L’Initiation Traditionnelle - n° 3 de 2020
réjouissait que dans le récit de contes merveilleux et amusants. En
essayant de lui enseigner l'histoire, on découvrit qu'il préférait les contes
de fées qui, pour lui, étaient beaucoup plus intéressants. La géographie lui
paraissait ennuyeuse et incomplète car il ne trouvait pas dans son livre
l'endroit exact où se trouve la "Montagne des Miroirs" dont parle "l’Oiseau
Bleu". Cependant, comme tous les enfants, c'était un grand questionneur,
mais chaque fois qu'une réponse raisonnable était donnée à ses éternels
"pourquoi" et "comment", il imaginait invariablement que les gens se
moquaient de lui. On lui assurait des professeurs pour son éducation, mais
il oubliait immédiatement ce qu'on lui enseignait et ne se souvenait bien
que des contes de fées de ses trois nourrices.
La nourrice blanche était juive, la noire égyptienne, et la jaune était
originaire de l'Inde, où disait-on, elle possédait encore quelques terres sur
les rives du Gange.
« Et maintenant, nourrices » - dit le garçon, un jour où il n'était pas
enclin à jouer -
« Je veux que chacune de vous me raconte une histoire pour
m'expliquer comment le monde est venu au monde et comment le premier
enfant a pu devenir un enfant sans père ni mère ? Dites-moi tout d'abord
ce qui s'est passé quand il n'y avait encore rien du tout. Après que vous
m'ayez raconté cela, je vous poserai encore beaucoup de questions. »
« J'ai entendu » - commença la juive - « A l'époque, quand il n'y avait
rien, pas même le temps lui-même ; - parce qu'il n'y avait ni soleil ni lune,
ni cadrans solaires, ni horloges, mais uniquement un grand génie, - qui
vivait enfermé dans la nuit comme dans un œuf noir, qui ne faisait rien,
car il n'avait pas le temps de faire quoi que ce soit, car, comme on l’a déjà
dit, il n'y avait pas de temps du tout ; mais il ressentit finalement le désir
qu'il y ait quelque chose, il alluma une lumière et puis il y eu le premier
jour qui exista avant la naissance du monde.
Alors le génie comprit qu'il était doté d'un pouvoir singulier. Il n'avait
qu'à prononcer le nom d'une chose qui n'existait pas et bientôt la chose
vint à l'existence. Ainsi, il dit : "Lumière", et aussitôt il put voir par elle, et
cela lui donna une grande satisfaction après une si longue obscurité. Il dit
alors : cieux, terre, soleil, lune, étoiles, plantes, poissons, oiseaux, bêtes,
etc. et toutes ces choses commencèrent à exister. Le génie était très
satisfait, et une idée lui vint soudain à l'esprit, qui le fit s'arrêter et
réfléchir. Il voulait créer quelqu'un comme lui, mais à une échelle plus
petite, afin de lui donner des commandements, et de lui faire du bien ou
du mal selon sa propre volonté et son propre plaisir. Mais, comme son idée
de cette création n'avait pas encore atteint une forme définie, au lieu de
se contenter de prononcer le mot, il prit un peu d'argile rouge et en modela