© Sante Sud SANTÉ SUD agir sans remplacer Rapport d’activités 2015 www.santesud.org Santé Sud est une ONG de solidarité internationale, reconnue d’utilité publique, qui agit pour un accès durable à des soins de qualité dans les pays en développement en accompagnant les initiatives locales. sommaire éditorial - En mémoire des victimes… Nous restons solidaires ! 3 NOTRE ASSOCIATION EN UN MOT 4 2015 : NOTRE ACTION EN CHIFFRES .5 rapport financier 6 2015 : DES ACTIONS DE SENSIBILISATION EN FRANCE 7 OPTIMISER LES SYSTÈMES DE SANTÉ 8 � BURKINA FASO Mère-enfant : Bien-être social et sanitaire des populations de zones non-loties de Ouagadougou9 � MADAGASCAR Mère-enfant : Santé maternelle et infantile dans les régions de Bongolava et d’Itasy (PASMI) 10 � MALI Mère-enfanT : Bien-être mère-enfant dans la région de Tombouctou (PARENT) 11 � MAURITANIE Mère-enfant : Améliorer la santé maternelle et néonatale à Nouakchott 12 � MONGOLIE Mère-enfant : Le bien-naître en Arkhangaï : amélioration des soins maternels et infantiles 13 � TUNISIE Mère-enfant : Accompagnement à la médecine de proximité dans le gouvernorat de Kasserine 14 RÉDUIRE LES INÉGALITÉS SOCIALES 15 � Algérie handicap : Promotion du dépistage précoce et pluridisciplinaire des troubles du nouveau-né à Alger 16 � convention-programme : Des droits à défendre pour les populations vulnérables 17 maghreb mères célibataires : Pour une meilleure insertion sociale et professionnelle des mères célibataires 18 tunisie jeunes marginalisés : Pour une meilleure intégration des jeunes menacés de rupture sociale 19 tunisie enfance abandonnée : Pour les mères célibataires et les enfants issus de relations hors mariage en Tunisie 20 LIBAN Santé mentale : Pour la prise en charge des enfants vulnérables dans les camps de réfugiés palestiniens 21 � mali enfance abandonnée : Renforcement de la protection et du respect des droits des enfants abandonnés 22 � Mongolie handicap visuel : Promouvoir les droits des personnes malvoyantes et/ou aveugles en Mongolie 23 � tunisie handicap mental : Pour une meilleure intégration des personnes souffrant de troubles mentaux 24 � tunisie Nutrition : La santé des jeunes en Méditerranée : autour de l’alimentation des étudiants 25 MÉDICALISER LES ZONES RURALES 26 � BÉNIN épilePsie : Prise en charge de l’épilepsie par le réseau des MGC 27 � GUINÉE Médecine générale : Installation de médecins généralistes communautaires privés 28 � MADAGASCAR Médecine générale : Extension des installations de médecins privés communautaires 29 � MADAGASCAR Médecine générale : Consolider les équipes cadres de « référents–maîtres de stage » 30 � MADAGASCAR épilepsie : Prise en charge des patients vivant avec l’épilepsie par le réseau des MGC 31 � MALI Médecine générale : Consolider les équipes cadres de « référents–maîtres de stage » 32 � MALI LABORATOIRE Médical : Renforcement et extension du réseau de laboratoires de première ligne 33 � MALI Tuberculose : Programme de lutte contre la tuberculose au Mali « Round 10 Fonds Mondial » 34 � MALI E-santé : Informatisation mobile et connectée au service de la santé reproductive et du planning familial 35 2 Rapport d’activités 2015 © Sante Sud ÉDITORIAL En mémoire des victimes… Nous restons solidaires ! L’année 2015 restera dans l’esprit de chacun d’entre nous marquée par les terribles attentats qui ont secoué le monde ; attentats contre la tolérance, l’ouverture à l’autre, la démocratie. Beaucoup de nos pays amis dans lesquels se déroulent nos projets ont été le théâtre de cette barbarie. Au-delà de ces drames, notre association a poursuivi sa mission de solidarité plus que jamais nécessaire en ces temps si troublés. La Tunisie paye aujourd’hui au prix du sang son désir légitime de liberté. Malgré cela, avec persévérance, Santé Sud a poursuivi l’accompagnement de ses partenaires tunisiens dans ce combat contre la stigmatisation séculaire des mères célibataires, des enfants nés hors mariage, des personnes avec un handicap mental et des jeunes en rupture sociale. Si la coutume reste tenace, les esprits s’ouvrent peu à peu à la différence et la parole se libère. Le Mali, autre pays où Santé Sud mène depuis presque 30 ans des programmes de médicalisation des zones rurales, a su réagir aux avancées des islamistes dans le Nord : à Tombouctou, au patrimoine dévasté, et à Bamako, cible d’agressions tragiques, les équipes de Santé Sud ont su dépasser leurs inquiétudes pour poursuivre avec obstination les projets en cours. Le Liban, lui-même habitué au bruit des bombes, devient aujourd’hui le pays accueillant le plus de réfugiés au monde : la guerre, chez son voisin syrien, est venue amplifier le nombre de migrants, rejoignant les réfugiés palestiniens aujourd’hui oubliés et pourtant en exil depuis plus de soixante ans ! Santé Sud a su adapter son programme à cet afflux massif de population. Le Burkina Faso, pays des « hommes intègres », récent terrain de travail pour Santé Sud, a accueilli notre nouveau coordinateur national par un coup d’Etat suivi quelques semaines plus tard par de nouvelles agressions djihadistes ; cela n’a pas empêché la mise en route, en consortium avec l’association Enfants et Développement, d’un programme « mère-enfant » dans trois zones non loties de Ouagadougou. Ces quelques exemples témoignent de notre capacité, avec l’appui de nos partenaires, à affronter les difficultés pour poursuivre nos engagements. En Guinée, enfin sortie de l’épidémie ébola, en Mauritanie, à Madagascar, au Bénin, au Maroc et en Algérie, les programmes avancent selon les calendriers prévus. Le programme Datasanté au Mali vient aussi faire la preuve que les pays du Sud peuvent et doivent également bénéficier des avancées technologiques majeures que connaissent nos systèmes de santé. L’informatique fait son apparition en révolutionnant les modalités de suivi des patients au bénéfice d’une médecine de qualité. Les évènements dramatiques que la France a connus en janvier et en novembre 2015 auraient pu laisser croire à une désintégration de l’engagement de solidarité de nos équipes. Loin de cet effet désastreux, Santé Sud peut être fière d’être restée en alerte et en action sur tous les fronts de ses engagements. Certes, des missions ont été reportées, parfois annulées, au nom d’une sécurité que la prudence nous impose. Les difficultés financières induites par ces évènements ont pu être partiellement surmontées grâce à l’appui du GROUPE SOS qui est resté étroitement solidaire de nos actions. De nouveaux projets ont pu voir le jour dans un contexte géopolitique souvent difficile. C’est pour nous une sorte de réponse pacifique mais tenace aux injustices de ce monde et au chagrin de ses victimes. Elle n’a été possible que par l’enthousiasme et la cohésion de ses membres : que chacun d’entre eux soit ici remercié. Paul Bénos, président Nicole Hanssen, directrice Rapport d’activités 2015 3 NOTRE ASSOCIATION EN UN MOT Populations bénéficiaires SANTÉ SUD � Femmes enceintes et nouveau-nés � Orphelins et enfants vulnérables Agir sans remplacer � Mères-célibataires et enfants abandonnés � Populations rurales isolées à SANTÉ SUD, nous croyons que les pays en développement disposent de tout le potentiel nécessaire pour dispenser les soins à leur population et qu’il leur appartient de choisir la voie de leur développement. Depuis 1984, selon notre devise « Agir sans remplacer », nous accompagnons, formons, structurons et « autonomisons » nos partenaires des champs sanitaires et sociaux selon un processus concerté et participatif. � Personnes en situation de handicap � Personnes atteintes de maladies negligées ou chroniques � Jeunes en rupture sociale � Personnes souffrant de troubles mentaux… Notre Expertise Au service du développement 1.Ingénierie de projets Penser global � Exploration et conception � Partenariat pluri-acteurs � Mise en œuvre de projets de développement � Évaluations, monitoring et études d’impact 2.Formation Révéler les compétences � Formation des professionnels de base � Formation des cadres � Formation de formateurs 3.Structuration institutionnelle Pérenniser les changements À travers une réflexion participative sur leurs pratiques et leurs dynamiques, les équipes d’une structure sont amenées à s’approprier une démarche de projet où les objectifs priment sur les moyens. � Projet associatif � Projet d’établissement � Projet de service © D.R 4.Mise en réseau Catalyser l’intelligence collective � Échanges de pratiques entre professionnels � Groupes de travail pluridisciplinaires � Séminaires et ateliers de travail 5.Plaidoyer et sensibilisation Porter les changements sociétaux � Lobbying auprès des leaders politiques, religieux et communautaires � Campagnes de sensibilisation de l’opinion publique 4 Rapport d’activités 2015 2015 : NOTRE ACTION EN CHIFFRES Nos soutiens Bénéficiaires finaux Groupes cibles 5,12 6501 Millions de personnes ayant un meilleur accès aux soins Notre Budget 93 Partenaires 19 professionnels de la santé et du social renforcés Bailleurs de fonds 2,9 M€ NOS Ressources humaines 45 Salariés dans les pays d’intervention 17 300 Nos missions Volontaires de solidarité internationale à l’étranger 38 Experts-formateurs du Sud mobilisés en 2015 Sud-Sud Sud-Nord 876 2095 149 98 Pour Missions réalisées Jours de formation et d’accompagnement Experts-formateurs du Nord mobilisés en 2015 3 Nord-Sud Jours de formation 3120 Volontaires du service civique en France 49 Experts associatifs dont d’accompagnement 4 Salariés au siège (Marseille) 49 Par experts Jours de formation 40 Pour Missions réalisées 38 Par experts Jours de formation 21 Pour Missions réalisées 20 Par experts 45 spécialités et métiers différents : Activités génératrices de revenus, Agronomie, Anesthésie, Anthropologie de la santé,Assistance sociale, Biologie, Chirurgie, Communication, Comptabilité, Direction d’établissement hospitalier, Direction d’établissement sanitaire et social, Économie de la santé, Éducation spécialisée, Épidémiologie, Évaluation, Formation et pédagogie, Gestion administrative, Gestion de programmes de développement, Gynécologie obstétrique, Hématologie, Hygiène, Informatique, Ingénierie de programmes de développement, Kinésithérapie, Laboratoire médical, Maïeutique, Médecine d’urgence, Médecine de santé publique, Médecine générale, Néonatologie, Neurologie, Nutrition, Pédiatrie, Pédopsychiatrie, Pharmacie, Plaidoyer, Psychiatrie, Psychologie, Psychomotricité, Puériculture, Services éducatifs, Sociologie, Soins infirmiers, Traduction et interprétariat, Travail social… Rapport d’activités 2015 5 RAPPORT FINANCIER Un développement lourd à assumer Fig. 1. évolution du budget annuel Synthèse 2011 L’année 2015 aura vu deux évolutions en apparence contradictoires de notre équilibre financier.... 2012 2013 La reprise du développement : � après trois années de stagnation autour de 2,6 M€, le budget 2015 s’est 2,9 établi à M€, soit une croissance de l’exercice précédent. 2014 2015 13% environ par rapport à 0 0.5 m 1m 1.5 m 2m 2.5 m 3m millions d’euros Le résultat de l’exercice : � pour la seconde année consécutive, il est négatif, à un niveau toutefois moindre (-69 k€) que celui de l’exercice précédent (-101 k€). notamment en ressources humaines, pour construire les actions et programmes de demain. En fait, ces deux évolutions sont fortement corrélées, et doivent être interprétées comme l’effort nécessaire pour poursuivre, au sein du GROUPE SOS, notre stratégie de développement : se développer, c’est investir aujourd’hui, Par ailleurs, 3% de nos ressources ont été alloués à la recherche de fonds et à la communication, tandis que seulement 9% ont été consacrés aux frais de fonctionnement. Actif ( en € ) actif immobilisé au 31/12/2015 au 31/12/2014 102 755 107 913 100 223 106 721 2 532 1 192 actif circulant 826 648 851 558 stocks et créances 371 422 554281 disponibilités 455 225 297 277 4 503 9 440 933 905 968 911 immobilisations incorporelles et corporelles immobilisations financières charges constatées d’avance TOTAL BILAN ACTIF Passif ( en € ) au 31/12/2015 au 31/12/2014 fonds associatifs -67 359 1 954 fonds associatifs sans droit de reprise réserves 168 024 168 024 26 071 26 071 report à nouveau -192 142 -91 443 résultat de l’exercice -67 359 -100 699 provision pour risques et charges fonds dédiés 684 734 014 758 035 dettes 267 250 208 238 TOTAL BILAN PASSIF 933 905 968 911 Ressources programmes 2015 Emplois programmes 2015 L’analyse des ressources pour financer notre activité montre une relative fidélité des bailleurs de fonds qui permettent de réaliser nos programmes : � les subventions publiques représentent un peu plus de 70% des ressources consacrées aux activités liées aux programmes ; � les fonds privés en représentent environ 28%. Près de 88% de notre budget global est consacré aux actions sur le terrain, et nos frais administratifs représentent seulement 8% des dépenses liées aux programmes. Cette stabilité dans la provenance des fonds ne doit pas masquer l’importance croissante des difficultés rencontrées pour collecter ces fonds : on constate en effet un mouvement sensible – et inquiétant – de prudence de la part des financeurs privés, par ailleurs fortement sollicités par de nombreuses ONG. La recherche de financements privés devient ainsi, de plus en plus, une partie importante de l’activité du siège et de nos représentations nationales. Fig. 3. Programmes 2015 par type de dépenses � construction � équipement � fonctionnement � missions experts du Nord 8% Fig. 2. Sources de financement des programmes 2015 bailleurs publics bailleurs privés 3% � personnel expatrié � personnel local et experts du Sud � frais administratifs 16 % 9% fonds propres 26 % 71 % 28 % 1% 3% 35 % 2015 : DES ACTIONS DE SENSIBILISATION EN FRANCE Parcours migratoires et Santé © Sante Sud E ncore en 2015, la mobilisation de l’opinion publique française par Santé Sud s’est traduite par la réalisation de films documentaires et l’organisation d’événements visant à démontrer l’importance de renforcer les ressources humaines en santé à l’international pour améliorer le bien-être des populations. Plus que jamais, nos actions de sensibilisation et d’éducation au développement ont visé la jeunesse, dans la mesure où elle constitue la relève des actions de solidarité internationale pour les années à venir. Jouant le rôle d’agent fédérateur, Santé Sud s’est également attachée à inviter des associations et structures publiques ou privées du Nord comme du Sud à s’exprimer lors de ces événements. Parmi les moments les plus forts de la 10e Journée provençale de la santé humanitaire, le témoignage de Ibrahim Diallo, demandeur d’asile, a marqué les esprits. Parmi les événements phares… © Sante Sud La 10e Journée provençale de la santé humanitaire « Parcours migratoires et santé » Public : 700 personnes Intervenants : 70 associations et structures publiques � Vendredi 13 novembre 2015, Marseille L’heure est GRAFF ! Un week end de street art pour sensibiliser le grand public aux enjeux de la « Mortalité maternelle et infantile dans le monde » Public : 3000 personnes 3 Points Rencontres : « Réduire la mortalité maternelle et néonatale » Public : 87 personnes � Mardi 7 avril, Marseille « Mères célibataires au Maghreb » Public : 70 personnes �L undi 15 juin, Marseille « Enfance abandonnée » Public : 90 personnes � Vendredi 23 octobre, Marseille � 24-25 octobre, Marseille Rapport d’activités 2015 7 1. OPTIMISER LES SYSTÈMES DE SANTÉ Burkina Faso, Madagascar, Mali, Mauritanie, Mongolie, Tunisie © Sante Sud Santé Sud intervient à la demande des autorités sanitaires d’un pays (ministère de la Santé, responsables régionaux…) pour soutenir le développement sanitaire de ce pays ou d’une de ses régions, en proposant des actions d’amélioration portant sur l’organisation et la qualité des soins offerts dans les structures de santé (centres de santé, hôpitaux de district et hôpitaux régionaux). Santé Sud réalise une étude préalable et élabore, en liaison étroite avec les autorités compétentes, un programme d’action couvrant les différents niveaux de la pyramide sanitaire. Elle travaille, avec les responsables et le personnel des structures de santé de différents niveaux, à l’identification des besoins des populations concernées, à l’élaboration d’un projet d’établissement et à sa mise en œuvre. Sur cette base, elle assure la formation des professionnels de santé et favorise toutes actions permettant la diffusion des nouvelles compétences et la mise en réseau du système de soins pour qu’il soit fonctionnel. Mère-enfant BURKINA FASO Bien-être social et sanitaire des populations de zones non-loties de Ouagadougou Objectif � améliorer l’accès à des soins de santé primaires de qualité pour la population de trois zones non loties de Ouagadougou, en particulier la mère et l’enfant, par une démarche combinant travail social et action sanitaire Groupes cibles � 130 soignants sur 6 centres de santé Bénéficiaires finaux � 54 000 habitants des zones non loties de la capitale Partenaires opérationnels � AGIR, Enfants & Développement, ministère de la Santé, Direction régionale de la santé, ministère de l’Action sociale, 3 centres de santé et de promotion sociale, 3 centres médicaux avec antenne chirurgicale, 3 permanences sociales Partenaires financiers � Agence française de développement (AFD), ARCAT DIAGNOSTIC Des barrières à franchir À Ouagadougou, l’urbanisation rapide de la ville a devancé la couverture des services publics, conduisant à la naissance de quartiers non lotis où les indicateurs de pauvreté s’accumulent. Ces populations vulnérables accusent notamment des taux de morbidité et de mortalité maternelles et infantiles nettement plus élevés que dans les autres aires urbaines. Afin de réduire ces inégalités d’accès à des soins de qualité et ainsi améliorer la santé des mères et des enfants, la combinaison du travail social et de l’action sanitaire pourrait s’avérer être une solution efficace. « Grâce au projet d’établissement, nous nous sommes rendu compte que nous pouvions trouver nous-mêmes des solutions à nos problèmes plutôt que d’attendre que cela vienne de l’extérieur. » M. Bazie, Infirmier chef de poste de leur projet d’établissement. L’objectif ultime ? Offrir à chaque famille des soins de qualité en santé maternelle et infantile et un accompagnement de proximité tout au long de son parcours de soins. FAITS MARQUANTS EN 2015 Des projets d’établissements au plus près des besoins des populations Afin de garantir une optimisation pérenne de la qualité des soins dans les établissements de santé partenaires, Santé Sud a beaucoup insisté sur la coordination de tous les services mobilisés dans le parcours de soins du patient. La mise en place d’un processus de concertation avec l’ensemble des personnels de santé a ainsi mené à l’élaboration des projets d’établissements de 3 structures de santé de première ligne en 2015. NOTRE ACTION Pour créer des passerelles durables entre les populations vulnérables et les établissements de santé de première et deuxième ligne, Santé Sud, Enfants & Développement et l’association burkinabé AGIR mobilisent leurs expertises respectives pour renforcer les centres de santé et réaliser l’accompagnement social des familles. Au programme : formation des professionnels de la santé et du social; sensibilisation au plus près des habitants par le biais d’une méthodologie innovante d’accompagnement familial; renforcement des établissements sanitaires via la structuration © Sante Sud Renforcer la qualité des soins, tisser des liens pérennes entre populations et services de santé Dans les zones non loties de Ouagadougou, les femmes et les enfants sont les premières victimes des inégalités dans l’accès aux soins… Santé Sud agit pour améliorer l’organisation des soins et ainsi diminuer la mortalité maternelle et infantile. Rapport d’activités 2015 9 Mère-enfant MADagascar Programme d’appui à la santé maternelle et infantile (PASMI) dans les régions de Bongolava et d’Itasy Objectif � contribuer à la réduction de la morbidité et de la mortalité maternelle et infantile en renforçant l’accès effectif à des services de santé de qualité dans les régions de Bongolava et d’Itasy Groupes cibles � 994 professionnels formés Partenaires opérationnels � Consortium réunissant Santé Sud, Médecins du monde, Action contre la faim, le GRET, Handicap international et le Mouvement français pour le planning familial; en partenariat avec les ministères malgaches de la Santé, de la Jeunesse et des loisirs, de l’Éducation nationale et de la Population. Partenaire financier � Agence française de développement (AFD) DIAGNOSTIC © Sante Sud Bénéficiaires finaux � 452 956 personnes Les formations des spécialistes sur mannequin permettent une mise en situation aussi « vivante » que possible ! Des indicateurs sanitaires alarmants spécialistes dans les centres de santé périphériques est amélioré, afin d’optimiser l’efficacité et l’organisation de la référence en cas de complications. Une femme malgache sur 45 risque aujourd’hui de décéder d’une cause liée à la maternité au cours de sa vie. Crises politiques, catastrophes naturelles et diminution de l’aide au développement continuent d’avoir des conséquences dévastatrices sur la situation socio-économique et la santé à Madagascar. Alors que sévit la malnutrition des enfants et des femmes enceintes ou allaitantes et que les grossesses précoces, nombreuses ou non désirées sont légion, la qualité des soins demeure problématique et la fréquentation des centres de santé est en chute libre. FAITS MARQUANTS EN 2015 NOTRE ACTION Focus sur la santé maternelle et néonatale Dans les régions de Bongolava et d’Itasy, où les taux de mortalité maternelle et infantile sont alarmants, un consortium d’ONG agit à tous les niveaux. Il s’agit d’abord de réduire les obstacles culturels, géographiques et financiers qui empêchent les femmes d’accoucher dans un centre de santé et d’avoir accès à la contraception. Parallèlement, les médecins et sages-femmes sont formés afin de mieux prendre en charge les accouchements dans ces zones reculées et bénéficient de meilleurs équipements. Enfin, le niveau technique des 10 Rapport d’activités 2015 Sensibilisation active de la population et formation des professionnels Dans 10 communes, nos 50 agents communautaires, accompagnés par leurs « maîtres-formateurs », ont poursuivi leur travail d’éducation sur la santé maternelle et Infantile. Il s’agit d’inciter les habitants à utiliser régulièrement les services de santé, des messages qui sont aussi amplement relayés par la radio locale ! Les « maîtres-formateurs » ont d’ailleurs reçu de nouvelles formations sur des sujets sensibles tels que la santé sexuelle, le droit et le genre (SSDG) chez les jeunes. Afin de garantir que les habitants ainsi sensibilisés soient satisfaits des soins reçus, les professionnels sanitaires précédemment formés ont bénéficié en 2015 d’un compagnonnage in situ pour renforcer leur savoir-faire en matière de dépistage, de prise en charge des mères et d’accueil des jeunes. Les spécialistes dans les hôpitaux ont pour leur part reçu leurs premières formations continues. Ces actions vont se poursuivre jusqu’à la fin du projet. « Nous sommes venus au centre pour l’accouchement de ma femme car nous avons confiance. » Un homme de 43 ans, heureux papa d’un enfant qui a vu le jour au centre de santé de base (CSB) de Bemahatazana Mère-enfant MALI Projet d’appui à la relance du bien-être de la femme, de l’enfant et du nouveau-né dans le cadre de la reconstruction de la région de Tombouctou (PARENT) Objectif � réduire la morbidité et la mortalité maternelles et infantiles grâce à la relance du système de santé dans la région de Tombouctou, dans un contexte post-urgence Groupes cibles � 1 600 professionnels agissant sur la santé « Les pirogues-ambulances nous ont été d’un grand secours pour l’évacuation des blessés vers Tombouctou après les attaques des groupes armés . » Dr Mamadou Coulibaly, médecin chef de district sanitaire, Goundam communautaire Bénéficiaires finaux FAITS MARQUANTS EN 2015 � 422 512 personnes Augmentation marquée des consultations Partenaires opérationnels � consortium réunissant Santé Sud, Handicap international, Santé Mali Rhône-Alpes (SMARA), Santé développement (SADEVE) et Marie Stopes international (MSI) / le ministère de la Santé du Mali et diverses associations locales Partenaire financier � Agence française de développement (AFD) DIAGNOSTIC Les 55 structures de santé soutenues par le projet PARENT offrent désormais le paquet minimum d’activités en centre fixe et en stratégie avancée... et les indicateurs de santé en témoignent ! Ainsi, outre les équipements, les 1680 heures de formation dispensées aux 328 professionnels de la santé ont fortement amélioré la qualité de la prise en charge. De 2014 à 2015, le taux de consultation prénatale est passé de 38% à 81% ; celui d’accouchement assisté par un personnel qualifié de 28% à 41%. La couverture vaccinale atteint 94% pour le BCG (tuberculose) et 89% pour le VAR (varicelle). Enfin, l’appui au système de référence-évacuation a permis d’évacuer 373 femmes en 2015, alors même que le taux de références est passé de 2% à 0,9%, et la proportion de césariennes de 1,1% à 0,8%. Des populations coupées des services de santé Conséquences d’une triple crise – politique, sécuritaire et alimentaire – dans le Nord du Mali, l’appauvrissement et le déplacement des populations ainsi que la déstructuration du système de santé ont directement impacté la santé des femmes et des enfants. Avec 75% des structures de santé détruites ou partiellement endommagées dans la région de Tombouctou et la migration du personnel sanitaire, le manque d’accès aux soins de base (suivi des femmes enceintes, soins obstétricaux et néonataux d’urgence, vaccination, nutrition, etc.) continue chaque jour de causer la mort des femmes et des jeunes enfants. NOTRE ACTION Dans un contexte de post-crise, le projet PARENT vise à améliorer la santé mère-enfant par la remise à niveau de 55 structures de santé de la région de Tombouctou, mais également par le recrutement et la formation de professionnels de santé et la sensibilisation de la population afin qu’elle adhère aux avantages d’un recours précoce aux soins maternels et infantiles et au planning familial. © Sante Sud Relancer les soins de santé maternelle et infantile Dans les 5 districts de la région de Tombouctou, les femmes et leur famille peuvent à nouveau jouir de soins de santé de qualité... et reprendre le cours de leurs activités. Rapport d’activités 2015 11 Mère-enfant MAURITANIE Améliorer la santé maternelle et néonatale à Nouakchott Objectif � a méliorer la qualité des soins et renforcer l’accès aux soins en santé maternelle et néonatale dans les trois plus importantes maternités du pays Groupes cibles � 3 00 professionnels hospitaliers formés et 30 relais communautaires © Sante Sud formés à l’éducation à la santé Bénéficiaires finaux � 219 000 personnes Partenaires opérationnels �P rogramme national de santé de la reproduction (PNSR) du ministère de Une meilleure coordination des soins néonatals diminue le nombre de cas de détresses respiratoires pouvant causer la mort des nourrissons… Ici, un nouveau-né suivi et pris en charge au service de néonatologie du CHME. DIAGNOSTIC Des décès évitables La Mauritanie enregistre l’un des plus hauts taux de mortalité maternelle et néonatale au monde. Les causes de ces décès – souvent évitables – sont principalement les détresses respiratoires des nouveau-nés, les hémorragies et les infections dues au non-respect des protocoles de prise en charge de l’accouchement et des règles d’hygiène. Parallèlement, d’autres facteurs, essentiellement socio-culturels, induisent des pratiques de santé reproductive à risques : grossesses précoces et rapprochées, représentations autour du don du sang et de l’allaitement exclusif, tabous liés à la prévention de la transmission du VIH-sida… NOTRE ACTION Renforcer l’éducation à la santé des populations et former les soignants Santé Sud poursuit un double objectif : renforcer la qualité des soins maternels et néonatals et permettre à la population d’avoir connaissance des pratiques de santé reproductive sans risques. En ce sens, Santé Sud travaille en partenariat étroit avec les trois maternités partenaires(le CHN, le CHME et le CSS ) pour renforcer les compétences de leurs personnels médicaux, paramédicaux et techniques, équiper les services pédiatrie-néonatologie et gynécologie-obstétrique 12 Rapport d’activités 2015 la Santé de Mauritanie, Centre hospitalier national de Nouakchott (CHN) ; Centre de santé de Sebkha (CSS) ; Centre hospitalier de la mère et de l’enfant (CHME) ; Association mauritanienne pour la santé de la mère et de l’enfant (AMSME) Partenaires financiers � Agence française de développement (AFD), Fondation Sanofi espoir et renforcer la coordination interservices et inter-hospitalière. Santé Sud soutient également les actions d’éducation à la santé reproductive de l’Association mauritanienne pour la santé de la mère et de l’enfant. Les familles de la commune défavorisée de Sebkha bénéficient d’actions de sensibilisation par des personnes-relais communautaires (10 femmes de leur commune, 10 imams et 10 professeurs d’école) sur les thèmes de la prévention de la transmission mère-enfant du VIH-sida, de l’espacement des naissances, de l’allaitement exclusif et du don du sang. FAITS MARQUANTS EN 2015 Sensibilisation active de la population et formation de professionnels En 2015, l’impact du projet se mesure surtout à l’évolution des pratiques de la population et des personnels de santé. Selon les enquêtes d’évaluation, les messages d’éducation à la santé reproductive ont remporté une adhésion très forte auprès de la population qui demeure motivée pour préserver sa santé. Les familles ont pleinement intégré les recommandations et se tournent désormais de leur propre initiative vers les acteurs ayant relayé les messages de prévention. En parallèle, les pratiques soignantes évoluent dans les établissements de santé : les outils de suivi et de prise en charge sont davantage utilisés par les personnels de santé, avec pour résultat une baisse de 20,4% de la mortalité néonatale sur les trois sites partenaires. « Il ne peut y avoir de qualité des soins sans hygiène . » Aïssata Diop, sage-femme au CHME Mère-enfant MONGOLIE Le bien-naître en Arkhangaï : un programme d’amélioration des soins maternels et infantiles pour la population de l’Arkhangaï Objectif � améliorer l’organisation et la qualité des soins des structures de santé dans la région de l’Arkhangaï, notamment ceux à destination des mères et des enfants Groupes cibles « La démarche de projet d’établissement a permis à l’Arkhangaï de s’ouvrir à d’autres partenariats nationaux et internationaux . » Buhuu Tserendagva, coordinatrice administrative de Santé Sud Mongolie � 875 personnels hospitaliers Bénéficiaires finaux � 94 500 habitants Partenaire opérationnel �D irection régionale de la Santé de l’Arkhangaï (ministère de la Santé) Partenaires financiers � F ondation Sanofi Espoir, Direction de la coopération internationale de Monaco DIAGNOSTIC Mortalité évitable Améliorer la santé maternelle et infantile fait partie des priorités du gouvernement mongol. En Arkhangaï, cet objectif est pleinement partagé par la Direction régionale de la santé (DRS). Et pour cause : au démarrage du projet, une étude pilotée par la DRS révélait une augmentation de la mortalité infantile en raison d’une augmentation des pathologies chez les enfants de 0 à 1 an. Les nouveau-nés en étaient les premiers touchés. Du côté de la santé maternelle, l’augmentation des infections sexuellement transmissibles et des grossesses chez les jeunes filles était révélatrice d’un manque d’information quant à la santé reproductive. et soins d’urgence, obstétrique et bien d’autres sont au programme, avec comme méthodologie la transmission des savoirs en cascade… En d’autres termes, former des formateurs pour que les améliorations perdurent. FAITS MARQUANTS EN 2015 La concertation pour améliorer les soins En 2015, l’ensemble des établissements de santé de l’Arkhangaï ont été connectés les uns aux autres via internet et reliés à la DRS. Cette mise en réseau et la formation des personnels à l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication ont permis une meilleure concertation, une ouverture sur les avancées médicales, une amélioration des pratiques et le renforcement de la filière des soins. Lors des regroupements inter-hospitaliers où partage d’expériences et optimisation de la qualité des soins étaient à l’honneur, on a également constaté l’impact des formations, notamment sur les soins d’urgence, la démarche qualité et sécurité des soins maternels et infantiles et la coordination des personnels de santé. En parallèle, les équipements fournis ont permis de renforcer la prise en charge maternelle et infantile. NOTRE ACTION La diminution des risques de mortalité mère-enfant passe par l’amélioration de la qualité des soins. Et pour y arriver, Santé Sud travaille en lien étroit avec la DRS à renforcer l’organisation sanitaire et la qualité des soins. Ainsi, la démarche de projet d’établissement, qui consiste à repenser l’organisation des soins et son amélioration continue en fonction des besoins des patients, est aujourd’hui menée dans 17 centres de santé de la région, avec un effort particulier sur la santé maternelle et néonatale. Côté formation : relation soignant-soigné, épidémiologie, qualité et sécurité des soins, prise en charge de la douleur du nouveau-né, pédiatrie, néonatalogie, gestes © Sante Sud Optimiser la qualité des soins de la première ligne à la référence Jumeaux pris en charge à l’Hôpital régional de référence, à Tsetserleg Rapport d’activités 2015 13 Mère-enfant TUNISIE Programme d’accompagnement à la médecine de proximité dans le gouvernorat de Kasserine Objectif � améliorer l’accès à des soins de première ligne effectifs dans deux circonscriptions défavorisées de la région de Kasserine, particulièrement en matière de santé sexuelle, reproductive et infantile Groupes cibles � 63 personnels de santé « Nous avons remarqué une grande volonté de la part des femmes pour consulter un médecin, elles étaient très heureuses ! » Mme Manel Meghri, sage-femme de l’ONFP (Office national de la famille et de la population) intervenant dans les cliniques mobiles Bénéficiaires finaux � 40 000 habitants � Direction régionale de la santé de Tunisie, Gouvernorat de Kasserine, Médecins du monde PACA Partenaire financier � Région Provence-Alpes-Côte d’Azur DIAGNOSTIC Une population autrefois exclue des services de soins Le gouvernorat de Kasserine figure parmi les plus défavorisés de Tunisie. L’enclavement des populations, la faible qualité des soins, l’absence de spécialistes, un plateau technique rudimentaire et un approvisionnement en médicament irrégulier rendaient l’accès aux soins problématique, notamment dans les districts les plus pauvres, Hassi El Frid et El Ayoun, où 30% de la population n’avait pas ou peu accès aux services de santé. Ainsi, le taux de vaccination y était l’un des plus bas du pays et le suivi des malades chroniques, aléatoire. Les femmes enceintes et les enfants ne bénéficiaient souvent pas d’un suivi spécifique. Les problèmes de santé prioritaires sont d’une part les maladies chroniques (diabète, hypertension, maladies cardio-vasculaires avec de lourdes conséquences en matière d’insuffisance rénale) et, d’autre part, la santé sexuelle et reproductive dans sa globalité : suivis des grossesses, accouchements, planification familiale, IVG… NOTRE ACTION Une stratégie mixte pour des soins de proximité Dans le souci d’apporter des réponses adaptées aux besoins des habitants, une analyse avait d’abord permis d’évaluer l’offre de soins et les performances des services de santé en lien avec les besoins des populations. Des problèmes liés à l’organisation et à la répartition des tâches 14 Rapport d’activités 2015 entre médecins, infirmières et sages-femmes, ainsi que des lacunes quant à l’accueil et à la qualité des soins ont été repérés. Trois axes d’intervention ont ainsi été identifiés : l’amélioration de l’organisation et de la qualité des soins dans 17 centres de santé de base ; la décentralisation des soins avec des cliniques mobiles pour atteindre les populations les plus isolées ; des actions de sensibilisation pour inciter la communauté à utiliser les services de santé. FAITS MARQUANTS EN 2015 Mission accomplie : les indicateurs remontent ! À l’issue de ce projet, en mai 2015, l’accès aux soins primaires a beaucoup progressé. Avec l’ajout de 8 cliniques mobiles, le nombre de points de rassemblement est passé de 16 à 24 sur le territoire. En effet, des sages-femmes et des animatrices assurent dans ces petites camionnettes de nombreuses actions de sensibilisation, de suivi des grossesses et de vaccination. Cela s’est traduit notamment par une augmentation de plus de 20% du taux de vaccination des nouveau-nés et des enfants sur cette région. En plus de ces dispositifs itinérants, la formation du personnel et l’augmentation des effectifs dans les centres de santé les plus proches ont permis d’augmenter de 60% le nombre de consultations dans les deux circonscriptions. © Sante Sud Partenaires opérationnels Dans les déserts médicaux tunisiens, grâce aux huit nouvelles « cliniques mobiles », le nombre de points de rassemblement où sont soignées les affections les plus urgentes a augmenté de 50%. 2. Réduire les inégalités sociales Algérie, Liban, Mali,Maroc, Mongolie, tunisie © Sante Sud Fidèle à sa ligne directrice « assurer des soins de santé de qualité aux plus vulnérables », Santé Sud mène depuis son origine des actions en faveur des plus marginalisés, victimes d’exclusion sociale et de pauvreté : enfants abandonnés issus de relations hors mariage et mères célibataires, personnes en situation de handicap, enfants ou jeunes marginalisés ou victimes de violences, d’abus, d’exploitations et de négligences diverses. La réduction de la vulnérabilité de ces personnes passe par la lutte contre les stigmatisations dont elles sont victimes, leur meilleur accès à une prise en charge médico-sociale et leur intégration sociale et économique. Santé Sud agit sans remplacer, en proposant un accompagnement des associations et des structures publiques dans la mise en œuvre de ces missions : structuration institutionnelle, formation des professionnels médico-sociaux, mise en réseau, plaidoyer, etc. Handicap ALGéRIE © Sante Sud Promotion du dépistage précoce et pluridisciplinaire des troubles du nouveau-né à Alger « Les formations nous ont ouvert les yeux sur la relation entre les soignants et le couple mère-enfant, mais aussi sur la manière de favoriser un contact essentiel entre la maman et son bébé ! » Dr Hassina Maouche, pédiatre à Alger Parmi les nombreuses formations reçues dans les 13 établissements de santé d’Alger et de Blida, celles touchant la réanimation du nouveau-né et la coordination gynécopédiatrique ont permis une meilleure prise en charge du nouveau-né, diminuant ainsi la mortalité ou la survenue de handicaps évitables. DIAGNOSTIC Handicaps et mortalité périnatale... évitables ! En Algérie, on recense 35 000 naissances par an d’enfants susceptibles de développer un handicap. Nombre de ces situations de handicap sont dues à des problèmes survenant au moment de l’accouchement (asphyxie périnatale, lésions du plexus brachial, etc.) ou à des troubles bénins dont les complications deviennent irréversibles. La connaissance des facteurs de risques, la prise en charge des accouchements compliqués par des équipes pluridisciplinaires, le dépistage précoce des troubles avec un diagnostic précis, une prise en charge concertée des enfants et l’accompagnement des familles constituent des mesures efficaces pour diminuer la mortalité et la morbidité périnatales et ses conséquences à plus long terme. Blida. Le renforcement du lien obstétrico-pédiatrique en vue de réduire les cas de souffrance fœtale évitables en salle de naissance figure parmi les priorités du programme de formation. En complément, 100 000 familles sont sensibilisées à la nécessité de consulter rapidement un médecin en cas d’interrogation sur le développement de leur enfant via des campagnes audiovisuelles. FAITS MARQUANTS EN 2015 Des religieuses comme relais de sensibilisation En plus des 208 professionnels de santé formés en 2015 sur 13 structures sanitaires d’Alger, pour la première fois, des intervenants du champ religieux ont aussi bénéficié d’actions de sensibilisation. Ainsi 30 mourchidates, ces religieuses notamment affectées au conseil des femmes dans les mosquées, ont pu bénéficier d’informations relatives au développement des bébés entre 0 et 2 ans. Elles pourront ainsi alerter les mamans sur la nécessité d’être attentives aux différentes étapes du développement de leurs enfants pour mieux dépister les troubles. Les mourchidates bénéficient d’une crédibilité importante auprès des femmes qui leur accordent une grande confiance, il était donc important de pouvoir échanger avec elles sur ce sujet. Souvent confrontées aux questionnements des mamans qui abordent la problématique du handicap, elles ont fortement apprécié qu’on leur apporte enfin des réponses ! Objectif � réduire les risques de pathologies chroniques invalidantes chez le petit enfant par la promotion du dépistage précoce et pluridisciplinaire des troubles auprès des personnels médicaux et psychosociaux d’Alger et la sensibilisation des familles NOTRE ACTION Groupes cibles � 3 25 professionnels de santé Former les professionnels, sensibiliser les familles Bénéficiaires finaux � 3 0 000 nouveau-nés pris en charge et 100 000 familles sensibilisées Engagée depuis 1992 dans le domaine du handicap en Algérie, Santé Sud travaille depuis 2013 à la promotion d’une prise en charge pluridisciplinaire du suivi des grossesses et des accouchements auprès de 325 professionnels de la périnatalité de 13 établissements de santé d’Alger et de 16 Rapport d’activités 2015 Partenaire opérationnel �Fédération algérienne des personnes handicapées (FAPH) Partenaire financier � F ondation Sanofi Espoir Convention-programme Liban, Tunisie, maroc, algérie © Sante Sud Un ensemble d’actions contribuant à réduire l’exclusion sociale des personnes marginalisées dans le bassin méditerannéen Des droits à défendre pour les populations vulnérables en Tunisie, Algérie, Maroc et Liban : appui à la professionnalisation de structures publiques et associatives Un programme, 4 actions L’Agence française de développement (AFD), partenaire historique de Santé Sud, est à l’initiative du dispositif appelé Convention-programme, qui « vise à appuyer une ONG dont l’expérience et la qualité d’intervention sont reconnues (…) sur une thématique spécifique et sur laquelle l’ONG a une plus-value démontrée. Il s’agit d’un soutien sur un ensemble cohérent d’actions de terrain prévoyant le renforcement des capacités, la mise en réseau d’acteurs et des actions transversales incluant capitalisation, communication, plaidoyer et évaluation. » Dans ce cadre, Santé Sud développe quatre actions spécifiques qui ont pour dénominateur commun la défense des droits des personnes qui sont en situation de marginalisation et d’exclusion sociale. La vulnérabilité sanitaire, psychologique, sociale et économique d’un individu ou d’un groupe dans les pays du pourtour méditerranéen entraîne en effet de grandes difficultés médico-psychosociales. Combiné aux carences des offres de service de prise en charge publiques et associatives, cela a pour conséquence une marginalisation croissante de ces personnes. L’exclusion sociale devient alors un nouveau facteur de vulnérabilité qui enferme ces personnes dans un cercle vicieux. Leurs droits économiques, sociaux et culturels fondamentaux s’en trouvent bafoués et leur dignité mise à mal. Quatre groupes parmi les plus vulnérables sont ciblés par la Convention-programme : � Les mères célibataires au Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie); � Les jeunes en rupture sociale en Tunisie; � Les enfants abandonnés en Tunisie; � Les enfants et adolescents des camps de réfugiés au Liban. Une action transversale pour améliorer l’accueil Face à aux injustices constatées à l’égard des groupes ciblés, Santé Sud et ses partenaires s’investissent dans des actions concrètes de défense et d’accès réel aux droits de chacun. En effet, le droit normatif, proclamé par les conventions Internationales et traduit dans chaque législation nationale, n’est pas suffisant. Pour garantir le droit effectif des personnes vulnérables, un accompagnement individualisé, une prise en charge de qualité et un travail en réseau entre tous les acteurs d’un territoire donné sont nécessaires. Par la formation, l’appui institutionnel, la mutualisation des expériences et des compétences, ce programme contribue à offrir à tous la meilleure opportunité possible d’inclusion. Capitalisation et échanges Santé Sud accompagne à la fois la structuration institutionnelle des organisations publiques et associatives concernées (démarche de projet, organisation interne...), la formation des ressources humaines (prise en charge psychologique, réinsertion, etc.), la mise en réseau (aux niveaux national et international) et la capitalisation des expériences et des compétences. Plus fortes des expériences et des s o utie n s mutu e ls p a r t ag é s , le s structures publiques et associatives qui œuvrent auprès des personnes les plus marginalisées sont mieux outillées pour défendre leurs droits auprès des autorités et aussi pour améliorer, de façon pérenne, leur accompagnement. © Sante Sud Les échanges d’expériences entre structures, voire entre plusieurs pays, sont d’importants catalyseurs pour améliorer les pratiques et identifier des leviers pour la défense des droits des personnes marginalisées. Ci-contre, séminaire maghrébin sur la défense des droits des mères célibataires. Rapport d’activités 2015 17 Mères célibataires MAGHREB Pour une meilleure insertion sociale et professionnelle des mères célibataires au Maghreb Objectif � promouvoir l’accès des mères célibataires aux droits fondamentaux et favoriser leur insertion sociale et professionnelle au Maghreb Groupes cibles � 2 85 professionnels de structures publiques, associatives et privées en Algérie, au Maroc et en Tunisie Bénéficiaires finaux � 5 40 mères célibataires avec leurs enfants Partenaires opérationnels �R éseau AMEN enfance Tunisie (RAET), SOS femmes en détresse (Algérie), INSAF (Maroc) Partenaires financiers �U nion européenne (UE), Agence française de développement (AFD) DIAGNOSTIC Une stigmatisation lourde de conséquences Dans les sociétés maghrébines, les mères célibataires font l’objet d’une condamnation morale implacable et subissent une forte exclusion familiale, sociale et économique. Un enfant né hors mariage constitue non seulement une atteinte au statut social de la mère mais aussi à celui de toute sa famille, qui subit un déclassement social. Or si la mère célibataire est discriminée, voire criminalisée, la condamnation sociale du géniteur reste exceptionnelle. Dans ce contexte caractérisé par le poids du conservatisme religieux et des traditions qui cautionnent les violences physiques et morales qu’elles subissent, ces femmes sont amenées à abandonner leur enfant, souvent de manière illégale et dans des conditions tragiques. NOTRE ACTION Favoriser l’insertion socio-professionnelle Pour pallier à cette situation, l’action de Santé Sud a pour objectif de promouvoir l’accès des mères célibataires aux droits fondamentaux et de développer leur émancipation économique et sociale. Pour cela, le projet met en œuvre la formation des professionnels intervenant en première ligne à l’accompagnement spécifique de ce public vulnérable. Santé Sud développe également des actions visant à favoriser 18 Rapport d’activités 2015 « Une mère célibataire est maltraitée, punie, exclue, rejetée par les siens, démunie de son statut de citoyenne et court parfois un danger de mort. » Leila Toubel, comédienne, auteur dramatique (Tunisie) l’insertion professionnelle de ces femmes. Enfin, un travail important de mise en réseau des acteurs, de plaidoyer en direction des pouvoirs publics et de sensibilisation du grand public est mis en œuvre afin de promouvoir les droits des mères célibataires au niveau national et régional. FAITS MARQUANTS EN 2015 Un plaidoyer qui commence à porter ses fruits Durant l’année 2015, Santé Sud a mené de nombreuses actions pour améliorer l’accueil, l’accompagnement et l’insertion des mères célibataires : formations des travailleurs sociaux ; production d’un guide sur le cadre juridique et les dispositifs d’accueil ; tenue de comités multisectoriels visant l’insertion professionnelle ; échanges interprofessionnels franco-maghrébins... Mais ce qui a réellement marqué un tournant, c’est la prise de conscience partagée de l’importance d’un plaidoyer combatif pour dénoncer les violations des droits dont elles sont victimes afin de briser le cercle de la marginalisation. Outre la diffusion de témoignages vidéo de mères célibataires, un remarquable recueil d’expériences présentant les actions de la société civile maghrébine en matière de défense des droits et d’inclusion sociale a été rendu public le 25 novembre, lors de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. Ainsi, les effets du plaidoyer se font de plus en plus sentir et on voit les langues se délier sur ce sujet totalement tabou au Maghreb. « Ce recueil d’expériences, qui prend toute la mesure de ce drame social, est aussi un beau témoignage du travail admirable que des citoyennes et des citoyens déploient chaque jour avec une conscience humaine élevée. » Ameziane Ferhani, Journaliste et auteur (Algérie) Jeunes marginalisés tunisie Pour une meilleure intégration des jeunes menacés de rupture sociale Objectif � r éduire la marginalisation et l’exclusion sociale des jeunes à Tunis par l’appui de 4 centres sociaux Groupes cibles � 1 56 personnels de 4 centres sociaux et de la Direction générale de la promotion sociale (DGPS) Bénéficiaires finaux � 1 500 jeunes Partenaire opérationnel �D GPS (ministère des Affaires sociales) « Ce projet constitue un premier pas vers un changement de pratiques professionnelles par l’instauration d’une culture d’accompagnement et de prise en charge individualisée qui prend en compte les besoins des jeunes bénéficiaires.. » Hassen Haj Messaoud, chef de projet à Santé Sud Tunisie Partenaire financier � Agence française de développement (AFD) FAITS MARQUANTS EN 2015 DIAGNOSTIC Une jeunesse en souffrance Leur parcours de vie est multiple : abandon des parents, maltraitance, décrochage scolaire, errance, mendicité, petite délinquance, prostitution, exploitation sexuelle, consommation d’alcool ou de drogues... Dans le grand Tunis, chaque année, des milliers de mineurs fréquentent des centres de prévention et d’intégration sociale, que ce soit de façon occasionnelle ou à temps plein à la suite d’un placement par le juge. La plupart d’entre eux n’ont aucun soutien familial. Or des insuffisances sont constatées dans leur accompagnement en raison de lacunes au niveau de la coordination entre les acteurs, de l’organisation des centres et des compétences des équipes professionnelles. Mieux organisés pour accompagner En 2015, l’élaboration participative des projets d’établissement (PE) a été mise en œuvre en parallèle à la rédaction des fiches de postes, des référentiels métier, des règlements intérieurs et autres documents structurants. Deux sessions de formation ont été organisées pour développer les compétences de 53 professionnels dans l’élaboration et la gestion des projets de vie individualisés pour que chaque jeune soit partie prenante dans la construction de son avenir. 21 travailleurs sociaux ont quant à eux profité d’une formation sur la démarche d’accueil en institution. Parallèlement, des ateliers occupationnels ont été mis en place dans les centres (rotin, bijouterie, distillation d’huile essentielle…) : une piste d’insertion professionnelle pour les jeunes qui le souhaitent. Gage de la pérennité des actions menées, des représentants de la DGPS ont activement participé aux formations, ce qui est essentiel pour mieux comprendre les problèmes des professionnels. NOTRE ACTION À la demande de l’organisation de tutelle de ces centres, la DGPS, Santé Sud appuie 4 structures qui accueillent chaque année 500 jeunes, dont 60% de garçons. Chacun des centres ayant une vocation spécifique (accueil de jour, hébergement femé ou ouvert, accueil d’urgence), Santé Sud y développe une approche sur mesure pour les aider à mieux assurer leurs mandats respectifs. Au niveau institutionnel, il s’agit essentiellement d’élaborer leur projet d’établissement. Les ressources humaines (éducateurs, travailleurs sociaux, psychologues et auxiliaires de vie...) sont également formées à la prise en charge des jeunes. La mise en réseau des acteurs publics et associatifs et la sensibilisation de l’opinion publique autour des droits des personnes les plus vulnérables complètent le dispositif. © Sante Sud Renforcer les acteurs publics Un jeune accueilli au Centre de défense et d’intégration sociale (CDIS) lors d’un atelier d’artisanat Rapport d’activités 2015 19 Enfance abandonnée TUNISIE Des droits à défendre : les mères célibataires et les enfants issus de relations hors mariage en Tunisie Objectif � défendre les droits des enfants issus de relations hors mariage par une prise en charge et un accompagnement améliorés dans les pouponnières associatives du Réseau amen enfance Tunisie (RAET) © Sante Sud Groupes cibles � 277 personnels de la petite enfance Bénéficiaires finaux � 975 enfants et leurs familles adoptantes et biologiques Partenaire opérationnel � Réseau amen enfance Tunisie (RAET) Partenaire financier � Agence française de développement (AFD) Les assistantes maternelles des 12 pouponnières réparties sur toute la Tunisie ont été accompagnées in situ par des psychologues pour améliorer leurs compétences, notamment le repérage des signes de carence affective chez l’enfant. DIAGNOSTIC Des droits fondamentaux compromis En Tunisie, les enfants issus de relations hors mariage et leur mère sont fortement stigmatisés. En raison de la pression sociale exercée sur les mères célibataires, les nouveau-nés sont souvent abandonnés et placés dans des pouponnières associatives, qui assurent leur accueil avec des moyens nettement insuffisants et des personnels qui ne sont pas formés ni valorisés ou accompagnés dans leurs pratiques. Le développement physique, psychomoteur et affectif des enfants s’en trouve compromis. NOTRE ACTION Combattre la stigmatisation et améliorer la prise en charge À la demande des pouponnières associatives constituant le Réseau amen enfance Tunisie (RAET), Santé Sud soutient sa structuration et son organisation afin qu’il puisse porter la cause des enfants abandonnés au niveau national et ainsi mener un plaidoyer impactant pour améliorer leur prise en charge et réduire la stigmatisation dont ils sont victimes. En plus d’établir 20 Rapport d’activités 2015 des normes communes à l’ensemble des pouponnières, le programme contribue à améliorer leur fonctionnement (projet associatif, management, équipement, etc.) et surtout la qualité de l’accueil des enfants par la formation des assistantes maternelles, notamment à la prise en charge psychoaffective. FAITS MARQUANTS EN 2015 Premières normes dans des pouponnières en Tunisie Au moment de conclure ce projet en décembre 2015, le RAET était en passe de devenir un interlocuteur majeur de la société civile, notamment grâce à la création d’un poste de coordinateur du réseau qui en a catalysé la structuration. Par ailleurs, la qualité de la prise en charge des enfants abandonnés est désormais garantie par un cahier des charges commun à toutes les pouponnières associatives du pays : normes relatives à la sécurité des bébés et du personnel, à l’équipement et à l’organisation de l’espace, à l’hygiène, aux compétences des personnels, à leurs conditions de travail, etc. Toujours dans l’optique d’offrir un accueil de qualité aux enfants, les formations se sont poursuivies sur différentes thématiques : psychomotricité, psychologie de la petite enfance, accompagnement pratique sur chaque site par des psychologues… Conscients que ces formations ne pourront porter leurs fruits que si l’on endigue le problème de turn-over des équipes causé par l’absence de reconnaissance des personnels, nous avons mené un travail de régularisation du statut d’assistantes maternelles qui entraînera l’amélioration de leurs conditions de travail et la création d’une véritable formation diplômante. « Maintenant, je comprends que nos comportements ont un impact psychique sur le développement de l’enfant !» Hajer Ben Jezia, assistante maternelle à la pouponnière associative Horizons de l’enfant du Sahel à Sousse Santé mentale LIBAN Pour l’amélioration de la prise en charge des enfants vulnérables dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban auprès des enfants et des jeunes dans 10 camps de réfugiés au Liban afin d’améliorer la prévention et la prise en charge de ces mineurs vulnérabilisés Groupes cibles � 60 professionnels médicaux et sociaux Bénéficiaires finaux � 2 200 enfants vulnérables et leur famille Partenaire opérationnel � Institut national pour l’action sociale et la formation professionnelle « Beit Atfal Assumoud » (BAA) Partenaires financiers � Agence française de développement (AFD), Région Provence-Alpes-Côte d’Azur DIAGNOSTIC Des camps exsangues, des enfants en souffrance Au Liban, les camps de réfugiés palestiniens déjà surpeuplés ont vu leur nombre exploser avec l’arrivée d’un million et demi de Syriens qui continuent de fuir les combats. Stigmatisés, porteurs de souffrances psychiques, de retards de développement ou de lourdes pathologies – parfois attribuables aux traumatismes de la guerre mais surtout à la grande précarité dans les camps –, les enfants réfugiés subissent aussi de multiples violences, abus, exploitations et négligences. Or l’ONG libanaise BAA offre un appui psycho-social dans 5 centres de guidance familiale desservant les 10 camps répartis sur le Liban, mais se voit débordée par l’affluence des jeunes patients. En outre, le manque d’outils d’aide au diagnostic rend plus difficile leur prise en charge appropriée. « Dans les camps de réfugiés, on rencontre énormément de dépressions infantiles et de troubles du comportement causés par la violence. » Dr Jihane Rohayem, psychiatre au Centre de guidance familiale de Saïda publique sur les droits des enfants réfugiés sont impulsées, particulièrement celui de bénéficier d’un accompagnement psycho-social approprié. FAITS MARQUANTS EN 2015 Des relations de confiance avec les familles Parmi les 5 modules dispensés en 2015, celui donné par une formatrice jordanienne aux assistantes sociales leur a permis de participer directement au diagnostic sommaire et à la prise en charge des enfants à domicile, diminuant ainsi l’engorgement dans les centres. De leur côté, les professionnels ont été formés à trois techniques de diagnostic (ADOS, VINELAND et CPT) et sont aujourd’hui en mesure d’apporter un diagnostic précis pour une prise en charge adaptée des enfants. Enfin, rare moment de détente pour ces familles confinées à l’univers des camps, deux sorties ont rassemblé quelque 200 personnes. Les professionnels ont aussi pris part à ces activités et ont pu discuter dans un cadre moins médicalisé avec parents et enfants, permettant de tisser des relations de confiance propices à la thérapie. © Sante Sud Objectif � r enforcer les capacités des professionnels intervenant NOTRE ACTION Diagnostic, prise en charge et plaidoyer Le programme comprend la formation des assistantes sociales qui interviennent directement auprès des familles afin de leur donner les outils nécessaires au repérage des troubles chez les enfants et ainsi désengorger les consultations spécialisées. La formation de psychiatres, psychologues et psychomotriciens, notamment aux outils de diagnostic, améliore la qualité de la prise en charge. Enfin, des actions de sensibilisation de l’opinion Après avoir vécu dans la rue durant des années avec ses enfants, Fatima a trouvé un logement de fortune pour elle et sa famille dans un ancien dépôt de légumes au camp de réfugiés palestinien de Borj el Brajne à Beyrouth. Avec l’arrivée des réfugiés syriens, l’espace se fait encore plus rare... mais on se sert les coudes ! (Ici avec l’un de ses enfants, Ahmed, thalassémique) Rapport d’activités 2015 21 Enfance abandonnée MALI Renforcement de la protection et du respect des droits des enfants abandonnés au Mali Objectif �o ffrir aux enfants abandonnés une protection adéquate, une prise en © Sante Sud charge globale adaptée à leurs besoins et garantissant le respect de leurs droits, de leur développement personnel et de leur future intégration sociale Groupes cibles � 160 professionnels de santé Bénéficiaires finaux � 500 enfants abandonnés ou égarés et 10 familles d’accueil Partenaires opérationnels �D irection nationale de la protection de l’enfance et de la famille (DNPEF), La surcharge de travail dans les pouponnières, où une seule personne est parfois en charge de 30 nourrissons, rend trop rares les moments d’échanges affectifs avec l’enfant. DIAGNOSTIC Pléthore d’enfants abandonnés Ces dernières années, en raison de la recrudescence des difficultés économiques au Mali et de l’exode rural, l’abandon d’enfant a pris des proportions alarmantes dans les grands centres urbains comme Bamako et dans certaines capitales régionales. La situation s’est encore dégradée avec la crise politique de 2012, consécutive au coup d’État, et avec l’entrée en vigueur d’une loi autorisant l’adoption des enfants uniquement par des parents maliens. Cela entraîne une augmentation massive du nombre d’enfants dans les centres d’accueil. Aujourd’hui, les pouponnières et les services sociaux n’ont pas les moyens, les ressources humaines et le savoir-faire nécessaires pour assurer une prise en charge de qualité de ces enfants, le respect de leurs droits et leur insertion en famille. NOTRE ACTION Promouvoir les droits des enfants abandonnés Santé Sud concentre ses efforts sur le renforcement organisationnel de 4 pouponnières afin d’améliorer la qualité de la prise en charge des enfants. Autre priorité : la sensibilisation aux droits fondamentaux des enfants 22 Rapport d’activités 2015 Centre d’accueil et de placement familial (CAPF), Association pour la sauvegarde de l’enfance (ASE-Mali), Association pour la survie et l’encadrement des mères et des enfants de la rue (ASSUREME) et Centre d’accueil pour la protection et l’éducation des enfants en situation difficile et des aides ménagères (CAPEMA) Partenaires financiers �A gence française de développement (AFD), Direction de la coopération internationale de Monaco, Association Léo, Association Demisenya, ARCAT « 90 % des lacunes identifiées dans notre pouponnière ont été améliorées grâce au travail sur le référentiel qualité. » Mariam Diallo Camara, directrice du Capema abandonnés et de ceux en situation de handicap également accueillis dans ces centres. Il s’agit de formaliser les procédures d’accueil des enfants ; de renforcer les capacités institutionnelles des pouponnières à travers la démarche de projet d’établissement ; de dispenser un programme de formation et de recyclage auprès des personnels tout en assurant la fourniture d’équipements ; et enfin de développer un réseau de familles d’accueil pour le placement des enfants abandonnés. FAITS MARQUANTS EN 2015 évaluer pour réorganiser Un état des lieux des 4 centres d’accueil a été réalisé afin d’identifier les besoins et les difficultés rencontrées par les pouponnières aux prises avec une surcharge importante d’enfants. Un «référentiel qualité» a été élaboré avec les partenaires associatifs et institutionnels afin de définir ensemble un cadre garantissant une prise en charge optimale pour assurer le développement de ces enfants et le respect de leurs droits fondamentaux. Il est accompagné d’un guide d’autoévaluation qui leur permettra d’évaluer leurs pratiques et de définir des axes d’amélioration de la qualité à travers une démarche participative. Handicap visuel MONGOLIE Promouvoir les droits des personnes malvoyantes et/ou aveugles en Mongolie Objectif �d évelopper un service d’information et de prévention des déficiences visuelles auprès des personnes aveugles ou malvoyantes en Mongolie Groupes cibles � 70 personnes de la FNPAM Bénéficiaires finaux � 15 000 personnes déficientes visuelles ou aveugles « Santé Sud est une de ces ONG françaises qui ont des expériences remarquables dans l’accompagnement pour l’amélioration de la santé des populations. » M. Yves Delaunay, ambassadeur de France en Mongolie Partenaire opérationnel Mongolie (FNPAM) Partenaires financiers � Fondation L’Occitane, Groupe Tavan Bogd DIAGNOSTIC Un partenaire engagé ! La Mongolie recense près de 15 000 personnes vivant avec une déficience visuelle. Malgré un cadre légal favorable (signature de la Convention internationale sur les droits des personnes en situation de handicap ; loi pour la protection sociale des personnes en situation de handicap), la pleine intégration sociale des personnes en situation de handicap demeure problématique. L’emploi et l’accès à l’école, à l’université, aux formations et aux activités sociales et culturelles sont limités. La FNPAM est un acteur reconnu tant par la société civile que par les pouvoirs publics : elle rassemble la quasi-totalité des personnes vivant avec une déficience visuelle dans le pays. FAITS MARQUANTS EN 2015 Un « avenir clair » très prometteur En cette fin de programme, une cérémonie de restitution officielle a été organisée le 25 mai 2015 et a donné lieu à l’inauguration de l’espace « Avenir clair ». Aujourd’hui totalement opérationnel, ce service est animé par du personnel qualifié et met en place des actions favorisant l’accès à l’emploi, à l’enseignement ou encore à un stage, dans l’optique d’améliorer l’intégration sociale des personnes aveugles ou malvoyantes et de lutter contre leur précarité. Sur la base du succès de cette expérience, de nombreuses pistes de collaboration dans le champ du handicap sont actuellement explorées. © Sante Sud � Fédération nationale des personnes aveugles de NOTRE ACTION Un service d’information et de prévention Le mandat de Santé Sud consiste à accompagner la FNPAM dans l’élaboration du projet « Avenir clair », un espace d’accueil, d’information et de prévention des déficiences visuelles. Le dispositif est également renforcé par des formations en communication et en plaidoyer auprès du personnel de l’association et par la mise à disposition d’équipement adapté aux déficiences visuelles (espace entièrement rénové, tableau blanc, smart board interactif, création d’un logiciel pour le repos des yeux…). « Avenir clair » a été élaboré selon une méthode participative qui permet de réfléchir à un plan d’action basé sur les besoins réels des bénéficiaires. Le ministère de la Santé et des Sports, l’Ambassade de France en Mongolie, Santé Sud et la Fédération nationale des personnes aveugles de Mongolie étaient réunies le 25 mai 2015 pour le lancement de cet espace d’accueil ouvert à un public de malvoyants ainsi qu’aux valides. Rapport d’activités 2015 23 Handicap mental TUNISIE Pour une meilleure participation sociale et économique des personnes souffrant de troubles mentaux « Je me sens à l’aise lorsque je travaille. Je gagne 240 dinars par mois. Ce mardi, je suis allé à la poste et j’ai retiré mon argent. » © Sante Sud Mohammed, bénéficiaire de la ferme thérapeutique de Sidi Bouzid et chargé de l’atelier d’agriculture La médiation pédagogique avec les animaux a remporté un vif succès auprès des jeunes de la ferme thérapeutique de Ghardimaou. DIAGNOSTIC Un avenir incertain La majorité des enfants en situation de handicap sont, encore aujourd’hui, exclus de la société tunisienne, voire cachés par leur famille... Un petit nombre d’entre eux fréquente des centres de jour – le plus souvent associatifs et disposant de ressources très limitées et de compétences inégales. Certains de ces établissements proposent des activités éducatives et de pré-formation professionnelle ; mais à l’âge de 30 ans, ils doivent en partir et se retrouvent face à un avenir auquel ils sont peu préparés. régions agricoles. L’expérience comporte trois axes : optimiser le fonctionnement des structures d’accueil ; renforcer la qualité de la prise en charge par des formations spécifiques visant notamment à amener les jeunes à l’autonomie par un projet individualisé ; développer un réseau de partenaires extérieurs pour faciliter leur insertion future. FAITS MARQUANTS EN 2015 Des bénéficiaires au cœur du débat Outres les derniers ateliers de formation menés tout au long de l’année auprès des professionnels des trois fermes thérapeutiques, le séminaire de clôture de ce projet-pilote a réuni près de 80 acteurs du monde du handicap en Tunisie fin 2015. L’occasion d’échanger sur les droits des personnes en situation de handicap à la lumière de cette expérience de trois ans. Plusieurs bénéficiaires s’y sont exprimés, soulignant combien leur insertion professionnelle ou plus simplement leur expérience dans les fermes leur ont permis d’accéder à plus d’autonomie. Ces interventions ont rappelé à l’assistance l’importance de laisser la parole à ces jeunes pour mieux défendre leurs droits et pour participer à la mise en place d’actions les plus adaptées possible. Objectif � renforcer les capacités de trois associations qui gèrent des fermes thérapeutiques promouvant l’intégration sociale d’enfants et de jeunes en situation de handicap par le biais d’activités éducatives et agricoles Groupes cibles � 587 personnels NOTRE ACTION Bénéficiaires finaux Un projet individualisé dans une région agricole � 3 33 jeunes en situation de handicap et leur famille Or l’activité agricole peut servir la prise en charge globale des personnes en situation de handicap : éducation, soin, socialisation, formation professionnelle... Elle favorise l’autonomie, le développement des capacités sensorielles et psychomotrices et une ouverture sur l’environnement extérieur en vue de l’intégration sociale et économique. C’est pourquoi Santé Sud soutient trois fermes thérapeutiques dans des 24 Rapport d’activités 2015 Partenaires opérationnels � Association des parents et amis des handicapés de Tunisie (APAHT) à Ghardimaou, Union tunisienne d’aide aux insuffisants mentaux (UTAIM) de Sidi Bouzid, Association Cordoue d’éducation spécialisée et de développement humain à Testour Partenaires financiers � Union européenne, Fondation Lord Michelham of Hellingly, Fondation AnBer Nutrition TUNISIE La santé des jeunes en Méditerranée : programme d’action autour de l’alimentation des étudiants Objectif � lutter contre les mauvaises pratiques alimentaires des étudiants du campus universitaire de Tunis-El Manar Groupes cibles � 4 professionnels de santé, 14 personnels du resto U et les étudiants de l’association AIESEC « L’urbanisation, la sédentarité et le stress ont mené à l’émergence du cortège des maladies dites de surpoids liées à l’alimentation dans notre pays. » Imen Ben Abdennabi, chef de projet à Santé Sud Tunisie Bénéficiaires finaux � 26 741 étudiants sensibilisés dont 250 sondés national de nutrition et de technologie alimentaire (INNTA), Association internationale des étudiants en sciences économiques et commerciales (AIESEC University), Université de Tunis-El Manar, Observatoire régional de la santé - ProvenceAlpes-Côte d’Azur (ORS PACA), Comité régional d’éducation pour la santé - Provence-Alpes-Côte d’Azur (CRES PACA) Partenaire financier � Région Provence-Alpes-Côte d’Azur DIAGNOSTIC Problème de surpoids chez les jeunes tunisiens L’o b é si té et l e s m a l a d i e s n o n t r a n s m i s si b l e s associées (diabète, hypertension artérielle, maladies cardiovasculaires, etc.) progressent rapidement en Tunisie. L’urbanisation rapide due à un exode rural massif ainsi que la sédentarisation des professions et une alimentation plus riche en gras avec par exemple la multiplication des fast-foods en sont responsables. Ainsi, environ 23% des jeunes tunisiens seraient en situation de surpoids ou d’obésité. Suite au Séminaire santé des jeunes en Méditerranée (décembre 2014), la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a souhaité entretenir la dynamique impulsée avec les pays du Sud et répondre à l’invitation lancée par la Tunisie à cette occasion pour travailler autour de l’alimentation. aux bonnes pratiques grâce à des messages conçus par des spécialistes de la nutrition tunisiens et français. Différents canaux sont ainsi utilisés : réseaux sociaux, campagnes SMS, événements sur le campus comme des projections-débats, la distribution de fruits, des journées sportives, etc. Quelques étudiants en situation d’obésité ou de surpoids bénéficient également d’un dispositif d’accompagnement sous forme de groupes de parole. Enfin un diagnostic du restaurant universitaire vise à améliorer la qualité nutritionnelle des menus proposés. FAITS MARQUANTS EN 2015 Des partenariats actifs et un réel intérêt des étudiants En ce premier trimestre du projet, une dynamique entre les nombreux partenaires s’est mise en place et a permis de mobiliser les étudiants et le personnel du restaurant universitaire. Réalisée avec l’aide de l’ORS et de l’INNTA et soumise aux réponses des étudiants par l’AIESEC, la première enquête CAP (Connaissances, Attitudes, Pratiques) sur les pratiques alimentaires et les activités physiques des étudiants a marqué le lancement du projet sur le campus.. Des stands y ont également été organisés et ont permis de se rendre compte de l’intérêt des étudiants pour une telle thématique. © Sante Sud Partenaires opérationnels �O ffice des œuvres universitaires du Nord, Institut NOTRE ACTION Sensibliser les étudiants à une bonne alimentation Le projet comprend deux enquêtes menées auprès des étudiants afin de mieux connaître et de comparer leurs habitudes alimentaires et leur activité physique avant et après l’action. Il s’agit de sensibiliser la population étudiante L’association étudiante AIESEC effectue une enquête auprès des étudiants sur le campus de Tunis-El Manar pour sonder leurs habitudes concernant l’alimentation et la pratique du sport. Rapport d’activités 2015 25 3. Médicaliser les zones rurales Bénin, Guinée, Madagascar, Mali © Sante Sud Depuis 1989, Santé Sud a conçu et mené à bien un programme original et efficace d’installation de médecins généralistes communautaires (MGC) en milieu rural. Ce programme est né d’un constat : la coexistence, dans de nombreux pays, de zones rurales sous-médicalisées où 60 à 80% de la population habite pourtant, et d’une forte proportion de jeunes médecins sans emploi en ville. Santé Sud s’est ainsi lancée dans une expérience visant l’accompagnement de jeunes médecins maliens dans leur installation en milieu rural. Depuis, cette initiative a été évaluée et validée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2008, confirmant ainsi la pertinence de cette stratégie. Au Mali, à Madagascar, au Bénin et en Guinée, Santé Sud poursuit ce programme d’installation de médecins en première ligne qui répond à la demande des populations pour des soins de proximité et de qualité. Chaque médecin couvre une aire de santé de 10 000 à 30 000 habitants et améliore ainsi le niveau de santé de la population, avec notamment un impact sur le taux de mortalité maternelle et infantile et un renforcement des programmes de santé publique de ces pays. Ces médecins de campagne, organisés en association, constituent en outre un réseau de solidarité professionnelle capable de mener des activités novatrices telles que la prise en charge des maladies chroniques (épilepsie, hypertension artérielle, VIH, etc.) en zone rurale ou l’informatisation mobile et connectée des centres de santé. épilepsie BéNIN Prise en charge des patients vivant avec l’épilepsie par le réseau des médecins généralistes communautaires (MGC) installés par Santé Sud au Bénin « Ces actions de sensibilisation, auxquelles les habitants de nombreux villages participent, produisent un accroissement notable des consultations pour épilepsie. » Dr Pierre Genton, épileptologue, formateur pour Santé Sud (Rapport de mission 08-2015) Objectif � mieux mesurer l’incidence de l’épilepsie et assurer aux patients atteints une meilleure insertion sociale et un accès à des soins de qualité Groupes cibles � 6 médecins généralistes communautaires Bénéficiaires finaux � 900 personnes épileptiques attendues Partenaires opérationnels � Association des médecins généralistes communautaires du Bénin, association Datasanté Partenaire financier � Sanofi Accès aux Médicaments (Programme Impact Epilepsy) DIAGNOSTIC épileptiques stigmatisés, malades non soignés NOTRE ACTION Soins, sensibilisation et démystification Si les données sur l’incidence ou sur le pronostic de l’épilepsie sont rares en Afrique subsaharienne, on sait que sa prévalence est deux ou trois fois plus élevée que dans les pays industrialisés. En plus des problèmes sanitaires et économiques que cette affection chronique occasionne aux malades, ils sont également frappés d’exclusion sociale. En effet, dans ces villages reculés, il n’est pas rare de croire que la maladie est contagieuse et que ses manifestations sont causées par des puissances surnaturelles. Créé en 2014, le Réseau épilepsie Bénin (REB) est constitué de 6 médecins généralistes communautaires (MGC) installés par Santé Sud et désireux d’améliorer les conditions de vie des malades épileptiques dans leur aire de santé. Ces MGC sont mis en réseau et reçoivent une formation initiale et continue afin de pouvoir offrir un diagnostic précis, un traitement approprié et un suivi de chaque patient. Parallèlement, les séances de sensibilisation communautaire contribuent à diminuer la stigmatisation dont souffrent les épileptiques. Il s’agit de mieux faire connaître la maladie, de la démystifier et d’amener les malades à consulter le médecin plutôt que de se rendre exclusivement chez le guérisseur. Un volet recherche-action complète le dispositif. FAITS MARQUANTS EN 2015 © Sante Sud Diagnostic et prise en charge efficaces Après deux ans de d’existence, le REB est aujourd’hui mature pour prendre en charge les patients atteints de troubles épileptiques et pour étendre la couverture géographique à d’autres zones d’intervention. L’année 2015 a été marquée par le dépistage de 301 nouveaux patients (contre 0 au lancement du REB). Ce nombre a été multiplié par 5 entre les deux semestres de 2015. La hausse de la prise en charge démontre une amélioration du diagnostic et du suivi par les médecins, mais également une meilleure connaissance de la maladie par la population, une avancée attributable aux séances de sensibilisation. Côté recherche, une base de données pour référencer et suivre les patients est désormais opérationnelle, alors que 4 médecins formés à l’utilisation d’un logiciel spécifique ont déjà commencé à former leurs pairs, dans un perspective d’élargissement du réseau. Le traitement de ces données va permettre de mieux appréhender l’évolution de la maladie. Les séances de sensibilisation ont contribué à repousser les barrières de la honte et de la stigmatisation liées à l’épilepsie, mais aussi d’initier de nouvelles approches de coopération entre les guérisseurs traditionnels et les centres médicaux communautaires (CMC). Rapport d’activités 2015 27 Médecine générale GUINéE Projet de renforcement du système de santé par l’installation de médecins généralistes communautaires privés dans les communes rurales de Guinée DIAGNOSTIC Un problème de repartition des RH en santé ! La question des ressources humaines en santé est unanimement considérée comme LE problème majeur en Guinée. On constate ainsi un fort déséquilibre entre un service public peu performant en milieu rural, occupé principalement par des infirmiers et des agents de santé, et une offre privée en zone urbaine dispensée par de nombreux soignants. Parallèlement, on assiste à la progression du chômage chez les jeunes diplômés de la santé en ville et à l’augmentation des pratiques informelles de soin. « La participation massive des associations communautaires au projet laisse présager une belle réussite pour la médecine générale communautaire en Guinée. » François Calas, responsable de programmes à Santé Sud communaux et surtout de la population, très motivée à l’idée d’accueillir des médecins. De fait, les associations communautaires locales ont investi dans la construction de centres de santé pour faciliter l’installation des médecins, qui couvrent désormais une aire de santé d’environ 10 000 personnes pour chaque centre. FAITS MARQUANTS EN 2015 © Sante Sud Les communautés appellent à la réplication du projet Le Dr Mamadou Diouldé Bah dans son centre de santé à Kourou, en train de dépister le diabète chez un patient. Les MGC seront en effet amenés à prendre en charge beaucoup de maladies chroniques, qui sont en train d’exploser en Afrique. NOTRE ACTION Installer des médecins en campagne À la demande de l’association Fraternité médicale Guinée (FMG), Santé Sud a amorcé fin 2013 un premier projet de médicalisation en zone rurale. Il vise l’installation de 5 médecins privés communautaires dans les communes rurales de la région de Labé sur la base d’un partenariat public/privé efficace et pérenne. Le projet a mobilisé l’adhésion et la participation des responsables sanitaires nationaux, des autorités régionales et locales, des élus 28 Rapport d’activités 2015 Si les populations avaient déserté les structures de santé guinéennes en 2014, une baisse significative du nombre de cas de fièvre ébola a permis un retour à la confiance et une hausse de la fréquentation dans les 5 centres, tous opérationnels en 2015. Cette deuxième année du projet a permis de compléter les formations reçues par les médecins installés par Santé Sud en vue d’améliorer la qualité des soins médicaux. Il s’agissait de compagnonnages dispensés par des médecins français venus guider leurs jeunes pairs guinéens dans leur exercice. Une évaluation finale du projet a révélé la satisfaction des populations bénéficiaires et l’intérêt de poursuivre le projet pour répondre aux demandes croissantes des communautés voisines pour l’implantation d’un MGC sur leur territoire. Objectif � augmenter l’accessibilité des populations rurales à des soins de qualité et contribuer à résoudre le problème de l’emploi chez les jeunes médecins guinéens Groupes cibles � 5 médecins généralistes communautaires (MGC) Bénéficiaires finaux � 50 000 habitants Partenaires opérationnels � Fraternité médicale Guinée (FMG), ministère de la Santé, Institut national de la santé publique (INSP) Partenaires financiers � Fondation d’aide à l’enfance et au Tiers-monde (FAET), sociétés SAB et SODISEL (José Lamic) Médecine générale MADagascar Extension et pérennisation des installations de médecins privés communautaires en zones rurales à Madagascar Objectif � participer à l’amélioration des soins et de la couverture sanitaire dans sept régions de Madagascar Groupes cibles � 56 médecins généralistes communautaires (MGC) © Sante Sud Bénéficiaires finaux � 500 000 habitants Partenaires opérationnels � ministère de la Santé publique, Conseil national de l’Ordre des médecins de Madagascar, Association des médecins communautaires de Madagascar (AMC-MAD), Institut national de santé publique et communautaire, MG-France (Mg Form), association Datasanté Partenaire financier � Agence française de développement (AFD) Les consultations autour de la mère et de l’enfant constituent l’activité la plus importante des MGC. Or l’évaluation finale du projet a permis de constater une augmentation des consultations des femmes, un signe encourageant. DIAGNOSTIC éloignement et precarité Quelque 80% de la population malgache vit en milieu rural. Dans le contexte de crise que connaît Madagascar depuis 2009, la situation socio-économique et sanitaire de la population s’est encore aggravée en 2015. Or l’insuffisance de personnel de santé touche particulièrement les zones éloignées et enclavées, notamment en raison de la précarité et des problèmes de sécurité. De nombreux centres de santé de base (CSB) publics ruraux sont laissés à l’abandon voire fermés. NOTRE ACTION Consolider un système de santé défaillant Le ministère de la Santé publique a demandé à Santé Sud d’installer 12 nouveaux médecins généralistes communautaires (MGC) afin de redonner accès à des soins médicalisés aux populations rurales. L’arrivée de ces médecins sur trois zones porte le nombre de nos MGC en activité à 56 à Madagascar. Par ailleurs, dans le cadre d’une convention sur l’expérimentation à la réouverture de CSB non fonctionnels avec le ministère, Santé Sud est chargée de mener à bien l’ensemble des activités permettant de remettre en route 3 centres avec tout le personnel nécessaire. Cette expérience pourrait être étendue au reste du pays et à terme aboutir au développement d’un nouveau cadre de partenariat public-privé. FAITS MARQUANTS EN 2015 Accès aux soins pour les communautés rurales En 2015, dernière année du projet, Santé Sud a pourvu au remplacement de deux postes de MGC vacants et a installé des équipements pour assurer la chaîne de froid dans les cabinets des MGC, essentielle à la conservation de certains médicaments et vaccins. L’évaluation finale du programme a permis d’apprécier, d’une part, l’installation de 30 MGC réalisée depuis 2010, et d’autre part, la mise en gestion déléguée des CSB publics. L’évaluation externe a souligné que ces installations ont permis d’offrir de nouveaux services de soins et de prévention à 253 000 habitants et a mis en avant l’efficience du projet et la satisfaction des bénéficiaires. Les résultats soulignent la hausse de la fréquentation des CSB, notamment les consultations des femmes, et précisent que la poursuite des installations doit être accompagnée d’un renforcement du partenariat avec le secteur public et du rôle du MGC dans la santé préventive communautaire. « Avant, je ne pouvais pas rester longtemps au village, à cause de mes crises d’asthme. Maintenant que le médecin est là, cela me rassure et je peux travailler en toute sérénité.» Un patient du Dr Nestor dans le village d’Amparihivato, Bongolava Rapport d’activités 2015 29 Médecine générale MADAGASCAR Consolider les équipes cadres de « référents-maîtres de stage » au sein de l’Association des médecins communautaires (AMC-MAD) Objectif � promouvoir et maintenir la qualité des soins offerts aux populations rurales par les médecins généralistes communautaires (MGC) soutenus par l’AMC-MAD, avec un dispositif de solidarité professionnelle, autonome et pérenne Groupes cibles � équipe cadre de 9 médecins référents-maîtres de stage Bénéficiaires finaux � 500 000 habitants « Grâce à la formation aux urgences, je peux prendre en charge ces cas, ce qui fait une économie importante pour les patients car une évacuation sanitaire coûte très cher à la famille. » Dr Jean Marie, référent-maître de stage à Salary, Atsimoandrefana Partenaire opérationnel � Association des médecins communautaires de Madagascar (AMC-MAD) sous forme de compagnonnage, de développer la formation continue et de poursuivre les échanges de pratiques professionnelles en réseau auprès des 56 MGC à Madagascar. Cette nouvelle dynamique intra-professionnelle permet de renforcer la stabilité des médecins pratiquant en zone rurale isolée. Partenaire financier � Association Frères de nos frères FAITS MARQUANTS EN 2015 Des soins d’urgence en zone rurale DIAGNOSTIC Des médecins isolés Depuis 2003, Santé Sud accompagne de jeunes médecins malgaches qui font le choix de s’installer en zone rurale, avec une formation et un encadrement complets. Le succès est tel que l’on assiste à une augmentation de demandes d’installations de jeunes diplômés à la campagne. Cependant, pratiquer la médecine sans préparation à ce contexte difficile peut s’avérer éprouvant compte tenu du haut niveau de responsabilité et de l’isolement. Ainsi, l’abandon de poste reste fréquent et un accompagnement professionnel devient indispensable pour que ces médecins s’approprient leur rôle et parviennent à offrir des soins de qualité dans des zones géographiques de plus en plus larges. Afin de les aider à encadrer adéquatement les jeunes médecins, les RMS ont eux-mêmes reçu des formations. L’une d’elles portait sur les échanges entre pairs qu’ils doivent organiser. Durant ces séances, les nouveaux MGC exposent des cas cliniques afin de pouvoir rectifier les mauvaises pratiques éventuelles. Les RMS ont également bénéficié d’une formation visant à consolider leurs compétences sur la prise en charge des urgences ; une discipline cruciale si l’on pense que l’isolement fait de ces médecins le premier maillon, et parfois le seul recours pour les patients dans la chaîne de soins d’urgence. Parmi les thèmes abordés : urgences vitales, immobilisations plâtrées, sutures et petite chirurgie. Au terme de la formation, les médecins ont reçu un kit médical d’urgence, ainsi qu’un guide de médecine d’urgence en milieu isolé réalisé par le formateur. Un dispositif de solidarité entre médecins communautaires L’association des médecins communautaires de Madagascar (AMC-MAD) compte aujourd’hui 56 membres qui ont besoin d’être accompagnés, dont un tiers n’ayant pas reçu de formation spécifique par Santé Sud. Une équipe cadre de 9 référents-maîtres de stage (RMS) constituée de médecins généralistes communautaires (MGC) expérimentés a donc été formée pour les soutenir. Les RMS ont pour mandat d’offrir aux nouvelles recrues une formation spécifique, d’assurer leur suivi sur le terrain 30 Rapport d’activités 2015 © Sante Sud NOTRE ACTION Lors des formations aux urgences, les mises en situation permettent aux médecins en poste d’améliorer leur réponse aux situations d’urgences dans un contexte où ils doivent souvent agir seuls et sans possibilité de référer le malade facilement. éPILEPSIE madagascar Prise en charge des patients vivant avec l’épilepsie par le réseau des MGC installés par Santé Sud à Madagascar « Grâce à mon traitement, je ne fais plus de crise depuis un an et je vais pouvoir me marier pour fonder une famille. » Un patient sous traitement anti-épileptique par le Dr Fenomanana dans le village d’Antanambao, Bongolava Objectif � offrir une formation spécifique aux médecins généralistes communautaires (MGC) afin d’augmenter l’accès de la population rurale à une prise en charge appropriée de l’épilepsie : diagnostic, suivi, accès aux médicaments, sensibilisation... Groupes cibles � 36 médecins généralistes communautaires (MGC) Bénéficiaires finaux DIAGNOSTIC Épilepsie : une vie normale est possible ! Dans les zones rurales reculées de Madagascar, l’épilepsie est couramment perçue comme un sortilège : les personnes en souffrant sont donc souvent victimes d’exclusion. Avec une prévalence de deux à trois fois plus élevée que dans les pays industrialisés (soit environ 10 à 15 pour 1000), elle constitue un frein non négligeable pour le développement et un terrible handicap pour les personnes touchées. Or un diagnostic précis, un suivi régulier et l’accès à des médicaments spécifiques permettent la mise en place d’un traitement efficace et l’accès à une vie normale pour la majorité des patients. NOTRE ACTION �e nviron 3 600 personnes épileptiques attendues 36 médecins mobilisés pour un suivi efficace Partenaires opérationnels � Association des médecins communautaires de Madagascar (AMCMAD) Le Réseau épilepsie Madagascar (REM), initié en 2008, permet à 36 médecins généralistes communautaires (MGC), implantés par Santé Sud au plus près des populations villageoises, de mieux prendre en charge les patients épileptiques. Le volet « recherche-action » assure le suivi et l’étude de l’évolution de la maladie pour chaque patient ; le volet « formation » permet aux MGC d’acquérir les connaissances nécessaires pour mieux soigner les malades ; le volet « accès aux médicaments » assure un approvisionnement régulier en médicaments à prix abordable ; et le volet « sensibilisation » vise à changer les perceptions négatives autour de l’épilepsie. Ce réseau a pour vocation de s’étendre à un plus grand nombre de médecins de l’AMC-MAD. Partenaire financier � Sanofi Accès aux médicaments (Impact Epilepsy) FAITS MARQUANTS EN 2015 © Sante Sud Le nombre de patients épileptiques suivis a doublé Le Dr Jocelyn, MGC membre du REM, installe un casque à un jeune patient lors d’une formation en électroencéphalographie (EEG) Le nombre total de patients dépistés a presque doublé en 2015 pour atteindre 413 patients. Cette augmentation est liée à l’élargissement du réseau de 13 MGC en 2013 à 36 MGC en 2015, mais également à l’organisation du « REM Tour » dont l’objectif est de sensibiliser les communautés locales sur la nature de l’épilepsie et sa prise en charge. Parallèlement, la formation continue s’est également poursuivie avec deux séminaires en 2015, permettant des échanges entre les membres sur leur pratique médicale et sur le renforcement du réseau. Rapport d’activités 2015 31 Médecine générale Mali Consolider les équipes cadres de « référents-maîtres de stage » au sein de l’Association des médecins de campagne Objectif � promouvoir et maintenir la qualité des soins offerts aux populations rurales par les médecins généralistes communautaires soutenus par l’Association des médecins de campagne du Mali Groupes cibles � équipe cadre de 28 médecins référents Bénéficiaires finaux � 3 millions d’habitants desservis par quelque 250 médecins « Le jour de l’arrivée du médecin, un accident de voiture a fait 23 blessés : les villageois ont vite constaté combien sa présence changeait tout par rapport à un infirmier ! » Fatoumata S. Traoré, secrétaire administrative de l’ASACO de Kenenkoun (L’ASACO est l’association villageoise chargée de l’administration du centre de santé) Partenaire opérationnel �Association des médecins de campagne (AMC-Mali) Partenaire financier � Fondation d’aide à l’enfance et au Tiers-monde (FAET) DIAGNOSTIC Installations sans préparation La médicalisation des zones rurales au Mali a été initiée par Santé Sud en 1989 puis développée avec l’Association des médecins de campagne (AMC) créée en 1993. Progressivement 150 jeunes médecins ont été formés et accompagnés pour s’installer en milieu rural, la grande majorité dans les centres de santé communautaires (CSCOM), structures de santé de base du système sanitaire malien. Le succès de cette initiative est tel que l’on assiste à une augmentation importante d’installations spontanées de jeunes diplômés en médecine non formés à la pratique en milieu isolé. Cela crée une plus forte demande d’encadrement et d’accompagnement de ces jeunes médecins mal préparés pour exercer en situation isolée leur métier de responsable d’une structure de soins. développent la formation continue dans chaque région et poursuivent les échanges de pratique professionnelle en réseau. FAITS MARQUANTS EN 2015 9 rms supplémentaires Malgré la mobilisation des MGC qui ont été impliqués dans les mesures de prévention de l’épidémie ébola mises en place par les autorités, les activités d’échanges de pratiques et de compagnonnage ont pu être menées en 2015. Ce compagnonnage favorise notamment les échanges entre les MGC et leur permet d’analyser leurs pratiques et d’identifier les points d’amélioration et les moyens pour progresser dans la gestion de leur centre et dans la prise en charge des patients (organisation du travail, prise en charge clinique, hygiène…). En outre, afin de faire face à l’augmentation du nombre de jeunes MGC, 9 RMS supplémentaires ont été formés afin de garantir la qualité des soins et une meilleure couverture de santé médicalisée, portant le total à 28 RMS. NOTRE ACTION L’AMC estime à environ 250 le nombre de médecins qui ont besoin d’être accompagnés et soutenus, beaucoup parmi eux n’ayant pas reçu la formation spécifique en médecine communautaire dispensée par Santé Sud. Pour répondre à ce problème, Santé Sud et l’AMC ont constitué et formé une équipe cadre de 28 « référentsmaîtres de stage » composée de médecins généralistes communautaires (MGC) expérimentés. Ces RMS offrent une formation adéquate aux jeunes médecins, assurent leur suivi sur le terrain sous forme de compagnonnage, 32 Rapport d’activités 2015 © Sante Sud 28 médecins pour encadrer leurs confrères Le médecin de Kolèbougou, le Dr Issa Malé (ici en consultation), est aussi « référent-maître de stage » et partage volontiers sa longue expérience avec ses jeunes confrères récemment installés. Laboratoire médical MALI Renforcement et extension du réseau de laboratoires de première ligne dans les zones rurales Objectif � c ontribuer à un meilleur diagnostic des maladies infectieuses dans les zones rurales maliennes par l’installation de 10 nouveaux laboratoires de première ligne Groupes cibles � 20 professionnels de santé (médecins et techniciens de laboratoire) © Sante Sud Bénéficiaires finaux � 100 000 habitants Partenaires opérationnels �A ssociation des médecins de campagne (AMC-Mali), Centre d’infectiologie Charles Mérieux de Bamako (CICM), Fondation Mérieux, ministère de la Santé du Mali Partenaire financier � Direction de la coopération internationale de Monaco Adama Coulibaly officie comme laborantin depuis 1998 dans le CSCOM de Markacoungo, l’un des premiers à avoir disposé d’un laboratoire installé par Santé Sud. DIAGNOSTIC Mortalité évitable La forte mortalité dans les zones rurales au Mali est trop souvent due à des affections diverses mal diagnostiquées : paludisme, parasitoses intestinales (qui sont responsables de l’anémie, surtout chez la femme enceinte et l’enfant de moins 5 ans), affections respiratoires aiguës, tuberculose, VIH... Ces maladies pourraient être traitées plus efficacement si elles étaient détectées à temps, notamment par le biais de tests effectués en laboratoire. première ligne. Pour le médecin, il s’agit d’un outil précieux pour asseoir le diagnostic et donc améliorer la prise en charge de certaines affections qui sont une cause de la forte mortalité, surtout en milieu rural. FAITS MARQUANTS EN 2015 Un projet en voie de pérennisation En mai 2015, la restitution de l’évaluation finale du projet, tenue à Bamako, a confirmé que le projet avait atteint les résultats attendus. Les dix laboratoires installés dans 10 Centres de santé communautaires (CSCOM) des régions de Kayes, Koulikoro et Ségou sont fonctionnels avec un dispositif intégré d’assurance-qualité et de surveillance épidémiologique dont les données sont régulièrement transmises au centre de référence (CSREF). Le personnel des centres est unanime sur la valeur ajoutée des laboratoires : ils améliorent la qualité des soins et favorisent l’augmentation de la fréquentation des CSCOM. Dans la plupart des centres, les recettes engendrées par le laboratoire permettent de couvrir les dépenses de fonctionnement, ce qui est un élément supplémentaire de succès du projet. Les partenaires locaux, au premier rang desquels les structures communautaires, mesurent l’intérêt de ces laboratoires de proximité et s’engagent à soutenir leur pérennisation. NOTRE ACTION Laboratoire de brousse : un outil précieux pour le médecin Santé Sud mène depuis 1989 un programme d’installation de médecins généralistes communautaires (MGC) maliens en milieu rural. Afin de répondre aux besoins les plus fréquents de ces médecins éloignés des grands centres, elle a également mis au point un programme visant à implanter des laboratoires d’analyses biologiques adaptés à la pratique médicale de « Ce laboratoire a sauvé mon enfant : après une analyse de sang, le médecin l’a rapidement référé au centre de santé de référence où on l’a transfusé ; sans cela, il allait mourir ! » Oumar Traoré, villageois de Kenenkoun Rapport d’activités 2015 33 Tuberculose Mali Programme de lutte contre la tuberculose au Mali « Round 10 Fonds Mondial » communautaires et le secteur privé dans la lutte contre la tuberculose Groupes cibles � les médecins de 242 centres de santé ruraux, 31 cliniques et cabinets privées, les services de santé de 30 entreprises privées, 6 maisons d’arrêt, 2 maisons de correction Bénéficiaires finaux � 3 millions d’habitants des aires rurales et 700 prisonniers des maisons d’arrêt Partenaires opérationnels �Catholic Relief Service (récipiendaire principal du Fonds mondial) et le Programme national de lutte contre la tuberculose au Mali Partenaire financier � F onds mondial pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme DIAGNOSTIC Une faible implication des structures communautaires L’incidence de la tuberculose au Mali était estimée à 58 nouveaux malades pour 100 000 habitants en 2014, et devrait atteindre 10 000 cas annuels dans ce pays de 17 millions d’habitants. Bien que 90 % de la population se trouve dans un rayon de 15 km autour d’un Centre de santé communautaire (CSCOM), jusqu’à présent ces centres privés à but non lucratif ont été peu impliqués dans la lutte contre la tuberculose. Pourtant, 80% des consultations curatives en général sont réalisées dans le privé mais en ce qui concerne la tuberculose, après confirmation du diagnostic, les malades sont gérés principalement par des structures publiques peu performantes. Cela a souvent comme conséquences l’abandon du traitement et la perte de vue des malades. NOTRE ACTION Améliorer le dépistage et la prise en charge Le projet vise à améliorer la collaboration entre le privé et le public dans le combat contre la tuberculose. Il s’agira d’abord d’impliquer les structures privées des régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti et du district de Bamako dans la prévention et la prise en charge de la tuberculose, par des actions de formation 34 Rapport d’activités 2015 «C’est la toute première fois, en tant qu’entreprise, que nous sommes sollicités pour participer à la prévention et à la lutte contre la tuberculose . » M. Alasseini Guirou, chef de personnel de l’entreprise SOMIKA SA de Kalana (mine d’or) dans la région de Sikasso, participant à l’un des trois ateliers de sensibilisation en entreprise et d’équipement des structures. Cela aura comme effet d’améliorer leurs compétences en matière de diagnostic biologique des nouveaux cas, de prise en charge des patients, de recherche des malades perdus de vue et de référence des cas de tuberculose pulmonaire multi-résistants. D’autre part, des actions de sensibilisation des professionnels du secteur public mais aussi de la communauté permettront de réduire la contamination, d’améliorer la prise en charge et de lutter plus efficacement contre la co-infection tuberculose/VIH. FAITS MARQUANTS EN 2015 Sensibilisation et formation 242 médecins de centres de santé communautaires et 31 médecins de centres privés (cliniques et cabinets médicaux) ont reçu une formation durant l’année sur le diagnostic précoce, la référence, le suivi thérapeutique et l’accompagnement psychosocial des malades ainsi que sur la fixation et l’acheminement des lames de prélèvement. La formation de 44 « pairs éducateurs » au suivi psycho-social des patients ainsi que la réalisation de trois ateliers de plaidoyer à l’endroit des responsables ont été menées et ont regroupé 111 participants dans les entreprises (mines, transport, filature de coton) et les maisons d’arrêt. © Sante Sud Objectif � impliquer la communauté, les structures Des séances de counseling, des visites à domicile et des causeries éducatives ont déjà permis de toucher près de 10 000 personnes dont 423 ont été référées dans les structures de prise en charge. Ici un technicien de laboratoire confirmant un diagnostic de tuberculose à Garolo. e-santé MALI Un programme d’informatisation mobile et connectée en 3G du système d’information sanitaire au service de la santé reproductive et du planning familial dans 13 CSCOM médicalisés des régions de Kayes, Koulikoro, Ségou et Sikasso « Si tout est normal au premier rendez-vous, les femmes enceintes ont tendance à ne pas revenir aux consultations périnatales… Mais avec le système de suivi et d’alertes de Datasanté, je n’en perds plus une de vue ! » Kadjatou Togora, matrone au centre de santé communautaire de Kenenkoun DIAGNOSTIC Absence de dossier médical individuel Le premier échelon du système de soins au Mali comporte plus de 1000 Centres de santé communautaires (CSCOM), qui couvrent une aire de santé de 10 à 30 000 personnes. Leur système d’information sanitaire repose sur la tenue de multiples registres en papier où sont consignées chacune des prestations dans l’ordre chronologique de leur délivrance (soins curatifs, vaccination, croissance des enfants, grossesses, accouchements, planning, prescriptions...). La tenue de ces registres et la production de rapports au district réduisent le temps consacré aux patients. En outre l’absence de dossier patient individuel rend impossible un suivi médical global et nuit à la qualité des soins. NOTRE ACTION Un outil pour améliorer la qualité des soins Le projet prévoit l’informatisation connectée de 13 CSCOM en zone rurale. Le logiciel Datasanté permettra de centraliser sur un dossier patient unique informatisé l’ensemble des informations le concernant : historique des consultations avec les différents personnels, pathologies, prescriptions et traitements suivis, vaccination, grossesses, soins dentaires, état nutritionnel, etc. L’objectif ? Assurer un suivi personnalisé de chaque couple en âge de procréer, des enfants de moins de 6 ans et des malades chroniques. Le système offre aussi des outils, résidents ou à distance, d’aide au diagnostic, d’alarmes de gravité, d’aide à la prescription, de formation continue et de mise en réseau professionnel (3G) pour les médecins. Il génère enfin les rapports obligatoires au district de manière automatique. Objectif � faciliter l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) afin d’organiser et d’assurer le suivi médicalisé des femmes en âge de procréer et des enfants de moins de 6 ans vivant en zone rurale Groupes cibles �9 0 professionnels de santé de 13 Centres de santé communautaires (CSCOM) Bénéficiaires finaux � 200 000 habitants Partenaires opérationnels � l’Association des médecins de campagne (AMC) du FAITS MARQUANTS EN 2015 Conception sur mesure avec les acteurs locaux Mali, l’Association Datasanté et les 13 Associations de santé communautaire (ASACO) des villages concernés En cette première année du projet, un état des lieux a été réalisé dans 5 CSCOM des régions de Koulikoro et Sikasso afin de définir leurs besoins précis, de mieux connaître les utilisateurs et d’appréhender les aspects techniques. Deux CSCOM ont été retenus pour une phase pilote d’informatisation. Les autorités sanitaires ont accueilli très favorablement l’initiative et se sont montrées motivées et engagées pour accompagner et soutenir le processus. Ainsi, le travail de programmation, réalisé par Datasanté en collaboration avec l’Association des médecins de campagne (AMC) et certains médecins chefs de district sanitaire, a permis d’élaborer un logiciel vraiment adapté au contexte malien et en particulier aux CSCOM. Le système a été installé fin 2015 dans les deux CSCOM pilotes de Koulikoro et le personnel soignant, très demandeur, a reçu une formation à son utilisation en plus d’un suivi régulier. © Sante Sud Partenaires financiers � Agence française de développement (AFD), ARCAT À Kolèbougou, CSCOM pilote pour Datasanté, non seulement les personnels sont-ils enthousiastes, mais en outre ils ont vu leur affluence augmenter simplement parce que les villageois son impatients de se faire enregistrer sur « la machine » ! Rapport d’activités 2015 35 25 programmes dans 11 pays en 2015 Siège Pays d’intervention de Santé Sud en 2015 Programmes terminés 1984 - 2015 o ì ëÉ ë á France Tunisie Algérie maroc Liban mongolie mauritanie mali guinée burkina Faso bénin madagascar SANTÉ SUD agir sans remplacer Siège Représentations nationales 200, boulevard National Le Gyptis II, bât. N 13003 Marseille Santé Sud Algérie [email protected] Santé Sud Mongolie [email protected] Santé Sud Burkina Faso [email protected] Santé Sud Tunisie [email protected] Santé Sud Liban [email protected] Pour les autres pays : contactez le siège +33 (0)4 91 95 63 45 [email protected] www.santesud.org Santé Sud Madagascar [email protected] Santé Sud Mali [email protected] Santé Sud Mauritanie [email protected] Au cœur de l’engagement… Santé Sud tient ici à remercier tous les bénévoles, les stagiaires, les volontaires, les salariés du siège et des représentations nationales, les donateurs, les bailleurs de fonds et les sympathisants qui chacun à leur manière, contribuent à défendre à nos côtés l’accès à des soins de qualité pour TOUS. Notre reconnaissance va spécialement à nos équipes et à nos partenaires dans les pays en développement qui, sur le terrain, accompagnent chaque jour les personnes les plus vulnérables : femmes et hommes de convictions, ils ne comptent ni les efforts, ni le temps pour défendre les droits de ceux qui en sont privés. Au sein du GROUPE SOS, Santé Sud agit aux côtés de Ginkgo et de Djantoli en faveur de la solidarité internationale.