MESURES 736 - JUIN 2001
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S
olutions
ter que 18 variateurs de 25 kW (ce qui cor-
respond à une puissance de 450 kW) avec un
taux de distorsion harmonique en tension de
16 %. Un tel taux est généralement considé-
ré comme trop élevé. Pour garder un taux de
distorsion de 5 % (limite habituelle
conseillée), le transformateur de 1 MVA ne
pourra alimenter que 5 variateurs de 25 kW!
Ajout d’une self sur le circuit intermédiai-
re. Afin de limiter le contenu des courants
harmoniques générés sur le réseau, une pre-
mière solution consiste à insérer une self de
lissage sur le circuit intermédiaire du varia-
teur, entre le pont de diodes et le banc de
condensateurs.
Avec une valeur de self définie pour 3 % de
chute de tension pour le courant nominal du
variateur, le taux de distorsion harmonique
THD descend à 42,5 %. Si l’on revient à
l’exemple précédent, l’ajout de la self permet
d’augmenter à 29 le nombre de variateurs de
25 kW connectés au transformateur, avec un
taux de distorsion harmonique en tension ne
dépassant pas 11 %
Ajout de selfs coté réseau. Au lieu d’insérer
une self sur le circuit intermédiaire, on peut
également insérer trois selfs sur chacune des
phases d’alimentation du réseau. Pour com-
parer l’efficacité de cette solution par rapport
à la précédente, considérons que ces selfs sont
dimensionnées pour la même chute de ten-
sion (3 %) à leurs bornes pour la circulation
du courant nominal du variateur.
Avec cette solution, le taux de distorsion har-
monique est très légèrement meilleur que pré-
cédemment, permettant de raccorder
30 variateurs de 25 kW au transformateur.
Les selfs coté réseau ont également une action
bénéfique pour le lissage de surtensions éven-
tuelles à l’entrée du variateur.
Pour autant, cela ne veut pas dire que des selfs
coté réseau soient la solution optimale pour
un variateur de fréquence. En effet, pour fai-
re une comparaison objective, il y a deux
autres paramètres importants à prendre en
compte : il s’agit de la perte d’énergie dans
les selfs et de la chute de tension totale au
niveau du circuit intermédiaire, pour une
même efficacité de filtrage.
En effet, une des raisons du recours aux varia-
teurs de fréquence est de faire des économies
d’énergie. Et pour faire des économies d’éner-
gie, une self sur le circuit intermédiaire se
montre plus efficace.
L’autre point est la chute de tension totale
induite sur le circuit intermédiaire par la pré-
sence des selfs. En modulation de largeur
d’impulsion classique (PWM, Pulse Wave
Modulation), un variateur de fréquence est
incapable de restituer en sortie une onde sinu-
soïdale avec la même tension d’entrée réseau.
C’est pourquoi les constructeurs ont recours
à des techniques de modulation particulières
pour restituer le maximum de fondamental
(par exemple, chez Danfoss, Modulation 60 VVC
et VVC +). Le couple d’un moteur asynchro-
ne est proportionnel au produit du courant
magnétisant par le courant actif; le courant
magnétisant est égal au produit du courant
total par sin ϕet le courant actif est égal au
produit du courant total par cos ϕ.
Le courant magnétisant d’un moteur est direc-
tement lié à sa tension d’alimentation et tou-
te baisse de cette tension pour un courant total
moteur donné entraîne une baisse propor-
tionnelle de son couple de sortie, donc de sa
puissance. Il est donc important de choisir
l’architecture de filtrage par selfs limitant autant
que possible la chute de tension du fonda-
mental pour éviter de déclasser d’autant le
moteur pour ses périodes de fonctionnement
à la fréquence nominale (point de fonction-
nement où le variateur doit fournir la pleine
tension d’alimentation du moteur en sortie).
Il se révèle que pour une action de lissage
identique, une self montée sur le circuit inter-
médiaire entraîne une moindre réduction de
la tension et donc du couple disponible. C’est
pourquoi l’ensemble des variateurs de la gam-
me Danfoss sont équipés d’origine de selfs
montées sur le circuit intermédiaire.
Les ponts redresseurs à douze branches. Une
autre technique disponible pour limiter la
quantité de courant harmonique généré sur
le réseau est d’utiliser un pont d’entrée à dou-
ze branches. Plus précisément, il s’agit d’ali-
menter le circuit intermédiaire à l’aide de
De multiples effets indésirables
■
Les effets des perturbations liées aux courants
harmoniques générés par des variateurs ou tou-
te autre charge non linéaire sont multiples :
- L’augmentation très significative des pertes
par effet Joule et par hystérésis des transfor-
mateurs, avec d’importants déclassements en
découlant (il faut les surdimensionner)
- Le déclassement des câbles et des équipe-
ments de commande et de protection pour
pouvoir supporter la circulation de ces cou-
rants harmoniques
- Le sur-échauffement des condensateurs de
redressement du facteur de puissance du réseau
- L’excitation de résonances entre les conden-
sateurs de redressement du facteur de puis-
sance et les inductances de ligne du réseau.
Ces surtensions peuvent entraîner le claqua-
ge par surtension de ces condensateurs ou la
destruction d’autres équipements.
- La perturbation de fonctionnement d’équi-
pements d’électroniques de puissance ou
d’automatismes et d’instrumentation ne sup-
portant pas un taux trop élevé de pollution
harmonique de leur tension d’alimentation.
➤Importance de l’emplacement des selfs
Les redresseurs d’entrée des variateurs injectent des harmoniques de courant sur le réseau
électrique, nécessitant un déclassement du transformateur d’entrée (ou, si l’on préfère, de sur-
dimensionner le transformateur en question). On voit ici les deux emplacements possibles des
selfs permettant de limiter la pollution harmonique. La première (self sur le circuit intermédiai-
re) est celle qui présente le moins d’inconvénients.