Cas de « Olympus » : Crise de gouvernance Olympus Corporation est une société japonaise qui fabrique des systèmes médicaux, des appareils photographiques ainsi que du matériel industriel. Elle a été créée en 1919 et emploie environ 36 000 salariés. Le groupe est l’un des leaders mondiaux dans le domaine des produits numériques et plus précisément celui de la photographie. L’entreprise japonaise est en tête du marché des appareils photo compacts et légers. Cette affaire débute lorsqu’Olympus licencie soudainement son PDG anglais, Michael Woodford, suite à un conseil d’administration lors duquel, à l’unanimité, les membres votent contre lui. Le motif officiel évoqué publiquement pour son licenciement fait référence à des méthodes de travail qui seraient inappropriées pour exercer ses fonctions. Congédié le 14 octobre 2011, il s’exprime devant les médias dès le lendemain, à Londres, pour expliquer sa version des faits. Selon lui, il aurait été renvoyé de la société après avoir demandé des explications concernant des comptes falsifiés, des commissions versées à certains dirigeants et des acquisitions douteuses de la société. Ses accusations sont alors rendues publiques et le scandale éclate. Ce procédé, toléré dans le milieu des affaires japonais et rendu illégal en 1991, consistait à vendre des actifs criblés de dettes à d’autres sociétés, et de les racheter lorsque le contexte s’améliore. Woodford avait été nommé à la tête de la société Olympus six mois auparavant, après la démission de l’ancien patron, Kikukawa Tsuyoshi. C’était la première fois pour l’entreprise qu’un PDG était occidental et non japonais, mais il n’eut aucun mal à s’intégrer et occuper sa nouvelle fonction, puisqu’il disposait déjà d’une expérience d’une trentaine d’années chez Olympus. C’est en lisant la presse financière que des doutes ont commencé à l’envahir. Il avait posé des questions à la précédente direction, afin d’éclaircir plusieurs actions financières réalisées par Olympus. Insatisfait des réponses obtenues, il avait alors engagé un cabinet d’audit financier privé pour enquêter. Il voulait connaître l’état réel des finances de la société, ainsi que les raisons de certaines dépenses. Il découvrit ainsi que des sommes très importantes avaient servi à rémunérer certains intermédiaires aux États-Unis et aux Îles Caïman. Le total des dépenses s’élevait à plus de 2.2 milliards de dollars. De petites entreprises sans intérêt pour le groupe avaient été achetées et d’autres commissions avaient été versées à différentes personnes pour des raisons inconnues. Woodford s’est retrouvé seul contre tous, puisque de nombreux anciens dirigeants se sentant menacés se sont mis sur la défensive. Ces derniers, ne travaillant plus pour Olympus, avaient conservé des places d’influence au sein du conseil d’administration. Après s’être assuré du bien fondé de ses accusations, il prévient les dirigeants en question qu’il va tout dévoiler aux médias. Le PDG est licencié le 14 octobre 2011, après un conseil d’administration, sans qu’il ne soit autorisé à prendre la parole pour se défendre. Cette réunion n’aura duré qu’une dizaine de minutes. Suite à l’éclatement de la crise médiatique, plusieurs autorités japonaises ont commencé à mener des enquêtes concernant la fraude chez Olympus. Il s’avère que depuis les années 1990, la fraude aurait servi à manipuler les finances d’Olympus, afin de cacher des pertes importantes liées à de mauvais investissements. Après plusieurs semaines de démentis, l’entreprise japonaise cesse de nier et reconnait les faits. La société a bien dissimulé, pendant près de vingt ans, des pertes importantes et procédé au maquillage de comptes. Olympus affirme avoir mis à jour la fraude juste avant de la reconnaître publiquement. Le groupe, qui assure ne pas encore être au courant du montant de la fraude, affirme qu’il va tout faire pour que son cœur de métier ne soit pas affecté et pour que ses clients ne se sentent pas trahis. Le nouveau patron d’Olympus, Shuichi Takayama, a présenté des excuses publiques devant les médias. Il accuse trois ex dirigeants d’Olympus d’avoir été au courant de la fraude financière : un ancien PDG, K.Tsuyoshi, son directeur général adjoint, Hisashi Mori, ainsi que le commissaire aux comptes HideoYamada, qui a démissionné. Peu de temps avant la révélation du scandale, deux agences d’audit, KPMG et Ernst Young, avait validé les comptes d’Olympus. Cependant, leur responsabilité n’est pas mise en jeu, car les enquêtes montrent que seulement certains auditeurs auraient été impliqués dans la fraude et leur entreprise n’était pas au courant des faits. Olympus poursuit certains de ses dirigeants suite au scandale, une vingtaine de dirigeants ont été mis en cause par le groupe. Certains sont accusés d’avoir maquillé les comptes de la société, d’autres sont soupçonnés d’avoir volontairement fermé les yeux sur ces manipulations financières organisées. Olympus a l’intention d’engager des poursuites envers tous les salariés qui pourraient être responsables de la fraude financière qui touche l’entreprise. Les trois principaux dirigeants accusés d’être responsables ont démissionné. De nombreuses perquisitions ont été réalisées à leurs domiciles par la police, afin de trouver de nouveaux éléments concernant l’enquête. Au terme de l’enquête, si ces dirigeants sont jugés coupables, ils encourront une peine de prison de 10 ans et d’une amende de plusieurs centaines de milliers de dollars. De plus, Olympus devra payer également une amende pour falsification de comptes, s’élevant à plusieurs millions de dollars. Olympus reste en bourse Malgré ce scandale financier qui a plongé le groupe dans de grandes difficultés, Olympus reste présent dans la bourse de Tokyo. Le groupe avait d’ailleurs été menacé d’être exclu s’il ne présentait pas ses comptes mi-décembre, cette fois sans falsifications. En conséquence, 2.2 milliards de dollars devaient donc être inscrits dans ces comptes, comme pertes réalisées depuis plusieurs années. Conséquemment l’action d’Olympus a chuté de 70%. En avril 2012, un millier d’actionnaires d’Olympus se sont présentés à l’assemblée générale extraordinaire durant laquelle, le PDG Shuichi Takayama a présenté sa démission et celle du conseil d’administration. De plus, les membres de ce dernier ont présenté leurs excuses pour tous les préjudices qu’ils ont causés au groupe japonais. Hiroyuki Sasa a été nommé patron exécutif d’Olympus. Il travaillait auparavant dans les technologies optiques de l’entreprise. Le conseil d’administration est désormais présidé par Y. Kimoto, ancien DG d’une banque japonaise. Avec tous ces changements au niveau des grands dirigeants, Olympus espère prendre un nouveau départ. Quant à M.Woodford, il reste actionnaire d’Olympus, mais n’y exerce plus aucune fonction. En septembre 2012, l’entreprise Sony achète pour 500 millions d’euros d’actions d’Olympus afin de devenir son actionnaire de référence.