Francais 11e Livre Unique Chap7 Dernier jour condamne

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186
Lire et analyser un récit à visée argumentative.
7
Le Dernier Jour
d’un condamné
(1829),
de Victor Hugo
OBJECTIFS
 Victor Hugo et la peine de mort  188
REPÈRES
 La préface (extrait 1)  190
 L’incipit ou le début du récit (extrait 2)  192
Écrire pour dénoncer (extrait 3)  194
 Une scène tragique (extrait 4)  196
 Le récit de la dernière heure (extrait 5)  198
Leçon  Le récit à visée argumentative  201
TEXTES
grAMMAire : valeurs du présent ; caractérisations ; 
sujets et compléments de verbe ; ordre des actions ; 
progression du texte ; types de phrases  202
ortHogrAPHe : marques du pluriel ; dictée préparée  203
–  conJugAison : conditionnel, subjonctif  203
VocABuLAire, Figures de stYLe : suffixes ; vocabulaire de la justice ; 
étymologie ; champs lexicaux ; figures de style : comparaison, 
métaphore, personnification, antithèse…  204
OUTILS
DE LA LANGUE
  Le Dernier Jour d’un condamné (chapitre XXVI)  206
ÉVALUATION
  ActiVités décriture: écrire une page du journal du condamné ; 
écrire une lettre ; rédiger une plaidoirie ; écrire un récit à visée 
argumentative  205
EXPRESSION
ÉCRITE
Pour commencer
1. Citez  des  œuvres  de  Victor  Hugo  que  vous 
connaissez.  À  quels  genres  appartiennent-elles 
(poésie, roman, théâtre…) ?
2.  À quelle date la peine de mort a-t-elle été abo-
lie en France ?
1.  Identifi ez l’auteur du tableau, son époque, la tech-
nique utilisée.
2.Quel lieu est représenté ? Que font les personna-
ges ?
3.  Décrivez  la  tenue  et  l’attitude  des  prisonniers. 
Lequel se détache des autres ? de quelle manière ?
4.  Comment  l’impression  d’enfermement  est-elle 
rendue ? Appuyez-vous sur la composition, le cadrage, 
la perspective.
LIRE L’IMAGE
y Vincent Van Gogh (1853-1890), La Ronde des prisonniers (Saint-Rémy, février 1890), d’après Gustave Doré,
huile sur toile, 80 x 64 cm (musée Pouchkine, Moscou, Russie).
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Le Dernier Jour Dun conDamné
188
Les débuts littéraires de Victor Hugo
Victor Hugo naît le 26 février 1802 à Besançon. Son
père, général d’Empire, fait carrière dans les armées de
Napoléon Ier. Après avoir commencé des études de droit, 
Hugo se consacre rapidement à la littérature. À vingt ans, 
il épouse Adèle Foucher, qui lui donnera quatre enfants.
Ses premières œuvres font de lui le chef de le des
écrivains romantiques : ce sont les romans Han d’Islande
(1823), Notre-Dame de Paris(1831), la préface de Crom-
well(1827) qui xe les règles d’un nouveau genre théâ-
tral, les recueils de poésie lyrique Les Orientales (1829), 
Les Feuilles d’automne(1831) et le drame Hernani(1830).
La vie privée, l’exil
En 1833, Hugo rencontre Juliette Drouet, comédienne, 
qui sera, durant cinquante ans, sa compagne de tous les 
instants.
En septembre 1843, il apprend dans un journal la mort
tragique de sa lle Léopoldine, qui s’est noyée acciden-
tellement ; c’est la plus grande douleur de son existence. 
Il se détourne de ses activités littéraires et s’adonne à la 
politique : d’abord royaliste, il devient bonapartiste, puis 
républicain libéral.
Victor Hugo
et la peine de mort
REPÈRES
LITTÉRAIRES
1789   En France, le docteur Guillotin propose l’utilisation d’une
machine, la guillotine, pour exécuter les condamnés à mort.
1823  Han d’Islande (roman racontant la dernière nuit
d’un condamné à mort), de V. Hugo.
1829  Le Dernier Jour d’un condamné (parution anonyme), 
de V. Hugo.
1830   « Contre la peine de mort » (ode), de Lamartine (1790-1869).
1834  Claude Gueux (roman), de V. Hugo.
1853  Les Châtiments (recueil de poésies dirigées
contre Napoléon III), de V. Hugo.
1862  Les Misérables (roman dénonçant l’injustice sociale),
de V. Hugo.
1942    Le Conseil fédéral abolit la peine de mort pour les civils 
(1992, pour les militaires)
1981    En France, l’abolition de la peine de mort est votée par 
le Parlement, sous l’impulsion du ministre de la Justice, 
Robert Badinter.
CHRONOLOGIE
En  1848,  il  est  élu  député ;  il  intervient  en  faveur  de 
l’abolition de la peine de mort et de la suppression des 
injustices  sociales.  Le  2 décembre  1851,  lorsque  Louis
Napoléon  renverse  la  république  parlementaire,  insti-
tuant  un  régime  d’autorité,  Hugo  est  poursuivi  comme
chef  de  l’opposition  de  gauche.  Il  s’exile  dans  les  îles 
Anglo-Normandes durant dix-huit ans. Il écrit Les Châti-
ments(1853), Les Contemplations(1856), La Légende des
siècles (1859-1883), Les Misérables (1862).
y Léopold Flameng (1831-1911) et Bertall (1820-1882),
Victor Hugo à la Chambre des députés (1874), gravure
(maison de Victor Hugo, Paris).
Durant son exil, sa femme meurt (1868) tandis que sa 
seconde fille, Adèle, perd la raison.
En 1870, éclate la guerre entre la France et la Prusse. 
Napoléon,  vaincu,  se  rend  au  roi  de  Prusse,  l’Empire 
tombe, la république est proclamée. Hugo rentre à Paris.
Les dernières années
En 1871, son fils Charles meurt subitement, lui lais-
sant deux petits-enfants, Georges et Jeanne, pour qui il
écrira  LArt d’être grand-père,  en  1877.  En  1873,  il  perd 
François-Victor, son dernier fils.
Il  meurt  le  22 mai  1885,  deux ans  après  la  mort  de 
Juliette. Ses obsèques sont nationales et son cercueil est 
transporté au  Panthéon(où sont enterrés  les hommes
illustres en France).
Hugo et la peine de mort
Victor Hugo est confronté, très jeune, à la question de 
la peine de mort. À l’âge de dix ans, il assiste, en Espagne, 
au spectacle d’un homme conduit à l’échafaud sous les 
hurlements de la foule. De là date son premier cri d’indi-
gnation contre la guillotine.
Par la suite, Hugo se trouve souvent sur le passage de 
condamnés à  mort : en 1820,  sur  le pont au Change,  il 
croise Louvel, assassin du duc de Berry ; en 1825, sur la 
place de Grève, il aperçoit le visage hagard d’un condamné 
montant sur la guillotine au milieu d’une foule en joie. Il 
détourne la tête au moment de l’exécution. Puis, il assiste, 
à la prison de Bicêtre, au ferrement (l’enchaînement) des 
forçats et à leur départ pour le bagne ; une autre fois, il 
est très impressionné lorsqu’il voit le bourreau en train 
de graisser la guillotine pour l’exécution du soir.
La question de la peine de mort
Dans toute l’Europe, la pratique de la peine de mort 
était courante : au Moyen Âge, le supplice utilisé dépen-
dait de l’identité du criminel et de la nature du crime (le 
noble était décapité au  sabre, le roturier à la hache, le 
voleur roué en place publique, le faux-monnayeur bouilli 
vif, le domestique, voleur de son patron, pendu…). Pen-
dant  la  Révolution,  la  décapitation était  d’usage :  c’est 
par la guillotine que Louis XVI a été exécuté le 21 janvier
1793 – la guillotine fut introduite par le docteur Guillotin,
soucieux d’abréger les souffrances des condamnés.
Le débat sur la peine de mortémerge au xviiie siècle
avec les philosophes des Lumières(notamment Montes-
quieu et Voltaire). Dans les années 1830, la question de la 
peine de mort agitait les esprits. Les abolitionnistesse 
font entendre ; le poète Lamartine écrit l’ode « Contre la
peine de mort ».
C’est  dans  ce  contexte  que  Hugo  publie,  en  1829,
Le Dernier Jour d’un condamné et, en 1834, Claude Gueux, 
l’histoire d’un prisonnier condamné à mort pour avoir tué
le gardien de la prison.
Au cours du xixe et du xxe siècle, la peine capitale dis-
paraît  progressivement des  pays  d’Europe.  En  Suisse,
dès 1848, la Constitution fédérale proclame l’abolition de 
la peine de mort pour les crimes politiques. En 1874, le 
Conseil fédéral l’abolit totalement mais certains cantons 
la rétablissent. La dernière exécution eut lieu à Sarnens 
en 1940. Le Code pénal fédéral institue l’abolition défini-
tive de la peine de mort en 1942 pour les civils et en 1992
pour les militaires. Aujourd’hui, plus de la moitié des pays
du monde ont aboli la peine de mort dans leur législation 
ou dans les faits.
1. Quelle a été l’évolution politique de Hugo ?
2.Quelles sont ses œuvres qui traitent de la peine 
de mort ?
3. D’où vient le mot guillotine ?
4.  À  partir  de  quel  siècle  le  débat  sur  la  peine  de 
mort s’est-il mis en place ?
5.  À  qui  doit-on  l’abolition  de  la  peine  de  mort  en 
Suisse et en France ? en quelle année ?
LIRE ET REPÉRER
189
Le Dernier Jour Dun conDamné
y Henri Meyer, La Guillotine préparée pour l’exécution
des assassins Doré et Berland, gravure parue dans Le Petit
Journal (août 1891).
190
La préface
Victor Hugo
(1802-1885)
eXtrAit 1 « Pas de bourreau1 où le geôlier2 suffi t »
En 1829, Hugo publie Le Dernier Jour d’un condamné sans nom d’auteur : le texte
est précédé d’une courte préface, reproduite dans les lignes 3 à 9. En 1832, Hugo l’intègre
dans une seconde préface, plus explicite, dont voici un extrait.
Il n’y avait en tête des premières éditions de cet ouvrage, publié d’abord sans
nom d’auteur, que les quelques lignes qu’on va lire :
« Il y a deux manières de se rendre compte de l’existence de ce livre. Ou il y a
eu, en effet, une liasse de papiers jaunes et inégaux, sur lesquels on a trouvé, enre-
gistrées une à une, les dernières pensées d’un misérable ; ou il s’est rencontré un
homme, un rêveur, occupé à observer la nature au profi t de l’art, un philosophe,
un poète, que sais-je ? dont cette idée a été la fantaisie, qui l’a prise ou plutôt s’est
laissé prendre par elle, et n’a pu s’en débarrasser qu’en la jetant dans un livre.
De ces deux explications, le lecteur choisira celle qu’il voudra. » […]
Ceux qui jugent et qui condamnent disent la peine de mort nécessaire, d’abord :
– parce qu’il importe de retrancher3 de la communauté sociale un membre qui lui
a déjà nui et qui pourrait lui nuire4 encore. – S’il ne s’agissait que de cela, la prison
perpétuelle suffi rait. À quoi bon la mort ? Vous objectez qu’on peut s’échapper
d’une prison ; faites mieux votre ronde. Si vous ne croyez pas à la solidité des bar-
reaux de fer, comment osez-vous avoir des ménageries5 ?
Pas de bourreau où le geôlier suffi t.
Mais, reprend-on, – il faut que la société se venge, que la société punisse. – Ni
l’un ni l’autre. Se venger est de l’individu, punir est de Dieu.
La société est entre deux. Le châtiment6 est au-dessus d’elle, la vengeance au-
dessous. Rien de si grand et de si petit ne lui sied7. Elle ne doit pas « punir pour se
venger » ; elle doit corriger pour améliorer. Transformez de cette façon la formule
des criminalistes8, nous la comprenons et nous y adhérons.
Reste la troisième et dernière raison, la théorie de l’exemple. Il faut faire des
exemples ! il faut épouvanter par le spectacle du sort réservé aux criminels ceux qui
seraient tentés de les imiter ! Voilà bien à peu près textuellement la phrase éter-
nelle dont tous les réquisitoires9 des cinq cents parquets10 de France ne sont que des
variations plus ou moins sonores. Eh quoi ! nous nions d’abord qu’il y ait exemple.
Nous nions que le spectacle des supplices11 produise l’effet qu’on en attend. Loin
d’édifi er12 le peuple, il le démoralise et ruine en lui toute sensibilité, partant13 toute
vertu. Les preuves abondent et encombreraient notre raisonnement si nous vou-
lions en citer. Nous signalerons pourtant un fait entre mille, parce qu’il est le plus
récent : au moment nous écrivons, il n’a que dix jours de date. Il est du 5 mars,
dernier jour du carnaval. À Saint-Pol, immédiatement après l’exécution d’un incen-
diaire nommé Louis Camus, une troupe de masques est venue danser autour de
l’échafaud encore fumant. Faites donc des exemples ! le Mardi gras vous rit au nez.
Victor Hugo,
Le Dernier Jour d’un condamné
(1829), extrait de la préface (1832).
5
10
15
20
25
30
35
1. Qu’est-ce qu’une préface ?
2. Cherchez au moins un argument que vous pourriez opposer 
à un partisan de la peine de mort.
PRÉPAREZ VOTRE LECTURE
1. le bourreau :
la personne qui exécute
un prisonnier.
2. le geôlier :
le gardien de prison.
3. retrancher : enlever.
4. nuire : faire le mal.
5. des ménageries :
cages de fer où sont
enfermés des animaux.
6. le châtiment :
la punition.
7. ne lui sied :
ne lui convient.
8. criminalistes :
juristes spécialistes
dans le droit criminel.
9. réquisitoires :
discours prononcés
par le procureur pour
demander une peine.
10. parquets : groupes
de magistrats qui
représentent les intérêts
de la société (l’accusation).
11. supplices :
peines physiques données
par la justice à un
prisonnier, tortures.
12. édifi er :
conduire à faire le bien.
13. partant :
par conséquent.
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