SENDA BOUZGUENDA DROIT PENAL DES AFFAIRES
2
ème
ANNÉE MASTER PROFESSIONNEL EN COMPTABILITÉ - FISCALITE (2022 - 2023)
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SOUS-TITRE I
LES INFRACTIONS RELATIVES
AUX SOCIETES COMMERCIALES
L’homme d’affaires, isolé, manque souvent de puissance, et aussi, lorsqu’il est
malhonnête, de moyens pour duper ses victimes. Mais l’union fait la force des bons
comme des mauvais. La société commerciale, depuis son prodigieux développement
né au 19
ème
siècle, ère de la tendance au groupement, a souvent été décrite comme
l’outil de choix permettant de donner à l’activité des affaires toute son envergure, en
même temps que, lorsqu’elle est en de mauvaises mains, comme l’instrument idéal
permettant de s’enrichir frauduleusement. Vont, en effet, subir un préjudice alors de
nombreuses personnes, actionnaires, créanciers, épargnants, qui auront fait confiance à
cette société derrière laquelle s’abritent des dirigeants dont il importe donc de pouvoir
engager la responsabilité pénale.
Le législateur, préoccupé d’assurer l’essor de la vie économique, est soucieux
de n’apporter qu’un minimum d’entraves à l’esprit d’initiative de la libre entreprise.
Car si, en matière de sociétés commerciales, il faut permettre aux dirigeants sociaux de
conduire leur entreprise dans de bonnes conditions, il est également essentiel de
protéger toux ceux - actionnaires, épargnants, créanciers - qu’un mauvais
fonctionnement du mécanisme social pourrait léser gravement. Cette protection se fait,
en effet, par le droit pénal
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En droit français, le titre II de la loi du 24 juillet 1966 intitulé « dispositions pénales » constitue un
véritable Code pénal des sociétés, dont les dispositions ont été maintes fois modifiées par des lois
postérieures. Le nombre des infractions susceptibles d’être commises est tel qu’on peut parler sans
excès d’une véritable inflation pénale en la matière (il y a plus que 150 infractions). Ce droit pénal
spécial des sociétés commerciales, qui se caractérise par la multiplication d’infractions assorties assez
fréquemment de lourdes peines d’emprisonnement et/ou d’amendes d’un montant élevé, n’a pas son
équivalent en Tunisie.