cela à l’éditeur de référence en matière de dictionnaires, Larousse, le
Monde a voulu
entrer dans le nouveau siècle en accordant à l’économie la place qui est
la sienne, la
première. Qui ne voit en effet qu’aujourd’hui, et pour quelques solides
années devant nous,
on ne peut être vraiment et complètement informé qu’en ayant une aussi
bonne maîtrise
que possible des principales données économiques.
Bien sûr l’économie n’est pas tout et ne saurait à elle seule rendre
compte de la vie de nos
sociétés. Et il lui arrive de se tromper. Déjà, dans les années 1960,
nous avions vécu un véritable
engouement pour une économie technicienne et technocratique. C’était la
période où s’ins-
tallait la prospective et les études de futurologie, dans la foulée
d’une planification qui était à la
mode partout : à l’Est, avec la planification du type soviétique qui
s’exportait vers les pays dits
« en voie de développement », nouvellement indépendants ; à l’Ouest,
avec les grands groupes
industriels américains qui se dotaient de stratégies à long terme ; en
France, avec le rôle éminent
joué par le Commissariat au Plan et la « planification à la française ».
Il fallait alors être capable
de faire une place de plus en plus grande à l’écomometrie, et les
étudiants étaient priés de se
familiariser avec le fameux modèle « fifi » – le modèle
phyisico-financier – de l’économie fran-
çaise. Nous approchions de mai 1968 et de l’apogée des Trente Glorieuses
qui ont caractérisé la
période de reconstruction de l’Europe après l’effroyable chaos de la
Seconde Guerre mondiale.
Et c’est à la même époque que le Club de Rome, qui était à la vie de
l’économie mondiale ce
qu’est devenu aujourd’hui le fameux forum de Davos, prédisait que la
croissance toucherait
à sa fin. Vint ensuite le choc pétrolier de 1973 et les années de crise
qui s’en suivirent pen-
dant le dernier quart de siècle, avec le retour d’un chômage massif dans
les pays développés.
La réflexion prit un tour pessimiste, les économistes cherchèrent à nous
familiariser avec le
concept de « stagflation », ce mélange d’inflation et de stagnation qui
allait de pair avec le
« stop and go », c’est-à-dire cette alternance de politique de relance
et de politique restrictive
qui gouvernait la conduite de nos économies. Mais on voit déjà que plus
on avançait, plus le
besoin devenait impératif de maîtriser les concepts et recettes divers
qui chaque jour davantage
structuraient les débats de nos sociétés.
Cette situation de crise suscita une remise en cause radicale de
l’économie politique, telle
qu’elle fonctionnait à partir du milieu des années 1970, et bien
évidemment la recherche de
remèdes globaux. On chercha de nouveaux systèmes. Autour de deux types