P. Owoudou : « Le phénomène du portable et la relation du jeune avec ses parents» (Ydé, Juillet 2012) Page 1/8
Le phénomène du téléphone portable
et la relation du jeune avec ses parents.
D’après une mini-enquête parmi quelques jeunes de l’Afrique Centrale Equatoriale.
(Juillet 2012)
Par Alphonse Owoudou, salésien de Don Bosco
Le Congrès international des Jeunes, organisé pendant cet été (2012) par les Filles de Marie-
Auxiliatrice de la province AEC, a rassemblé plus d'une soixantaine d'animateurs des différents pays de la
province (sous-région CEMAC). Puisque le thème principal dudit Congrès allait se développer sur « La
Communication, secret du bonheur en famille », du 13 au 19 juillet 2012 à Yaoundé, nous avons cru bon
d'organiser à l’avance un petit sondage parmi certains des jeunes inscrits à ce rendez-vous de la Famille
salésienne. Les lignes qui suivent présentent brièvement le projet de cette recherche sur le terrain et les
résultats auxquels nous sommes parvenus.
Certains des thèmes choisis pour les formations confiées à des Salésiens et Salésiennes touchaient
une gamme variée de perspectives telles que « La Communication, un moyen pour rendre la famille
heureuse » (Fr Tegue Paul, sdb), « La Communication, un moyen pour gérer le bien familial » (Sr
Eleonora, fma), « Renaitre de nouveau pour mieux communiquer » (Sr Claire, fma), et dans notre cas,
« Les moyens de communication préférés des jeunes » (P. Alphonse, sdb).
D'emblée, nous avons considéré la perspective générale qui sous-tendait ce thème, laquelle
suggérait, des points de vue anthropologique, sociologique et pédagogique, que les interlocuteurs
principaux des adolescents et des jeunes sont les membres de la famille (Bretherton, 1985). Une telle
hypothèse rompt naturellement avec le processus de satellisation, qui veut que l'adolescence, surtout, soit
une phase de rupture et, apparemment, d'opposition systématique à l'échelle de valeurs des adultes et des
institutions autoritaires (Marcia, 1966). Cet avis, bien répandu dans la psychologie du développement, ne
fait cependant pas l'unanimité dans les sciences de l'éducation, puisque la plupart des adolescents, dans
les études sur l'attachement aux parents et aux pairs, maintiennent leurs parents comme « figures
principales d'attachement » (Holmes, 1995, 82 ; Allen et al., 1998, 1414-1416), bien qu'il y ait une
tendance à reproduire cet attachement dans les relations paritaires (Blyth & Traeger, 1988). Pour ne pas
nous éloigner de l'expérience de la communication, nous avons cru nécessaire d'exploiter la perspective
des auteurs Armsden et Greenberg, qui étudient les relations interpersonnelles précisément sous trois (3)
angles : la confiance, la communication, et la frustration, habituellement traduite par le terme
approximatif d'aliénation (Armsden & Greenberg, 1987). Pour étudier les variances et les corrélations de
cette relation parents-enfants vis-à-vis de l'utilisation des moyens de Communication, nous avons supposé
que le moyen le plus utilisé par les jeunes était le téléphone portable, dont les dimensions, les fonctions et
la valeur symbolique favorisent l'impact aussi bien sur la personnalité que sur la phénoménologie globale
des utilisateurs en général, et des jeunes en particulier. Nous nous sommes ainsi demandé, non pas si
l'usage du cellulaire (téléphone portable) empêchait de communiquer en famille, mais quelle était son
incidence sur la qualité des relations du jeune avec ses parents (Atger, 2006). Pour plus de précision, il
nous fallait tenir compte de la vision que le jeune a lui-même de l’outil (moyen de communication), des
dépenses que son usage implique, de la conscience de la dépendance liée à son utilisation abusive et
irréfléchie, du contrôle parental y relatif, etc. Cela permet ensuite d’esquisser la réflexion par rapport à
d’autres moyens de communication comme la télévision, la radio, et l’internet.
Ces questionnements et ces possibles angles d'étude nous ont donc suggéré l'adaptation de trois
modules : le premier consistait en une fiche personnelle ; les deux autres étaient des questionnaires. Nous
avons adopté, pour évaluer la relation avec les parents, l'IPPA (Inventory of Parent and Peer Attachment)
dans sa version française (Bouvard, 2008, 83), et notre adaptation française de l'Attitude Towards Cell
Phones (Soyoung et al., 2009). A cause du temps limité pour la distribution des questionnaires dans les
présences FMA de la province, le nombre de questionnaires effectivement compilés au début du Congrès
nous a semblé peu significatif. Nous avons donc tergiversé quant à effectuer les calculs et utiliser les
données obtenues, pour deux raisons simples. D’abord parce qu’il y a des critères objectifs peu