Chapitre 2 :
MICROSCOPIE OPTIQUE
EN CHAMP PROCHE
CONCEPTS DE BASE
Sommaire
30
Sommaire
I. INTRODUCTION ....................................................................................... 31
II. L’INFORMATION LIEE AUX FREQUENCES SPATIALES DU CHAMP
: ONDES PROPAGATIVES / ONDES EVANESCENTES ...................................... 32
III. LIMITE DE RESOLUTION DE L’IMAGERIE OPTIQUE EN CHAMP
LOINTAIN................................................................................................................. 36
III-1. L
IMITE DE RÉSOLUTION LATÉRALE
/ C
RITÈRE DE
R
AYLEIGH
..................... 36
III-2. I
NFLUENCE DES PARAMÈTRES DÉFINISSANTS LA RÉSOLUTION
................... 37
III-2-1. Influence de l’ouverture numĂ©rique ................................................ 37
III-2-2. Influence de la longueur d’onde d’éclairage................................... 39
III-3. L
ES AMÉLIORATIONS POSSIBLES EN OPTIQUE CLASSIQUE
.......................... 39
IV. IMAGERIE OPTIQUE EN CHAMP PROCHE : L’ACCES AUX HAUTES
FREQUENCES SPATIALES .................................................................................... 40
IV-1. O
NDES ÉVANESCENTES ET RÉFLEXION TOTALE INTERNE
........................... 40
IV-2. C
OMMENT ACCÉDER À L
’
INFORMATION DU CHAMP PROCHE
? / L
E
PHÉNOMÈNE DE FRUSTRATION
................................................................................... 41
V. LE DEVELOPPEMENT DE LA MICROSCOPIE EN CHAMP PROCHE
OPTIQUE................................................................................................................... 45
V-1. U
N PEU D
’
HISTOIRE
................................................................................. 45
V-2. L
ES DIFFÉRENTS DOMAINES D
’
APPLICATION
............................................. 47
V-3. M
ICROSCOPIE OPTIQUE EN CHAMP PROCHE ET OPTIQUE GUIDÉE
. E
TAT DE
L
’
ART
. 48
VI. CONCLUSION............................................................................................ 51
I. INTRODUCTION
Ce chapitre se consacre, dans une premier temps, à la définition du concept de
champ proche optique Ă  travers l’analyse du champ propagĂ© d’un objet. Nous verrons
que l’analyse du spectre angulaire du champ conduit Ă  la limite de rĂ©solution de
l’optique diffractive classique (par opposition à l’optique de champ proche). Nous
exposerons briĂšvement les moyens classiques d’amĂ©lioration de cette rĂ©solution. Nous
reviendrons ensuite sur le phénomÚne de réflexion totale (décrit dans le chapitre
prĂ©cĂ©dent) qui nous permettra de dĂ©montrer qu’il est possible d’accĂ©der Ă  des champs
confinĂ©s au voisinage d’un objet et par la mĂȘme de s’affranchir de la limite de
diffraction. Nous terminerons ce chapitre par un historique du développement de la
microscopie en champ proche optique et prĂ©senterons les divers domaines d’application
dans lesquels elle prend part en insistant particuliĂšrement sur le domaine dont ce travail
fait partie : celui de l’optique guidĂ©e.
En 1866 Carl Zeiss, alors dĂ©tenteur d’un petit atelier d’optique, fait la connaissance
d’un jeune professeur de l’universitĂ© de GĂšnes, Ernst Abbe, et lui demande son aide afin
d’établir une base scientifique Ă  la construction d’un microscope. Bien qu’ayant Ă©tĂ©
inventĂ© quelques 200 ans auparavant, le microscope de l’époque n’était guĂšre plus
qu’une simple loupe. Les recherches poursuivies par Abbe durĂšrent 8 annĂ©es.
L’investissement de Zeiss dans ces travaux Ă©tait colossal et son petit atelier se retrouvait
au bord de la faillite quand il fut enfin récompensé. En 1878, Abbe put enfin formuler
mathématiquement le processus de formation des images à travers un microscope.
Employée comme principe de base pour la conception des composants optiques, cette
thĂ©orie porta le microscope du rang de simple curiositĂ© Ă  celui d’un appareil scientifique
incontournable et, par la mĂȘme, fit du petit atelier de Zeiss la gigantesque multinationale
que nous connaissons aujourd’hui.
Mais en formulant sa théorie, Abbe à cependant également identifié une limite
fondamentale qui ne saurait ĂȘtre surpassĂ©e, mĂȘme par les meilleures lentilles qui soient.
C’est la fameuse limite de la diffraction que Lord Rayleigh reformulera quelques
décennies plus tard sous une forme concise, et bien connue sous le nom de critÚre de
Rayleigh. Ernst Abbe, aux vues de sa théorie, aura alors ces mots 1:
« Peut-ĂȘtre qu’en quelque temps futur, l’esprit humain rĂ©ussira Ă 
trouver les processus et à conquérir les forces naturelles qui
ouvriront de nouvelles voix permettant de surpasser les limites
qui, aujourd’hui, nous semblent insurmontables ».
Cinquante ans plus tard, la prĂ©diction de Abbe verra le jour sous la forme d’une
expérience par la pensée décrite par E.H. Synge [1] qui posera le principe de base de la
microscopie en champ proche optique moderne. Selon Synge, des résolutions bien en
1 Citation tirée de la thÚse de John Conrad Quartel : CONRAD J.C. A study of near-field optical imagning using an
infrared microscope. Université de Londres. Londres : Imperial college of science, technology and medicine, 1999,
153 p.
Chapitre 2 :MICROSCOPIE OPTIQUE EN CHAMP PROCHE CONCEPTS DE BASE
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deçà de celles imposĂ©es par la limite de diffraction peuvent ĂȘtre atteintes. La mĂ©thode
consiste en l’irradiation d’un Ă©chantillon au travers d’un trou de trĂšs petite taille effectuĂ©
dans un plan parfaitement opaque. Le trou se déplaçant au dessus de la surface de
l’échantillon, et Ă  une distance trĂšs proche de cette derniĂšre, on recueille les
informations sur les propriĂ©tĂ©s de l’échantillon en analysant la lumiĂšre transmise Ă 
travers ce dernier (voir Figure I-1).
Figure I-1 : SchĂ©ma de principe de l’expĂ©rience de E.H. Synge.
Pourquoi Synge a t-il proposé cette expérience ? En quoi cette expérience
permettrait-elle de s’affranchir de la limite de diffraction ? Pourquoi avoir recours à des
dimensions faibles (taille du trou, distance trou/Ă©chantillon) ? Ces questions, que Synge
s’était posĂ© au dĂ©but du siĂšcle, nous allons tenter d’y rĂ©pondre dans les sections
suivantes. Nous allons dans un premier temps définir la notion de champ proche, par
opposition Ă  celle de champ lointain, puis nous verrons quelles sont les limitations
fondamentales de l’optique classique diffractive et les moyens que nous avons de les
contourner. Nous reviendrons ensuite sur le phĂ©nomĂšne de crĂ©ation d’ondes
évanescentes par réflexion totale et montrerons comment il est possible de détecter ces
ondes localisĂ©es. La derniĂšre partie de cette section sera consacrĂ©e Ă  l’historique du
développement de la microscopie en champ proche optique telle que nous la connaissons
aujourd’hui. Nous exposerons Ă©galement les divers domaines d’application dans lesquels
elle prend part en insistant particuliĂšrement sur le domaine dont ce travail fait partie :
celui de l’optique guidĂ©e.
II. L’INFORMATION LIEE AUX FREQUENCES
SPATIALES DU CHAMP : ONDES
PROPAGATIVES / ONDES EVANESCENTES
Dans cette section, nous allons montrer à travers l’analyse du champ d’un objet,
basĂ©e sur l’optique de Fourier [2], que la propagation est un filtre passe-bas de
frĂ©quences spatiales. Ceci nous permettra d’introduire les notions de champ lointain et
de champ proche. Nous tirerons alors des conclusions quand à l’information contenue
dans ces deux champs (lointain et proche), respectivement. Nous verrons ensuite, Ă 
travers un exemple simple, que seule l’imagerie en champ proche donne accùs aux
dĂ©tails les plus fins d’un objet.
Chapitre 2 :MICROSCOPIE OPTIQUE EN CHAMP PROCHE CONCEPTS DE BASE
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Considérons un objet de taille finie, défini par sa fonction transmittance1 f. Le
spectre des fréquences spatiales
f
%
liĂ© Ă  cet objet peut s’écrire :
2( )
(,) (,)e
juxvy
f
uv f xy dxdy
π
+∞ −+
−∞
=
∫∫
% ( -1)
Si une onde plane illumine cet objet (voir Figure II-1) le champ U(x,y,z) Ă  la surface
de l’objet (z=0) peut ĂȘtre identifiĂ© Ă  sa fonction transmittance :
(,,0) (,,0)Uxy fxy
≡
( -2)
et nous pouvons alors le décrire par la transformée de Fourier (TF) inverse du spectre de
fréquences spatiales:
2( )
(,,0) (,,0)e
juxvy
U x y f u v dudv
π
+∞ +
−∞
=
∫∫
% ( -3)
Figure II-1 : Formation d’une image optique d’un plan objet illuminĂ© (z=0) Ă  un plan
image situé à une distance z.
Le champ Ă  la surface de l’objet peut donc ĂȘtre vu comme une superposition d’ondes
planes (c’est pourquoi cette technique porte aussi le nom d’expansion en ondes planes
[3]) dans la direction donnée par le vecteur
k
r
:
2
x
y
z
k
kk
k
α
π
ÎČ
λ
Îł
⎛⎞ ⎛⎞
⎜⎟ ⎜⎟
==
⎜⎟ ⎜⎟
⎜⎟ ⎜⎟
⎝⎠ ⎝⎠
r
oĂč les cosinus directeurs
α, ÎČ
et
Îł
,
satisfont Ă  la relation de dispersion dans le vide
(
222
1
αÎČÎł
++=
) et s’écrivent :
22
, et =1-uv
α
λÎČ Î» Îł α ÎČ
== − ( -4)
Nous nous apercevons alors que l’équation ( -1) contient le spectre angulaire de
l’objet :
2( )
(/,/,0) (,,0)e
jxy
f
fxy dxdy
αÎČ
πλλ
αλÎČλ
+∞ −+
−∞
=∫∫
% ( -5)
Il est Ă  noter que l’équation prĂ©cĂ©dente peut Ă©galement ĂȘtre obtenue par des
considérations simples sur la propagation des ondes planes électromagnétiques [4], en
1 La transmittance (ou rĂ©flectance selon le mode d’illumination choisi) traduit la capacitĂ© d’un objet Ă  transmettre
(ou réfléchir) la lumiÚre.
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