caractérisent une vie décente) et 21% en situation de privation sévère (il leur manque au
moins 7 de ces 13 éléments).!
L’évolution de la consommation totale confirme le rétrécissement du marché : malgré la
reprise de la croissance du PIB en 2018 et 2019 (+1,2% et 1,4% en volume), elle
continue à décroître. De 2015 à 2018, elle diminue de 10,2%, contre -4,4% pour la
population, ce qui tendrait à confirmer le rôle des inégalités des revenus.!
Source:CEROM - Comptes économiques rapides.!
4. Trappe à transferts, équilibre de sous-emploi et menace de récession
Le mécanisme qui se trouve au fondement de l’économie de la Martinique pourrait être
qualifié de trappe à transferts. Des fonds publics irriguent chaque année le circuit
économique et en ressortent sous la forme de profits d’entreprise ou d’épargne des
ménages qui ne sont que pour une faible part réinjectés dans le circuit, ce qui freine
l’accumulation de capital productif et se traduit par un équilibre de sous-emploi.!
Il y a tout lieu de penser, en outre, que la Martinique est engagée dans un processus récessif
dicté par la baisse de la population et l’augmentation de la proportion qu’y prennent des
séniors en voie de paupérisation, deux phénomènes qui affecteront la demande (en volume
comme en composition) adressée aux entreprises locales et donc l’activité de celles-ci. !
Les projections de l’Insee donnent à attendre, à l’horizon 2030, une baisse de la population
de l’ordre de 14%, une diminution qui recouvre deux mouvements inverses : la population de
65 ans et plus aura augmenté de 38% pendant que la population en âge de travailler (les
15-64 ans) aura perdu 30% de ses effectifs.!
5. L’enjeu : équilibrer l’expertise économique et la responsabilité politique
Si les projections démographiques de l’Insee se vérifient, à taux d’emploi et de productivité
inchangés , en 2030, le PIB aura reculé de 26% et le PIB par habitant de 15%. Un taux
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d’emploi qui serait porté de 55% (en 2018) à 60%, combiné à un taux de croissance annuel
de la productivité de 0,5% (c’est le taux moyen de 2015 à 2018), permettrait de maintenir le
niveau du PIB par habitant. Un objectif (minimal) qui n’est pas hors d’atteinte mais qui exige
de préserver ou de créer une dizaine de milliers d’emplois, dans un contexte où la baisse de
la demande pèsera sur les anticipations des entreprises.!
Ne pas s’interroger aujourd’hui, en s’appuyant sur les ressources de l’expertise économique,
sur les orientations nécessaires ; ne pas admettre qu’il faut s’affranchir des vieilles recettes