CHAPITRE 8
TÉLÉVISION ET CORRECTION AUDITIVE
LAURENT S.
1. INTRODUCTION
Parmi toutes les sources sonores électroacoustiques destinées à transmettre des informations ou
de la musique, la télévision occupe une place particulière qui justifie pleinement son étude. Ceci
pour deux raisons majeures : la télévision fut – et est encore – probablement le phénomène tech-
nologique le plus marquant de notre ère. Si son impact à différents niveaux (culturel, sociologi-
que, psychologique, etc.) reste à explorer, nul ne peut nier son rôle. Seconde raison essentielle de
s’intéresser de près à la transmission du son à travers ce média est sa double vocation sensorielle.
La télévision est d’abord un média de l’image, mais qui pourtant s’appauvrit de façon conster-
nante dès lors qu’il est muet ! Aux débuts du cinéma sonore, déjà le cinéaste et critique hongrois
Béla BALASZ pressentait l’apport considérable du son :
« Un film muet vu sans accompagnement musical fait que les spectateurs ressentent un malaise ;
la musique est une sorte de troisième dimension de l’écran. »
Une troisième dimension pourtant bien inconsciente. Quel rôle joue le son à l’image ? Comment
est-il « fabriqué », transmis et reçu ? Autant de questions qui font de la télévision un média pas-
sionnel, entre engouement et critiques acerbes. Acerbe, lorsqu’il s’agit par exemple pour un
malentendant de décrypter les dialogues d’un film parmi bruitages et musique, ou de comprendre
la diatribe d’un présentateur entouré d’un public chauffé à blanc. Intéressons-nous donc aux cou-
lisses sonores de ce média malgré tout assez mystérieux de ce point de vue. Si les améliorations
envisageables restent cantonnées à de simples vœux pieux, l’ère moderne de l’audioprothèse
appelle cependant à une expertise globale de l’individu immergé dans son environnement sonore.
Autrement dit, le professionnel de l’audition doit maîtriser tous ces aspects « médiatiques », ne
serait-ce que pour expliquer sereinement les limites auxquelles seront nécessairement confrontés
des utilisateurs toujours plus exigeants.
2. IMAGE ET SON : UNE HISTOIRE COMMUNE ?
La télévision, même si elle a très tôt écrit sa propre histoire, s’inscrit au départ dans l’histoire du
son à l’image, c’est-à-dire celle du cinéma. Sans dresser un panorama exhaustif de cette épopée,
revenons aux prémices de cette rencontre entre l’image animée et le sens de l’ouïe.
Face au vide oppressant des images vivantes mais muettes, la première tentation fut de lui
adjoindre un supplément d’âme musical. Le premier film sonore fut donc, dans les années vingt,
musical (Le Chanteur de jazz). Bien que de piètre qualité, les enregistrements sonores synchro-
nes à l’image ont été une révolution et considérés, par les artistes cinéastes, comme une nouvelle
possibilité créative. Le débat abscons sur la primauté de l’une par rapport à l’autre, sur la pré-
tendue force évocatrice de l’image sur le son, n’était pas de mise chez ces réalisateurs désireux
d’exploiter les richesses des interactions entre images et sons. L’œuvre était pleine et entière,
faite de sons et d’images, le spectateur ne sachant pas consciemment lequel des deux participait
le plus à ses émotions. L’histoire du cinéma regorge d’exemples saillants de symbioses entre
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