réparerai ma faute ; elle est jeune, elle sera riche, elle sera heureuse ;
ne faites pas cela, ô Dieu ! vous pouvez bénir encore quatre de vos
enfants. Eh bien ! Camille, qu'y a-t-il ?
– Elle est morte. Adieu, Perdican ! »
(Alfred de Musset, On ne badine pas avec l'amour, III, 8, 1834.)
A la fin de cette pièce, tous les éléments de registre dramatique se
trouvent réunis. Tout d'abord, le suspense demeure jusqu'à l'ultime
réplique, et jusqu'à cette dernière phrase, le spectateur espère : il est
entraîné par l'histoire, il prend parti pour tel ou tel personnage. L'amour,
le bien, le mal, la place de Dieu dans une destinée, tous les grands
thèmes sont convoqués. Le rythme est tendu, rapide, tout comme dans
cet autre extrait de roman :
« Robinson a dû découvrir la disparition du barillet [...]. Il lève la chicote.
C'est alors que les quarante tonneaux de poudre noire parlent en même
temps. Un torrent de flammes rouges jaillit de la grotte. [...], Robinson se
sent soulevé, emporté, tandis qu'il voit le chaos rocheux qui surmonte la
grotte culbuter comme un jeu de construction. »
(Micher Tournier, Vendredi ou les Limbes du Pacifique, 1967.)
Ce passage est dramatique dans la mesure où les événements
s'enchaînent très rapidement, où ils sont involontaires (excepté pour le
premier, le lancer) et où ils ont des conséquences énormes : la fin de
tout ce qu'avait construit et élaboré Robinson pendant près de vingt-cinq
ans.
3. Les genres littéraires concernés
Loin d'être cantonné au seul théâtre, le registre dramatique se rencontre partout,
dans les poèmes, dans les récits ou même dans les comédies. Néanmoins, un
sous-genre théâtral lui fait la part belle, il s'agit du mélodrame. Ces pièces de théâtre
se caractérisent par l'invraisemblance d'une intrigue aux rebondissements multiples
ainsi que par l'aspect caricatural des personnages (les gentils/les méchants). Si le
mélodrame comporte souvent des passages dramatiques, il mêle aussi d'autres
registres, y compris le comique.