2. L’HYGIENE DES RAYONNEMENTS SUJETS 1. La définition de la radiation, le classement des rayonnements et l’action des rayonnements ionisants a l’échelle atomique 2. Classement et caractéristiques des rayonnements ionisants 3. Les modes d’exposition humaine aux rayonnements ionisants 4. Les mesures et les unités de la radioactivité 5. Les sources naturelles de rayonnements ionisants 6. Les sources artificielles de rayonnements ionisants 7. Les effets biologiques des rayonnements ionisants : classement 8. Les effets déterministes des rayonnements ionisants en exposition externe globale 9. Les effets déterministes des rayonnements ionisants en exposition externe partielle 10. Les effets tératogènes (prénatals) des rayonnements ionisants 11. Les principes fondamentaux et les règles de la radioprotection Radiation/rayonnement = l’émission/propagation dans l’espace de particules/ondes électromagnétiques qui portent d’énergie Classement des radiations - Rayonnements ionisants (ils contiennent suffisamment d'énergie pour déplacer des électrons dans la matière où il se déplace et donc transformer les atomes en ions), qui peuvent être de type corpusculaire ou électromagnétique - Rayonnements non ionisants, qui sont de nature électromagnétique Pour revenir vers un état d’équilibre un atome radioactif va émettre : - Rayonnements corpusculaire (particules, avec de charge électrique, énergie cinétique et masse): - - Alfa - Beta Rayonnements électromagnétiques (ondes de même nature que la lumière) - X (du cortège électronique de l’atome) - gama (issus du noyau) L’action des rayonnements ionisants à l’échelle atomique Ionisation: si l’énergie transférée est supérieure à l’énergie de liaison (10 eV) de paire d’électrons de l’atome celui ci est ionisé: un électron est arraché du nuage électronique (se libère). Excitation électronique: l’énergie transférée a l’électron est trop faible pour l’arraché au noyau, l’électron passe a un niveau d’énergie supérieure, correspondant a une orbite plus périphérique (l’énergie fondamentale des électrons est tout de même augmentée de façon assez significative pour que leurs liaisons s’affaiblissent). 2.1. RAYONNEMENTS IONISANTS 2.1.1. La nature des rayonnements (classement et caractéristiques) a. Rayonnements chargés électriquement Les rayonnements β - des électrons porteurs d’une charge négative (β-) ou d’une charge électrique positive (positrons ou β+). Les rayonnements α sont des noyaux d’hélium constitués de 2 protons et de 2 neutrons. Les rayonnements chargés électriquement - Sont directement ionisants - Ont un parcours généralement très court: une feuille de papier suffit à arrêter les rayons α, les rayons β ont un parcours de quelques mètres dans l’air et sont arrêtés par quelques millimètres de métal - Sont peu dangereux en exposition externe, très nocifs en exposition interne. b. Rayonnements non chargés électriquement Rayonnements corpusculaires: les neutrons Rayonnements électromagnétiques X et gamma (γ) Les rayonnements non chargés électriquement - Sont indirectement ionisants - Sont très dangereux en exposition externe - Sont très pénétrants ; pour les arrêter, on dispose d’écrans protecteurs, tels que d’importantes épaisseurs de béton, d’acier ou de plomb pour les rayons X ou gamma, des écrans en paraffine pour les neutrons. 2.1.2. Les modes d’expositions humaine aux rayonnements ionisants a) L’Exposition est interne ou externe L’exposition externe engendrée par une source éloignée Exposition externe → irradiation externe (exposition externe à distance → contamination externe (exposition au contact) L’exposition interne (contamination interne) engendrée par l'incorporation de radionucléides dans l'organisme. L’absorption des radioéléments peut se faire soit par voie respiratoire (inhalation de particules en suspension), soit par voie cutanée lors de blessures; la voie digestive se rencontre plus rarement (substances contenues dans les liquides ou des aliments, ou présentes sur des objets ou les mains et portés à la bouche). On peut mentionner des différences majeures entre ces deux types d'exposition: - il est possible de se soustraire aux effets néfastes des expositions externes en s'éloignant de la source tandis que cela n'est pas possible en cas d'exposition interne - l'exposition interne suppose une incorporation de radionucléides, et la personne devient alors une source d'exposition externe pour ses voisins (voire de contamination). b) L’Exposition est globale ou partielle Exposition globale: le corps entier de l’individu a été exposé de façon homogène Exposition partielle: l’exposition s’est portée principalement sur un ou plusieurs organes ou tissus. c) L’Intervalle de temps sur lequel s’est écoulé l’exposition L'exposition peut en effet être brusque (effets aigues) ou prolongée (effets chroniques), avec toutes les nuances possibles. 2.1.3. Activité et période d’un radioélément (les mesures et les unités de la radioactivité) a) L’unité de mesure de la radioactivité est le becquerel (Bq). Il correspond à la radioactivité d’un gramme de radium dans lequel se produisent 37 milliards de désintégrations par seconde (1 Ci = 37 Gbq = 3,7 x 1010 désintégrations par seconde). b) La période radioactive ou demi-vie est le temps mis par la moitié des noyaux de la substance radioactive pour se désintégrer. c) La période biologique (Tb) d’un élément radioactif ou pas correspond au temps nécessaire pour que soit éliminée naturellement par l’organisme la moitié d’une quantité absorbée par une voie quelconque. d) La quantité d’énergie communiquée à la matière par unité de masse est appelée dose absorbée, l’unité est le gray (Gy) (l’ancienne unité était le rad: 1Gy = 100 rad). e) Le facteur de qualité (Q) est le reflet de la nocivité du rayonnement. Ainsi, pour une même dose absorbée, les rayons α sont plus destructeurs que les rayons γ. Les rayons X (et photons γ) sont pris comme référence: Q = 1; pour les rayons α, Q = 20. f) L’équivalent de dose (H) qui caractérise les effets biologiques, est égal à la dose absorbée multipliée par le facteur de qualité: H = D x Q. L’unité est le Sv (1 Sv= 1 joule/kg) et non plus le rem (1 rem = 0,01 Sv; 1Sv= 100 rem). 2.1.4. Sources d’exposition humaine aux rayonnements ionisants A) Naturelles B) Artificielles non-professionnelle (du public) C) Artificielles professionnelle D) Accidentelle A. Exposition naturelle: 2,4 mSv/an A1. Origine cosmique (solaire ou galactique) Les rayonnements cosmiques primaires de haute énergie interagissent avec les noyaux des atomes de l’atmosphère terrestre. Ils créent Les rayonnements cosmiques secondaires - particules de haute énergie (muons, protons, neutrons, neutrinos, mésons, électrons…) qui engendre une exposition externe - des radio-isotopes (14carbone, 3H=tritium, 22sodium, 7béryllium) qui participent à l’exposition interne (même si leur part est très faible). Parmi ces derniers, le carbone 14 est produit par l’interaction des neutrons des rayonnements cosmiques sur les noyaux d’azote atmosphérique En exposition externe, la dose reçue des rayonnements cosmiques secondaires varie surtout avec l’altitude (doublant à peu près tous les 1500 m: 0,3 mSv au niveau de la mer; 0,6 à 1500 m, 1,2 à 3000 m) et peu avec la latitude (maximale aux pôles, minimale à l’équateur). Un vol Paris-New York aller et retour communique à l’équipage et aux passagers une dose de 0.06 mSv, un vol Paris-Tokyo : 0,1 mSv, un an à Paris : 0,7 mSv, à La Paz : 2,7 mSv, un jour à bord de Mir : 1mSv. A l'altitude de croisière d'un avion à réaction, le rayonnement cosmique est 150 fois plus élevé qu'au niveau de la mer. A2. Origine tellurique Les radioéléments présents dans la croûte terrestre. On distingue essentiellement trois familles radioactives: uranium 238, uranium 235, thorium 232, dont les descendants (en particulier radon et thoron) participent de façon importante à l’exposition externe, et des isotopes isolés dont les deux principaux sont le potassium 40 et le rubidium 87. A3. Les éléments radioactifs naturels que nous absorbons en respirant ou en nous nourrissant. Les radionucléides de la croûte terrestre (principalement K40) et ceux créés par les rayonnements cosmiques (essentiellement carbone 14) sont naturellement présents dans les plantes et les animaux, mais aussi dans l'eau minérale. Nos aliments et nos boissons sont par conséquent légèrement radioactifs. Les radionucléides ingérés se fixent dans les tissus de l'organisme et entraînent une exposition interne d'origine naturelle. Le potassium des aliments dont nous retenons une partie dans notre organisme (élément dont nous maintenons en permanence un stock d'environ 165 g par personne) est responsable chez chacun d’entre nous, en moyenne, une irradiation de 1,55 milli sievert par an A4. Le radon = la principale source d’irradiation naturelle = gaz provenant de la transmutation du radium (lui même descendant de l’uranium) qui se trouve à très faibles doses dans beaucoup de minéraux du sol, en particulier les granits, les bétons de schistes alunifères Le radon, avec une période de 3.8 jours, est un gaz lourd, radioactif, qui diffuse à travers la roche selon sa porosité. Il est invisible (incolore), inodore et insipide. La seule façon d’en détecter la présence est de le tester. Même sans couleur, sans odeur, sans gout, il pourrait poser problème dans notre maison. Il s’échappe du sol et se retrouve dans l’air extérieur ou, s’il se mélange à l’air, il est inoffensif, car sa concentration est diluée dans l’air. Mais s’il s’infiltre dans un lieu clos (ex. une maison) et y reste emprisonné, il peut être nocif. Il est plus lourd que l’air, a tendance à s’accumuler dans les endroits fermés (les caves des maisons, les mines d’uranium). Son accumulation varie avec l’heure de la journée (parce que les portes sont surtout fermées la nuit !) et avec la météo : les jours de grand vent, le radon est plus vite dispersé et dilué. Les atomes de radon peuvent se désintégrer à leur tour pour donner du polonium, du bismuth et du plomb, «produits de désintégration» aussi radioactifs, qui s’associent aux aérosols de l’air que nous respirons. Dans les espaces clos, ils s’accumulent peu à peu. Lors de la respiration, ils peuvent pénétrer dans les poumons, se déposer sur le tissu pulmonaire et l’irradier avec pour conséquence possible un cancer du poumon. Ces descendants émettent des rayonnements alpha qui peuvent déterminer le développement d’un cancer. Ce type de rayonnement (alpha) sont peu pénétrants, ils agissent donc par contact, essentiellement par inhalation, au niveau de la muqueuse des bronches et des poumons. On estime qu’il est la deuxième cause de cancers du poumon, loin après le tabac. Le risque peut être exacerbé en cas de tabagisme. La dose efficace individuelle due au radon et à ses descendants est en moyenne d'environ 1,2 mSv par an en France. Le radon est présent dans toutes les eaux naturelles de surface et souterraines (la décroissance radioactive du radium 226 dissous dans l'eau; la dissolution du radon présent dans la roche au travers de laquelle stagne ou circule l'eau, jusqu'à l'aquifère ou à l'émergence). La concentration du radon dans l'eau dépend de la teneur plus ou moins forte du radium dans la roche (source du radon), des conditions géochimiques plus ou moins favorables et du temps de séjour de l'eau au sein de cette roche A l'air libre, le radon dissous dans l'eau est facilement volatil; il en résulte un dégazage rapide vers l'atmosphère B. Exposition artificielle non-professionnelle (du public) B1. Exposition médicale: – radiodiagnostic (radiographie, scanner) – radiothérapie (cc) : Co – curiethérapie (au contact/implanté): Ir, Ce; I – la médecine nucléaire : I, Tc – la tomographie a émission de positrons = 500 μSv/an en Ro, 1 mSv/an en France B2. Retombées consécutives aux essais nucléaires aériens Effectués essentiellement de 1954 à 1963, ces 450 essais sont responsables d’une exposition à la fois externe et interne. Les radioéléments produits sont le carbone 14, le strontium 90, le césium 137, le tritium et des isotopes du plutonium. Ils se sont déposés essentiellement sur l’hémisphère nord. Ces essais ont été arrêtés du fait d’une augmentation importante de la radioactivité ambiante, correspondant à 4 années d’exposition naturelle. Après avoir culminé en 1964, cette exposition ne représente plus qu’environ 1% de l’exposition naturelle; après les années 2000, elle ne sera plus due qu’au carbone 14, du fait de sa longue période. C. Exposition professionnelle - les membres des professions médicales et paramédicales - les travailleurs des centres de recherche utilisant des sources - les travailleurs de l’industrie nucléaire - les travailleurs de secteurs industriels variés: radiographie industrielle, radioconservation des denrées, jauges radiométriques D. Exposition accidentelle D1. Pollution atmosphérique - l’exposition est directe (inhalation) et indirecte (aliments, sol) - les centrales nucléaires- électricité (75 à 80 % de l'électricité produite en France est d'origine nucléaire) - les industries diverses: gammagraphie, jauges, agroalimentaire: D2. Exposition domestique: certains appareils ou produits contiennent des radioéléments ou produisent des rayonnements ionisants (les objets rendus luminescents avec des peintures au tritium (montres, cadrans, réveils…), les anciens récepteurs de télévision, certaines céramiques dentaires, lunettes…fumée (7microSv) 2.1.5. Les effets moléculaires des rayonnements ionisants Dans une cellule vivante, toutes les molécules peuvent être touchées, mais deux d'entre elles sont plus importantes: l'eau (par son abondance) et l'ADN (Les rayonnements peuvent ainsi induire des modifications ou ruptures de la chaîne d'ADN, réparables ou non: défauts dans le codage génétique, à l’origine de possibles mutations ou de mort cellulaire) Ces agressions sont très fréquentes (on estime que l’ADN subit constamment un millier de lésions par heure et par cellule) et elles sont sans doute à l’origine du vieillissement cellulaire. Les cellules disposent fort heureusement de mécanismes de réparation très efficaces. Ainsi, lorsqu’un seul brin de l’ADN est brisé, la réparation prend le brin intact comme modèle. Lorsque les deux brins sont brisés, la recopie n’est plus possible, et la cellule déclenche une sorte de «suicide cellulaire» appelé apoptose. 2.1.6. Effets cellulaires Les cellules sont d’autant plus radiosensibles qu’elles sont indifférenciés et qu’elles ont un potentiel de prolifération plus grand. D’une manière générale, les tissus à renouvellement rapide (divisions cellulaires nombreuses) sont les plus sensibles aux radiations et les effets produits sont alors précoces. Sont classés selon leur radiosensibilité décroissante les tissus suivants : - les tissus embryonnaires - les organes hématopoïétiques - les gonades - l’épiderme - la muqueuse intestinale - le tissu conjonctif - le tissu musculaire - le tissu nerveux 2.1.7. Effets biologiques des rayonnements ionisants A. Effets déterministes ou non aléatoires (non stochastiques) – Dus à la destruction massive des cellules (mort cellulaire) – Dépendent de la dose unique reçue (seuil) et l’organe touché, croissants en gravité avec l’augmentation de la dose – Toute la population (non aléatoires) – Réversibles – Précoces (heures – nausées, radiodermite – plusieurs jours ou mois) B. Effets aléatoires ou stochastiques – Associés à la transformation (mutation) des cellules plus qu’a leur destruction – Indépendantes de la dose (quand la dose augmente, leur fréquence augmente, mais leur gravité reste la même) – Certaines personnes – Irréversibles – Leur temps de latence est de plusieurs années (leucémies, cancers) se manifestent plusieurs mois ou années après l’irradiation – non spécifiques: il n'y a pas de moyen de déterminer l'origine radioinduite d'un cancer ou d'une anomalie génétique C. Effets tératogènes (prénatales) A. Effets déterministes ou non aléatoires a) Exposition externe globale Dose inférieure à 0,3 Gray: Aucun symptôme Dose comprise entre 0,3 et 1 Gray : Chute discrète du nombre des lymphocytes ; spontanément réversible ; parfois des signes neurovégétatifs avec asthénie, céphalées, nausées. Dose comprise entre 1 et 2 Grays: (la phase prodromique). Ils surviennent dans les 24 heures suivant l’exposition: signes neurovégétatifs (asthénie, céphalées, tachycardie, hypotension), s’accompagnant de troubles digestifs à type de nausées, vomissements avec parfois douleurs abdominales et troubles vasomoteurs. Le sujet atteint doit être systématiquement hospitalisé pour surveillance. Au-delà de 2 Gy, l’hospitalisation en service spécialisé est indispensable en raison de l’atteinte du système hématopoïétique. Les lymphocytes sont les cellules les plus radiosensibles, leur nombre diminue rapidement après l’exposition, jusqu’au 3e à 5e jour, pour rester abaissé pendant plusieurs semaines. Le nombre de granulocytes peut augmenter le jour de l’exposition avant de diminuer les jours suivants. La lignée mégacaryocytaire est également radiosensible, on observe une thrombopénie responsable de troubles hémorragiques. Au-delà de 6 Gy, aux syndromes prodromiques et hématopoïétiques qui sont majeurs, se surajoute un syndrome viscéral, gastro-intestinal, associant vomissements, diarrhées et hémorragies digestives. En l‘absence de greffe de moelle osseuse, la mort est quasi certaine. Les signes neurologiques apparaissent pour des doses absorbées supérieures à 10 Gy, aucune thérapeutique n’est efficace, le sujet meurt rapidement en moins de 48 heures. b) Effets déterministes en exposition externe partielle Atteinte de la peau - entre 3 et 8 Gy : érythème, au-delà de 5 Gy épidermite sèche, épidermite exsudative entre 12 et 20 Gy, nécrose pour des doses supérieures à 25 Gy. Au-delà de 10 Gy, des séquelles importantes peuvent s’observer; séquelles physiques, avec atrophie d’un segment cutané ou muqueux, télangiectasies, dyskératose ou dyschromatose…, mais également fonctionnelles (douleurs, troubles de la sensibilité, de la vascularisation ou de la mobilité). Effets sur les gonades - Les cellules germinales des testicules sont très radiosensibles. Une dose de 4 Gy suffit à entraîner une stérilité définitive, une diminution du nombre de spermatozoïdes peut s’observer pendant plusieurs mois pour des doses supérieures à 0,2 Gy. - Les cellules de Sertoli testiculaires sont par contre assez résistantes, il n’y a donc ni diminution des sécrétions hormonales ni impuissance. - Les ovaires ont une radiosensibilité inférieure à celle des testicules et variant avec l’âge, la stérilité survient pour une dose supérieure à 8 Gy. Effets sur l’œil La partie la plus radiosensible de l’œil est le cristallin. La radioexposition peut donc provoquer une cataracte dans des délais variables en fonction de la dose: plus de 5 ans pour des doses inférieures à 2 Gy, 1 an pour des doses supérieures à 10 Gy. On peut voir également: - des radiodermites aiguës ou chroniques des paupières avec blépharites et chute des cils, - des conjonctivites traînantes et des syndromes secs oculaires, - des kératites. Effets sur la thyroïde Les glandes endocrines sont en général assez résistantes, sauf la thyroïde pour laquelle les effets pourront être retardés de 10 à 15 ans avec apparition d’une hypothyroïdie. B. Effets aléatoires ou stochastiques Effets cancérogènes: des mutations de l’ADN sont apparues dans des cellules somatiques - leucémie et cancers de la thyroïde Effets génétiques: la mutation d’un gène d’une cellule germinale est apparue : elle se transmet à la descendance. Ils sont provoqués par la mutation d’une cellule de la reproduction. Les anomalies génétiques peuvent concerner soit les chromosomes (nombre ou de la structure), soit un ou plusieurs gènes. C. Effets tératogènes Période de préimplantation (6 ème – 9 ème jours) Avant l’implantation de l’œuf (6e – 9e jour chez l’homme), les cellules sont indifférenciées, totipotentes: en cas de dose élevée reçue, il y a mort cellulaire et avortement qui passe inaperçu. Sinon, quelques cellules sont détruites et remplacées, une seule cellule survivante suffit pour assurer le développement complet de l'embryon, c’est la loi du “tout ou rien”. Embryogenèse (jusqu’au 60e jour) C’est la période la plus radiosensible pendant laquelle vont se mettre en place toutes les ébauches des tissus et des organes de l’embryon (organogenèse) ainsi que sa forme (morphogenèse). Une irradiation pendant cette période risque d’induire des malformations. Chez l’homme, en dehors des malformations, des maldéveloppements du système nerveux central peuvent survenir. En effet, des microcéphalies parfois associées à un retard mental ainsi que des troubles de croissance ont été retrouvés chez des survivants des explosions nucléaires japonaises. Stade fœtal (au-delà de 60 jours) Il correspond à une phase de croissance du fœtus (de 3 cm à la fin du 2e mois à 50 cm au terme du 9e mois) ainsi qu’à une maturation des différents tissus le composant. Pendant cette période, la fréquence des malformations diminue, ainsi que leur gravité. Par ailleurs, une irradiation survenant tardivement au cours de ce stade peut entraîner des risques cancérogènes qui ne se révéleront qu’après la naissance. 2.1.8. Prévention (notion de radioprotection) La radioprotection désigne l'ensemble des mesures prises pour assurer la protection de l'homme et de son environnement contre les effets néfastes des rayonnements ionisants a) Les trois principes fondamentaux de la radioprotection, liés à la source et quelle que soit la situation: La justification. Les sources de rayonnements ionisants ne doivent pas être utilisées s'il existe d'autres alternatives (par exemple, pas de radiographie si des résultats similaires sont obtenus avec une échographie) – Dans le cas des analyses médicales, c'est au médecin de faire la balance entre le bénéfice et le risque, le bénéfice que le patient retire de l'examen doit être supérieur au risque radiologique L'optimisation. C'est la recherche de l'exposition minimum nécessaire, elle correspond au principe ALARA (As Low As Reasonably Achievable). Les matériels, les procédés et l’organisation du travail doivent être conçus de façon à réduire l’exposition au niveau le plus bas possible tout en maintenant l’objectif recherché. La limitation des doses individuelles. Il existe des limites annuelles d'exposition à ne pas dépasser: l’exposition individuelle doit être maintenue en dessous de limites déterminées. b) Les règles de protection opérationnelle Pour l'utilisateur, il existe quatre règles fondamentales de protection contre les sources de rayonnements externes: la Distance, l'Activité, le Temps et les Ecrans (moyen mnémotechnique: D.A.T.E.). Distance: s’éloigner de la source de rayonnements ionisants Activité: Réduire l'activité de la source (diminuer les quantités de matière radioactive engagées, dans le cadre d'une décontamination; diluer les gaz radioactifs). Dans les mines d’uranium souterraines, la ventilation permet de maintenir une faible concentration de radon dans l’air que respirent les mineurs. Temps: minimiser la durée de l’exposition aux rayonnements Écran: en cas d'une exposition externe, il est possible d'utiliser des écrans choisis en fonction des caractéristiques des rayonnements ionisants émis. Différentes classes d'exposition - catégorie A: travailleurs directement affectés à des travaux sous rayonnements ionisants dont les conditions de travail sont susceptibles d'entraîner un dépassement des 3/10 des limites annuelles (50mSv/an) - catégorie B: travailleurs non directement affectés à des travaux sous rayonnements ionisants dont les conditions de travail entraînent un dépassement du 1/10 mais ne peuvent être susceptibles d'entraîner un dépassement des 3/10 des limites annuelles d'exposition (15 mSv/an). - autres travailleurs non exposés professionnellement, comme la population générale, ils sont soumis à la radioactivité naturelle et la limite d'exposition globale est de 5 mSv par an. Pour la femme enceinte, l'exposition abdominale et par extension du corps entier doit être inférieure à 10 mSv. Mesures réglementaires - d'ordre administratif: déclaration à l'inspection du travail, information et formation des travailleurs sur les risques encourus, présence d'une personne compétente en radioprotection ayant reçu une formation particulière chargée de veiller au respect des mesures de protection, de participer à la formation des travailleurs, d'effectuer les analyses, obligatoire depuis 86, - d'ordre technique: définition des zones de travail: o zone contrôlée, d'accès réglementé, o zone surveillée - signalisation appropriée et balisage des zones et des risques d'exposition, - évaluation individuelle de l'exposition, moyens de décontamination, vérification à chaque sortie de zone, protection des travailleurs contre les expositions interne et externe, contrôle des sources, des appareils de protection, stockage et transports sont réglementés. - d'ordre médical: surveillance Médicale Spéciale, examen médical et examens complémentaires au moins tous les 6 mois pour les catégories A, dossier médical spécial, carte individuelle. Trois populations sont particulièrement à protéger : – les femmes en âge de procréer – les femmes enceintes – les enfants N'oubliez jamais de signaler votre grossesse ou toute suspicion de grossesse (retard de règles). Par mesure de précaution et afin de limiter tout risque, il est conseillé de réaliser les examens utilisant des rayons X dans les 10 premiers jours du cycle L’utilisation de l’examen radiologique chez les femmes (le principe ALARA) : Eviter l’irradiation de la zone abdominale Eviter l’examen radiologique pendant la deuxième moitie des règles (grossesse) Protéger la zone abdominale avec de tabliers plombés Pas de radiographie si des résultats similaires sont obtenus avec une échographie