Introduction
Lorsqu’il s’est agi de chercher un sujet pour ce mémoire de M1, il m’est apparu évident
qu’il serait autour du deuil. Je pensais que la raison en était que j’avais moi-même
traversé cette épreuve et que l’ayant vécue et de plus dans une période où j’étais en
analyse, je pourrais mieux comprendre les textes corrélés à cette étude. Pour autant, je
découvris que ma question : « Que perd on dans le deuil ? », restait sans réponse. Si
j’avais bien perçu que ce que l’on perdait n’était pas seulement l’être aimé, mais autre
chose, cela restait néanmoins de l’ordre d’une énigme. C’est pour tenter de résoudre
cette énigme que je me suis lancée dans ce travail consistant en un parcours croisé entre
Freud et Lacan sur cette question du trauma dans le deuil.
Traversant le texte Deuil et mélancolie, je me suis rendu compte par ailleurs, que la
question de la mélancolie, sur laquelle je croyais pouvoir faire l’impasse, relevait d’une
problématique se trouvant au cœur même du deuil. Il me fallait donc repartir sur les
chemins questionnant la relation à l’objet au regard de la mélancolie.
La première exploration, je peux la définir comme s’articulant autour de ce signifiant que
Lacan mêle au deuil dans Le séminaire Livre VI, Le désir et son interprétation, le signifiant
de béance. Ainsi il nous dira « le deuil vient coïncider avec une béance essentielle, la
béance symbolique majeure »
. Cette phrase dans laquelle le mot de béance revient deux
fois, sera bien celle qui accompagnera ce mémoire. Elle pose les questions suivantes :
Quelle est cette béance essentielle ? Quelle est la béance symbolique majeure ?
Ce signifiant de béance, comme nous le verrons, se trouve chez Lacan à la croisée de
plusieurs chemins. Lacan y reviendra souvent et on ne peut ignorer la dimension
d’équivoque que ce terme contient, car si le signifiant de béance est utilisé pour signifier
un vide, il évoque aussi en anatomie, la notion d’une ouverture.
Lacan J., Le Séminaire Livre VI, Le désir et son interprétation, texte établi par J.-A. Miller, collection
« Champ freudien », Éditions de la Martinière, 2013, p.402