Philos Exos corrigés

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FASCICULE
PHILO
L'ÉMERGENCE DE LA PENSÉE
SCIENTIFIQUE
Où les sciences puisent-elle leur autorité ?
On a vu que l'opinion n'est pas un savoir car fondée sur l'arbitraire.
A l'inverse, la science est reconnue comme un savoir objectif fondée sur des faits.
Or la science
ne pourrait-elle servir de modèle de rationnalité ?
Ne pourrait-on lui emprunter ses méthodes rigoureuses de pensée ?
Il convient donc de s'intéresser à ce qui fait la scientificité de la science.
1 - La fondation des sciences
On situe la naissance des sciences naturelles au XVIIè s. avec Descartes et Galilée.
Mais, il faut nuancer ce terme de " naissance ".
En fait, il s'agit de la naissance des sciences modernes.
Car les " sciences " existaient bien avant :
L'alchimie, l'astrologie-l'astronomie, l'histoire naturelle (biologie) etc. sont anciennes.
Dès la Grèce antique, les sciences de la nature sont filles de la philosophie.
A ce titre, elles ont pour tache d'expliquer rationnellement le monde.
Malgré tout, une certaine confusion entre le rationnel et l'irrationnel demeure.
Confusion qui persiste d'ailleurs au-delà du XVIIè siècle.
Autrement dit, la révolution scientifique s'instaure progressivement.
(cf. Newton s'intéresse plus aux anges qu'à l'attraction universelle)
Les sciences modernes procèdent d'une rupture méthodologique :
la mathématisation du monde.
Le monde est un livre écrit en langage mathématique dit Galilée.
(N.B. les mathématiques sont un langage.)
La science étudie des rapports ou des relations et non des substances.
Le recours aux mathématiques va jouer le rôle de filtre ;
elles vont contribuer à limiter la place de l'irrationnel.
Jusque-là l'étude du monde consistait à chercher la raison d'être,
le sens des choses,
i.e. ce en vue de quoi elles sont faites,
bref, il s'agit de comprendre le monde en fonction d'une intention créatrice.
Même le matérialisme demeurait prisonnier de l'explication intentionnelle.
La théorie des éléments (terre, air, feu, eau) interprète les rapports entre la matière selon un
critère d'attirance et de répulsion comme si une volonté se manifestait dans la nature.
Cet anthropomorphisme est analysé par Foucault dans les Mots et les Choses !
Depuis Aristote, la méthode utilisée par la scolastique était le finalisme.
En son temps, Aristote avait porté un coup très dur au matérialisme de Démocrite et d'Epicure.
Descartes et Galilée vont réhabiliter le matérialisme et l'approche causaliste.
Avec le recours aux mathématiques, le critère d'analyse des phénomènes n'est plus qualitatif
mais quantitatif.
Ainsi la médecine s'est-elle intéressé à l'aspect qualitatif du corps et de ses sécretions.
On se fiait à la couleur, la saveur et l'odeur pour formuler un diagnostic.
Aujourd'hui, on se fie à la quantité (taux) des composantes.
Il a fallu remédier à la tentation anthropomorphiste.
On s'est efforcé de restreindre la part du préjugé.
On fallait laisser parler l'expérience.
Et éviter que l'observateur n'apporte ses idées.
Bref : s'en remettre exclusivement à l'expérience !
2 - L'expérience comme fondement des sciences
a) L'induction
· Le principe
La connaissance procède entièrement de l'expérience.
Rien ne vient du sujet ; tout vient de l'objet !
Ainsi, on évite les préjugés anthropomorphiques !
Cette appréhension du monde vise à une parfaite neutralité.
Les lois de la nature sont dégagées à partir d'observations minutieuses.
Autrement dit, on induit des lois générales à partir des cas observés.
Et on n'ajoute rien qui ne soit donné ou constaté dans la nature !
· La méthode
1° On rassemble tous les faits observés sans rien occulter.
2° On repère les faits qui apparaissent constamment ensemble,
puis on généralise cette concomitance à tous les cas du même type.
On passe des faits à la loi par généralisation.
On généralise la corrélation entre 2 phénomènes à tous les phénomènes du
même type.
(cf. texte de Hume, txt 2, p.122)
cf. Hempel Eléments d'épistémologie Ed. Colin
· Trois conditions accompagnent l'induction :
1° La corrélation doit être observée un nombre suffisant de fois.
2° On doit faire varier les conditions d'observations
pour s'assurer que la corrélation concerne bien les 2 phénomènes isolés.
3° Il faut que cette corrélation, une fois généralisée, permette des prédictions.
Mais ces conditions sont-elles vraiment suffisantes ?
b) Les limites de l'induction
Objections ponctuelles :
l° L'idée d'une observation qui ne soit pas " orientée " n'est-elle pas illusoire ?
_ où et quand devra-t-elle s'arrêter ?
_ doit-on vraiment observer absolument TOUT ?
_ est-ce seulement possible ?
2° A partir de quand le nombre d'occurrence est-il suffisant ?
Suffit-il qu'une prédiction soit confinirmée pour que la théorie soit vraie ?
Des théories concurrentes peuvent fournir des prédictions justes !
La logique montre, qu'à partir de prémisses fausses, on peut aboutir à des conclusions vraies :
Socrate est un chat,
Tous tes chats sont mortels,
Donc Socrate est mortel.
Ces objections ne remettent peut-être pas en cause la validité de l'inductivisme.
En effet, la validité de l'inductivisme tient pent-être moins à chaque exigence
prise dans le détail qu'à la conjonction de toutes.
Ces exigences
Il faut donc réfuter l'inductivisme de façon globale.
Objection globale :
Rappel : la méthode inductiviste consiste à " généraliser " une concomitance.
Tels faits se sont manifestés ensemble, voyons s'ils se manifestent " toujours " ensemble.
S'ils passent l'épreuve des conditions alors on pourra considérer que cette concomitance vaut
comme loi générale.
Or, ce n'est pas parce que quelque chose s'est produit 1000 fois que cela doit toujours se
reproduire.
cf. l'exemple la dinde de Russel
Dire que:
" parce que quelque chose s'est produit 1000 fois donc cela doit toujours se reproduire "
C'est une conséquence abusive.
La haute fréquence ou occurrence ne constitue pas une absolue systématicité.
Cela ne donne qu'une très haute probabilité !
Alors que la loi est absolument universelle et nécessaire.
Glisser de la forte occurrence au " toujours ",
c'est admettre un présupposé d'origine a priori
(i.e. quelque chose qui ne résulte pas de l'observation
et dont on peut penser qu'il vient du sujet, de l'observateur).
Le présupposé est : l'idée de constance de la nature.
On n'a pas le droit de penser que 1000 répétitions impliquent une loi.
" Chaque fois " n'est pas équivalent à " toujours ".
La loi implique une absolue systématicité.
(Pas d'exception possible à la loi)
Le principe de la constance de la nature n'est pas tiré de l'expérience.
Il est strictement théorique.
Il n'est pas tiré de l'expérience,
car il est justement la caution de " toute " généralisation.
Seul un principe théorique peut valider le procédé de la généralisation.
En effet, l'observation empirique ne dévoile jamais que des cas particuliers.
Sans ce principe, je ne peux pas faire de généralisation.
Supposons un instant que l'on veuille établir ce principe à partir de l'expérience.
Comment inférer cette loi de la constance de la nature ?
On va partir d'un certain nombre de lois particulières, exemple :
le principe de l'induction marche dans lc cas x1
le principe de l'induction marche dans le cas x2, etc
donc le principe de l'induction marche à tous les coups
Problème :
comment peut-on passer de cas particuliers à l'affirmation d'une universalité ?
Le problème est reposé.
Je suis à nouveau obligé de présupposer l'idée de "constance de la nature".
Ainsi l'inductivisme n'est tenable que si on postule un principe qui n'est pas tiré de l'expérience.
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