
ÉDITORIAL
En mémoire des victimes…
Nous restons solidaires !
L’année 2015 restera dans l’esprit de chacun d’entre nous marquée
par les terribles attentats qui ont secoué le monde ; attentats
contre la tolérance, l’ouverture à l’autre, la démocratie. Beaucoup
de nos pays amis dans lesquels se déroulent nos projets ont
été le théâtre de cette barbarie. Au-delà de ces drames, notre
association a poursuivi sa mission de solidarité plus que jamais
nécessaire en ces temps si troublés.
La Tunisie paye aujourd’hui au prix du sang son désir légitime de
liberté. Malgré cela, avec persévérance, Santé Sud a poursuivi
l’accompagnement de ses partenaires tunisiens dans ce combat
contre la stigmatisation séculaire des mères célibataires, des
enfants nés hors mariage, des personnes avec un handicap mental
et des jeunes en rupture sociale. Si la coutume reste tenace, les
esprits s’ouvrent peu à peu à la différence et la parole se libère.
Le Mali, autre pays où Santé Sud mène depuis presque 30 ans
des programmes de médicalisation des zones rurales, a su réagir
aux avancées des islamistes dans le Nord : à Tombouctou, au
patrimoine dévasté, et à Bamako, cible d’agressions tragiques,
les équipes de Santé Sud ont su dépasser leurs inquiétudes pour
poursuivre avec obstination les projets en cours.
Le Liban, lui-même habitué au bruit des bombes, devient aujourd’hui
le pays accueillant le plus de réfugiés au monde : la guerre, chez
son voisin syrien, est venue amplifier le nombre de migrants,
rejoignant les réfugiés palestiniens aujourd’hui oubliés et pourtant
en exil depuis plus de soixante ans ! Santé Sud a su adapter son
programme à cet afflux massif de population.
Le Burkina Faso, pays des « hommes intègres », récent terrain de
travail pour Santé Sud, a accueilli notre nouveau coordinateur
national par un coup d’Etat suivi quelques semaines plus tard
par de nouvelles agressions djihadistes ; cela n’a pas empêché
la mise en route, en consortium avec l’association Enfants et
Développement, d’un programme « mère-enfant » dans trois
zones non loties de Ouagadougou.
Ces quelques exemples témoignent de notre capacité, avec l’ap-
pui de nos partenaires, à affronter les difficultés pour poursuivre
nos engagements. En Guinée, enfin sortie de l’épidémie Ébola,
en Mauritanie, à Madagascar, au Bénin, au Maroc et en Algérie, les
programmes avancent selon les calendriers prévus. Le programme
Datasanté au Mali vient aussi faire la preuve que les pays du Sud
peuvent et doivent également bénéficier des avancées tech-
nologiques majeures que connaissent nos systèmes de santé.
L’informatique fait son apparition en révolutionnant les modalités
de suivi des patients au bénéfice d’une médecine de qualité.
Les évènements dramatiques que la France a connus en janvier et
en novembre 2015 auraient pu laisser croire à une désintégration
de l’engagement de solidarité de nos équipes. Loin de cet effet
désastreux, Santé Sud peut être fière d’être restée en alerte et
en action sur tous les fronts de ses engagements. Certes, des
missions ont été reportées, parfois annulées, au nom d’une
sécurité que la prudence nous impose. Les difficultés financières
induites par ces évènements ont pu être partiellement surmon-
tées grâce à l’appui du GROUPE SOS qui est resté étroitement
solidaire de nos actions. De nouveaux projets ont pu voir le jour
dans un contexte géopolitique souvent difficile. C’est pour nous
une sorte de réponse pacifique mais tenace aux injustices de ce
monde et au chagrin de ses victimes. Elle n’a été possible que
par l’enthousiasme et la cohésion de ses membres : que chacun
d’entre eux soit ici remercié.
© Sante Sud
Paul Bénos, président
Nicole Hanssen, directrice
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Rapport d’activités 2015