Proposition de plan ( je pose très rapidement des idées, comme il faudrait le faire sur un
brouillon, mais qui seraient à étayer davantage dans un développement rédigé) :
I. Consentir à l’effort, une condition du « placere » et du « docere » ?
→ Développer dans cette partie la contradiction apparente entre divertissement et effort.
1) Conjuguer la « jouissance esthétique » et la « connaissance » : une acception
classique de l’œuvre littéraire
Conception de l’œuvre littéraire héritée d’Horace, qui innerve toute la littérature classique. Voir
la démonstration de La Fontaine dans « Le Pouvoir des Fables » : l’orateur ne parvient à
intéresser et instruire son public qu’en lui racontant une petite fiction. L’apologue doit susciter
plaisir et intérêt du lecteur pour lieux lui inculquer un enseignement moral. Passer par le
divertissement pour instruire reste aujourd’hui l’enjeu de la littérature de jeunesse, par exemple.
2) Pour jouir des bienfaits de l’œuvre, la nécessité d’un effort d’apprentissage
Développer l’idée que l’accès à ce que l’œuvre a de plus plaisant se fait parfois en contrepartie
d’un effort apprentissage et de recherche : comment comprendre, par exemple, un texte comme
Les Tragiques d’Agrippa d’Aubigné sans une connaissance de l’épisode historique auquel se
réfère l’auteur ? (Les guerres de religion catholiques/protestants et le massacre de la Saint-
Barthélemy). L’œuvre peut pousser qui veut pleinement jouir d’elle à une enquête, qui laquelle
peut elle-même peut susciter une certaine satisfaction chez l’enquêteur/le chercheur en quête
d’érudition.
3) Une interrogation plus profonde : la visée ontologique de la littérature
L’interrogation à laquelle pousse l’œuvre littéraire peut aller au-delà des considérations
historiques et culturelles évoquées précédemment. L’œuvre littéraire peut être une interrogation
en soi, sur soi, sur notre nature et notre réalité, qu’elle met à l’épreuve : les œuvres d’Aldous
Huxley et de George Orwell mettent à l’épreuve le réel tel que nous le connaissons, et par là le
questionnent.
II. « Jouissance » et « connaissance » : des acquis non définitifs
→ Dans cette partie, montrer que l’œuvre littéraire n’est pas réductible à ces notions de
jouissance et de connaissance.
1) De l’œuvre de jouissance à l’œuvre de souffrance
L’œuvre littéraire peut provoquer de la douleur, lorsqu’elle ébranle son lecteur, le bouleverse,
le dégoute, le choque. La Mort est mon métier (1952), de Robert Merle, qui expose les
problèmes pratiques et matériels de l’organisateur des camps de la mort, suscite plus d’effroi
que de plaisir. Toutes les œuvres ne sont pas propres à susciter le plaisir esthétique.
2) Interroger la possibilité même de la connaissance : le paroxysme de l’inconfort
intellectuel
Montrer que le savoir offert par la littérature est voué à fluctuer. La fiction est l’exemple même
de cette remise en question de l’œuvre littéraire comme porteuse de vérité ou d’un savoir donné
comme acquis. Ex : Chrétien de Troyes déplace constamment le sens des symboles dans son
œuvre littéraire (voir les travaux de Peter Hauder), ce qui prévient du risque d’enfermement