I. INTRODUCTION
Ce chapitre se consacre, dans une premier temps, à la définition du concept de
champ proche optique Ă travers lâanalyse du champ propagĂ© dâun objet. Nous verrons
que lâanalyse du spectre angulaire du champ conduit Ă la limite de rĂ©solution de
lâoptique diffractive classique (par opposition Ă lâoptique de champ proche). Nous
exposerons briĂšvement les moyens classiques dâamĂ©lioration de cette rĂ©solution. Nous
reviendrons ensuite sur le phénomÚne de réflexion totale (décrit dans le chapitre
prĂ©cĂ©dent) qui nous permettra de dĂ©montrer quâil est possible dâaccĂ©der Ă des champs
confinĂ©s au voisinage dâun objet et par la mĂȘme de sâaffranchir de la limite de
diffraction. Nous terminerons ce chapitre par un historique du développement de la
microscopie en champ proche optique et prĂ©senterons les divers domaines dâapplication
dans lesquels elle prend part en insistant particuliĂšrement sur le domaine dont ce travail
fait partie : celui de lâoptique guidĂ©e.
En 1866 Carl Zeiss, alors dĂ©tenteur dâun petit atelier dâoptique, fait la connaissance
dâun jeune professeur de lâuniversitĂ© de GĂšnes, Ernst Abbe, et lui demande son aide afin
dâĂ©tablir une base scientifique Ă la construction dâun microscope. Bien quâayant Ă©tĂ©
inventĂ© quelques 200 ans auparavant, le microscope de lâĂ©poque nâĂ©tait guĂšre plus
quâune simple loupe. Les recherches poursuivies par Abbe durĂšrent 8 annĂ©es.
Lâinvestissement de Zeiss dans ces travaux Ă©tait colossal et son petit atelier se retrouvait
au bord de la faillite quand il fut enfin récompensé. En 1878, Abbe put enfin formuler
mathématiquement le processus de formation des images à travers un microscope.
Employée comme principe de base pour la conception des composants optiques, cette
thĂ©orie porta le microscope du rang de simple curiositĂ© Ă celui dâun appareil scientifique
incontournable et, par la mĂȘme, fit du petit atelier de Zeiss la gigantesque multinationale
que nous connaissons aujourdâhui.
Mais en formulant sa théorie, Abbe à cependant également identifié une limite
fondamentale qui ne saurait ĂȘtre surpassĂ©e, mĂȘme par les meilleures lentilles qui soient.
Câest la fameuse limite de la diffraction que Lord Rayleigh reformulera quelques
décennies plus tard sous une forme concise, et bien connue sous le nom de critÚre de
Rayleigh. Ernst Abbe, aux vues de sa théorie, aura alors ces mots 1:
« Peut-ĂȘtre quâen quelque temps futur, lâesprit humain rĂ©ussira Ă
trouver les processus et à conquérir les forces naturelles qui
ouvriront de nouvelles voix permettant de surpasser les limites
qui, aujourdâhui, nous semblent insurmontables ».
Cinquante ans plus tard, la prĂ©diction de Abbe verra le jour sous la forme dâune
expérience par la pensée décrite par E.H. Synge [1] qui posera le principe de base de la
microscopie en champ proche optique moderne. Selon Synge, des résolutions bien en
1 Citation tirée de la thÚse de John Conrad Quartel : CONRAD J.C. A study of near-field optical imagning using an
infrared microscope. Université de Londres. Londres : Imperial college of science, technology and medicine, 1999,
153 p.