Telechargé par dor jean françois

il était une fois

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Il était une fois...
Adam Camion presse le pas. Bientôt 18 heures, il ne lui reste que quelques minutes pour rentrer chez
lui avec son sac de courses. Il faut dire que les rues ne sont pas sûres le soir, en ce mois de janvier
2026. L’autre jour, pas très loin, des identitaires ont incendié une mosquée en faisant des victimes.
Les fanatiques islamistes ont répliqué en tirant à balle réelles sur des fidèles d’une église catholique.
Les rues sont complètement vides. Entre les actions armées des uns et des autres avec morts de
passants, la énième pandémie de SRAS-Covid ( on en est à la 15 ième version), sans compter les
variants), cela fait belle lurette que les cafés et les restaurants ont mis la clé sous la porte, pareil pour
les cinémas. On peut regarder encore une vidéo à la maison, enfin surtout des blockbusters
américains Le cinéma d’auteurs à disparu, pas assez rentable!
Rien que dans mon quartier, tous les magasins ont fermé, sauf ceux qui peuvent se payer un service
de vigiles pour les protéger des agressions des populations défavorisées. Ajoutons le réchauffement
climatique, en juin il peut faire 45°c en ville. Les multinationales, sous prétextes de baisse des
rendements boursiers menant soi-disant à des fermetures d’usines, n’ont pas arrangé les choses.
Beaucoup de personnes de toutes générations, ont perdus la vie. Il y a aussi le nouveau virus canin,
après le virus aviaire survenu il y a 10 ans…
Oh, tout cela n’est pas arrivé extemporanément. L’année 2020 à été la date initiale et cela ne s’est
pas arrêté là. En 2022, le premier gouvernement d’extrême droite à été élu. La présidente Marine à
su surfer sur la vague de mécontentements. Sa première décision a été d’instaurer l’état d’urgence.
En 2027, par manque de résultats probants, elle a été battue par sa nièce Marion, qui a épousé Jean
Luc Méchanlong ex extrémiste de gauche. Elle vient d’être réélue en 2032 il y a 2 ans. L’état
d’urgence n’a jamais été levé. Avec la nouvelle équipe ultra-sécuritaire au pouvoir, dirigée par le
ministre de l’Intérieur Jean Marie, cela ne risque pas de changer. D’ailleurs, la Présidente Marion a
réussi à faire voter par les assemblées son élection à vie et, même, un mois plus tard, ces deux
Assemblées se sont-elles-même auto-dissoutes pour lui laisser les mains libres.
Adam a fini par s’habituer au couvre-feu avec les masques et les gants. Maintenant, il ne sort
presque plus. Tous les commerces, y compris les Grandes Surfaces ont toutes été fermés aux clients.
Les consommateurs peuvent seulement passer des commandes par téléphone ou internet. Soit le
consommateur va chercher ses courses directement sur la plateforme d’expédition des magasins,
soit ils viennent nous livrer si le déplacement est impossible. Pour les livraisons, les particuliers ont
du installer par étage ou maison un sas de contamination par Ultra-Violet. C’est le seul système qui
élimine les virus sans altérer les aliments. Même chez lui, Adam porte son masque depuis que l’on
sais que le virus est véhiculé par l‘air. Il se souvient des préconisations d’aérer les appartements qui,
au début de la pandémie, ont été « vendues » par les multinationales pharmaceutiques ayant pour
résultat de développer massivement le virus … et vendre hors de prix les masques et médicaments
pour un immense Jack pot financier.
L’état, soi-disant pour éviter la propagation de la pandémie, a fermé tous les lieux de culture. S’il a
réussi physiquement avec les musées, le Net a pris le relais. Chaque musée propose sa visite virtuelle.
Le numérique n’a pas que du mauvais. Le côté négatif est que nous sommes continuellement
surveillés par l’État, entre autres via notre mobile qui est devenu le prolongement de notre bras.
L’État a obligé l’installation d’applications sur les appareils telle que « Tous anti-Covid », inventé en
2020 toujours, qui ont permis le premier tracage policier de la population.
Les librairies ; par le système des commandes, ont trouvé le moyen de toujours nous fournir des
nourritures intellectuelles et nous avons pu continuer à irriguer nos cerveaux, sans laisser de traces
comme par internet. On a, cependant, perdu le plaisir de flâner dans le magasin et de faire des
découvertes, des rencontres inattendues avec des ouvrages ou des auteurs inconnus. Heureusement,
si on peut dire, la musique était quasiment toute dématérialisée depuis les années 2000, les
téléchargements ayant pris largement le dessus sur les ventes physiques de disques même quand les
disquaires existaient encore.
Nous avons eu peur, après l’élection de Marion, que l’État n’essaye de contrôler ce que nous
pouvions lire et penser en fermant les lieux de culture. Ils n’ont pas osé ou bien y on renoncé pour
une fois, grâce au Net. Certains auteurs, principalement maçonniques, philosophes ou
contestataires, avaient déjà commencé à mettre leur ouvrages à disposition sur le Darknet. Ne
pouvant empêcher cela, l’État a préféré laisser faire même si l’Éducation est devenue Nationale et
Identitaire.
Ces rebelles de la culture se sont méfiés du syndrome de la grenouille qui ne savait pas qu’elle était
cuite. Si une grenouille est plongée dans de l’eau à 50°c, elle donne immédiatement le coup de patte
adéquat qui l’éjecte de la marmite.
Imaginons la même marmite remplie d’eau froide dabs laquelle nage tranquillement cette grenouille.
Le feu est allumé, l’eau chauffe doucement. La température est agréable , la grenouille continue de
nager. En réalité elle ne se rend pas compte du danger. La température de l'eau continue de grimper.
L’eau est maintenant vraiment chaude, la grenouille commence a trouver cela désagréable mais
l’apathie la gagnant elle supporte la chaleur. La température continue de monter et elle finit par
cuire sans s’être rendue compte de rien.
Cette expérience montre que, lorsqu’un changement s’effectue d’une manière suffisamment lente, il
échappe à la conscience et ne suscite la plupart de temps aucune réaction, aucune opposition,
aucune révolte.
Le plus dur a sans doute été de se résoudre à ne plus voir personne. Depuis 13 années, toute
réunion en dehors du cercle familial restreint à 6 personnes a été interdite, condition attestée par
l’obligation de badger pour rentrer chez soi et qui bloque la porte au-delà de 6 personnes. Les bars
et les boîtes ont fermé, les fêtes ont été évidemment prohibées, les études et le travail se déroulent
désormais uniquement en « distanciel », mot inventé en 2020, d’ailleurs. Il a donc fallu apprendre à
vivre sans amis ni relations sociales autres que virtuelles.
Adam se rappelle comment il a peu à peu laissé filer ses plus vieux copains. Les “apéros Zoom” n’ont
pas suffi. Quant à l’amour, Adam avait déjà perdu sa petite amie pendant le premier confinement. Il
n’a pas eu le temps de rencontrer quelqu’un avant le deuxième. Pour l’affectif et le sexuel, Adam
utilise le Net.
De toute façon, à son âge, cela a moins d’importance. Il pense à la génération de ses petits enfants
qui ne procréeront pas, eux. Ils ne tiennent pas, d’ailleurs, à léguer à qui que ce soit un monde qui
grille tous les étés et subit toutes sortes de catastrophes le reste du temps, le tout, sous un état
dictatorial, même si ce dernier se vente de prendre les mesures nécessaire à la protection de tous
mais surtout à leur place. Cette mise en pratique du «Care» obligatoire, fourni par l’État, lui a permis
aussi de continuer à asseoir son pouvoir.
Ce rétrécissement de la vie, Adam l’a vécu comme un lent affaiblissement, une sorte d’anémie
existentielle qui dure depuis 2020. Adam doit se contenter d’un travail alimentaire, à distance. Il est
souvent apathique, ne rit plus jamais, son langage s’appauvrit tout doucement, il utilise de moins en
moins de mot. Il a souvent l’impression de se contenter de satisfaire ses besoins vitaux, plus
quelques plaisirs pour tenir le coup. La peur est constamment présente en lui et il préfère être
surveillé par l’État pour avoir l’impression de diminuer son angoisse.
Adam repense à l’ancien temps.
Il y a 30 ans, il a été initié Franc-maçon dans une Loge. Cela est impensable aujourd’hui mais, à cette
époque, les FM pouvaient toujours se réunir dans des Tenues. Dans le Rituel il y avait même un
moment où tous se tenaient les mains dans ce qui était nommé une Chaîne d’Union ! Pour
développer un égrégore et vivre physiquement la fraternité entre eux. Oui, Adam parle d’une époque
révolue, celle d’Avant...
De nos jours les tenues sont virtuelles pour respecter les consignes gouvernementales qui
permettent d’endiguer la contamination mondiale. A partir de 2020 et jusqu’au deuxième mandat de
Marion et sa dérive totalitaire, les initiations avaient lieu chez soi, devant le grand écran de sa tv . Il
n’y avait plus d’épreuves : il suffisait d’écouter les échanges entre les officiers de la Loge et de dire
« je le promets » de temps en temps. Le fait de se connecter au site de la Loge nous faisait quitter le
monde profane. Peut-être, mais pour rentrer dans quel monde ? Heureusement que les anciens, ont
vécu l’Avant ! Ils ont pu garder des images en tête. Plus le temps passe moins la mémoire reste fidèle
et les détails symboliques connu par le passé s’effacent.
Au départ la fréquentation de Loge a augmenté avec la distanciation car les FF qui avaient du mal à
se déplacer pour venir en Loge n’avaient plus cette contrainte. Il n’y avait plus besoin de
préméditation, de préparation psychologique préalable avant de quitter le monde profane. Chacun
pouvait, 5 minutes avant la Tenue, décider de se connecter. Sans aucune effort.
Ces FF n’étaient plus obligé de mettre un sou dans le Tronc de la Veuve. Ils n’avaient plus le risque,
en «vidant» la menue monnaie de leur poche dans le tronc, qu’un F Hospitalier légèrement
pointilleux, leur rappelle leur devoir de Fraternité et de Solidarité maçonniques.
Cependant ces FF, que l’on peut reconnaître démotivés, ont aussi fini par déserter n’y retrouvant
plus l’égrégore qu’ils venaient chercher en Loge. Les agapes avaient disparu alors que la gourmandise
– parfois un euphémisme - est quasiment une marque des membres de cette antique confrérie. Donc
n’ayant plus de satisfaction, il n’y avait plus d’envie.
Il reste encore quelques FF qui se côtoient numériquement mais le cœur n’y est plus. La société du
chacun pour soi, au mieux pour protéger les autres, a fini par détruire l’idée de société émise par JJ
Rousseau. Ce dernier estimait que les êtres humains possèdent une bonté naturelle et que se
prendre en charge correctement n’exclut pas le souci du bien-être des autres. L’évolution de la
société depuis 2020 montre bien l’inverse et il est à craindre qu’aucun optimisme ne soit possible.
janvier 2021.
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