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Bohémiens en voyage commentaire

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Bohémiens en voyage
I un tableau et un hymne à la vie
1) La structure du poème : une ekphrasis
Ekphrasis : description d’une œuvre littéraire, d’un tableau ou d’une culture. Figure classique de l’antiquité.
Les quatrains décrivent les bohémiens. Les tercets évoquent les êtres qui, sur le bord du chemin, les
regardent. Il s’agit d’un procédé traditionnel : les personnes du 1er plan regarde la scène principale
(ont pour but de guider le regard).
Ici, mouvement inverse : on voit d’abord la scène puis on s’attarde sur ceux qui regarde les
bohémiens comme si on s’éloigner d’eux. Ils se dirigent vers « l’empire familier des ténèbres
futures » et sont donc en train de sortir du plan.
2) Un hymne à la vie
Tonalité forte : un amour de la vie/ exprimé par l’abondance
- Les enfants sont signes de vies (fécondités). Les tout-petits sont nourris / « ou livrant à leurs
fiers appétit », le terme « fier » est symbole de santé
- Périphrase « le trésor » qui évoque le lait, idée d’abondance et d’une générosité (« toujours
prêts ») / la pauvreté et la laideur changent de valeur : elles sont peut-être plus proche plus
de la vie et de la santé que la beauté et la richesse
- Evocation de la nature gaie et généreuse : le grillon, signe de nature et de tranquillité
- Cybèle : déesse de l’abondance (plus de verdure, plus d’eau, plus de fleurs)
II un poème à la lourde mélancolie
1) La mélancolie solennelle
- « Vont à pied », « sous leurs armes luisantes » évoquent la fatigue/ « les leurs sont blottis »
dénote la faiblesse
- « Promenant sous le ciel », leurs regards qu’ils « promènent » semble dans l’irréel/ « des
yeux appesantis » fatigue du rêve
- « Par le morne regret des chimères absentes » vers solennels et métaphoriques. Une chimère
est un rêve inaccessible, qui rentre en conflit avec le réel. Ils regrettent, on un bonheur réel,
mais l’illusion : dans une illusion, on est absent au réel ; ils regrettent donc l’absence d’une
absence
- Rythme solennel : les « r » ; l’écho « morne » / « chimères » = tonalité de tristesse
- Le dernier vers évoque la mort par une périphrase « l’empire familier des ténèbres futures »
(rythme solennel et lent). La mort n’est pas la fin de l’existence, mais la fin du jour. La seule
consolation des hommes était de regarder le ciel.
2) Un sentiment particulier de la réalité, où la mélancolie l’emporte
Alternance entre des vers très solennel et d’autres vers concrets, précis, clairs : un va et vient entre la
réalité et le rêve. Sentiment d’expansion.
Alternance entre ton plus clair et solennité énigmatique du dernier vers
Vers 8 : sujet inversé dans un enjambement conclue le poème dans un long mouvement d’expansion
III de la bible à la mythologie : une plongée dans le monde intérieur de Baudelaire
1) Les références bibliques
- « La tribu prophétique aux prunelles ardentes », deux mots : « tribus » et « prophète » qui
font penser aux tribus d’Israël / fait penser à l’exode (voyage)/ « prunelle ardentes » =
buisson ardent
- « Fait couler le rocher et fleurir le désert » : 1er hémistiche fait allusion à l’exode, lorsque
Moïse frappe un rocher de son bâton et fait jaillir de l’eau. Le 2nd hémistiche est une formule
fréquente pour annoncer la venue d’un dieu
Les bohémiens sont donc un peuple prophétique comme Israël, accompagnés par une divinité.
Mais cette divinité est Cybèle.
2) La mythologie gréco romaine
- Cybèle : déesse de la nature et de la fécondité/ femme aux innombrables seins (cf. 1er
quatrain) = abondance et fécondité/ ici, symbole de générosité de la nature
- « Par le morne regret des chimères absentes »/ chimère : monstre combattu par Bellérophon
sur Pégase/ corps de lion, tête de chèvre, serpent pour queue = imagination absurde
- Le grillon est commun mais son origine est mythique : un homme immortel mais sans
jeunesse éternelle qui vieillit en se ratatinant jusqu’à devenir un grillon. Mélancolique car les
bohémiens vont là où le grillon ne peut aller : vers la mort
- « L’empire familier de ténèbres futures » représentation pessimiste de la mort/ il s’agit d’une
nuit éternelle sans corps, dans l’ennui éternel = enfer grec
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