'est la rupture plus ou moins grave de cet équilibre.
Depuis la nuit des temps, quand la maladie vient rompre cet équilibre, l'homme a toujours cherché à le
rétablir ... "à guérir".
L'art de guérir
L'art de guérir existe déjà dans les sociétés les plus primitives, ... et il est inséparable du médicament.
A l'origine, un savoir purement empirique
Origine du savoir
Les premiers balbutiements de l'art de guérir se retrouvent "dans un savoir purement empirique" qui
prend sa source :
- dans le contact intime de l'homme et de la nature
- et dans la lutte incessante qu'il mène pour survivre dans un milieu hostile
- il est impérieux que l'homme distingue dans ce milieu ... ce qui est "utile" et ... ce qui est "nuisible", ...
ce qui "nourrit" et ce qui "tue". L'observation du comportement des animaux lui a ainsi permis de se
"soigner".
En effet, ceux-ci cherchent un remède à la fièvre en prenant de grands bains froids, lèchent leurs
blessures pour en atténuer la douleur. La belette se défend du venin des aspics au moyen de la rue. Les
sangliers guérissent leurs plaies au moyen de lierre. Les chats et certains autres carnivores font diète et
boivent de l'eau lorsqu'ils sont malades. Les moutons atteints de la douve hépatique lèchent les pierres
salées dans un but curatif.
De ces contacts naissent les premiers éléments d'un "savoir".
Exemple des pygmées Négritos pinatuba :
450 plantes
85 oiseaux
20 espèces de fourmis
Transmission du savoir
Au début, ce "savoir empirique" est essentiellement "individuel" et se transmet par la tradition, mais
avec l'évolution des sociétés, il disparaît peu à peu pour faire place à un savoir "collectif" et "écrit" qui est à
l'origine des premières descriptions des propriétés spécifiques des plantes et de quelques animaux.
La plus ancienne trace écrite (3000 ans av J.C.), semble être la Pharmacopée de Sumer, gravée sur bois de
Nippur trouvée à Babylone qui contient différents remèdes.
(Basse Mésopotamie, Tigre Euphrate, 3° millénaire, Civilisation Sumérienne, écriture cunéiforme)
Deux aspects du savoir
Au cours de cette évolution, la notion de "médicament" s'est peu à peu dégagée de la notion plus vaste
et plus vague de "drogue" ou "drogue active" ... active non seulement pour guérir, mais aussi active pour tuer !
Le terme grec "pharmakon" recouvre aussi bien l'un que l'autre.
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Le plus redoutable poison de l'Antiquité "Ichor Viperin" est un astucieux et redoutable mélange
composé de serpent putréfié, de sang humain putréfié et d'excréments de cheval ... On le dénommait
indifféremment pharmaque, septique ou toxicon ...
Il faut savoir que les mêmes personnes, sorciers, prêtres ou guérisseurs détiennent à la fois la science
des poisons et la science des drogues.
A l'action propre de la drogue, dont l'administration s'accompagne souvent de prières et d'incantations,
vient s'ajouter la peur et le respect de celui qui la détient. Aussi le pouvoir de cet homme sera vite considéré
comme "surnaturel".
L'effet psychologique du médicament a certainement de profondes racines dans ce passé lointain.
Cette confusion a perduré bien longtemps.
Rome : amulette
Moyen-Age : reliques et pierres précieuses
Charlatans et guérisseurs ont obtenu de tout temps un grand succès et leurs dupes ont toujours été
innombrables
2. PHARMACIE ET MEDICAMENT DANS L'ANTIQUITE GRECO-ROMAINE
Le Papyrus d'Eber – Egypte – 1600 Av J.C.
Un exemple du genre nous vient d'Egypte. C'est le papyrus d'Eber, écrit à Thèbes (1600 av J.C.) et
découvert dans une pyramide en 1900.
Il cite plus de 700 noms de drogues et préparations, parmi lesquelles des sédatifs, tels que l'opium, le chanvre
indien, la jusquiame, des purgatifs tels que le sené et le ricin, des cardiotoniques et des diurétiques, la scille ou le
bulbe de scille.
A titre d'exemple, voici la préparation d'un laxatif : "Il te faudra préparer un remède composé de pain de froment
blanc et d'une grande quantité d'absinthe. Tu ajouteras de l'ail et tu donneras cela à manger au malade avec de la
graisse de bœuf et une bière composée de différents ingrédients pour ouvrir la voie aux excréments".
On y trouve aussi une foule de substances hétéroclites allant de l'intestin d'antilope au sang de verre de
terre, dont l'action favorable ne peut s'expliquer que par la confiance du malade et les pratiques religieuses dont
s'entourait son emploi.
Ce document révèle toutefois que dès l'origine de la civilisation occidentale les grandes drogues
analgésiques et sédatives étaient déjà connues, bien avant de pouvoir guérir le malade, la capacité de supprimer
la douleur fut sans doute le premier grand succès de la médecine.
Hippocrate – 460 à 370 av J.C.
(île de Cos – Larissa)
Il semble que ce soit en Grèce que
naquit vraiment la médecine occidentale sous
l'impulsion d'Hippocrate, vers l'an 400 av. JC
(Athènes, île de Cos).
A la fois médecin et pharmacien,
Hippocrate sépare la médecine des préceptes
philosophiques, religieux et magiques, et lui
donne ses premiers fondements scientifiques. Il
précise également l’attitude morale du médecin,
concrétisée par le serment d’Hippocrate qui est
toujours d’actualité.
Il fut le premier à avoir l'idée de
distinguer l'usage interne de l'usage externe
comme on le fait encore aujourd'hui. Dès cet
époque, Hippocrate confie la confection de
remèdes à des préparateurs.
A l'occasion des grandes épidémies de
peste à Athènes, il prescrivait d'allumer des feux
alimentés par des herbes aromatiques, dont l'effet
antiseptique se comprend encore aujourd'hui par
les essences terpéniques qu'elles contiennent.
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Dioscoride – Grèce – 40 à 90 ap. J.C.
Dioscoride était un médecin grec
originaire d'Anazarbus, en Cilicie, actuellement
le sud de la Turquie. Comme chirurgien dans
l'armée de Néron, il voyagea beaucoup : Italie,
Gaule, Espagne, Afrique du Nord, et amassa des
connaissances botaniques. Vers 77 ap. JC,
l'œuvre d'Hippocrate fut élargie par Dioscoride
qui inventoria plus de 500 drogues dans un
ouvrage écrit en grec, et qui ne fut traduit en latin
qu’au 15ème siècle sous le nom de "Materia
Medica". Un fragment de manuscrit précoce
laisse penser que l'œuvre originale de Dioscoride
ne comportait pas d'illustration. Lors des copies
des ajouts sont parfois effectués. Le Codex de
Vienne, datant de 512 environ, est héritier d'une
lignée de copies avec ajout, probablement au 1er
siècle, des synonymes des noms des plantes en
plusieurs langues et ajout, peut-être au 2e siècle,
d'illustrations dans le style byzantin.
Pour cet ouvrage, répertoriant la plupart des
drogues connues à cette époque, Dioscoride est
considéré comme le père de la
"Pharmacognosie", autrement dit connaissance
des drogues, dont le synonyme ancien est
"matière médicale", traduction littérale du nom
latin.
Les Romains étaient plus des hommes de loi, (art
juridique, art militaire), que des hommes de sciences.
Pour leurs "soins de santé", ils faisaient appel aux
grecs, qu'ils tentaient d'ailleurs d'attirer en leur
donnant la citoyenneté romaine.
Galien – Rome – 129 à 210 ap. JC
L’esprit le plus brillant de cette
époque fut Claudius Galienus, mieux connu
sous le nom de Galien. Né à Pergame en Asie
Mineure vers 130 après J.C., il accumule des
connaissances médicales lors de ses voyages à
Smyrne, Corinthe ou Alexandrie, au cours
desquels il prépare lui-même des médicaments
avec les drogues qu’il collectionne. Il s’installe
à Rome, devient le médecin de l’empereur
Marc-Aurèle et tient officine sur la voie sacrée
(Via Appia). Il préparait lui-même et mettait
tant de savoir et de minutie à la confection des
médicaments et des formes pharmaceutiques
qu'il est aujourd'hui considéré comme le "père
de la pharmacie" et de la "galénique", terme
conservé en mémoire de son nom et par ses
ouvrages.
Il inventa ou améliora de nombreuses formes
pharmaceutiques, telles que pilules, pommade,
trochiste, emplâtre ... etc. La pharmacie
galénique est une partie essentielle de l'art
pharmaceutique puisqu'elle concerne la mise en
forme du médicament à partir des matières
premières (fournies par les laboratoires ou plus
ou moins directement par la nature).
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A cette époque, le médecin-préparateur est appelé « pharmacopeus ». Le médecin-préparateur renonce
très tôt à rechercher lui-même ses matières premières. Des marchands spécialisés dans la recherche et la vente
des herbes et de toutes sortes de drogues venant parfois de pays fort lointains font leur apparition : les herbarii et
les pigmentarii. Certains de ces marchands confectionnent eux-mêmes des préparations composées : ce sont les
pharmacopoles.
Pour trouver la première trace écrite d'un ancêtre possible du pharmacien, il faut attendre le 5ème siècle
où Olympiodore, historien grec, écrit : "... le médecin prescrit et le pigmentarius prépare l'ordonnance ...". Dès
cette époque il semble que certains médecins confient le soin de préparer le médicament à des spécialistes, mais
plusieurs siècles passeront avant que cette pratique ne se généralise.
Et en Gaule ?
D'Italie, la médecine passa ensuite en Gaule avec les conquêtes romaines. La Gaule adopte la
civilisation des vainqueurs. La médecine est d'abord exercée par des affranchis. De cette époque, il ne reste que
quelques vestiges dont les sceaux des « Ocularii » (oculistes) qui permettaient de marquer à leur nom les
médicaments délivrés et de préciser en même temps le nom du collyre, sa composition et la pathologie visée.
Tels les sceaux de Titus (III° siècle ap J.C.) retrouvés en 1893 à Houtain l’Evèque près de Tongres :
« Titi basilium ad claritatem opobalsam(atum )»
De Titus, collyre royal au baume d’opium pour la clarté des yeux
« Titi crocodes ad aspritudinem et sycosis » De Titus, collyre au safran pour la granulation des fics
En Gaule, il reste encore des druides à la fois prêtres et guérisseurs qui sont rebelles à l'influence
romaine et boudent les médicaments des envahisseurs. Les druides ont leur propre pharmacopée où se retrouvent
l'usage de la jusquiame, la sauge, la verveine, mais surtout le gui, considéré comme une véritable panacée (pour
la sauge et le gui, il y a des activités multiples reconnues aujourd'hui ...).
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