Achillée millefeuille
Son nom
L'achillée tire son nom d'Achille, qui aurait découvert et utilisé la plante pour guérir les
blessures de ses soldats lors de la guerre de Troie. Encore que certains affirment qu'il
s'agissait d'une tout autre plante. On l'a aussi appelée herbe à la coupure, herbe à la saignée,
herbe-aux-charpentiers, herbe-aux-militaires, saigne-nez, tous des noms qui indiquent ses
emplois traditionnels pour soigner les plaies et blessures de toutes sortes. Quant au nom de
« sourcil de Vénus », son origine reste obscure. Peut-être fait-il référence au fait que la plante
était censée aider les femmes à découvrir qui serait leur prince charmant? Nous y reviendrons
plus loin. Au Québec, on l'a appelée « herbe à dinde » et « herbe au dindon » par allusion à
l'emploi de la plante dans l'alimentation de cette volaille. Enfin, le nom de « millefeuille » lui
vient de ce que sa feuille est très finement découpée et donne l'impression qu'il y en a mille là
où il n'y en a en réalité qu'une seule.
Son rôle dans l'équilibre écologique
L'achillée est normalement très abondante dans les prairies naturelles et, jadis, les paysans lui
reconnaissaient un effet fortifiant sur les animaux et le bétail. « Elle contient des substances
volatiles qui stimulent leur appétit et renforcent leur organisme », écrivait en 1965 Marcello
Piccioni dans son Dictionnaire des aliments pour les animaux (en 4 langues). Il affirmait en
outre qu'elle donnait un parfum délicat à la viande des moutons qui la consommaient en
fourrage. Fabuleuse époque où ce qui était mauvaise herbe pour le jardinier était aliment
nutritif pour l'éleveur et où tout le monde y trouvait son compte! À petit budget, merci...
Et ça se mange?
On peut servir les feuilles en salade, mais en petites quantités seulement, car elles sont plutôt
amères. Pour les apprêter cuites, on les fera d'abord bouillir vingt minutes dans l'eau pour leur
enlever un peu de leur amertume et de leur arôme, puis on les égouttera et les sautera au
beurre ou à l'huile.
Les feuilles ont, en outre, servi à aromatiser la bière. En Allemagne, on jetait ses graines dans
les tonneaux de vin pour en assurer la conservation. La plante entière a parfois servi de
condiment, en remplacement de la cannelle ou de la muscade.
Et ça soigne quoi?
Tonique, antispasmodique, hémostatique et, en usage externe, cicatrisante, elle a servi à
soigner la fatigue générale, le lymphatisme, les spasmes des voies digestives et utérines, les
névroses, les troubles de la circulation et de la cinquantaine (qui sont peut-être, en gros, les
mêmes...) : la sédentarité, les varices, phlébites, hémorroïdes. En voie externe, on l'a utilisé
contre les douleurs rhumatismales, les dermatoses, les ulcères de jambe, les crevasses du
mamelon, les douleurs de la cellulite... On dit qu'au Moyen Âge, les chevaliers en
transportaient un sachet dans leur « trousse de premiers soins ».
Mais c'est peut-être pour les femmes souffrant à la fois de règles douloureuses et de troubles
digestifs durant les menstruations que l'achillée est la plus utile. Il est rare, en effet, qu'un
médicament soigne à la fois les problèmes de la sphère génitale et ceux de la sphère digestive
avec une telle efficacité. Prise sous la forme de teinture, elle calmera rapidement
l'inflammation, de même que cette impression détestable que l'utérus et les intestins se livrent
une concurrence féroce pour capter et retenir toute l'attention de leur propriétaire légitime.
C'est la plante entière que l'on récolte au moment de la floraison, laquelle a lieu de la mi-juin
à l'automne, selon les régions et les caprices de dame nature. L'achillée à fleurs blanches ou à
fleurs rouges serait plus active médicinalement que l'achillée à fleurs jaunes ou à fleurs
orange.
L'infusion se prépare à raison de 30 grammes par litre d'eau. On en prendra 3 tasses par jour,
entre les repas. La teinture - qu'on préparera avec 1 partie de plante pour 5 parties d'alcool à
90 % - se prend à raison de 20 à 30 gouttes, trois fois par jour. Pour les usages externes, on se
sert de l'infusion concentrée (une poignée par litre d'eau) en lavages.
L'infusion de 30 grammes d'achillée à laquelle on aura ajouté une cuillerée à thé de miel et
trois gouttes de sauce Tabasco est supposée avoir pour effet d'ouvrir les pores de la peau et de
provoquer une transpiration profuse qui cassera un rhume ou une grippe. On recommande de
bien se couvrir pour éviter de prendre froid.
Une pelouse odorante
Au lieu de graminées, semez du thym, de la camomille et de l'achillée millefeuille. Plus
résistante à la chaleur, moins exigeante en engrais, cette pelouse nouveau genre aura, de plus,
l'avantage de sentir très bon lorsque vous la foulerez dans la rosée du matin.
Une plante compagne
Considérée comme une excellente plante compagne, l'achillée éloigne certains insectes
nuisibles. De plus, elle ferait augmenter la teneur en huile essentielle des plantes qui poussent
à proximité. Il faut savoir toutefois qu'elle peut devenir envahissante. Par conséquent,
contrôlez-la.
Sagesse et divination
Ce sont des tiges d'achillée que les Chinois utilisent traditionnellement pour tirer le Yi-King.
Découvrir l'élu de son coeur
Pour connaître le nom de celui qui partagera votre vie, il faut tout d'abord mettre dans un
sachet de tissu environ 30 grammes d'achillée hachée, puis coudre le sachet et placer ce
dernier sous votre oreiller. Avant de vous mettre au lit, vous réciterez la prière suivante :
« Dis-moi, jolie plante de l'arbre de Vénus, toi dont le vrai nom est « achillée », dis-moi le
nom de celui qui sera mon amoureux, je te le demande pour demain. » Ou quelque chose de
ressemblant. Au cours de la nuit, restez bien attentive à vos rêves parce que l'amoureux en
question devrait se montrer.
Pour ma part, je pense que c'est très risqué. Parce que vous faites quoi si ce soir-là vous voyez
dans vos rêves le copain tout neuf de votre meilleure amie?
Bouleau
Son nom
Betula est d'origine celtique. « Bouleau » dérive directement du latin et de l'ancien français
« boul ». Papyfera, le nom de notre espèce la plus commune, signifie « bouleau à papier ». On
l'appelle aussi « bouleau blanc » ou « bouleau à canot ». À noter que le nom générique anglais
birch, qui désigne toutes les espèces de bouleaux, est d'origine sanscrite (bhurga) et signifie
« ce sur quoi l'on peut écrire ». Bref, tous les bouleaux présentent une écorce caractéristique
qui rappelle le papier.
Une certaine confusion s'est installée au Québec à propos de deux espèces de bouleau que l'on
appelle à tort « merisier » (B. alleghaniensis) et « merisier rouge » (B. lenta). L'erreur
viendrait des tout premiers débuts de la colonisation lorsque, cherchant à identifier les espèces
botaniques qui poussaient sur ce nouveau continent, nos ancêtres auraient été confondus par
une certaine similitude entre la forme de la feuille du bouleau jaune et celle d'un cerisier
européen.
En Europe, on a appelé le bouleau « l'arbre de la sagesse » et toute une petite mythologie s'est
créée autour de lui. Axe du monde, pilier cosmique, arbre sacré, il a tantôt symbolisé le
printemps et les jeunes filles, tantôt les esprits protecteurs. Ses branches ont servi à recouvrir
les dépouilles mortelles ainsi qu'à confectionner des torches nuptiales que l'on brûlait le jour
des noces pour attirer le bonheur sur les nouveaux mariés.
Son rôle dans l'équilibre écologique
Les bouleaux sont des espèces pionnières qui occupent rapidement les lieux dévastés par les
feux de forêts ou autres cataclysmes naturels. Par ce squattage tout à fait licite, ils empêchent
l'érosion du sol par le vent, la pluie et le soleil. En outre, ils fournissent une ombre
bienfaisante à d'autres espèces émergentes, qui ne peuvent germer à la lumière. Eux-mêmes
n'occupent jamais un endroit donné pendant plus d'une génération puisqu'ils ne tolèrent
nullement l'ombre, ni pour germer ni pour croître et s'épanouir. Le vent disperse donc leurs
semences aux quatre horizons et la deuxième génération s'établira parfois à plusieurs
kilomètres de la première. D'une certaine façon, ce sont d'incorrigibles errants qui ne prennent
racine et n'adoptent pays que le temps de perpétuer l'espèce.
Je craque pour toi mon bouleau
Dans l'écologie humaine, le bouleau blanc a, plus que tout autre arbre de quelque espèce,
genre ou famille que ce soit, contribué au développement de la culture amérindienne du
Canada et du nord des États-Unis. Arbre fétiche, arbre culte, aux innombrables variétés,
certaines très locales, il était vénéré pour les services qu'il rendait aux collectivités humaines,
particulièrement son écorce qui servait, bien sûr, à la fabrication des canots, mais aussi à celle
de contenants de toutes catégories, depuis le cassot vite fait qui ne servait qu'une fois à la
boîte finement ouvragée dans laquelle on transportait ses biens les plus précieux, en passant
par les récipients à aliments. Les Amérindiens avaient d'ailleurs compris que les aliments se
conservaient plus longtemps au contact de l'écorce de bouleau que de toute autre substance,
d'où la pratique d'en tapisser les fosses qui leur servaient de garde-manger. Ils avaient
également mis au point une technique permettant d'imperméabiliser leurs contenants de
manière à pouvoir y transporter de l'eau. Pour ce faire, ils les enduisaient d'un mélange de
gomme de sapin et de graisse d'ours. En outre, inflammable même mouillée, l'écorce était
inestimable quand venait le temps d'allumer un feu après une pluie. Enfin, pour ainsi dire
imputrescible, on s'en est servi comme doublure dans les chaussures pour protéger contre
l'humidité.
Un culte semblable a été porté au bouleau blanc (B. pendula) européen par les peuplades
nordiques de la Sibérie, la Russie et l'Asie centrale, à qui il a rendu des services tout aussi
remarquables.
Et ça se mange?
Jeunes feuilles : les très jeunes feuilles se consomment au printemps, mais avec l'âge, elles
prennent une saveur par trop résineuse.
Bois : en Scandinavie, on a fait du pain avec de la sciure (!) de bouleau bouillie, séchée au
four, pulvérisée et mélangée à de la farine.
Écorce interne : en Europe, on a mangé l'écorce interne du bouleau blanc. En Laponie, on en
faisait une farine grossière et, en Sibérie, on la consommait avec des oeufs d'esturgeon. Les
Amérindiens consommaient l'écorce du bouleau à papier qui était réputée très sucrée. Celle
des sujets les plus âgés était la meilleure et il paraît que les enfants en raffolaient.
Écorce de la racine : on a employé l'écorce de la racine du bouleau à papier pour faire un
substitut de thé.
Sève : dans le centre, le nord et l'ouest du Canada, régions d'où l'érable à sucre est absent, les
Amérindiens récoltaient la sève du bouleau à papier. Ils la buvaient telle quelle ou l'ajoutaient
aux soupes. Au Québec, les Algonquins récoltaient la sève du bouleau jaune qu'ils
mélangeaient à celle de l'érable à sucre pour la fabrication du sirop. Les Saulteux
mélangeaient également ces deux types de sèves et en faisaient une boisson froide.
En Europe, on a aussi recueilli la sève du bouleau blanc. Pour la conserver, on ajoutait quatre
ou cinq clous de girofle au litre. Elle a permis de faire un vin légèrement pétillant, ou encore
une bière aux propriétés rafraîchissantes et diurétiques, dont vous trouverez la recette dans
Documents associés.
Et ça soigne quoi?
Les feuilles, les bourgeons, l'écorce et la sève du bouleau blanc européen (B. pendula) ont
tous servi en médecine. À l'occasion, on s'est aussi servi des fleurs, mais pour beaucoup de
personnes, le pollen est source de problèmes allergiques qui peuvent être graves.
En Amérique, chez certaines peuplades, on buvait la sève fraîche du bouleau à papier comme
tonique printanier; ailleurs, on s'en servait comme remède contre le rhume. En médecine, celle
du bouleau européen a été employée comme dépuratif pour soigner les éruptions cutanées et
dartreuses.
Les feuilles du bouleau blanc ont servi à soigner tous les types d'insuffisance urinaire,
particulièrement l'hydropisie, ainsi que le rhumatisme, l'arthrite, la goutte et les infections
urinaires. C'était, en fait, les principales indications de cette plante. En outre, l'obésité et la
cellulite ont parfois cédé à un traitement aux feuilles de bouleau.
L'écorce a servi à soigner les fièvres intermittentes.
Les bourgeons ont servi à soigner l'engorgement des ganglions lymphatiques.
Par voie externe, les feuilles fraîches ont servi en application contre la goutte, le rhumatisme,
les maladies de la peau et l'hydropisie. Il arrivait que, dans les cas graves, on enveloppe
entièrement le patient de feuilles de bouleau, méthode qui réussissait là où bien d'autres
échouaient. Un rinçage aux feuilles de bouleau serait efficace contre les pellicules et la chute
des cheveux. L'écorce, les feuilles, les bourgeons et les fleurs ont servi comme antiseptique
externe et détersif pour soigner les plaies et les irritations cutanées. Les minces feuillets
composant l'écorce étaient séparés pour servir de pansements antiseptiques. On a fait avec
l'écorce réduite en poudre un onguent contre les blessures mineures.
L'essence de wintergreen naturelle, extraite jadis par distillation des feuilles du thé des bois,
provient aujourd'hui de l'écorce du bouleau jaune (B. alleghaniensis). Petite plante aux
feuilles elles-mêmes minuscules, le thé des bois donne relativement peu d'essence, laquelle
est, par conséquent, fort coûteuse. Du moins elle l'était jusqu'à ce qu'on découvre que l'écorce
des bouleaux, particulièrement celle du bouleau jaune, en était riche. L'action analgésique,
tant interne qu'externe, du bouleau serait due en bonne partie à cette essence composée, en
fait, de salicylate de méthyle, substance proche de l'acide acétyl-salicylique. En passant, si
« salicylate de méthyle » ou « huile de wintergreen » ne vous disent rien, peut-être que
« paparmane » rose et « antiphlogistine » vous rappelleront, eux, quelques souvenirs
d'enfance. Il s'agit bien sûr de deux produits renfermant du salicylate de méthyle.
« Paparmanes » roses et antiphlogistine...
Pour les martiens lunatiques parmi vous qui n'ont jamais entendu parler des « paparmanes »
roses, soulignons qu'il s'agit d'une friandise dure, ronde et tirant sur l'incarnadin.
Naturellement, « paparmane » est une déformation de l'anglais peppermint sauf que, tant qu'à
déformer autant le faire pour de bon, il n'y avait pas la moindre trace de menthe poivrée dans
ce bonbon... Quant à « antiphlogistine », c'est le nom de marque d'une crème anti-
inflammatoire qui est dérivé de « antiphlogistique », terme médical désuet, aujourd'hui
remplacé par « anti-inflammatoire ». C'est que, voyez-vous, « phlogistique », qui dérive du
grec phlox, « feu », rappelait un peu trop, au goût des scientifiques modernes, la théorie
sulfureuse qui voulait que le corps humain soit composé de cinq éléments primordiaux, alors
on l'a trucidé.
Pratiquement tout ce que nous savons des effets médicinaux du bouleau vient d'Europe et a
trait au bouleau blanc européen. Toutefois, certains croient que notre bouleau à papier
posséderait les mêmes propriétés.
L'infusion se prépare en versant un litre d'eau chaude sur 40 g de feuilles. Infuser 10 minutes,
puis ajouter un gramme de bicarbonate de soude. En dissolvant les principes résineux, le
bicarbonate augmente l'efficacité de la tisane. Prendre trois tasses par jour.
La décoction de bourgeons se prépare à raison de 150 g de bourgeons par litre d'eau. Faire
bouillir jusqu'à réduction de moitié. Filtrer, laisser refroidir légèrement, puis ajouter un
gramme de bicarbonate de soude. Prendre deux ou trois tasses par jour.
La décoction de l'écorce se prépare en faisant bouillir dix minutes une cuillerée à thé d'écorce
réduite en poudre par tasse d'eau. Pour les emplois par voie externe, on fait bouillir 40 g à
50 g d'écorce dans un litre d'eau.
La sève se prend le matin à jeun à raison d'un verre par jour pendant deux ou trois semaines.
À noter que le bouleau ne se limite pas à soigner les humains. Il guérit aussi les terres abîmées
ou épuisées et permet de leur rendre leur fertilité. C'est pourquoi jadis, on ne manquait jamais,
lors de la dernière étape de préparation du sol pour les semis, de le « passer au bouleau ». Il
s'agissait d'accrocher un fagot de branches à l'arrière de la herse et de passer cet appareil sur
toute la surface du champ. On recommandait en outre de planter des bouleaux près du tas de
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