CAS PRATIQUE AUDIT DES MARCHES PUBLICS (2)

Telechargé par Ngoné Mintou Seye
CENTRE AFRICAIN D’ETUDES SUPERIEURES EN GESTION
AUDIT ET CONTROLE DES ACHATS ET DES MARCHES PUBLICS
A. COMPREHENSION
1. Répondre par vrai ou faux (4 points)
L’expression de besoins précède la prévision des dépenses
V
F
La sélection des fournisseurs est du ressort du comptable
V
F
Le comptable valide l’expression du besoin avant la commande
V
F
une demande d’achat ne devrait se muer en commande ferme
qu’après l’avis du Contrôleur de gestion.
V
F
L’utilisateur–demandeur doit se mettre au contact direct avec le
fournisseur
V
F
l’acheteur doit pas gérer le stock
V
F
Le mode de sélection du fournisseur dépend de la nature et de
l’importance du besoin
V
F
1. Quels sont les grands principes régissant marchés publics ?
2. Est-ce que vous considérez que les fraudes dans les marchés publics sont
ponctuelles ou systématiques ?
3. Quels sont les entités chargées du Contrôle des Marchés publics ?
4. Quelles sont les difficultés principales rencontrées dans un audit des marchés
publics ?
5. Pourquoi un reclassement des marchés où un échantillon des marchés par risque
peut constituer une approche pertinente de l’audit du risque de fraude ?
6. Quelles sont les fraudes les plus courantes relevées au cours des analyses es
études ?
7. Comment peut-on identifier la récurrence des fractionnements ?
8. Citer deux pratiques utilisées pour surfacturer l’exécution d’un marché ?
9. Décrire une manière de contourner un appel d’offres ?
10. Quels sont les risques attachés à la multiplication des avenants ?
11. Décrire un montage classique de corruption ?
12. Est-ce que le MOD peut être active dans un montage de corruption ? Que peut-
elle permettre ?
13. Désigner les organisateurs d’un montage de corruption ?
14. Est-ce ces montages n’affectent pas les marchés internationaux ?
B. CAS PRATIQUES
B.1. CAS TODD
Analyser brièvement les marchés cités et établissez une typologie des risques de
manipulation : éléments d’alerte ? Risque ? Quoi chercher ? ou Recherche ?
Marchés
Fournisseur
Type de
procédure
Montant
Avenant
1
Réfection de
ponts
SA ponts et Cie
Gré à gré
24 000 000
12.000.000
2
Fourniture de
fuel à la police
municipal
SARL Fuel et
Graisses
Gré à gré
22 800 000
7 000 000
3
Cantine légumes
et fruits
SARL Jule
RAV
Gré à gré
21 000 000
7 000 000
4
Stade de foot
Lot fondations
et murs
SAS Entreprise
générale
AO après
annulation
du premier
2.600.000.
000
800.000.000
5
Maison du
gardien du foot
SARL BTP
locale
AOO
350000000
0
6
Achat de
véhicules
Garage du
Centre TODD
Gré à gré
550 000
000
0
Marchés 1 :
Les avenants n’ont pas fait l’objet d’aucune discussion et un contentieux a été déposé par la
société car la collectivité qui devait mettre à disposition un passage ne l’a pas fait.
Le PDG de la société est un ancien joueur de tennis qui a fait partie de la même équipe que le
maire dans leur jeunesse. Depuis les deux personnes ont divorcé et se sont remariés chacun
l’épouse de l’autre et ce fait est paru dans les journaux.
Marchés2 :
Passé avec une entreprise locale, les auditeurs constatent qu’aucune procédure de justification
des livraisons de fuel n’est en place. L’avenant ou le contrat supplémentaires serait à
l’augmentation des rondes effectuées au cours de l’année ; cette pratique a déjà été relevée
l’année précédente. Des doutes sur l’utilisation de ce fuel ont été émis en conseil municipal par
l’opposition.
Marchés 3 :
Passé avec la société Jules RAV sise au 1 rue TODD
Marchés 4, 5 :
Une analyse des entreprises qui ont obtenu les marchés montre que les sociétés qui ont obtenu
des lots appartiennent toutes, directement ou indirectement au même groupe et que ces sociétés
ont toutes présenté après discussion des offres correspondant au centime près au montant prévu.
Marchés 6 :
L’un des auditeurs a fait une analyse comparative des prix des 4X4 d’occasion et les résultats
dont apparaitre une forte surfacturation, ce type de véhicule se négocie à 18 000 000 FCFA.
L’utilité de ces véhicules n’est pas évidente. Le propriétaire du garage est la nièce du premier
adjoint.
B.2. CAS RADAR +
1. Le contexte :
L’Etat a passé un marché avec une entreprise privée pour installer sur le territoire 1500 radars
fixes et collecter le montant des contraventions résultant de la verbalisation des automobilistes.
Ce marché a été passé sous forme de PPP (partenariat public privé). L’Etat en difficulté
financière, s’adresse à des entreprises pour des missions qui au départ lui sont dévolues. Les
critères de technicité et de complexité sont mis en avant pour déléguer ces missions au secteur
privé.
Cet appel d’offres lancé en mars 2009, s’est déroulé dans le cadre du dialogue compétitif, les
offres ayant évolué au gré des discussions.
Le premier groupe africain spécialiste de radar a choisi de ne pas répondre à cet appel d’offres
estimant celui-ci trop compliqué.
Dans un premier temps un seul groupe malien MAL AUTOROUTE a répondu. Ce
soumissionnaire, seul au départ, s’est progressivement sénégalisé en intégrant dans son
consortium plusieurs sociétés sénégalaises. Puis deux autres groupes, dont l’un est sénégalais,
(RADAR +) ont postulé en s’associant à plusieurs autres entreprises sénégalaises.
Très rapidement les dirigeants de RADAR + ont été informés que leur offre était entrain d’être
distancée. Ils ont informé l’autorité publique que la société MAL AUTOROUTE n’avait aucune
référence en matière de radars et que leur consortium était tout à fait à s’incliner devant une
offre concurrente jugée meilleure.
Le marché a finalement été attribué en juin 2020 au consortium emmené par les maliens. Sans
attendre les quinze jours de réflexion accordées par les textes, le ministre de tutelle a d’ailleurs
choisi de retenir l’offre du candidat malien.
Les dirigeants de la société RADAR + ont saisi l’autorité de régulation des marchés publics sur
la base d’un certain nombre de faits dont ils soutiennent qu’il s’agit d’infractions pénales, ces
fraudes ayant modifiées selon eux les conditions d’accès à la commande publique.
Ils signalent dans leur conclusions les éléments suivants :
2. Sur les conditions de la consultation et le choix de la société :
- Le groupe malien, qui est seul au départ, s’est sénégalisé. Néanmoins, il
représentait 70% du consortium ;
- Certains critères très imprécis et subjectifs ont été employés comme celui de
la « crédibilité » ;
- Il a été relevé qu’un consultant extérieur RADAR CONSEIL, chargé d’aider
l’Etat, a procédé à l’évaluation des candidatures. Or RADAR CONSEIL est,
entre autres, conseiller de MAL AUTOROUTE.
- RADAR + sest vu conseiller d’appeler un grand cabinet d’avocats
sénégalais, rencontré dans de nombreuses affaires, s’il voulait l’emporter.
2. Sur les conditions financières :
- Au départ le contrat était fixé pour 10 ans et prévoyait que la société
attributaire percevait 24 millions par an pour recouvrement évalué à 125
millions soit un taux de recouvrement exceptionnel de 20%. Le plaignant
signale que la norme dans les pays de l’UEMOA se situe autour de 1%.
- RADAR + signale que le contrat a beaucoup évolué par rapport à ce qu’il
était envisagé au moment de l’appel d’offres. En effet, la durée du contrat est
passé de 10 ns à 13 ans et 3 mois, ce qui porte les recettes pour le consortium
élu à 320 millions au lieu des 240 millions initialement prévu ;
- Sur le plan juridique, aucune clause particulière dans le contrat concernant
les pénalités de retard par rapport aux dates de mise en exécution. Le
plaignant semble insinuer que l’Etat se trouve dépourvu de toute défense face
à ce partenaire privé ;
- Le contrat prévoit que la société peut revendre ses actions au bout de 2 ans.
3. Sur la société attributaire :
- La société attributaire a été créée juste après la signature définitive du
contrat;
- La capitalisation de la société est de 3 millions et le montant de
l’investissement pour le projet de 80 millions ;
- La société a engagé 50 millions de dette (le plaignant souligne l’effet de
levier, une rentabilité hors norme, des investissements remboursés en moins
de 3 ans, la société ne devrait pas faire de bénéfice et donc ne pas payer
d’impôts).
4. Données complémentaires
- Les 60 millions du prêt ont été garantis par la caisse de dépôt et de
consignation sur appel du Ministre de l’Intérieur de l’époque pour appuyer
le dossier.
- Les recherches ont confirmé que MAL AUTOROUTE n’avait pas de
référence en matière de radar.
- Les recherches presse et internet ont permis de montrer que la société MAL
AUTOROUTE avait eu maille à partir avec la justice : en effet, une
commission aurait été versée à un ministre malien par une filiale de la société
MAL AUTOROUTE, la société MAL AUTOSTRADE LTD domiciliée aux
iles vierges britanniques. Cette commission serait en rapport avec des
autorisations de licences délivrées pour l’implantation de stations-services
au bord de l’autoroute reliant BAMAKO-KAYE. Il convient de noter que
cette instruction est toujours en cours et que pour l’instant aucune mise en
examen n’a été prononcée. Néanmoins au moment de la révélation de ces
faits par la presse malienne, le ministre visé par ces révélations a démissionné
du Gouvernement.
- Il a bien été établi que RADAR CONSEIL avait un contrat avec l’Etat
rétribué à hauteur de 30 millions de francs. Les premiers éléments que vous
possédez militent en faveur d’une surfacturation de cette prestation. Il ressort
également de votre analyse qu’aucune mise en concurrence n’a été faite sur
ce marché (RADAR CONSEIL). Par ailleurs, le directeur général de
RADAR CONSEIL se trouve être l’ancien directeur de cabinet du ministre
de l’Intérieur. Une des missions de RADAR CONSEIL était bien l’analyse
des offres. Le rapport établi est très favorable à la société MAL
AUTOROUTE mais ne mentionne à aucun moment l’absence de référence
dans le domaine des radars, ni l’adjonction tardive de partenaires, ni
l’adjonction tardive de partenaires Sénégalais. Ce rapport ne fait pas état du
fait que la société sénégalaise CITRON, rentrée tardivement dans le
consortium détient 25% du capital de RADAR CONSEIL
- Enfin, il a pu être démontré que le cabinet d’avocat que devrait appeler
RADAR+ pour voir sa situation s’améliorer, avait en son sein un homme
politique d’un parti au pouvoir. Il avait été contraint de quitter ce cabinet
suite à des problématiques de conflits d’intérêts.
Au vu des éléments déjà recueillis, il convient d’établir les schémas de fraudes qui peuvent
apparaitre à la lumière des informations déjà engrangées.
1 / 5 100%

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