L’Europe entre restauration et révolution ( 1814-1848) 1814-1815 : l’Europe sort bouleversée par les effets de la révolution et des conquêtes napoléoniennes. Le Congrès de Vienne (1814-1815) a pour but de clore cet épisode et de rétablir l’ordre politique et social antérieur, contesté par les aspirations libérales et/ou nationales. (notions à maîtriser page 49) Mais cette œuvre est fragile et incapable de restaurer totalement l’ordre ancien. Cette œuvre est également contestée : la contestation prend de l’ampleur dès les années 1820, jusqu’au « printemps des peuples » qui bouscule ce système en 1848. Comment les idées libérales et nationales finissent-elles par s’imposer au moins pour un temps ? Chrono page 46. I. Un nouvel ordre européen : monarchies autoritaires face à des oppositions libérales et nationales A. Le Congrès de Vienne (sept.1814-juin 1815) : consolider une Europe monarchique pp.54-55 -PPO Après la première abdication de Napoléon, un congrès est organisé par le Prince Metternich. Metternich est un noble allemand, installé en Autriche dont il devient l’ambassadeur, à Berlin en 1803, à Paris en 1806 ( c’est lui qui a négocié le mariage entre Napoléon et MarieLouise). Depuis 1809, il est Ministre des Affaires étrangères autrichiennes. 1. Participants (doc. 3) 140 États sont représentés, y compris le Sultan Ottoman (cf. foule) : « concert des nations ». Mais les grandes puissances dominent et beaucoup de décisions sont prises en petits comités. Au centre, en blanc, l’Empereur d’Autriche (François 1er) est conseillé par Metternich. Au fond, sont représentés la justice aveugle et la monarchie (sceptre et couronne). 2. Décisions Doc. 3 : globe, cartes Doc 2 : > redessiner la carte politique de l’Europe Les grands principes sont donc : Retour aux frontières d’avant 1792 Équilibre des forces politiques Refus du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes Question 2 page 55 Perdants France Minorités belge, irlandaise, norvégienne, polonaise (pas d’indépendance) Lombardie-Vénétie Certains États allemands (surtout la Rhénanie) Vainqueurs Autriche Prusse Russie Danemark Pays-Bas Suède Peuples séparés en États morcelés Allemands Italiens Polonais Question 4 p 55 Principes selon Talleyrand Rétablir le droit légitime des princes Respecter l’équilibre entre les grandes puissances Mettre fin à la Révolution française Mise en pratique en Pologne Soumission au tsar Territoires peuplés de Polonais administrés par la Russie ou l’Autriche Possibilité d’avoir une représentation nationale SI la Russie, l’Autriche ET la Prusse y consentent + restauration des Bourbon en France (Metternich se montre « indulgent » car il redoute une nouvelle révolution, sinon). Est créée la Confédération Germanique (Prusse, Autriche et 38 petits États allemands). 3. La Sainte Alliance (dossier page 57 + questions 1, 2 et 3), créée également en 1815 1°) Autriche avec François 1er d’Autriche qui est au centre de l’image. La plupart des rencontres ont lieu sur le territoire de l’Empire autrichien (cf. doc 3 : Troppau et Laybach) L’Autriche prend en général l’initiative de convoquer ses alliés. 2°) 3 souverains sont alliés : Russie, Autriche, Prusse (NB : le Royaume Uni n’en fait pas partie !!!). Ils sont sur une estrade contrairement aux autres personnages qui montrent leur déférence. À gauche, se trouve un groupe portant des costumes de couleur : allusion aux peuples qui composent les empires ? A l’arrière-plan, la croix rappelle le caractère sacré de l’alliance conclue pour défendre le christianisme qu’il soit catholique (Autriche), protestant (Prusse) ou orthodoxe (Russie). A droite, des membres du clergé sont en train de prier pour la réussite du pacte Au premier plan, à droite, se trouvent les aigles impériaux renversés : il s’agit de clore le moment napoléonien. Enfin, au fond, les nuages noires se dissipent, laissant apparaître un arc en ciel : une ère de paix après les guerres révolutionnaires et napoléoniennes. 3°) il s’agit d’un pacte d’entraide mais surtout un moyen de réprimer tout soulèvement populaire. Doc 3 : à propos du Royaume des 2-Sicile, les alliés se veulent conciliateurs : les troupes autrichiennes interviennent pour soutenir le roi italien avec l’appui des alliés de Vienne. Conclusion Si l’objectif affiché est la défense du christianisme, cette alliance est surtout contre révolutionnaire : droit d’intervenir militairement dans les autres états. Les peuples ne sont absolument pas pris en compte B. Aspirations nationales et/ou libérales Dans la plupart des États, les libertés sont limitées mais surtout dans les empires de l’Est (c’est moins le cas au Royaume-Uni et en France). La censure est importante notamment dans la Confédération germanique où les universités sont sous surveillance. Les minorités sont dominées dans les États multinationaux (carte p.51). Mais très vite, on assiste à une montée des contestations. Quelques exemples : 1. Contestation nationale et libérale en Italie L’opposition s’organise dans la clandestinité comme les Carbonari (définition p 52). Dossier p 65 + questions 1, 2 et 3. 1°) Italie= double mosaïque - Territoires indépendants Piémont-Sardaigne, 2 Sicile Territoire sous domination autrichienne : Lombardie-Vénétie Territoire sous influence autrichienne : Toscane par exemple - Politiquement, le Piémont-Sardaigne est plutôt favorable aux idées libérales contrairement aux autres États Mazzini n’est pas satisfait : la présence autrichienne est contraire à l’idée d’indépendance des Italiens et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ; l’Italie est un territoire faible en raison de son morcellement Mazzini est un républicain hostile à la division de la péninsule en royaumes. 2°) Référence à la Révolution Française considérée comme un « progrès ». La République doit s’imposer comme modèle universel. Le drapeau doit être tricolore et la devise est proche de la française (même si « fraternité » est remplacée par « humanité »). Il faut noter le vocabulaire spécifique : nation, unité, liberté. 3°) Italie républicaine Italie unifiée Moyens - Rejet du principe - Italie entourée d’États - Éducation monarchique et de la unifiés - Insurrection hiérarchie entre les hommes - Unité = condition du (= soulèvement armé) - Dimension « chrétienne » : rayonnement de l’Italie « égaux et frères » - Régime républicain va dans le sens de l’Histoire 2. Indépendance grecque Dossier pp.58-59 NB : lors du Congrès de Vienne, il n’a pas été question de l’indépendance des Grecs, le Sultan y a veillé (les Grecs sont dominés par les Turcs depuis la chute de Constantinople en 1453) Info sur les débuts de la guerre Les Grecs ayant massacré les Turcs, les Ottomans ont riposté par le massacre de Grecs à Istanbul . En janvier 1822, le Congrès national réuni à Épidaure proclame l’indépendance de la Grèce mais les divisions affaiblissent les insurgés ce qui permet aux Turcs de passer à l’offensive. 1°) Rôle de la religion dans la guerre d’indépendance ● Appel au soulèvement par l’archevêque de Patras en 1821 ● Guerre = « croisade » (cf. « soldats de la croix ») contre les Turcs musulmans (NB : ce récit est probablement un « mythe ») ● Chrétiens de toute l’Europe expriment leur sympathie pour la lutte des Grecs. Chateaubriand (classé à droite politiquement) se mobilise en 1825, avec d’autres personnalités, pour soutenir les insurgés : « La chrétienté laissera-t-elle... » (l.3-5). Ligne 12 : le « tribut » fait référence au statut de « dhimmi » des Grecs qui doivent payer une taxe spéciale en échange d’une protection de la part des musulmans. ● Chateaubriand évoque la pendaison de prêtres pour justifier la révolte grecque (l.15). 2°) Soutien aux Grecs Se manifeste surtout après les massacres de Chios en 1822. En avril 1822, environ 1000 insurgés débarquent à Chios (riche île commerçante où vivent beaucoup de négociants grecs adeptes des idées libérales et des Lumières). Les Turcs décident d’intervenir et envoient 45000 hommes sur l’île. Ces derniers procèdent à un véritable massacre : 25000 morts, 45000 grecs vendus comme esclaves ? 10 à 15000 personnes ont réussi à s’enfuir et à se réfugier surtout dans d’autres îles de la mer Égée. Ce massacre de civils marque l’opinion internationale et participe au développement du philhellénisme que l’on retrouve dans le texte de Chateaubriand : « un peuple qui a civilisé la terre ». ● Les soutiens à la cause grecque sont d’abord individuels ou via des comités philhelléniques. Exemple : Delacroix (doc. 4) Cette peinture est présentée au Salon de 1824. Au 1er plan : Grecs en haillons, dominés par un Turc qui charge à cheval et écrase. Visages terrifiés, suppliants, amorphes, résignés… Au 2ème plan : au centre, des Turcs égorgent des Grecs. Paysage désolé, minéral. Couleurs chaudes alternent avec zones sombres qui contrastent avec me ciel bleu et blanc (couleurs de la Grèce)… Symbole d’espoir : du Ciel viendra la libération ? Autre exemple : Lord Byron. Il apporte des renforts et des fonds aux défenseurs de Missolonghi en 1824 mais contracte la fièvre des marais et meurt le 19 avril 1824, un an avant le long siège de la ville ( avril 1825avril 1826) finalement prise par les Ottomans. La mort de Byron, ainsi que la défense héroïque et les sacrifices des Grecs jouent un rôle déterminant dans le soutien d’États. ● Soutien d’États La Russie offre au soutien dans le cadre de l’orthodoxie mais également pour affaiblir les Turcs, en 1826. Le Royaume Uni s’inquiète alors d’un surcroît de puissance russe en Méditerranée orientale et s’allie donc à la Russie pour partager les fruits de la victoire. Enfin, la France s’engage : pour Charles X, il s’agit d’une obligation morale envers les chrétiens grecs. 3°) Issue de la guerre En 1827, une expédition navale franco-anglo-russe détruit la flotte turco-égyptienne à Navarin (doc 5) Le Sultan Mahmoud II signe le Traité d’Andrinople en 1829, accordant aux Grecs une large autonomie. En 1830, par le protocole de Londres, une partie de la Grèce historique obtient son indépendance (Péloponnèse, Attique et Cyclades) ; environ 700 000 Grecs sont concernés, moins de la moitié de la totalité de la communauté hellénique dans l’Empire ottoman. Mais pour les habitants de cette ‘petite’ Grèce, c’en est fini de 4 siècles de domination turque. NB : le premier Président Jean Capodistria est assassiné en 1831 ; les grandes puissances imposent alors un roi aux Grecs : Othon 1er (fils du roi Louis de Bavière). Celui-ci est renversé en 1852. Les grandes puissances interviennent encore ne prenant pas en compte le choix des Grecs. Finalement, c’est le Prince Guillaume de Danemark qui est retenu et qui devient roi en 1853 sous le nom de Georges 1er. II. France : retour à l’ordre ancien ? « Restauration » de 1815 à 1830 : dans quelle mesure ? A. Retour des Bourbon : un régime de compromis Frère de Louis XVI revient en France après + de 20 ans d’exil. Il octroie une « Charte ». Qu’est-ce qu’une charte ? Dossier p.56 + texte ci-dessous Charte constitutionnelle « La divine Providence, en nous rappelant dans nos États après une longue absence, nous a imposé de grandes obligations […]. Une Charte constitutionnelle était sollicitée par l’état actuel du royaume, nous l’avons promise, et nous la publions. Nous avons considéré que, bien que l’autorité tout entière résidât en France dans la personne du roi, ses prédécesseurs n’avaient point hésité à en modifier l’exercice […]. Nous avons dû […] apprécier les effets des progrès toujours croissants des lumières, les rapports nouveaux que ces progrès ont introduits dans la société, la direction imprimée aux esprits depuis un-demi siècle, et les graves altérations qui en sont résultées […]. En même temps que nous reconnaissions qu’une Constitution libre et monarchique devait remplir l’attente de l’Europe éclairée, nous avons dû nous souvenir aussi que notre premier devoir envers nos peuples était de conserver, pour leur propre intérêt, les droits et les prérogatives de notre couronne. […] À ces causes nous avons volontairement, et par le libre exercice de notre autorité royale, accordé et accordons. Fait concession et octroi à nos sujets, tant pour nous que pour nos successeurs, et à toujours de la Charte constitutionnelle qui suit : Article 1. - Les Français sont égaux devant la loi, quels que soient par ailleurs leurs titres et leurs rangs. Article 2. - Ils contribuent indistinctement, dans la proportion de leur fortune, aux charges de l’État. Article 3. - Ils sont tous admissibles aux emplois civils et militaires. Article 4. - Leur liberté individuelle est également garantie, personne ne pouvant être poursuivi ni arrêté que dans les cas prévus par la loi, et dans la forme qu’elle prescrit. Article 5. - Chacun professe sa religion avec une égale liberté et obtient pour son culte la même protection. Article 6. - Cependant, la religion catholique, apostolique et romaine est la religion de l’État. Article 7. - Les ministres de la religion catholique, apostolique et romaine, et ceux des autres cultes chrétiens, reçoivent seuls des traitements du Trésor royal. Article 8. - Les Français ont le droit de publier et de faire imprimer leurs opinions, en se conformant aux lois qui doivent réprimer les abus de cette liberté. Article 9. - Toutes les propriétés sont inviolables […]. » Préambule Constitution = CHARTE octroyée par le roi (> pas de souveraineté nationale ; « concession » ; pouvoir appartient au roi (« autorité tout entière ») Droit divin : « divine Providence » Pouvoir héréditaire et dynastique Mais le roi prend acte des changements : « état actuel » ; Lumières / Europe éclairée ; « progrès » Contenu Grands principes ● Égalité devant la loi (pas de retour aux privilèges, mais retour des titres de noblesse) (1) ● Égalité devant l’emploi (3) ● Égalité devant l’impôt ; impôt proportionnel (2) ● Liberté individuelle (4) ; liberté de culte (5) ; liberté d’expression et de presse (8) ● Religion d’État (6) – maintien du Concordat (7) – mais pas pour les juifs… ● Pas d’arbitraire (4) ● Droit de propriété (9) > Reprise d’une partie de la DDHC, avec des nuances Système politique ● Roi au centre du régime : nomme le gouvernement, les juges, les pairs du royaume ; il a le pouvoir exécutif et peut proposer des lois ; il peut dissoudre la Chambre des députés et le gouvernement n’est responsable que devant lui. ● Monarchie limitée : les députés peuvent débattre, voter les lois et donc s’opposer au roi et au gouvernement. ● Suffrage censitaire restrictif Cette Charte reste en vigueur, avec seulement quelques modifications, jusqu’en 1848. La Restauration s’accompagne du retour des émigrés et d’un regain d’influence pour la noblesse. Mais les biens nationaux vendus avant 1814 ne sont pas restitués. B. Impossible retour à l’ordre ancien 1. Charles X (1824-1830) Émigré de la première heure, il rentre en France après la défaite de Napoléon. Il succède à son frère Louis XVIII en 1824 ● Portrait p.62 : sacré à Reims (ce que n’avait pas essayé Louis XVIII), il renoue par làmême avec la tradition remontant à Clovis. Ce portrait officiel le montre avec tous les attributs des rois d’Ancien régime (couronne, sceptre, main de justice, manteau, épée). Il s’appuie sur les « ultras » favorables au retour à la monarchie absolue de droit divin. ● En juillet 1830, il fait paraître une série d’ordonnances (2 p.62) : la liberté d’expression n’est plus garantie par la loi et les journaux peuvent être censurés arbitrairement par l’exécutif. Les opposants soulignent le fait que le gouvernement cherche à s’imposer par des ordonnances (donc sans passer par le vote du parlement) et ne respecte pas la Charte ; autrement dit, que le gouvernement est en train de faire une sorte de coup d’État. ● De +, le roi décide de dissoudre la Chambre élue début juillet, alors que les députés ne se sont même pas encore réunis, ce qui est contraire à la Charte. 2. Les Trois Glorieuses (27-29 juillet 1830) ● Peuple de Paris se soulève (pp.72-73) ; Charles X abdique et s’exile en Angleterre. Le bilan humain est de 504 morts (6 p.63). ● La révolution est « récupérée » par la majorité des députés (surtout des notables). Il n’est pas question d’instaurer une république (4 p.62) ; crainte également de revivre la réaction des puissances étrangères comme en 1792. ● Il est décidé de maintenir la monarchie : Louis Philippe est choisi… Pourquoi lui ? 1°) Pas possible de voir un autre Bourbon sur le trône 2°) LP favorable à la Révolution de 89, membre du Club des Jacobins ; officier, il combat à Valmy et ailleurs. Famille d’Orléans plus libérale que les Bourbon. LP accepte la Charte (pas de changement constitutionnel) mais affirme que « c’est du peuple qu’il tiendra sa couronne » (retour à la souveraineté nationale). Tableau 5 p.63 : œuvre de propagande Au centre, le drapeau tricolore et non le roi / À l’arrière-plan, le Palais royal (demeure de la famille d’Orléans) > Juxtaposition des couleurs de la nation et de la monarchie. Le roi, à cheval, traverse une barricade ; il apparaît modeste et respecté. À droite et à gauche, une foule bigarrée acclame l’apparition du roi ; des gens sont brasdessous-bras-dessus, montrant l’adhésion populaire d’une nation unie autour du nouveau régime. L’arrivée du roi se fait dans une atmosphère apaisée après 3 jours de violence. Ce tableau vise à légitimer le pouvoir du nouveau roi, qui n’a ni souhaité, ni initié, ni piloté une révolution contre Charles X… Or de nombreux insurgés réclamaient une république. Colonne de la Bastille (p.63) Hommage officiel aux victimes du soulèvement, elle est édifiée place de la Bastille pour signifier la continuité entre 1789 et le régime orléaniste. Au sommet est placé le génie de la liberté. Les 3 Glorieuses aboutissent donc à la mise en place de la « monarchie de juillet » (régime issu de la révolution de juillet). Elles avaient pour enjeux la liberté (individuelle, de la presse) et le fonctionnement des institutions (parlement doit être respecté). Même si la révolution est populaire, elle est aussi et surtout libérale, en opposition à la tendance aristocratique et absolutiste. Comparez le portrait de Charles X p.62 et celui de Louis Philippe p.56 : relevez les différences. C. Échos en Europe ● De nombreux étrangers ont participé aux 3 Glorieuses, notamment des exilés politiques ● Cette révolution ouvre une brèche dans l’ordre issu du Congrès de Vienne et montre - l’impossibilité du retour total à l’Ancien régime - la volonté des notables de garder un cadre conservateur. ● Elle relance le mouvement des nationalités, dans quelques pays - Belges : discriminés par les Hollandais, ils obtiennent leur indépendance en octobrenovembre 1830, suite à une insurrection ; ils se dotent d’une monarchie constitutionnelle, neutre sur le plan international. Léopold de Saxe-Cobourg, un prince allemand, devient roi des Belges. - Polonais : ils se soulèvent contre l’oppression russe, mais le mouvement est réprimé violemment en septembre 1831. - Italiens de Modène et Parme : ils renversent leurs princes (carte p.64), mais les Autrichiens interviennent et rétablissent des souverains absolus en 1831. III. Bouillonnement contestataire en Europe A. Déception, critique, contestation dans les années 1830 et 1840 1. La question des peuples Après les échecs de 1830-1831, bien des exilés politiques polonais, allemands, italiens, se réfugient en France ou en Angleterre notamment. Des intellectuels serbes, croates, hongrois, tchèques, etc. redécouvrent leur culture et leur histoire, ce qui aboutit à un renouveau linguistique et culturel Le principe des nationalités voudrait qu’un État n’englobe que les personnes ayant un sentiment national commun ; mais cela est extrêmement difficile à réaliser dans des États multinationaux, où des peuples sont imbriqués. Par exemple, dans l’empire autrichien, il y a 8 M. d’Allemands et +20 M de personnes de minorités diverses. 2. La question de la démocratie ● En France : la monarchie de juillet devient de + en + conservatrice. Des insurrections en 1832 et 1834 sont durement réprimées. La censure est réintroduite en 1835. Faites une recherche sur l’insurrection parisienne de 1832 et celle de Lyon en 1834 L’opposition au régime, ultra ou républicaine, se renforce. Les républicains demandent une réforme constitutionnelle et le suffrage universel masculin, ainsi que la liberté de la presse et celle de réunion. Pour contourner l’interdiction des réunions politiques, ils organisent des « banquets » pour diffuser leurs idées et leurs revendications. ● Plus généralement, les idées libérales progressent en Europe, mais les élites au pouvoir rejettent tout changement. La bourgeoisie libérale elle-même se méfie des classes populaires (classes dangereuses) ; Friedrich Dahlmann (1785-1860), homme politique allemand, historien, professeur, considéré comme le ‘père de la nationalité allemande’ disait : « le vote universel n’est que le triomphe de ceux qui ignorent sur ceux qui savent » (il se retire de la vie politique après l’échec de la révolution de 1848). Que pensez-vous de cette affirmation ? B. Révolutions de 1848 : le « Printemps des peuples » Comment comprendre l’expression « Printemps des peuples » ? 1. Contexte ● Effervescence nationale et libérale ● Crise économique et sociale à partir de 1845 dans toute l’Europe occidentale : mauvaises récoltes (hiver 1844-1845 particulièrement froid), maladie de la pomme de terre (surtout en Irlande)… C’est la disette et les prix flambent : par exemple en Allemagne, le prix du seigle augmente de +115 % entre 1844 et 1847. Par ailleurs, alors que l’industrialisation se répand, les inégalités sociales sont criantes.En France, la crise frappe en 1847, entraînant faillites et hausse du chômage. 2. Révolution de février en France C’est une révolution essentiellement parisienne (p.50) ● L’Est parisien est formé de quartiers « révolutionnaires », avec beaucoup d’ouvriers et de petits artisans. Il est habité par + 1 M de personnes, vivant souvent dans des conditions difficiles : logements insalubres, manque d’espace et d’hygiène, misère sociale (montée du chômage). La majorité des adultes sont exclus de la vie politique par le suffrage censitaire ; ils expriment alors leur mécontentement dans la rue. ● L’étincelle se produit lorsque le chef du gouvernement, Guizot, interdit un banquet parisien. Des émeutes éclatent le 22 février et se poursuivent jusqu’au 24, jour où Louis Philippe abdique en faveur de son petit-fils. ● Mais les insurgés envahissent le Palais Bourbon et obtiennent la proclamation de la République (24/2/1848). Un gouvernement provisoire est mis en place qui adopte quelques réformes significatives (+ de détails au chapitre 1 du thème II) : suffrage universel masculin, abolition de l’esclavage, liberté de presse et de réunion, abolition de la peine de mort pour motifs politiques, + mise en place d’ateliers nationaux pour les chômeurs (leur faire faire des travaux de terrassement et de voirie) 3. Diffusion en Europe ● ● ● ● ● a. Empire autrichien À Vienne, Metternich s’enfuit dans la nuit du 13-14 mars ; les insurgés obtiennent la promesse d’une constitution et le suffrage universel (seulement pour les germanophones). Prague réclame l’autonomie de la Bohême, Moravie, Silésie (mars). La Hongrie obtient plus de présence politique avec une convocation régulière des Chambres + suffrage censitaire élargi (mars). Cracovie est touchée à son tour en avril. Les slaves du Sud veulent leur autonomie (avril) b. Confédération germanique ● Un mouvement libéral et national touche toute la Confédération dès mars. Les libéraux entrent dans des gouvernements soit pacifiquement (Hesse, Wurtemberg), soit à la suite d’émeutes (Louis Ier de Bavière abdique le 19 mars). Le roi de Prusse accepte un gouvernement libéral. ● À l’échelle de la Confédération, un parlement provisoire s’installe à Francfort (31 mars) pour surveiller les élections à venir au suffrage universel ; mais le gouvernement mis en place ne s’intéresse pas du tout à la question sociale. La constitution adoptée en 1849 instaure une démocratie parlementaire, les nonAllemands obtiennent le respect de leur langue, de leur enseignement et de leur religion. Dossier p.65 – questions 1 à 5 1°) Barricades, incendies… Libération de la parole 2°) Référence à La Marseillaise (« hymne de la liberté »). Révolution de février est une référence et un modèle. 3°) Soldats prussiens (casque à pointe adopté au début des années 1840). 4°) - Carl Schurz : étudiant à Bonn en 1848 - Témoigne des événements à Paris et Vienne - Informations circulent en Europe et alimentent le mouvement révolutionnaire. - Existence d’une « culture politique européenne » : la population connaît La Marseillaise ; la plupart des revendications sont comparables (égalité devant la loi, parlement national…). 5°) - Unité allemande (pangermanisme) : drapeau noir-rouge-or = celui des partisans de l’unité. - Libéralisation politique et rejet de l’ordre de Vienne. c. Italie « Italie » est une simple expression « géographique » en 1848, mais les habitants ont des revendications libérales et/ou nationales ● Constitutions libérales demandées en Toscane, dans les États pontificaux, dans le royaume des Deux-Siciles. ● Milan et Venise se soulèvent contre les Autrichiens (mars). ● Charles Albert, roi de Piémont, devient le chef de file du mouvement pour l’unité italienne. Il déclare la guerre à l’Autriche le 25 mars, soutenu par des volontaires venus de toute l’Italie pour se battre aux côtés de l’armée piémontaise. Mais il est battu en juillet. C. Retour à « l’ordre » 1. France Thème II, Chapitre 1 2. Empire autrichien ● Guerre contre les Hongrois indépendantistes en 1849. Le nouvel empereur, François Joseph (depuis décembre 1848), qui est soutenu par le tsar (renforts envoyés), réprime impitoyablement les leaders, fusillés ou pendus. ● François Joseph accepte de respecter les libertés, mais reste monarque de droit divin. 3. Confédération germanique Roi de Prusse reprend le contrôle à Berlin en novembre 1848. L’unité allemande n’est pas réalisée. Il n’y a pas de démocraties, notamment en raison des divisions politiques. 4. Italie Répression d’abord à Naples (septembre1848). Les Autrichiens reprennent le contrôle du Nord. Seul le Piémont conserve des institutions libérales : Turin devient la capitale « morale » de l’Italie. Retour à un certain conservatisme, mais le succès des monarchies d’Europe centrale et orientale est assez éphémère.