Je suis descendu sur la route presqu’une moitié de kilomètre jusque dans la rue
principale, où j’ai rencontré sa sœur, Vera. Comment on entend son nom quand
on le prononce ! « Vera ». Elle était couverte de bagages, et quand on a été
présenté, j’ai remarqué qu’elle était aussi belle que sa sœur, un peu plus âgée,
aux cheveux châtains vers le roux comme la fourrure d’un renard rusé, aux yeux
perçants et en amande, avec la même élégance dans les gestes, l’allure et le
langage… Plus de cinq tours ont été nécessaires pour qu’on apporte tous les
bagages, et quand j’ai laissé les deux derniers sacs devant la grande porte, elles
m’ont demandé d’y entrer pour me préparer un café et me servir un gâteau. Je
les ai poliment refusés, mais elles en ont insisté, donc je me suis laissé conduit
par les deux femmes si énergiques et curieuses des lieux et des gens. Elles m’ont
demandé de leur expliquer pourquoi on appelle la région « La Pendaison du
cerisier ». Je les ai conduites au grand arbre au bout du sentier ; la neige tombait
doucement sur les fleurs blanches, donc il était difficile à distinguer, à un
moment donné, les pétales des flocons de neige. On appelle ce phénomène « la
neige des agneaux », m’a dit Ioana. « La neige des agneaux », j’ai répété.