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STATUT EPISTEMO DE L ANTHROPO A L4UNIVERSITE FRANCO AFRICAINE L

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ESSANE SERAPHIN
ESSANE Séraphin
Institut des Sciences Anthropologiques de Développement(ISAD)
Université de Cocody
IDÉOLOGIE, EPISTÉMOLOGIE ET
ANTHROPOLOGIE DANS L'UNIVERSITÉ
Revue Africaine d’Anthropologie, Nyansa-Pô, n°1 - 2004
"Avoir le sens des responsabilités pour s'assurer soigneusement de la
conformité de leur production avec les termes du contrat social qu'implique
l'épistémologie institutionnelle de référence dont chacun postule
l'existence ; et donc que les chercheurs réfléchissent scrupuleusement à
leurs réponses aux questions fondatrices de l'épistémologie et du statut
de la connaissance : quoi ? comment ? pourquoi ?" (Jean Louis LE MOIGNE)
INTRODUCTION
Dans le cadre de l'Accord de Coopération entre l'Université de Cocody
et l'Université de Bordeaux 2, une mission d'enseigne-ment et de
recherche à l'Université de Cocody, est effectuée, du 27 au 30 Mars
2000, par le Pr Sory Camara, Chef du Département d'Anthropologie
Sociale. Les échanges scientifiques occasionnés par cette mission
ont essentiellement porté sur l'analyse épistémologique du statut
institutionnel comparé de l'Anthropologie dans les universités du Nord
et du Sud du Sahara, notamment, de l'espace francophone.
Nous esquissons ici l'impact de ces échanges, comme une crise
des "paradigmes" scientifiques d'où émergea un nouveau projet
institutionnel pour l'Anthropologie dans l'université africaine
francophone.
De ce lieu d'analyse épistémologique, il est donné de cerner
correctement les enjeux scientifiques et institutionnels de la création
en novembre 2000, à l'Université de Cocody, d'un Institut des Sciences
Anthropologiques de Développement (ISAD), sur décision du Conseil
de l'Université. L'analyse sur le contexte idéologique et épistémologique
permet d'apprécier la portée institutionnelle des programmes
universitaires de l'Institut des Sciences Anthropologiques de
Développement ordonnés à ses missions de Recherche, de Formation
et d'Expertise de Développement.
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IDÉOLOGIE, EPISTÉMOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE DANS L'UNIVERSITÉ
I- PARADIGMES SCIENTIFIQUES ET ANTHROPOLOGIE
1- Crise des repères épistémologiques
Ethnologie, Sociologie et Anthropologie
Du côté des ethnologues et sociologues de notre institution
universitaire apparaît, à la lumière de l'analyse épistémologique,
la non consistance épistémologique du "paradigme" qui prend, en
l'absence du contrôle d'une instance d'épistémologie institutionnelle dans notre université, pour "anthropologie sociale" (culturelle,
politique, religieuse, économique, médicale) des enseignements,
des recherches, et thèses de doctorat développés par des sociologues
ou à l'intérieur des programmes de sociologie.
Les sociologues sont du reste, sans le savoir peut-être, les
héritiers d'une mode intellectuelle qui, avec les temps forts des
"critiques politiques" de l'anthropologie, de l'anthropologie fille de
la colonisation, fabulation idéologique du phénomène colonial, de
l'anthropologie assimilée plutôt à une idéologie qu'à une science, a
vu l'anthropologue ou l'ethnologue, dans l'université française, se
convertir en sociologue.
C'est dans cette mouvance idéologique, que l'ethnologie,
l'anthropologie sociale sont institutionnellement gommées, au seul
profit de la sociologie, dans les "universités africaines" des
indépendances.
D'où la question incontournable : où sont donc les problématiques
de réhabilitation scientifique et sociale de l'ethnologie, de
l'anthropologie sociale, au moment où les sociologues de l' université
africaine francophone les reprennent comme champs disciplinaires
respectables ? Au risque de reprendre sous le mot "anthropologie"
ou "ethnologie" les choses ou pratiques intellectuelles un moment
rejetées par la critique épistémologique (sociologie de la
connaissance) ne doit on pas rigoureusement montrer la rupture
épistémologique posée par nos réflexions universitaires avec une
certaine histoire des sciences sociales ?
Considérons aussi l'archaïsme du "paradigme" qui dans notre
université réduit l'Anthropologie au seul champ disciplinaire de
l'Anthropologie sociale et culturelle, autrement nommée "Socio9
ESSANE SERAPHIN
anthropologie". Non seulement, en regard des disciplines de
l'Epistémologie cont-emporaine (Epistémologie interne ou régionale
et Histoire des Sciences), l'analyse épistémologique porte un doute
sur les "choses" (pratiques intellectuelles) qu'on désigne sous le
mot "anthropologie sociale", mais encore, trouve platement
idéologique, l'interprétation réductrice, appauvrissante du système
de sciences que recouvre le terme "Anthropologie" dans les
Universités et Académies scientifiques du monde occidental.
C'est un paradoxe, en effet, dans une université africaine moderne,
que les sociologues, parrains improvisés d'un retour de l'Anthropologie
dans notre université africaine, banalisent la tradition scientifique
universitaire quand on leur oppose une dialectique de leur raison close
ou réductrice, l'existence institutionnelle, au-delà de la Socioanthropologie (autrement nommée Anthropologie sociale) de deux
prestigieux champs disciplinaires auxquels renvoie le mot
"Anthropologie" :
- Paléoanthropologie : paléontologie humaine, biométrie,
biomorphologie, paléopathologie, paléodémographie, paléolinguistique, anthropologie médicolégale…
- Bioanthropologie : biologie humaine, génétique des populations et
familles humaines, éthologie humaine ou biologie du comportement,
écologie humaine, anthropologie épidémiologique, anthropologie
nutritionnelle…
Ici encore, ils trahissent sans le savoir peut-être, qu'ils sont
héritiers d'une tradition intellectuelle, l'anthropocentrisme classique
des sciences humaines : la culture est la dimension proprement
humaine de l'homme dont l'étude est le champ épistémologique du
système des sciences de l'homme dont l'anthropologie. Ceci pour dire
que ne mérite le nom d'Anthropologie que la science qui ne considère
que la dimension sociale, culturelle de l'Homme.
Or, ce qui caractérise ou spécifie épistémologiquement
l'Anthropologie et ses champs disciplinaires, c'est son postulat
théorique fondamental, l'interrelation entre culture et biologie,
entre culture et nature, deux aspects inséparables de la réalité
humaine. C'est ainsi que l'histoire des sciences et l'épistémologie
notent la contribution hautement significative des disciplines
anthropologiques au dépassement de l'anthropocentrisme habituel
à l'épistémologie des sciences humaines.
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IDÉOLOGIE, EPISTÉMOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE DANS L'UNIVERSITÉ
Biologie, Médecine et Anthropologie
Alors qu'il est permis épistémologiquement de douter du statut
"anthropologique" d'enseignements et de recherches en milieu des
sciences humaines ou sciences sociales dans notre Université, on
trouve, sans le mot, les choses, authentiques champs disciplinaires
de l'Anthropologie en biosciences (biologie du comportement, écologie
humaine) en sciences médicales et en sciences odontostomatologiques (biologie humaine, génétique des populations,
biométrie, épidémiologie…)
Les sciences biologiques connaissent depuis longtemps
l'Anthropologie, et la cultivent en de nombreux champs disciplinaires
(anthropologie physique, anthropologie biologique) comme science
biologique et science sociale à la fois. Dans la tradition scientifique
française, au sens initial strict, le terme "anthropologie" renvoyait à
anthropologie physique, autrement nommée aujourd'hui anthropologie biologique, tandis que l'étude des seuls aspects culturels de
l'Homme était identifiée sous le nom "ethnologie".
Histoire , Archéologie et Anthropologie
Des ethnologues et des sociologues ne furent pas les seuls de
l'Université à contester, en regard de leurs paradigmes ou référentiels
épistémologiques, le projet de promotion institutionnelle de
l'anthropologie en dehors de leur institut et département. Il faut
compter aussi des historiens et des archéologues qui, pour des raisons
scientifiques, trouvèrent inacceptable, la promotion institutionnelle
de l'archéologie comme discipline autonome de l'histoire.
Au nom de l'histoire des sciences et des traditions universitaires
actuelles du Nord (Europe et Amérique), l'honnêteté intellectuelle
oblige historiens et archéologues à reconnaître que si, dans la
tradition universitaire française, l'archéologie est une discipline
historique ou auxiliaire de l' histoire, dans la tradition universitaire
américaniste, il en est autrement, l'archéologie compte parmi les
quatre disciplines principales auxquelles renvoie le terme
Anthropologie.
Cependant, pour servir une certaine école intellectuelle, des
archéologues ne trouvent digne d'être considérée et à promouvoir
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ESSANE SERAPHIN
institutionnellement, dans notre université, que la tradition
française de l'archéologie discipline historique. Aussi, marquent ils
une réserve et une certaine ambiguïté à coopérer à l'émergence de
l'école de l'archéologie discipline anthropologique, discipline autonome.
Mais, quelle université africaine, en regard de l'Epistémologie
institutionnelle, noyau essentiel de la culture de l'université
moderne, saurait se satisfaire d'une telle position "épistémologique"
sur le statut scientifique de l'archéologie, devant la Science et
l'Idéologie de Développement humain avec ses enjeux sociohistoriques pour les sociétés africaines ?
La variation des repères institutionnels en Archéologie, de la
tradition française à la tradition américaniste, n'est pas simplement
institutionnelle, mais repose sur des rationalités épistémologiques.
Or, la problématique du statut épistémologique de l'archéologie comme
science est loin d'être aussi simple, hors des apriorismes de l'idéologie
institutionnelle.
En effet, l'épistémologie de l'archéologie a évolué à l'intérieur même
de la tradition scientifique française. Suivant celle-ci, à l'archéologie
classique, discipline auxiliaire de l'histoire, se substitue aujourd'hui,
l'archéologie discipline autonome par ses problématiques théoriques
et ses orientations méthodologiques. "L'archéologie vise désormais à
reconstituer l'action de l'homme sur le milieu, l'organisation de l'espace,
les chaînes de production, le comportement humain, à un moment donné,
ou à identifier les processus des changements techniques, économiques,
sociaux ou culturels."
Nous voici, devant une coupure épistémologique attestée par
l'épistémologie française actuelle de l'archéologie que l'on ne saurait
ignorer et banaliser dans l'université africaine francophone.
La raison close apparaît aujourd'hui plus idéologie que science
devant les leçons d'épistémologie données par l'histoire des sciences.
Il nous semble que l'ouverture de l'université africaine à la tradition
américaniste de l'archéologie discipline anthropologique, c'est-à-dire
encore, science nomothétique de l'homme, rencontre les théories
et nouvelles orientations de l'évolution actuelle et remarquable de
l'archéologie française, comme discipline autonome de l'histoire.
2- Paramètres scientifiques et institutionnels émergents
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IDÉOLOGIE, EPISTÉMOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE DANS L'UNIVERSITÉ
Nouveaux repères scientifiques et institutionnels.
Au regard de ce qui précède, on peut objectivement faire le
constat d'un sérieux vide scientifique dans notre université et dans
l'université africaine francophone au Sud du Sahara, en
considérant les mots et les choses, s'agissant de l'Anthropologie,
un "terme" qui renvoie à un "système de sciences" bien formalisé
et institutionnalisé dans les Académies et Universités du monde
occidental.
A propos du concept ou terme "Anthropologie", nous retiendrons
ces définitions opératoires actuelles :
KLEIO 2000 Larousse encyclopédie : "Anthropologie est un terme
général désignant l'ensemble des disciplines qui étudient de
façon systématique l'homme dans sa totalité, son évolution au
cours de son histoire, son unité et sa diversité. L'acception de
ce terme a cependant quelque peu évolué, et a un sens différent
selon qu'on est aux Etats-Unis ou en Europe. Aux Etats-Unis,
l'anthropologie regroupe quatre domaines : l'anthropologie
physique, l'archéo-anthropologie, la linguistique anthropologique, et l'anthropologie sociale et culturelle. En Europe,
on se limite généralement à l'anthropologie physique et à
l'anthropologie sociale".
Avec jean Poirier, nous avons cette définition synthétisante :
"Seule discipline à essayer d'appréhender le phénomène
humain dans toutes ses dimensions : temporelle, depuis
l'arrière plan tertiaire jusqu'à l'homme actuel ; spatiale, depuis
le campement négrito jusqu'au village corrézien ; biologique
et morale, depuis le patrimoine génétique jusqu'aux
motivations psychiques, elle est donc la vraiment la science
plénière de l'homme total."
Lévi-Strauss, souligne la relation dialectique, Anthropologie et
Développement humain : l'Anthropologie est une "connaissance
applicable à l'ensemble du développement humain, depuis,
disons les hominidés, jusqu'aux races modernes et tendant à
des conclusions positives ou négatives mais valables pour toutes
les sociétés humaines, depuis la grande ville moderne jusqu'à
la petite tribu mélanésienne…"
D'une logique théorique articulant biologie et culture, présent
et passé, unité et diversité, suivant une école canadienne de
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l'épistémologie de l'anthropologie, se déduisent par combinatoire
systémique des dimensions de l'humain, quatre Disciplines
Anthropologiques :
Paléoanthropologie : La Discipline a pour champs d'étude,
l'unité et la variabilité de la biologie humaine dans son évolution,
dans sa description morphologique (paléontologie), biométrique
(biologie) que comportementale (éthologie) et dans ses analyses
génétiques et environ-nementales. Les problématiques
intègrent plusieurs champs disciplinaires : paléontologie
humaine, biométrie, biomorphologie, paléo-démographie, paléopathologie, paléo-linguistique, anthropologie médico-légale…
Bioanthropologie : La Discipline a pour champs d'étude
: l'unité et la variabilité de la biologie humaine dans les
sociétés contemporaines ; les questions relatives aux rapports
de la biologie des humains avec les facteurs environnementaux,
l'analyse des équilibres complexes qui lient l'homme biologique
aux autres composantes de son écosystème ; l'analyse des
structures biologiques du comportement des humains, les
facteurs biologiques et environnementaux du comportement
social. Les problématiques intègrent plusieurs champs
disciplinaires : biologie humaine, génétique des populations
humaines et des familles, éthologie humaine ou biologie du
comportement, écologie humaine, épidémiologie, anthropologie épidémiologique, anthropologie nutritionnelle….
Archéologie : La Discipline a pour champs d'étude, l'unité et
la variabilité du socioculturel dans son évolution. Toute
société humaine, ancienne ou contemporaine laisse des
traces matérielles de comportements et d'actions que l' étude
archéologique veut reconstituer et analyser dans l'ordre
synchronique et diachronique des processus de
transformations. Dans cette tradition américaniste,
l'archéologie discipline anthropologique en partage les
objectifs, les méthodes et les concepts. Les problématiques
intègrent plusieurs champs disciplinaires : ethnoarchéologie,
archéologie historique, archéologie urbaine, archéologie
industrielle, archéologie du présent…
Socioanthropologie : La Discipline a pour champs d'étude l'unité
et la variabilité des sociétés et cultures contemporaines, par
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IDÉOLOGIE, EPISTÉMOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE DANS L'UNIVERSITÉ
l'analyse de leurs fonctionnements et transformations, de
leurs dimensions sociales et culturelles : histoire, parenté,
éducation, économie, politique, santé, droit, religion… Les
problématiques intègrent plusieurs champs disciplinaires :
ethnologie, anthropologie sociale, anthropologie psychologique,
anthropologie linguistique…
II- PROGRAMMES UNIVERSITAIRES
Tels sont les paramètres scientifiques qui ordonnent la
conception, le développement, et l'évaluation des programmes
universitaires de recherche, de formation et d'expertise dans les
quatre Disciplines Anthropologiques rassemblées dans l'Institut des
Sciences Anthropologiques de Développement :
Recherche : des Laboratoires crées par l'ISAD et des Laboratoires
associés de l' UFR des Sciences Médicales et de l'UFR d'OdontoStomatologie de l'Université de Cocody :
Département de Paléoanthropologie : Laboratoire d'Anthropologie
physique, Laboratoire de Biomorphologie.
Département de Bioanthropologie : Laboratoire de Biochimie Médicale,
Laboratoire de Cytologie, Laboratoire d'Hématologie Clinique,
Laboratoire Villes et Pathologie, Laboratoire de Psychiatrie
transculturelle.
Département d'Archéologie : Laboratoire d'Archéologie africaine,
Laboratoire d'Histoire des techniques, Laboratoire de Céramique et
Céramologie.
Département de Socioanthropologie : Laboratoire d'Anthro-pologie
Médicale et d'Ethno-psychiatrie, Laboratoire des Sciences des
Organisations, Laboratoire de Culture et Développement.
Formation : des filières de formation de 2ème et 3ème cycles
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Formation Académique de 2ème cycle : Licence et Maîtrise de Paléoanthropologie, Licence et Maîtrise de Bioanthropologie, Licence et
Maîtrise d'Archéologie, Licence et Maîtrise de Socioanthropologie.
Formation et Recherche
Ecole Doctorale des Sciences Anthro-pologiques avec quatre formations
doctorales : DEA de Paléoanthropologie, DEA de Bioanthropologie, DEA
d'Archéologie, DEA de Socioanthropologie ; Ecole Doctorale Sciences,
Sociétés et Développement avec une formation doctorale : DEA de
Sciences Sociales de Développement du Capital Humain, avec trois
filières : Sciences des Organisations ; Prospective et Planification ;
Expertise de Recherche-Développement.
Formation Professionnelle de 3ème Cycle
DESS Management de Santé Publique, DESS Ingénierie
d'Aménagement et de Développement Local.
Expertise de developpement
GERD : Groupe d'Expertise de Recherche-Développement (GERD),
réseau de laboratoires d'applications en Expertise de Développement
socio- économique avec des programmes de recherche, de formation
et de consultance. (institution partenaire de l'ICRA, Institut français).
LPPS : Laboratoire de Prospective et de Planification Stratégique.
DEA Sciences Sociales de Développement du Capital Humain,
Formation de 3ème cycle académique et professionnalisée.
CONCLUSION
Montrer le jeu de l'espace idéologique et épistémologique dans
les enjeux et processus du changement institutionnel n'est pas
simplement désigner une matrice de lecture du changement
institutionnel comme une innovation scientifique et pédagogique
dans les programmes de l'université africaine.
C'est aussi montrer une voie d'approche du changement
institutionnel à l'université. C'est en ce lieu idéologique et
épistémologique de l'institution universitaire qu'il faut développer
l'émergence de la synergie la plus essentielle à la promotion du
changement : les normes, les valeurs et l'adhésion intellectuelle
des acteurs principaux que sont les chercheurs et les enseignants.
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IDÉOLOGIE, EPISTÉMOLOGIE ET ANTHROPOLOGIE DANS L'UNIVERSITÉ
Dans les universités du Nord (Europe et Amérique du Nord),
modèles d'universités de la modernité, la tradition culturelle de
l'Epistémologie institutionnelle et la dynamique intellectuelle de
ses Disciplines (Génétique des connaissances scientifiques,
Epistémologie interne des Sciences, Histoire des Sciences)
instruments incomparables de formation, de création et de progrès
scientifiques instituent une permanente conjoncture critique, comme
une puissante matrice intellectuelle d'ouverture aux débats
épistémologiques. Ceux-ci, en effet, sont les seuls débats essentiels
posés par le défi ou la provocation de tout projet d'innovation
scientifique et pédagogique dans l'institution universitaire.
C'est dire combien l'ISAD accueille et considère avec respect
les critiques sur ses projets institutionnels, quand elles
s'expriment à l'horizon universitaire de la Raison épistémologique.
Les débats épistémologiques vecteurs dynamiques du progrès
scientifique sont une exigence de l'Epistémologie institutionnelle,
matrice intégrée de la culture institutionnelle du nouvel Institut
d'Université qu'est l'ISAD.
Considérant comme une autre dimension de sa culture
institutionnelle et une modalité de la conception et du développement
institutionnel de ses programmes universitaires, l'Institut des
sciences anthropologiques de Développement (ISAD) sollicite
périodiquement une évaluation institutionnelle externe.
Les opérations d'évaluation institutionnelle (de juin 2000 par le
Conseil Scientifique de l'Université, de décembre 2003 à juin 2004
par la Commission Instituée d'Evaluation de Programmes de
l'Université) permettent à tous, par la publication de rapports
d'experts externes, d'apprécier rigoureusement et objectivement
la qualité scientifique et la pertinence institutionnelle des
Programmes et Structures organisationnelles développés par l'ISAD
comme moyens d'atteindre les objectifs stratégiques de ses Missions
de Recherche, de Formation et d'Expertise.
En effet, "l'évaluation permanente est le prolongement des plans
d'action et un argument valable à l'appui de l'autonomie" (A.B CABAL,
L'Université aujourd'hui, UNESCO, 1995).
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