cinquante dernières années, les pays les plus pauvres voient enfin leur retard sur les pays développés se
réduire. Premièrement, les pays en développement connaissent des taux de croissance supérieurs à ceux
des pays développés (qui connaissaient un ralentissement de leur expansion) grâce à leur ouverture au
commerce mondial et à des stratégies de compétitivité adaptées tirant profit de leurs avantages
comparatifs (matières premières, ressources naturelles, main d’œuvre abondante et bon marché). Les
pays en développement actuels (Chine et Inde par exemple) se sont d’abord spécialisés dans des
productions intensives en travail peu qualifié, dans la production et l’exportation de produits
manufacturés simples, de biens à faible valeur ajoutée. Puis, ils ont ensuite fait évolué leur spécialisation
: ces pays ont diversifié leur offre vers des productions plus intensives en capital, ils remontent les filières
et réalisent des produits plus élaborés et à plus forte valeur ajoutée (cela est permis notamment par la
formation de la main d’œuvre et les transferts de technologie). Ainsi, pour les pays en développement,
la stratégie de remontée des filières consiste à construire progressivement de nouveaux avantages
comparatifs, grâce aux importations et à la diffusion du progrès technique : on parle alors de la métaphore
du « vol d’oies sauvages » (désignant le rattrapage des pays développés par la stratégie de remontée des
filières). Cette nouvelle spécialisation de ces pays a permis l’augmentation des revenus, et a alimenté un
processus de croissance durable. Effectivement, produire des produits à plus forte valeur ajoutée permet
la hausse des revenus distribués, donc de la demande, de l’emploi et de la production. De ce fait, en Chine
entre 1980 et 2016, la population totale a connu une croissance de son revenu de 831%, alors que la
population totale européenne, sur la même période, a connu une croissance de son revenu de 40%. Le
revenu des populations plus anciennement industrialisées –comme les européens, les américains…- a une
plus faible croissance que celui des populations chinoise ou indienne (pays émergents) qui se sont
industrialisées plus tardivement. Ainsi, grâce aux échanges internationaux, les pays émergents mènent
des stratégies de remontée de filières vers des productions à plus forte valeur ajoutée qui permettent une
augmentation des revenus. Ces pays entament donc une dynamique de rattrapage des pays développés,
comme peuvent également le faire les pays les moins avancés (chez lesquels les pays émergents sont
conduits à délocaliser des productions).
En résumé, le commerce international entraine une baisse des inégalités entre les pays, due à
une spécialisation selon les dotations factorielles, une meilleure insertion des pays en développement
dans les chaînes de valeur et la dynamique de rattrapage des pays développés (par les pays
émergents).
Malgré que le commerce ait des effets positifs (la réduction des inégalités entre pays), il a aussi
des effets négatifs : ce commerce international et les spécialisations contribuent à une hausse des
inégalités au sein des pays développés -au détriment des classes moyennes et inférieures-, puis au sein
des pays émergents en raison de l’inégale répartition des effets bénéfiques des échanges.
Au nom du théorème HOS, les pays développés se spécialisent dans les productions intensives en
travail qualifié et en capital, et importent les produits intensifs en travail peu qualifié. Cette spécialisation
des pays développés entraine donc la hausse de la demande de travail qualifié provoquant la hausse des
salaires des travailleurs les plus qualifiés relativement bien rémunérés, alors que dans le même temps,
les travailleurs les moins qualifiés relativement peu rémunérés voient leur salaire baisser (à cause de
cette hausse de demande de travail qualifié). Ainsi, dans les pays développés, la classe populaire et
moyenne voit sa situation se dégrader (elles occupent des emplois dans des secteurs «
exposés » à la mondialisation), alors que la classe supérieure profite, elle, des débouchés que la
mondialisation offre à ses activités ; et les salaires des moins qualifiés baissent donc relativement par
rapport à ceux des plus qualifiés. Prenons l‘exemple de l’industrie textile en France. Avec le commerce
international, la France ne s’est pas spécialisée dans la fabrication textile, ainsi elle a moins produit dans
ce domaine, avec des effectifs salariés qui ont donc diminué (425 milliers de temps pleins en 1990 contre
100 milliers en 2017) mais elle a importé les vêtements de pays qui se sont spécialisés dans l’industrie
textile (notamment les pays émergeants car ils sont bien dotés de facteur travail non-qualifié requit
pour le textile, et qu’ils offrent de bas coûts) afin de répondre à la demande. Ainsi, comme la France
(pays développé) n’a pas spécialisé sa production dans l’industrie textile, nécessitant une forte dotation
en facteur travail –non- qualifié-, les inégalités en son sein ont augmentés car sa spécialisation est en
défaveur du travail non qualifié. Le commerce international provoque donc également la hausse des
inégalités face à l’emploi