1- LES TACHES DE L’ELINGUEUR. (Extrait notice INRS) 1-1 Le chargement : L’élingueur doit connaître les charges qu’il amarre ; il doit tenir compte : ‐ De la masse de la charge, ‐ De son volume, ‐ De sa forme, ‐ De la matière (fragile ou non), ‐ Des surfaces de contact, ‐ Des points d’accrochages. 1-2 Le matériel d’élingage : La solidité de l’élingage dépend de la bonne qualité des élingues utilisées, de leur bon état . ‐ La tâche de l’élingueur comporte : ‐ Le choix des élingues en fonction de la charge, ‐ Leur mise en place correcte sur la charge et dans les crochets, ‐ Leur protection, ‐ Leur entretien et leur rangement. 1-3 La sécurité : L’élingueur doit veiller à sa sécurité et à celle d’autrui. Il doit porter un casque de protection, des gants et des chaussures de sécurité. Les charges qui passent au-dessus des personnes constituent un danger permanent. L’élingueur doit s’efforcer de déplacer la charge sur un circuit indépendant des zones effectives de travail au sol, en cas d’impossibilité écarter les gens se trouvant dans la zone dangereuse. Il doit s’écarter lui-même de dessous la charge. Avant de lever une charge, l’élingueur s’assure qu’il ne fait courir aucun risque à qui que ce soit. Le bon choix du matériel et les méthodes correctes d’élingage sont autant de facteurs de sécurité. Le travail de l’élingueur doit être réfléchi et bien exécuté, sans précipitation, sans gestes inutiles. 2- INFLUENCE DE L’ANGLE D’OUVERTURE EN ELINGAGE. 2-1 Un é lingage peut s’effectuer, selon la charge à déplacer avec une ou plusieurs élingues, ou encore avec une élingue comportant plusieurs brins. Une élingue simple ayant à son extrémité une charge de poids P est soumise à un effort égal à P. Si deux élingues identiques placées parallèlement côte à côte supportent une charge de poids P, chaque élingue subira un effort égal à P/2. Mais l’élingage à un brin (simple ou double) risque de placer dans une position d’équilibre précaire les charges qui ne sont pas accrochées par une extrémité, par exemple les charges longues. Pour équilibrer la charge, il est nécessaire d’écarter les points d’accrochage, de ce fait on crée un angle entre les deux brins qui supportent alors un effort supérieur à P/2 par brin. En conservant les mêmes élingues, il faudrait réduire le poids de la charge ; mais pour transporter une charge déterminée, les élingues doivent être d’autant plus résistantes que l’angle qu’elles forment est grand. On détermine la résistance utile que chaque brin doit offrir en appliquant la formule simple suivante (valable pour l’élingage à deux brins) : F=(PxK)/2 F : résistance utile que chaque brin doit offrir, P : poids de la charge, K : coefficient proportionnel à l’angle d’écartement des brins (K=1/(cos(α/2)) α étant l’angle des deux brins d’élingue disposés symétriquement par rapport à la verticale) Il n’est pas nécessaire de connaître ou de calculer tous les coefficients K degré d’angle, seuls les principaux coefficients correspondants aux angles les plus remarquables sont utiles. 2-2 Principaux coefficients K : 2-3 Il faut toujours s’efforcer de limiter à 90° l’angle des brins. Dans les conditions normales de travail, il ne faut jamais dépasser 120°. Pour réduire l’angle d’élingage, il faut, soit prendre des élingues plus longues, soit utiliser un palonnier. 3- EVALUATION DE LA CHARGE 3-1 Centre de gravité. C’est le point d’application de la résultante des forces engendrées par la pesanteur. Pour qu’une charge levée reste stable, il faut que l’accrochage soit fait en ce point ou mieux au-dessus de ce point. JAMAIS EN DESSOUS Position du C.d.G pour les surfaces ou les plaques : ‐ Un cercle : le cdg est au centre de ce cercle. ‐ Une carré : un rectangle ; le cdg est à l’intersection des diagonales. ‐ Un triangle : le cdg est au point de concours des médianes Le cdg de nombreux volumes réguliers (sphère, cube, cylindre…) est situé à mi-hauteur du volume. Dans les élingues à quatre brins, un ou deux brins ne servent souvent qu’à l’équilibrage et ne supportent que peu ou pas de charge, il faut donc considérer le plus grand des angles séparant deux brins opposés et effectuer le calcul comme s’il n’y avait en réalité que deux brins porteurs. 3-2 Masse volumique : C’est la masse en kg d’un m3 de ce corps, ou la masse en tonne d’un m3 de ce corps. En simplifiant, on peut classer les matériaux usuels, selon leur masse volumique, en trois catégories : A- 7 à 9 tonnes au m3 : acier, fer, fonte, cuivre, bronze, laiton. B- 2 à3 tonnes au m3 : porcelaine, charbon, pierre, aluminium, béton, verre. C- Près de 1 tonne au m3 : bois, carton, eau, huile. Angle formé Par les brins Coefficient K 45° 60° 90° 100° 11° 120° 140° 160° 1,08 1,15 1,42 1,55 1,74 2 2,93 5,75 Pour les élingues à trois brins, sauf dans le cas où la symétrie des brins est rigoureuse et la charge bien centrée (virole ou couvercle rond) il faut, en première approximation, prendre en considération le plus grand des angles séparant deux brins consécutifs et calculer comme s’il n’y avait que deux brins portant la charge ; se réserver en supplément une marge de sécurité d’au moins 10%. 3-3 Masse de la pièce : L’élingueur doit connaître la masse de la pièce afin de faire un choix correct des élingues. S’il ne la connaît pas, il en réfère à son chef responsable. Il doit pouvoir évaluer la masse de la pièce. Il est préférable de la surévaluer. Sousévaluer la masse d’un ensemble est dangereux. MASSE = VOLUME x MASSE VOLUMIQUE 4- LES ACCESSOIRES D’ELINGAGE 4-1 Manilles : Les manilles sont des accessoires d’assemblage d’éléments de levage formés de deux parties, le corps et l’axe, facilement séparables. 4.1.1 Manilles droites à vis Les manilles droites permettent : ‐ La liaison des chaînes, anneaux, câbles métalliques et cordages terminés par des boucles garnies de cosses, entre-eux ou avec des crochets ; ‐ La fixation de poulies ou d’œil de cordages, de câbles sur un point fixe. La traction doit s’effectuer dans le sens de la longueur de la manille 4.1.2 Manilles lyres à vis Les manilles lyres permettent la liaison de ces mêmes composants entre eux ; à capacité égale elles admettent des câbles textiles de plus gros diamètre que les manilles droites. Les manilles lyres doivent être préférées aux manilles droites pour les élingages travaillant à l’orientation jusqu’à 25° de part et d’autre de l’axe de symétrie car leur arc (dos ou collet) arrondi évite le portage à faux. Ce montage : ‐ ‐ Permet d’effectuer la traction dans le plan de l’anneau, Evite d’utiliser un crochet qui pourrait ne pas pénétrer à fond dans l’anneau si son bec est trop gros, ou se décrocher si la traction se relâche, ou même exercer une torsion sur l’anneau. Proscrire formellement le montage consistant à passer une élingue simple à travers deux anneaux avant de suspendre les bandes au crochet : l’effort oblique sur chaque anneau peut dépasser le poids de la pièce, et la traction sur l’élingue peut atteindre le triple de ce poids (sans tenir compte de la pliure du câble). Utiliser une élingue à deux brins (ou deux élingues à un brin) terminés par des manilles. rondelles • Accrochage d’une manille sur un crochet : accrocher l’axe de la manille dans le siège du crochet après avoir garni cet axe de rondelles-cales pour maintenir le crochet au milieu de l’axe. • Ne jamais faire porter un câble ou un cordage sur l’axe d’une manille à vis, un basculement de la charge ainsi élinguée pourrait provoquer le dévissage de l’axe. Dévissage possible 4.1.3 Quelques utilisations intéressantes des manilles La fixation par manille garantit contre le décrochage accidentel ; la manille remplace donc avantageusement le crochet dans les élingues où le décrochage est particulièrement à craindre. • Elingage sur des anneaux de levage de type « piton »(sans anneau de liaison) : utiliser une manille insérée dans la boucle à cosse d’une élingue. 4-2 Les anneaux de levage ou pitons à œil : Les anneaux de levage ont la forme d’un tore ou anneau terminé par une tige filetée ; l’ensemble est forgé d’une seule pièce en acier doux ou allié, puis usiné. L’œil de l’anneau est rond ou allongé ; la tige filetée à une longueur au moins égale à 2,5 fois son diamètre, elle se visse dans un taraudage de la pièce à soulever, ou la traverse complètement pour être assujettie à la face inférieure par un écrou. L’œil de certains anneaux de levage est muni d’un anneau de liaison qui permet l’accrochage direct au crochet d’élingue. Les anneaux de levage universels conformes à la norme ISO3266 présentent une embase (ou collet) entre la tige et l’anneau proprement dit. Les anneaux de levage à embase doivent être vissés à fond de telle manière que la face de l’embase plaque bien à la surface de la pièce qui doit être à cet endroit, rigoureusement plane embase et perpendiculaire à l’axe du taraudage. Une creusure est pratiquée si nécessaire. Une traction oblique jusqu’à 45° par rapport à l’axe du taraudage est admise uniquement si elle s’exerce dans le plan de l’anneau. Les anneaux de levage sans embase ne doivent être sollicités que selon leur axe, jamais oblique (ils perdraient alors la plus grande partie de leur C.M.U. – 75% pour une traction à 45°) 4-2.1 Vérifier avant de lever: Que le C.M.U. de l’anneau correspond bien à l’effort exercé par l’élingue ; Que le filetage de l’anneau et le taraudage de la pièce sont de même diamètre, même pas, et en bon état. Que la longueur de taraudage est supérieure à celle de la tige ou que la tige à boulonner dépasse suffisamment sous la pièce (et est bien boulonnée) ; Que l’embase plaque bien sur la pièce ; Que l’anneau est correctement serré et bien orienté. 4.3 Remarques concernant les crochets : Après mise en place des élingues dans le croc, vérifier le Linguet dispositif de sécurité empêchant leur sortie. (La réglementation exige des crochets s’opposant au décrochage accidentel des fardeaux ; le linguet de sécurité est donc très recommandé). Lorsque des élingues munies de crochets de levage travaillent en biais, les crochets doivent être introduits dans les anneaux et autres dispositifs avec le bec dirigé vers le haut ; ainsi ils risquent moins de s’ouvrir sous la charge ou de se décrocher. 5- RECOMMANDATIONS ET MESURES DE SECURITE CONCERNANT LA MANŒUVRE DE LA CHARGE : 5-1 Avant la manœuvre : • Reconnaître le parcours qui sera effectué par la charge et préparer le lieu de dépose. • Dégager ou faire dégager éventuellement les allées de circulation et les lieux de dépose ; • S’assurer qu’il ne reste aucun objet, aucun outil sur la charge à transporter. • S’assurer que le crochet de l’appareil de levage est bien au-dessus du centre de gravité de la charge. • Avant de soulever la charge, faire mettre l’élingage en tension. Si la position du centre de gravité a été mal estimée, l’élingage se met en oblique ; on modifiera alors la position du chariot de levage. • S’assurer que les élingues, leurs anneaux ou dispositifs d’accrochage sont bien engagés au fond du siège des crochets. • S’assurer que personne ne se trouve en danger du fait de la manœuvre. 5-2 Au début de la manœuvre, le levage : • Faire tendre doucement les élingues dès que la charge est accrochée, de manière à la décoller du sol. • Ne jamais tenir les élingues à la main pendant leur mise sous tension : la main peut être écrasée entre la charge et l’élingue ou les doigts cisaillés par un maillon de chaîne ou une partie du crochet. • S’assurer que les élingues ne glissent pas et que leurs brins sont également tendus. • Si la charge est mal élinguée, ou mal équilibrée, la faire reposer et rectifier ou refaire l’amarrage. • Le mouvement de levage doit être exécuté seul ; il faut éviter de lever en biais. 5-3 Pendant le déplacement : • Faire déplacer la charge près du sol, à allure modérée. • Veiller à conserver une bonne visibilité à l’avant de la charge ; se déplacer en conséquence. Ne jamais se déplacer à reculons. • Si, pour une raison quelconque, un arrêt devait se produire, ne pas laisser la charge suspendue ; la faire déposer au sol. 5-4 A la dépose : • Ne commander la descente de la charge que lorsqu’elle est immobilisée au-dessus de l’endroit choisi (un sol suffisamment solide, en évitant les couvercles de trappes, les caniveaux, etc.). • Ne pas la faire balancer, ou la tirer en biais pour la faire déposer plus loin que la zone d’action de l’appareil de levage. • Déposer la charge sur des cales ou « chantiers » afin de faciliter le retrait des élingues ou sa reprise éventuelle. • Avant de libérer les élingues, toujours s’assurer du bon équilibre de la charge sur ses cales. • Ne jamais tirer sur les élingues avec l’appareil de levage pour les retirer de sous la charge ; tirer à la main. 5-5 Après les manœuvres : • Remettre les élingues sur leur râtelier ou, si elles doivent rester suspendues au crochet de l’appareil, les rassembler sur plusieurs brins et faire lever le crochet au maximum.