- C. Rodrigues Première partie Microéconomie 2 : La concurrence imparfaite Chapitre 1 Les structures de marché en concurrence imparfaite : le cas du monopole C. Rodrigues / LPG - Papeete Economie Approfondie 2 Chapitre 1 ECE2 - EA / Chapitre 1 CPGE – Classe d’ECE2 1 Des marchés parfaits aux marchés imparfaits C. Rodrigues / LPG - Papeete ECE2 - EA / Chapitre 1 Introduction 2 i. ii. Modèle de référence de la microéconomie standard Enseignement principal du modèle : le marché conduit à un « optimum de premier rang » (optimum de Pareto) iii. Les conditions fondamentales du modèles ne sont pas clairement identifiées par Walras ou Pareto ! • 5 conditions et non des hypothèses ! 1. 2. 3. 4. 5. Atomicité du marché Fluidité du marché Homogénéité du produit Transparence du marché Mobilité des facteurs de production C. Rodrigues / LPG - Papeete 3 • Modèle de la CPP : ECE2 - EA / Chapitre 1 Les conditions de la concurrence pure et parfaite (CPP) // Edward Hastings Chamberlin (1899-1967) • Économiste américain. Il enseigne à l’Université de Chicago de 1927 à 1948. • Économiste américain. Il fut professeur à l’Université de Harvard. • Bibliographie principale : • Risk, incertainty and profit. Boston, (1921). • Bibliographie principale : • The theory of monopolistic competition (1933). C. Rodrigues / LPG - Papeete 4 Franck Hyneman Knight (1885-1972) ECE2 - EA / Chapitre 1 Les conditions de la CPP : une élaboration progressive C. Rodrigues / LPG - Papeete Concurrence Concurrence pure et parfaite ECE2 - EA / Chapitre 1 Définition à ajouter au répertoire ! 5 ECE2 - EA / Chapitre 1 Figure n°1 // C. Rodrigues / LPG - Papeete La firme dans le cas des marchés parfaits 6 • Remarques : ① L’évolution du Cm est indépendant de la structure du marché (qu’il y ait un, deux ou une infinité de producteurs, la structure de coûts de la firme ne change pas). ② La recette marginale – Rm - dépend du prix de vente. Le prix est déterminé sur le marché par les conditions de rencontre entre l’offre et la demande : si le marché est en CPP, le prix est une constante qui s’impose à la firme. C. Rodrigues / LPG - Papeete le profit unitaire (noté u) est positif tant que la recette de la dernière unité vendue (donc recette marginale notée Rm) est supérieure au coût de cette dernière unité (donc le coût marginal noté Cm). u = Rm - Cm Le profit total (noté t) est égal au produit du profit unitaire et des quantités produites. Il est donc maximal lorsque Rm = Cm. t = u . Q t = (P.Q) – CT Avec : P.Q = Recette totale (notée RT). ECE2 - EA / Chapitre 1 La maximisation du profit de la firme dans le cas des marchés parfaits 7 • A partir de RT, on peut identifier la recette moyenne (RM) : • La recette moyenne (RM) est la recette par unité d’output ; elle est par définition identique au prix unitaire. RM = RT / Q = P.Q / Q = P • A partir de RT on peut identifier la recette marginale (Rm) : la recette marginale (Rm) associée à la vente d’un produit parfaitement divisible est la variation de la recette totale consécutive à la variation infinitésimale de la quantité vendue. Rm est la fonction dérivée de la fonction RT par rapport à Q : Rm = RT / Q Il existe entre RM et Rm les même relations qu’entre toutes les variables moyennes et marginales : quand RM augmente, cela veut dire que Rm > RM et inversement. Quand RM est constante, cela signifie que RM = Rm. En situation de CPP, le prix est un paramètre pour la firme. Puisque RM = P, cela signifie que RM est aussi une constante et donc que Rm également. On a : P = RM = Rm C. Rodrigues / LPG - Papeete • Le profit total (πt) est égal à la différence entre les recettes et les coûts de production. • La Recette Totale (RT) est égale au produit des quantités vendues (Q) par le prix de vente unitaire (P) : RT = P.Q • On en déduit ainsi que le profit total (πt) est égal à la recette totale moins le coût total : Πt = RT – CT = (P.Q) – CT ECE2 - EA / Chapitre 1 Recette totale, recette moyenne et recette marginale de la firme 8 C. Rodrigues / LPG - Papeete Profit ECE2 - EA / Chapitre 1 Définition à ajouter au répertoire ! 9 C. Rodrigues / LPG - Papeete Figure n°2 // ECE2 - EA / Chapitre 1 La fonction d’offre de la firme : de la productivité aux coûts de production 10 C. Rodrigues / LPG - Papeete Figure n°3 // ECE2 - EA / Chapitre 1 La fonction d’offre de la firme 11 C. Rodrigues / LPG - Papeete Figure n°4 // ECE2 - EA / Chapitre 1 La maximisation du profit de la firme dans le cas des marchés parfaits 12 • Attention à une erreur d’analyse : 1. « Price taker » ne signifie pas que le producteur est « obligé » de suivre le prix du marché 2. Il est rationnellement conduit à ne pas pratiquer un prix différent : Que se produit-il si la firme propose un prix de vente plus élevé ? Que se produit-il si la firme propose un prix de vente plus faible ? C. Rodrigues / LPG - Papeete • En CPP, le producteur est « price taker » (preneur de prix) : il est rationnellement incité à s’aligner sur le prix du marché ECE2 - EA / Chapitre 1 La maximisation du profit de la firme dans le cas des marchés parfaits 13 • Considérons un marché de Concurrence pure et parfaite comprenant 100 firmes ayant toutes les mêmes coûts de production (chaque firme est donc représentative des conditions de production de toutes les autres). La firme représentative a la fonction de coût suivante : CT(Q) = Q2 + 40 • Sur le marché, la demande totale est une fonction décroissante exprimée par la relation : Qd = – 100P + 2000 • Questions : 1. Calculez la fonction d’offre individuelle et la fonction d’offre agrégée. 2. Calculez le prix d’équilibre du marché. 3. Calculez l’équilibre du producteur (le volume de produit qui maximise le profit). ECE2 - EA / Chapitre 1 Exercice d’application n°1 C. Rodrigues / LPG - Papeete Testons nos compétences ! 14 • Question 1 : En CPP, le π est maximal quand P = Cm. Cm = ∂CT / ∂Q = 2.Q L’offre individuelle s’écrit (on exprime Q en fonction de P) : P = 2.Q Q = P/2 L’offre totale sur le marché est par conséquent égale à 100 fois l’offre individuelle : Qm = 100. Q Qm = 100 . P/2 Qm = 50P ECE2 - EA / Chapitre 1 Exercice d’application C. Rodrigues / LPG - Papeete Testons nos compétences ! 15 • Question 2 : • Sur le marché, l’équilibre est défini par l’égalité entre l’offre et la demande : Qd = Qs • Il vient donc : 2000 – 100P = 50P P = 13,33 F CFP • A ce prix, la quantité échangée est donnée par la fonction d’offre du marché aussi bien que par la fonction de demande. • On remplace P = 13,33 dans l’une ou l’autre des équations et on obtient la quantité d’équilibre : Q = 666,66 ECE2 - EA / Chapitre 1 Exercice d’application C. Rodrigues / LPG - Papeete Testons nos compétences ! 16 • Question 3 : • Chaque firme produit Q = P/2 ; soit une production de Q = 6,666 unités de biens (un centième de la production totale du marché). • On sait que le profit de la firme est : Πt = Q . (P – CM) • Or, CM = CT/Q ; il vient donc : CM = (40 + Q2) / Q = (40/Q) + Q • Quand Q = 6,666 : CM = 12,66 • Calcul du profit : Πt = 6,666 . (13,33 – 12,66) = 4,466 • Le profit cumulé de toutes les entreprises est alors : Πm = 100. πt Πm = 446,6 F CFP ECE2 - EA / Chapitre 1 Exercice d’application C. Rodrigues / LPG - Papeete Testons nos compétences ! 17 1.1. Monopole et concurrence C. Rodrigues / LPG - Papeete ECE2 - EA / Chapitre 1 1. Qu’est ce que le monopole ? 18 C. Rodrigues / LPG - Papeete • Heinrich von Stackelberg est un économiste allemand. • Il publie en 1934 son ouvrage Structure de marchés et équilibre qui traite entre autre des marchés duopolistiques. ECE2 - EA / Chapitre 1 H. Von Stackelberg (1905-1946) 19 ECE2 - EA / Chapitre 1 Le tableau de Stackelberg C. Rodrigues / LPG - Papeete Les formes de la concurrence imparfaite 20 C. Rodrigues / LPG - Papeete Monopole ECE2 - EA / Chapitre 1 Définition à ajouter au répertoire ! 21 C. Rodrigues / LPG - Papeete • Remarques : ① Même s’il n’y a qu’une seule firme sur le marché, on continue à considérer qu’il s’agit d’un marché (tous les marchés ne sont pas nécessairement concurrentiels). ② Avec le monopole, les modèles économiques présentent une corroboration empirique plus forte qu’en CPP (forte portée heuristique) ECE2 - EA / Chapitre 1 Le monopole 22 • Remarques : • Certains types de monopoles restent présents sur un marché parce que d’autres firmes n’ont pas la possibilité d’entrer sur le marché. Dans ce 2ème cas (mais qui n’est pas obligatoire pour qu’il y ait monopole), la condition de libre entrée du marché n’est pas respectée. • Dans d’autres cas de figure, le monopole est compatible avec le respect de la condition de libre entrée (monopole naturel) C. Rodrigues / LPG - Papeete • Monopole : non respect de la condition d’atomicité du marché ECE2 - EA / Chapitre 1 Le monopole, la concurrence et le marché 23 Attention à une erreur d’analyse : le principe de « price maker » ne signifie pas que le monopoleur ne subit aucune contrainte. Il doit tenir compte de la fonction de demande du marché C. Rodrigues / LPG - Papeete • Le monopoleur a deux avantages par rapport aux firmes qui évoluent en situation de concurrence : 1. il n’est pas contraint par la concurrence puisque les produits fabriqués proviennent d’une seule firme ; 2. il est « price maker » : il fixe le prix de vente contrairement à la situation concurrentielle lorsque le marché est atomistique du point de vue de l’offre. ECE2 - EA / Chapitre 1 Le monopole, la concurrence et le marché 24 1.1. Monopole et concurrence 1.2. Les origines des monopoles C. Rodrigues / LPG - Papeete ECE2 - EA / Chapitre 1 1. Qu’est ce que le monopole ? 25 1. Monopole et rendements d’échelle croissants • La condition de fluidité du marché est respectée • Les coûts moyens et marginaux de long terme restent décroissants ECE2 - EA / Chapitre 1 Coûts Prix C. Rodrigues / LPG - Papeete Les origines des monopoles Coût moyen Coût marginal 26 Q • De période en période, le marché connaît une concentration progressive. • Plus la concentration s'opère, plus l'entrée sur le marché devient coûteuse car il faut produire à très grande échelle pour être rentable (les économies d’échelle évincent les firmes de petite taille du marché). Exemple 1 : secteur des énergies fossiles (Standar oil compagny à la fin du XIXème siècle, Total-Fina-Elf ou Exxon-Mobil aujourd’hui). Exemple 2 : le marché aérien civil (Airbus, Boeing). Dans ce cas de figure, le monopole ou l’oligopole peut être la solution la plus efficace. Empiriquement, les rendements d’échelle croissants conduisent le plus souvent à des duopoles ou des oligopoles. Le cas limite des rendements d’échelle croissants : le monopole naturel ECE2 - EA / Chapitre 1 1. Monopole et rendements d’échelle croissants C. Rodrigues / LPG - Papeete Les origines des monopoles 27 En longue période, l’entreprise peut tenter d’améliorer ses rendements en augmentant son volume de production. Deux stratégies : 1) Elle augmente l’ensemble des facteurs de production dans les mêmes proportions, on dit qu’elle change d’échelle (K/L constant) rendements d’échelle 2) Elle modifie son modèle technologique et change la proportion des facteurs rendements de substitution. C. Rodrigues / LPG - Papeete • ECE2 - EA / Chapitre 1 Qu’est ce qu’un rendement d’échelle ? Les rendements d’échelle sont facilement modélisables : mesure de l’évolution de la production à technologie et à prix relatifs des facteurs constants 28 C. Rodrigues / LPG - Papeete Rendement d’échelle ECE2 - EA / Chapitre 1 Définition à ajouter au répertoire ! 29 Lorsqu’on multiplie les quantités de chaque facteur K et L par un même coefficient quelconque : 1) Soit la production Q est multipliée par le même coefficient, on dit alors que les rendements d’échelle sont constants ; 2) Soit la production est multipliée par un coefficient plus élevé, les rendements d’échelle sont croissants ; 3) Soit la production est multipliée par un coefficient plus faible, les rendements d’échelle sont décroissants. C. Rodrigues / LPG - Papeete • ECE2 - EA / Chapitre 1 Qu’est ce qu’un rendement d’échelle ? // 30 aux • Les rendements d’échelle traduisent le degré d’homogénéité de la fonction de production. On dit qu’une fonction est homogène de degré h si : f (λK, λL) = λh f (K, L) si h = 1 les rendements sont constants si h > 1 les rendements sont croissants si h < 1 les rendements sont décroissants C. Rodrigues / LPG - Papeete relative ECE2 - EA / Chapitre 1 Remarque mathématique rendements d’échelle 31 C. Rodrigues / LPG - Papeete ECE2 - EA / Chapitre 1 Remarque graphique relative aux rendements d’échelle 32 Si les rendements d’échelle sont croissants, les coûts de la firme sont décroissants à long terme ; Les économies d’échelle traduisent une situation de rendements d’échelle croissants. C. Rodrigues / LPG - Papeete • Il ne faut pas confondre « rendements d’échelle » et « économies d’échelle ». Il est possible d’interpréter les rendements en terme de coûts : ECE2 - EA / Chapitre 1 Rendements d’échelle et économies d’échelle // 33 C. Rodrigues / LPG - Papeete Economie d’échelle ECE2 - EA / Chapitre 1 Définition à ajouter au répertoire ! 34 Lorsque les rendements d’échelle sont décroissants, cela signifie que les coûts sont croissants à long terme : il y a alors déséconomies d’échelle C. Rodrigues / LPG - Papeete Les économies d’échelle incitent au processus de croissance interne des firmes (développement de la firme par investissement productif) ainsi qu’au processus de concentration des firmes : question de la taille critique de la firme ECE2 - EA / Chapitre 1 Rendements d’échelle et économies d’échelle // 35 • Pour certains secteurs de production, il apparaît que les conditions techniques de la production (rendements d’échelle croissants) et la taille du marché suppriment toute possibilité de rentabilité à des entreprises concurrentes. • Exemple : production d’électricité, transport ferroviaire, transport collectif urbain. ECE2 - EA / Chapitre 1 2. Les monopoles naturels C. Rodrigues / LPG - Papeete Les origines des monopoles 36 C. Rodrigues / LPG - Papeete Monopole naturel ECE2 - EA / Chapitre 1 Définition à ajouter au répertoire ! 37 • Condition de fluidité du marché respectée (absence de barrières à l’entrée) • Théories du monopole temporaire par la différenciation des produits (concurrence monopolistique) : J.A. Schumpeter, Business cycles (1939) E. Chamberlin, The monopolistic competition (1933) J. Robinson, L’économie de la concurrence imparfaite (1975) ECE2 - EA / Chapitre 1 3. Monopole et innovations C. Rodrigues / LPG - Papeete Les origines des monopoles 38 • Bibliographie principale : • Business cycles (1939). • Capitalisme, socialisme et démocratie (1942) C. Rodrigues / LPG - Papeete • Economiste autrichien difficile à classer dans une école théorique sinon qu’il est en rupture avec la conception néoclassique. • Son objectif principal était d’expliquer la dynamique économique là où les économistes néoclassiques cherchaient à rendre compte des situations de déséquilibre ou d’équilibre. Ses travaux l’ont conduit à mettre l’accent sur le rôle de l’innovation dans les fluctuations économiques. ECE2 - EA / Chapitre 1 Joseph Aloïs Schumpeter (1883-1950) 39 • • • • • Edward Hastings Chamberlin (1899-1967) Économiste britannique. Disciple de Keynes (un des membres les plus assidu du Circus) Elle enseigne à l’Université de Cambridge Bibliographie principale : L’économie de la concurrence Cambridge, (1975). imparfaite. • Économiste américain. Il fut professeur à l’Université de Harvard. • Bibliographie principale : • The theory of monopolistic competition (1933). C. Rodrigues / LPG - Papeete 40 Joan Robinson (1903-1983) ECE2 - EA / Chapitre 1 La concurrence monopolistique • L’innovation conduit la firme à devenir un monopoleur (droit de propriété sur l’innovation) • Ce monopole est temporaire (durée de vie du brevet) Voir chapitre 2 d’EA2 ! ECE2 - EA / Chapitre 1 3. Monopole et innovations C. Rodrigues / LPG - Papeete Les origines des monopoles 41 • Si une firme contrôle totalement l’offre d’une matière première indispensable à la production d’un certain bien, elle se trouve en situation de monopole sur le marché de ce bien. • Exemples : a. industrie de l’aluminium aux Etats-Unis avant la seconde guerre mondiale. La firme ALCOA (Aluminium Company of America) contrôlait l’approvisionnement de bauxite et bénéficiait d’une position de quasi monopole sur le marché de l’aluminium. b. Dans une zone géographique donnée, une firme peut détenir le monopole de la production de ciment (exploitation d’une carrière, pharmacie sur dans une zone rurale). ECE2 - EA / Chapitre 1 4. Monopole et ressources rares C. Rodrigues / LPG - Papeete Les origines des monopoles 42 • Dans certains cas, les monopoles découlent d’une volonté étatique : monopole institutionnel (monopole légal) • Plusieurs modalités : a. soit directement par la loi (en France, c’est le cas de la distribution de gaz et d’électricité par GDF et EDF ou les transports par chemin de fer avec la SNCF). En général, il s’agit de monopoles naturels mais pas obligatoirement (il y a débat sur le fait de savoir si la production d’électricité relève d’un monopole naturel aujourd’hui) ; des activités comme les pharmacies ou les services notariés peuvent devenir des monopoles institutionnels s’il n’y a qu’un seul prestataire dans une zone géographique donnée (monopole géographique). b. Soit indirectement en isolant totalement le marché intérieur de la concurrence étrangère par une protection douanière (les politiques protectionnistes peuvent conduire à des situations de monopole légal si le marché est international). Exemple : Polynésie française !! ECE2 - EA / Chapitre 1 5. Monopole et intervention de l’Etat C. Rodrigues / LPG - Papeete Les origines des monopoles 43 2.1. L’équilibre en courte période C. Rodrigues / LPG - Papeete ECE2 - EA / Chapitre 1 2. L’équilibre du monopole 44 • Similitudes avec le producteur concurrentiel : i. Le monopoleur cherche à maximiser son profit ii. Le volume de production optimal est obtenu lorsque la recette marginale s’égalise avec le coût marginal (Rm = Cm). C. Rodrigues / LPG - Papeete • Le monopoleur se trouvant seul sur le marché, il se trouve confronté à l’intégralité de la demande : contrairement à la concurrence parfaite, il n’y a pas de différence entre la demande à la firme et la demande de marché • Deux conséquences : i. Le prix est librement fixé par le monopoleur (le monopoleur est price maker) ; ii. La demande est une fonction décroissante qui s’impose au monopoleur ECE2 - EA / Chapitre 1 L’équilibre du monopole et l’équilibre concurrentiel : différences et similitudes 45 C. Rodrigues / LPG - Papeete figure n°5 ECE2 - EA / Chapitre 1 Document n°1 46 • Conclusion : • La RM de la firme mesure la recette que la firme perçoit par produit vendu : cela correspond nécessairement au prix de vente unitaire et donc à la courbe de demande. Celle-ci est décroissante car la demande à la firme n’est plus infiniment élastique comme c’est le cas en CPP. C. Rodrigues / LPG - Papeete • Si le producteur décide d’appliquer le prix de P1, la courbe de RM (courbe de demande) indique que les quantités qu’il pourra vendre sont de Q1. • Si en moyenne, la recette lui rapporte P1 (RM = RT/Q = P.Q/Q = P), la recette de la dernière unité vendue (donc Rm) est bien plus faible puisque le prix doit être décroissant pour que les quantités augmentent. • Graphiquement, pour un prix de P1, la recette marginale est égale à Rm1 avec P1 > Rm1. ECE2 - EA / Chapitre 1 Recette moyenne et recette marginale pour le monopole 47 • Exemple numérique : • Considérons la fonction de demande sur un marché partiel en fonction de Q : f(Q) = - 4Q + 100 • Cette fonction de demande est égale au prix de marché : P = -4Q + 100 • On sait que : • RT = RM.Q = P.Q • RT = -4Q2 + 100Q • On en déduit Rm = ∂RT/∂Q : Rm = -8Q + 100 On vérifie bien que la pente de Rm est supérieure à celle de RM ! C. Rodrigues / LPG - Papeete Testons nos connaissances ! ECE2 - EA / Chapitre 1 Recette moyenne et recette marginale pour le monopole 48 ECE2 - EA / Chapitre 1 Figure n°6 C. Rodrigues / LPG - Papeete L’équilibre du monopole en courte période 49 • Conclusion n° 1 : le monopoleur est rationnellement conduit à fixer un prix de vente supérieur à son coût marginal (Em). Si la firme avait évolué en CPP, le prix de vente aurait été plus faible • Conclusion n° 2 : Le prix étant plus élevé qu’en concurrence, la quantité échangée sera plus faible. Dans les deux cas, on vérifie bien que le monopoleur ne permet pas une allocation optimale des ressources au sens de Pareto : l’économie produit moins de richesses et les fait payer plus cher à la collectivité L’économie se trouve en deçà de la frontière des possibilités de production). ECE2 - EA / Chapitre 1 Figure n°6 C. Rodrigues / LPG - Papeete L’équilibre du monopole en courte période 50 C. Rodrigues / LPG - Papeete Optimum de Pareto ECE2 - EA / Chapitre 1 Définition à ajouter au répertoire ! 51 • Explication de la conclusion n°1 o Si le monopoleur se comportait comme une firme concurrentielle : • Il procèderait à une tarification au Cm (point Em sur la figure 6) tout en rationnant le marché car les consommateurs sont disposés à consommer plus que Q*. • On vérifie qu’avec une tarification au Cm, le profit du monopoleur est inférieur à celui qui découle de l’équilibre classique du monopole. • Rappel : Πt = RT – CT ou Πt = Q* . (P – CM*) En refusant la tarification au Cm (puisqu’en monopole, la firme est « price maker »), le monopole acquiert donc un profit au détriment du consommateur. On appelle ce profit « rente de monopole » : la structure de monopole entraîne un transfert du surplus du consommateur vers le producteur. ECE2 - EA / Chapitre 1 Figure n°6 C. Rodrigues / LPG - Papeete L’équilibre du monopole en courte période 52 C. Rodrigues / LPG - Papeete ECE2 - EA / Chapitre 1 Rappel : le surplus des consommateurs et le surplus des producteurs Figure n°7 53 • le surplus du consommateur qui traduit le fait que les consommateurs étaient disposés à payer un prix plus élevé pour les premières unités de produits que celui qu’ils paient effectivement ; • le surplus du producteur qui traduit le fait que les producteurs étaient prêts à consentir des prix de vente plus faible pour les premiers produits que ceux qu’ils consentent effectivement. Il y a échange sur le marché précisément parce que les consommateurs et les producteurs retirent un avantage net c'està-dire une différence entre les satisfactions qu’ils en retirent et le coût d’opportunité des ressources qu’ils sacrifient : l’échange s’arrête au point d’équilibre, celui-ci traduisant le fait qu’on a totalement épuisé les gains total à l’échange. C. Rodrigues / LPG - Papeete • Sur un marché concurrentiel, on identifie simultanément : ECE2 - EA / Chapitre 1 Rappel : le surplus des consommateurs et le surplus des producteurs Figure n°7 54 • Explication de la conclusion n°2 o Si le marché était composé de « n » firmes concurrentielles plutôt que le monopoleur : Supposons que le monopole soit composé d’une série d’établissements (de succursales de production) qui ont les mêmes coûts et qui auraient pu constituer des entreprises indépendantes sur un marché concurrentiel. La courbe de Cm du monopole est égale à la somme des courbes de Cm des firmes qui auraient composé ce marché (somme des courbes d’offre individuelles). La partie du Cm du monopoleur supérieure au CM représente donc l’offre totale du marché concurrentiel. Le point d’équilibre entre l’offre et la demande sur ce marché concurrentiel aurait été Ec (figure n°6). On vérifie qu’en ce point, le prix est plus faible et la quantité d’équilibre plus importante qu’en Em. Le monopole produit bien moins de richesses et les fait payer plus cher aux agents économiques. ECE2 - EA / Chapitre 1 Figure n°6 C. Rodrigues / LPG - Papeete L’équilibre du monopole en courte période 55 Résumons-nous ! • L’équilibre du monopole en courte période est caractérisé par la double situation suivante : a) le prix de marché est supérieur au coût marginal et se détermine en fonction du volume optimal d’output et de la fonction de demande du marché ; b) la quantité produite est inférieure à ce qu’elle aurait été en situation de concurrence parfaite. • Question : • Comment se calcule la maximisation du profit dans le cas du monopole ? ECE2 - EA / Chapitre 1 Figure n°6 C. Rodrigues / LPG - Papeete L’équilibre du monopole en courte période 56 • Expression n°1 du profit : Le profit total (noté t) est égal au produit du profit unitaire et des quantités produites. Il est donc maximal lorsque Rm = Cm. t = u . Q C. Rodrigues / LPG - Papeete • Rappel sur le mécanisme de la maximisation du profit du producteur // ECE2 - EA / Chapitre 1 La maximisation du profit du monopoleur 57 • Expression n°2 du profit : Le profit total est égal à la différence entre le recette totale (RT = P.Q) et le coût total : C. Rodrigues / LPG - Papeete • Rappel sur le mécanisme de la maximisation du profit du producteur // ECE2 - EA / Chapitre 1 La maximisation du profit du monopoleur t = (P.Q) – CT 58 • Expression n°3 du profit : Le profit total est égal à la différence entre le prix de vente du produit (P) et le coût moyen correspondant au volume produit (CM) pondéré par le volume de production (Q) : t = (P* – CM*) – Q* C. Rodrigues / LPG - Papeete • Rappel sur le mécanisme de la maximisation du profit du producteur // ECE2 - EA / Chapitre 1 La maximisation du profit du monopoleur 59 C. Rodrigues / LPG - Papeete Figure n°4 // - Reprise ECE2 - EA / Chapitre 1 La maximisation du profit de la firme dans le cas des marchés parfaits 60 ECE2 - EA / Chapitre 1 Figure n°8 // C. Rodrigues / LPG - Papeete La maximisation du profit de la firme dans le cas du monopole 61 Source : E. Buisson, M. Navarro. La microéconomie en pratique. A. Colin 2013 • La fonction de coût total (CT) d’une firme en monopole est donnée par la relation suivante : CT = 2Q2 – 3Q • La fonction de demande de marché est donnée par l’équation suivante : P = –2Q + 19 • Questions : 1. Déterminez le prix de vente (en Francs CFP !) et le volume de production (en unités de produits vendues !) permettant au monopoleur de maximiser son profit. 2. Calculez le profit optimal (en Francs CFP). 3. Supposons que la firme ait un comportement concurrentiel et propose un prix de vente égal au Cm. Calculez le prix de vente correspondant ainsi que le profit obtenu. 4. Supposons que la fonction de Cm identifiée dans la question 1 corresponde, dans sa partie supérieure au CM, à la fonction d’offre d’un marché partiel composé de nombreuses firmes concurrentielles. Calculez les quantités et le prix d’équilibre de ce marché à court terme. Commentez le résultat obtenu. ECE2 - EA / Chapitre 1 Exercice d’application n°2 C. Rodrigues / LPG - Papeete Testons nos compétences ! 62 • Question 1 • La quantité optimale de production se détermine en égalisant Cm et Rm Cm = CT/Q = 4Q – 3 • Rm est la fonction dérivée de la fonction de recette totale. Or, la fonction de demande du marché correspond à la recette moyenne (RM) pour la firme en monopole. On sait que : RM = RT/Q RT = –2Q2 + 19Q • Il vient donc : Rm = RT/Q = –4Q + 19 • On détermine Q* en égalisant Rm et Cm : – 4Q + 19 = 4Q –3 Qm* = 11/4 = 2,75 UO (Unités d’Output) • On obtient le prix de vente du monopoleur P* en remplaçant Q* dans l’équation de la RM. RM = RT/Q = -2Q + 19 ECE2 - EA / Chapitre 1 Exercice d’application C. Rodrigues / LPG - Papeete Testons nos compétences ! 63 On trouve : Pm* = 27/2 = 13,5 F CFP • Question 2 : • On sait que Πt = RT – CT RT (Qm*) = Pm*.Qm* = 37,125 F CFP • Et : CT (Qm*) = 2(11/4)2 – 3(11/4) = 6,875 F CFP Πtm = 30,25 F CFP Calcul alternatif : Πtm = (P*-CM*) . Q* Pour trouver CM*, on remplace Q* dans la fonction de coût moyen : CT/Q = CM CM = 2Q – 3 CM* = 2.2,75 – 3 = 2,5 F CFP Πtm = (13,5 – 2,5) . 2,75 = 30,25 CFP ECE2 - EA / Chapitre 1 Exercice d’application C. Rodrigues / LPG - Papeete Testons nos compétences ! 64 • Question 3 : • Si la firme adopte un comportement concurrentiel (stratégie irrationnelle si elle n’est pas contrainte à le faire et qu’elle est en monopole), elle établit son prix de vente en égalisant Cm et Rm. Au point d’intersection : Rm = Cm, Qm* = 2,75 CFP • On remplace Q par cette valeur dans la fonction de Rm ou de Cm : P = -4Q + 19 P = -4(2,75) + 19 P = 8 F CFP Calcul du profit de la firme : Πt = (P – CM*) . Q* Πt = (8 – 2,5) . 2,75 = 15,125 F CFP On vérifie bien que le profit de la firme est plus faible qu’en situation de monopole. ECE2 - EA / Chapitre 1 Exercice d’application C. Rodrigues / LPG - Papeete Testons nos compétences ! 65 • Question 4 : • En situation de CPP les quantités échangées se déduisent de l’égalisation entre les fonctions d’offre et de demande. On résout donc : Cm = RM 4Q – 3 = 2Q + 19 Qc* = 11/3 UO • On en déduit le prix d’équilibre en remplaçant la valeur de Q* dans la fonction de demande (RM) : Pc* = –2(11/3) + 19 = 35/3 11,67 F CFP • Calcul du profit : • On sait que Πt = RT – CT RT (11/3) = P.Q = 35/3 . 11/3 42,77 CT (11/3) = 2(11/3)2 – 3(11/3) 15,89 Πt = 26,88 F CFP On vérifie bien que ce profit est plus faible que celui réalisé par la firme en situation de monopole. On vérifie également que Qc > Q* et que Pc < Pm. Ce profit est plus faible que celui réalisé par la firme en situation de monopole. ECE2 - EA / Chapitre 1 Exercice d’application C. Rodrigues / LPG - Papeete Testons nos compétences ! 66 C. Rodrigues / LPG - Papeete • A partir du milieu du XXème siècle, plusieurs travaux théoriques visent à mettre en évidence le caractère sous optimal de la production de richesses en situation de monopole : i. Leibenstein, L’inefficience productive dénommée « inefficience X » (1966) : en l'absence de pression concurrentielle, les coûts moyens et marginaux de production augmentent plus fortement qu’en situation de concurrence ; ii. Dasgupta et Stiglitz (fin des années 1980) : les entreprises en situation de monopole fournissent un faible effort de R&D (analyse en dynamique). Cette idée a donné lieu à de nombreux travaux empiriques : ainsi, dans le cas des États-Unis, Kamien et Schwartz ou encore Aghion et Howitt font apparaître une relation positive entre des indicateurs de l'innovation (tels que les dépenses de R&D ou le nombre de brevets déposés) et l'intensité de la concurrence. iii. A. Harberger : l'inefficience allocative (« Monopoly and ressource allocation » AER, 1954) : le monopole vend plus cher et en quantité moindre par rapport à la situation concurrentielle (triangle de Harberger). ECE2 - EA / Chapitre 1 Le monopole et l’allocation des ressources : quelques prolongements 67 C. Rodrigues / LPG - Papeete Figure n°9 ECE2 - EA / Chapitre 1 Le triangle de Harberger : la charge morte du monopole 68 • Question : que perdent les consommateurs dans la situation de monopole par rapport à la concurrence ? En concurrence parfaite : l’équilibre de marché conduit les consommateurs à acquérir les produits au prix Pcce et d’en obtenir une quantité Qcce. En situation de monopole : les consommateurs subissent une perte de surplus ils sont obligés de dépenser le prix Pm pour se procurer la quantité Qm. Cette perte de surplus est représentée par la surface A. Les consommateurs ne peuvent plus acquérir la quantité Qcce : ils perdent donc également le surplus représenté par la surface B. La perte globale du surplus des consommateurs est donc : A + B. C. Rodrigues / LPG - Papeete Figure n°9 ECE2 - EA / Chapitre 1 Le triangle de Harberger : la charge morte du monopole 69 • Question : que gagne la firme dans la situation de monopole par rapport à la concurrence ? Le surplus du monopoleur augmente de la surface A car il accapare la dépense supplémentaire effectuée par les consommateurs pour se procurer Qm. Le triangle C représente le surplus du producteur en situation de concurrence. Mais, en monopole, la firme renonce à produire Qcce au profit de Qm : elle renonce par conséquent à percevoir la surface du triangle C. Il faut noter que sur le plan microéconomique, la firme gagne a être en monopole puisque le gain qu’elle réalise au niveau du transfert du surplus des consommateurs (surface A) mais qui est neutre au niveau macroéconomique, fait plus que compenser la perte qu’elle subit par le triangle C (surface de A est supérieure à la surface de C). C. Rodrigues / LPG - Papeete Figure n°9 ECE2 - EA / Chapitre 1 Le triangle de Harberger : la charge morte du monopole 70 • Question : quel bilan macroéconomique de la présence d’un monopole ? la perte totale pour la collectivité (perte macroéconomique) est représentée par la surface B + C. C’est la perte nette de satisfaction des consommateurs qui n’est pas récupéré par le monopoleur (B) + la perte nette du monopoleur (C). Cette surface (B + C) est aussi appelée « charge morte du monopole » ou « triangle de Harberger » : c’est une mesure de l’inefficacité sociale du monopole si on la compare à la situation de concurrence. C. Rodrigues / LPG - Papeete Figure n°9 ECE2 - EA / Chapitre 1 Le triangle de Harberger : la charge morte du monopole 71 • Résumons nous ! • En situation de monopole : ① Il y a un gain microéconomique pour la firme : elle réalise un profit plus élevé que si elle était en situation de concurrence (le surplus du producteur augmente) ② Il y a une perte macroéconomique pour la collectivité : i. les richesses allouées sont moins nombreuses : présence d’une « charge morte » ; une partie du surplus perdu par les consommateur n’est pas récupéré par le monopoleur ii. Le prix des richesses est plus élevé C. Rodrigues / LPG - Papeete Figure n°9 ECE2 - EA / Chapitre 1 Le triangle de Harberger : la charge morte du monopole 72 • La charge morte du monopole : l’exemple du secteur bancaire • « Depuis la libéralisation du secteur bancaire qui a eu lieu au début des années 1980, principalement avec la loi bancaire de 1984 en France, et l’augmentation de la concurrence entre banques qui s’en est suivi, la rentabilité des banques a diminué comme en atteste la baisse continue du taux de marge globale d’intermédiation depuis le milieu des années 1980, passant de 2,07 % en 1988 à 1,19 % en 1995. Selon A. Landier et D. Thesmar (2007), l'introduction de davantage de concurrence a réduit les rentes de situation des banques bénéficiant de marchés protégés, et a permis le financement des firmes à un meilleur coût, tout en favorisant l'innovation financière ». C. Rodrigues / LPG - Papeete Document 2 // ECE2 - EA / Chapitre 1 Le triangle de Harberger : la charge morte du monopole 73 2.1. L’équilibre en courte période 2.2. L’équilibre en longue période C. Rodrigues / LPG - Papeete ECE2 - EA / Chapitre 1 2. L’équilibre du monopole 74 C. Rodrigues / LPG - Papeete Figure n°10 // ECE2 - EA / Chapitre 1 L’équilibre du producteur sur le long terme en concurrence parfaite – Rappel ! 75 ECE2 - EA / Chapitre 1 Figure n°11 // C. Rodrigues / LPG - Papeete L’équilibre du monopole en longue période 76 • La figure n°11 représente les courbes de Cm et de CM d’une firme en situation de monopole sur le long terme. L’équilibre du monopoleur correspond au point d’intersection entre CmLP et Rm. On considère 2 situations de demande de marché : 1. Considérons RM1 et Rm1. Le point E1 s’établit dans la phase de production ou la firme est en rendements croissants. Si la firme était en situation de CPP, cette situation ne serait pas tenable à long terme pour elle puisque le prix de marché s’établirait à un niveau inférieur au minimum du coût moyen. Mais pour ce niveau de production Q1, le monopoleur établit rationnellement le prix P1 c'est-à-dire un prix qui est nettement supérieur au CM correspondant. On montre ainsi que la firme en situation de monopole peut durablement rester dans sa phase de rendements d’échelle croissants : cette situation justifie l’existence d’un monopole si la demande de marché reste « bloquée » en Q1. ECE2 - EA / Chapitre 1 Figure n°11 // C. Rodrigues / LPG - Papeete L’équilibre du monopole en longue période 77 • La figure n°11 représente les courbes de Cm et de CM d’une firme en situation de monopole sur le long terme. L’équilibre du monopoleur correspond au point d’intersection entre CmLP et Rm. On considère 2 situations de demande de marché : 2. Avec RM2 et Rm2, on retrouve une situation comparable avec le calcul de l’équilibre du monopoleur sur le court terme (phase de rendements d’échelle décroissants). ECE2 - EA / Chapitre 1 Figure n°11 // C. Rodrigues / LPG - Papeete L’équilibre du monopole en longue période 78 • Conclusions sur l’équilibre du monopole à long terme : 1. Sur la longue période, la firme a intérêt à développer l’échelle de sa production (comme la firme concurrentielle) mais elle n’a pas nécessairement intérêt à poursuivre ce processus jusqu’à la phase des rendements d’échelle décroissants. 2. Le monopoleur est durablement rentable même si, pour des raisons techniques, les rendements d'échelle croissants perdurent (il est rentable sans dépasser l’EME). En situation de CPP, l’équilibre de long terme est caractérisé par une entrée des firmes et une baisse puis annulation des profits normaux. Pour le monopole en revanche, s’il existe des coûts irrécupérables ou que le monopole est légal, le monopoleur conserve sa rente de monopole sur le long terme. ECE2 - EA / Chapitre 1 Figure n°11 // C. Rodrigues / LPG - Papeete L’équilibre du monopole en longue période 79 C. Rodrigues / LPG - Papeete • Le monopole conduit à une affectation et à une répartition des ressources qui ne sont pas pareto-optimales. • S’il n’est pas possible ou souhaitable de réintroduire de la concurrence (monopole naturel ou monopole institutionnel), Est-il possible de réduire voire d’annuler la sous-optimalité du monopole ? • Deux éléments de réponse : 1. On attribue une mission de service public au monopole accompagné d’un contrôle externe réalisé par l’Etat (sur la tarification par exemple). 2. On incite le monopole à user de la stratégie de discrimination par les prix. ECE2 - EA / Chapitre 1 Transition : monopole et optimalité 80 2.1. L’équilibre en courte période 2.2. L’équilibre en longue période 2.3. L’équilibre du monopole discriminant C. Rodrigues / LPG - Papeete ECE2 - EA / Chapitre 1 2. L’équilibre du monopole 81 Traditionnellement, les modèles économiques distinguent trois degré de discrimination : discrimination de 1er, 2ème et 3ème degré. C. Rodrigues / LPG - Papeete • Dans les limites des contraintes données par la fonction de demande, le monopoleur peut donc agir sur les prix : en particulier, rien ne l’oblige à pratiquer le même prix pour toutes les unités d’output ou pour toutes les catégories de clients. • Principe de l’utilité marginale décroissante (voir cours d’EA1) : les consommateurs sont disposés à payer plus cher les premières unités consommés que les autres. • En raison des différences de préférences entre les consommateurs, certains clients sont disposés à payer plus cher que d’autres clients. ECE2 - EA / Chapitre 1 Qu’est ce que le monopole discriminant ? 82 Peu de portée empiriquement mais permet de comprendre le « principe » de la discrimination : le monopoleur s’approprie totalement le surplus des consommateurs (en plus du sien) ce qui ramène l’économie dans une situation optimale au sens de Pareto. Il y a en effet transfert du surplus mais plus de « charge morte du monopole ». C. Rodrigues / LPG - Papeete • La discrimination de premier degré correspond à une situation où le monopoleur vend des unités de biens à des prix tous différents. Le but est de vendre chaque unité de produit à chaque consommateur en fonction du prix maximal que celui-ci est prêt à consentir. ECE2 - EA / Chapitre 1 Le monopole discriminant de premier degré 83 ECE2 - EA / Chapitre 1 Figure n°12 // C. Rodrigues / LPG - Papeete Le monopole discriminant de premier degré 84 La discrimination par les prix est dans ce cas fonction des quantités achetées et non des individus. On parle également de « tarification non linéaire » puisque le prix du bien n’est pas constant mais dépend de la quantité achetée. C. Rodrigues / LPG - Papeete • La discrimination de deuxième degré traduit le fait que le monopoleur vend les unités produites à des prix différents, mais à prix identique pour tous les consommateurs achetant la même quantité de biens. ECE2 - EA / Chapitre 1 Le monopole discriminant de deuxième degré 85 ECE2 - EA / Chapitre 1 Figure n°13 // C. Rodrigues / LPG - Papeete Le monopole discriminant de deuxième degré 86 Consommateur 1 prix P1 et quantité Q1. Consommateur 2 consomme Q2 (avec Q2 > Q1) paie P1 pour la quantité de biens égale à Q1 et paie P2 (avec P2 < P1) pour la quantité de biens comprise entre Q1 et Q2. Etc. jusqu’au consommateur n. • Le monopoleur a intérêt à poursuivre cette politique de prix jusqu’à ce qu’il vende à un consommateur Cn une quantité telle que la dernière unité vendue lui rapporte autant que ce qu’elle a coûté (donc que Rm = Cm). Il est donc conduit à baisser son prix (et donc Rm) jusqu’à l’égalité Cm = Rm. C. Rodrigues / LPG - Papeete • La discrimination au deuxième degré a une implication importante : l’égalisation entre le prix marginal et le coût marginal. • Le consommateur paie un prix dégressif par tranche en fonction de la quantité qu’il achète : ECE2 - EA / Chapitre 1 Le monopole discriminant de deuxième degré 87 Il s’agit dans ce cas de distinguer plusieurs sous-marchés et différencier les prix entre ceux-ci ; mais le prix reste le même pour tous les clients appartenant à un même marché. C. Rodrigues / LPG - Papeete • La discrimination du troisième degré caractérise une situation ou le monopoleur pratique des prix de vente différents selon l’individu qui achète en fonction de son appartenance à un groupe de clients particuliers. ECE2 - EA / Chapitre 1 Le monopole discriminant de troisième degré 88 ECE2 - EA / Chapitre 1 Figure n°14 // C. Rodrigues / LPG - Papeete Le monopole discriminant de troisième degré 89 2.1. L’équilibre en courte période 2.2. L’équilibre en longue période 2.3. L’équilibre du monopole discriminant 2.4. L’équilibre du monopole naturel C. Rodrigues / LPG - Papeete ECE2 - EA / Chapitre 1 2. L’équilibre du monopole 90 • La présence de rendements d’échelle croissants liée notamment à l’importance des coûts fixes initiaux conduit à la concentration du secteur et, à terme, à la constitution d’une situation limite : la suppression de toute forme de concurrence. • Exemple : production d’électricité, transport ferroviaire, transport collectif urbain. C. Rodrigues / LPG - Papeete • Pour certains secteurs de production, il apparaît que les conditions techniques de la production et la taille du marché suppriment toute possibilité de rentabilité pour des entreprises concurrentes. ECE2 - EA / Chapitre 1 L’équilibre du monopole naturel 91 C. Rodrigues / LPG - Papeete Figure n°11 // - Reprise ECE2 - EA / Chapitre 1 Le monopole naturel 92 • il existe des raisons techniques (coûts d’installation) ; • la question de la taille du marché qui évince progressivement la concurrente pour ne garder qu’une seule firme. • On dit dans ce cas que le monopole naturel est un optimum de second rang (second best) puisqu’on ne peut pas atteindre une affectation optimale des ressources avec une production concurrentielle. C. Rodrigues / LPG - Papeete • Conclusion : le nombre de firmes présentes sur le marché ne dépend parfois pas du bon vouloir des décideurs politiques ou des entrepreneurs : ECE2 - EA / Chapitre 1 L’équilibre du monopole naturel 93 C. Rodrigues / LPG - Papeete Figure n°15 // ECE2 - EA / Chapitre 1 Le monopole naturel 94 On envisage parfois de nationaliser les monopoles naturels afin que l’Etat contrôle la politique tarifaire du monopole, soit en proposant des tarifs équivalents au coût marginal de production et en couvrant les pertes, soit en imposant un tarif égal au coût moyen de production de telle sorte que le profit soit nul. La nationalisation des réseaux ferrés en France (RFF) a été justifiée de cette manière sans que cela évince les dysfonctionnements (exemple des trains trop larges pour entrer en gare en métropole en 2014 !) C. Rodrigues / LPG - Papeete • Cas complexe à gérer pour l’Etat : a) La présence d'un seul producteur est la solution la plus efficace si les économies d'échelles sont fortes : l’Etat n’a donc pas intérêt à démanteler le monopole. b) L’Etat ne peut pas non plus imposer une tarification au coût marginal car cela entrainerait la faillite du monopole. c) Mais sans aucune intervention de l’Etat, le monopole va fixer un tarif élevé au détriment du bien-être collectif. ECE2 - EA / Chapitre 1 L’équilibre du monopole naturel 95 ECE2 - EA / Chapitre 1 Figure n°16 C. Rodrigues / LPG - Papeete Monopole naturel et marchés contestables 96 • Les marchés sont contestables lorsqu’il existe des coûts fixes irrécupérables (sunk costs) très faibles • En situation de monopole naturel les sunk costs sont typiquement élevés : les firmes concurrentes ne peuvent s’installer sur le marché (présence de barrières à l’entrée) • Mais la structure des coûts irrécupérable peut évoluer au cours du temps : un monopole n’est jamais naturel par nature ! • Exemples : compagnies aériennes sur certaines destinations (Polynésie française) ! ECE2 - EA / Chapitre 1 Figure n°16 C. Rodrigues / LPG - Papeete Monopole naturel et marchés contestables 97