Malika Boumendjel : Torture et assassinat de son mari pendant la guerre d'Algérie

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Malika Boumendjel, veuve de l'avocat Ali Boumendjel : « Mon mari ne s'est pas suicidé, il a été
torturé puis assassiné »
JE NE CONNAIS PAS les circonstances exactes de la mort de mon mari. Je n'ai même pas eu le
droit de voir son corps. Seuls, deux médecins de la famille l'ont aperçu, car ils avaient été appelés pour
l'identifier à la morgue d'Alger. J'ai su par la suite que l'un d'eux avait dit à ma famille : « Ne la laissez
pas voir le corps, elle ne s'en remettrait pas. »
Ma vie de femme s’est arrêtée le 23 mars 1957. C’était un dimanche. Mon plus jeune frère est
arrivé en criant: «Ali s’est suicidé!» Il tenait un journal à la main. Je me suis sentie comme anéantie et,
en même temps, je n’arrivais pas à y croire. Quelques jours auparavant, on nous avait prétendu qu’Ali,
arrêté par l’armée quarante-trois jours plus tôt, avait fait une tentative de suicide.
Ce dimanche 23 mars, je me suis précipitée à l’hôpital militaire Maillot, puis au tribunal militaire.
J’ai expliqué mon histoire à un jeune du contingent. Il est allé s’informer auprès de ses chefs, et, quand
il est revenu, il avait l’air troublé et a bredouillé: «Je ne peux rien vous dire, allez voir au commissariat
central.» C’est ce que j’ai fait. Là, le commissaire Pujol m’a reçue et il m’a dit tout de suite: «Vous ne
le saviez pas ?» C’est comme cela que j’ai appris la mort d’Ali. J’ai eu l’impression de plonger dans
des ténèbres absolues.[…]. Ali a été enterré comme cela, sans cérémonie, sans rien. Il avait trente-huit
ans.
J’ai appris peu à peu les activités politiques de mon mari. L’un de ses anciens camarades m’a appris
qu’il avait été le conseiller politique d’Abane Ramdane l’«idéologue» de la «révolution algérienne ».
C’était un avocat engagé, un humaniste et un pacifiste. Bien avant l’insurrection, il était choqué par ce
qui se passait en Algérie, en particulier dans les commissariats. La torture y était déjà largement
pratiquée, et cela nous scandalisait.
Propos recueillis par FLORENCE BEAUGE le Monde 03 mai 2001
Malika Boumendjel, veuve de l'avocat Ali Boumendjel : « Mon mari ne s'est pas suicidé, il a été torturé
puis assassiné »
JE NE CONNAIS PAS les circonstances exactes de la mort de mon mari. Je n'ai même pas eu le
droit de voir son corps. Seuls, deux médecins de la famille l'ont aperçu, car ils avaient été appelés pour
l'identifier à la morgue d'Alger. J'ai su par la suite que l'un d'eux avait dit à ma famille : « Ne la laissez
pas voir le corps, elle ne s'en remettrait pas. » Ma vie de femme s'est arrêtée le 23 mars 1957. C'était un
dimanche. Mon plus jeune frère est arrivé en criant : « Ali s'est suicidé ! » Il tenait un journal à la main.
Je me suis sentie comme anéantie, et en même temps je n'arrivais pas à y croire.(…)
Je suis rentrée chez moi dans un état second. Les militaires nous ont annoncé que les obsèques
n’auraient lieu que le mercredi suivant, mais le corps ne m’a pas été rendu. Le jour de l’enterrement a
été pire que tout. Je suis allée à la morgue. J’y ai aperçu Massu, en train de rendre les honneurs à un
militaire tombé au combat. Pendant ce temps-là, on faisait passer en vitesse un cercueil plom, celui
de mon mari, qu’on a chargé à bord d’une fourgonnette, avant de prendre la direction du cimetière, sous
escorte policière. Tout a été expédié en un quart d’heure. Ali a été enterré comme cela, sans cérémonie,
sans rien. Il avait trente-huit ans».
«Je me suis retrouvée seule avec mes quatre enfants âgés de sept ans à vingt mois : Nadir, Sami,
Farid et la petite Dalila. J’ai appris peu à peu les activités politiques de mon mari. L’un de ses anciens
camarades m’a appris qu’il avait été le conseiller politique d’Abane Ramdane. C’était un avocat engagé,
un humaniste et un pacifiste.
Propos recueillis par FLORENCE BEAUGE le Monde 03 mai 2001
Malika Boumendjel, veuve de l'avocat Ali Boumendjel : « Mon mari ne s'est pas suicidé, il a étorturé
puis assassiné »
JE NE CONNAIS PAS les circonstances exactes de la mort de mon mari. Je n'ai même pas eu le droit
de voir son corps. Seuls, deux médecins de la famille l'ont aperçu, car ils avaient été appelés pour
l'identifier à la morgue d'Alger. J'ai su par la suite que l'un d'eux avait dit à ma famille : « Ne la laissez
pas voir le corps, elle ne s'en remettrait pas. »
«Ma vie de femme s’est arrêtée le 23 mars 1957. C’était un dimanche. Mon plus jeune frère est
arrivé en criant : ‘‘Ali s’est suicidé !’’ Il tenait un journal à la main. Je me suis sentie comme anéantie,
et en même temps je n’arrivais pas à y croire (…)
Je suis rentrée chez moi dans un état second. Les militaires nous ont annoncé que les obsèques
n’auraient lieu que le mercredi suivant, mais le corps ne m’a pas été rendu. Le jour de l’enterrement a
été pire que tout. Je suis allée à la morgue. J’y ai aperçu Massu, en train de rendre les honneurs à un
militaire tombé au combat. Pendant ce temps-là, on faisait passer en vitesse un cercueil plombé, celui
de mon mari, qu’on a chargé à bord d’une fourgonnette, avant de prendre la direction du cimetière, sous
escorte policière. Tout a été expédié en un quart d’heure. Ali a été enterré comme cela, sans cérémonie,
sans rien. Il avait trente-huit ans».
«Je me suis retrouvée seule avec mes quatre enfants âgés de sept ans à vingt mois : Nadir, Sami,
Farid et la petite Dalila. J’ai appris peu à peu les activités politiques de mon mari. L’un de ses anciens
camarades m’a appris qu’il avait été le conseiller politique d’Abane Ramdane. C’était un avocat engagé,
un humaniste et un pacifiste.»
11 décembre 1960
La réponse du peuple à De Gaulle
Tout a commencé le 9 décembre 1960 lorsque le Général De Gaulle, président de la République
française, en visite à Aïn Témouchent pour tenter de sortir la France du « bourbier algérien », avait
proclamé d’abord « le droit des Algériens à l’autodétermination », puis son slogan « L’Algérie pour les
Algériens ».
Cependant cela restait toujours d’un point de vue gaulliste car en faveur d’une place pour les
colons en Algérie, et ce à travers une autonomie et une union fédérale dépendant de la France.
Il n’était donc pas question d’une indépendance totale, d’une véritable souveraineté pour
l’Algérie. Le niet des Algériens quant à une Algérie sous tutelle française avait pris corps, non seulement
dans cette ville de l’Ouest algérien mais dans la quasi-totalité du pays. Ce fut l’étincelle qui se propagea
pour aboutir aux grandes manifestations du 11 décembre 1960. M. Abadou, secrétaire général de
l’ONM(Organisation nationale des moudjahidine.), en visite samedi à Aïn Témouchent, a souligné que
cet événement historique exceptionnel a contraint l’État colonial français à revoir ses calculs, «ceux de
pouvoir faire échec à la Révolution, notamment devant la pression sur la scène internationale et
l’élargissement du champ de soutien au droit du peuple algérien à son autodétermination ». [...]
L’histoire retient cependant que les évènements du 11 Décembre ont été organisés par « les
dirigeants de la zone autonome d’Alger ». « Ce sont eux qui ont déclenché ces manifestations pour
souligner l’attachement du peuple algérien à sa direction politique, à savoir le FLN, et sa branche armée,
l’ALN », a indiqué Meziane Saidi,professeur d’histoire à l’ENS d’Alger. Et d’ajouter [...] que ces
manifestations « ont été une réponse au plan du général De Gaulle le visant à étouffer la guerre de
libération ». [...]
Lilia Aït Akli, Le Jeune Indépendant du lundi 11 décembre 2017
Questions:
I/Compréhension de l’écrit:(14pts)
1. « ...pour tenter de sortir la France du « bourbier algérien». » L’expression soulignée veut dire:
a. Faire sortir la France du territoire algérien.
b. Intégrer la France dans le problème algérien.
c. Tirer la France du problème algérien.
*Choisissez la bonne réponse.
2. « cela restait toujours d’un point de vue gaulliste. » De quel point de vue parle l’auteur?
3. Soit les expressions: Algérie pour les Algériens/union fédérale dépendant de la France/
indépendance totale/ véritable souveraineté / Algérie sous tutelle française / étouffer la guerre
de libération. Classez-lez selon qu’elles expriment:
a. Ce que veut la France: ....... / .......... / .........
b. Ce que veut l’Algérie: ....... / .......... / .........
4. "Le niet des Algériens quant à une Algérie sous tutelle française avait pris corps."
Relevez du 2èmeparagraphe l’expression qui le montre.
5. "cet événement historique exceptionnel a contraint l’État colonial français à revoir ses calculs."
Comment? Répondez en relevant du texte deux expressions qui le montre.
6. à qui ou à quoi renvoient
"Il n’était donc pas question d’une indépendance totale...
"...qui se propagea pour aboutir aux grandes manifestations...
"Ce sont eux qui ont déclenché ces manifestations...
"...l’attachement du peuple algérien à sa direction politique..."
7. Les manifestions du 11 décembre ont été organisées pour plusieurs objectifs. Lesquels?
8. « Ce sont eux qui ont déclenché ces manifestations pour souligner l’attachement du peuple
algérien à sa direction politique, à savoir le FLN, et sa branche armée, l’ALN », a indiqué
Meziane Saidi.-Réécrivez cette phrase en commençant par: Meziane Saidi indique que
........................
9. Quelle est la visée communicative de l’auteur?
10. "Ces manifestations « ont été une réponse au plan du général De Gaulle le visant à étouffer la
guerre de libération »." Qu’en pensez-vous? Développez votre opinion en deux ou trois phrases.
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