
Chapitre I. Théorie du ralentissement des ions lourds rapides dans la matière
Lorsqu'un ion lourd pénètre dans la matière, il perd son énergie principalement par le biais
de deux mécanismes fondamentaux traditionnellement considérés comme indépendants :
- le ralentissement nucléaire, dominant à basse énergie, dû au transfert d'énergie cinétique de
l'ion incident aux noyaux de la cible par des collisions élastiques.
- le ralentissement électronique, dominant à haute énergie, dû à l'excitation électronique des
atomes de la cible par des collisions inélastiques avec les électrons de la cible.
Pour des ions énergétiques (quelques centaines de MeV à quelques GeV), le second
mécanisme est prépondérant au regard du premier (facteur de l'ordre de 2000). Ces excitations
électroniques intenses induisent souvent des réarrangements atomiques dans les solides donnant
lieu à de nombreuses modifications comme la création de défauts, le transport atomique ou même
des changements de phase. Dans ce premier chapitre, nous commencerons par rappeler quelques
définitions concernant le ralentissement. Ensuite, nous décrirons les différents types de
l’endommagement induit par les deux processus d'interaction (électronique et nucléaire), et nous
rappellerons les deux principaux modèles décrivant la création de la trace latente.
I.1. Définitions
a. Pouvoir d'arrêt:
Quand un ion pénètre dans la matière condensée, son énergie cinétique est
progressivement dégradée et son état de charge varie au cours de collisions successives.
Pour décrire ces pertes d'énergie, on introduit la notion de pouvoir d'arrêt (stopping power)
; comme l'énergie dissipée par une particule d'énergie E par unité de son parcours dans la
cible :
Exprimée en keV/nm ou en MeV.cm2/g (en divisant par la densité massique ρ).
L’ion incident perd son énergie principalement par deux processus différent :
Les collisions électroniques (le pouvoir d'arrêt électronique) : Se(E).
Les collisions nucléaires (le pouvoir d'arrêt nucléaire) : Sn(E).
et le pouvoir d'arrêt total S(E) peut être considérer comme la somme :
S(E) = Se(E) + Sn(E)