Cheikh Anta Diop (1923-1986) l'achimiste dans son laboratoire

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Cheikh Anta Diop (1923-1986)
l’achimiste dans son laboratoire :
Paléoanthropologie, race et origine
Les contributions africaines sur la paléontologie humaine sont tout à fait stériles. Elles
sont encore soumises aux travaux de lʼégyptologue sénégalais Cheikh Anta Diop
(1923-1986). Ce dernier marqué par son intelligence, sa personnalité et sa forte
érudition conçoit cette discipline comme une arme contre lʼeuropéocentrisme. Pour
lui, toutes les déductions présentées par les savants « blancs » résultent dʼune
fabrication idéologique dont le seul but est la domination culturelle. Lʼorigine
monogénétique, la diversité des peuples en race et morphologiquement distinct,
lʼappartenance nègre des anciens égyptiens suivant les testes mélanodermes
constituent les thématiques essentielles de lʼanthropologie de Cheikh Anta Diop.
Cependant, ses prises de positions nʼont pas convaincu les meilleurs scientifiques
spécialisés et qui l’ont unanimement rejetés1.
Pourquoi, ces travaux ne sont-ils pas acceptés de tous ? Ces déductions ne paraissent-
elle aujourdʼhui dépassé par l’évolution de la discipline ? Ou la simplicité de ses
déductions entrent-elles en contradiction avec les découvertes actuelles sur l’évolution
humaine ? Ne pouvons pas penser que lʼanthropologie moléculaire, les nouvelles
découvertes sur lʼévolution ont bouleversé toutes ses conclusions sur lʼorigine
monogénique de lʼhumanité ? Peut-on penser à un après Cheikh Anta Diop dans la
paléoanthropologie ?
Sommaire :
I) Heidelbergensis à l’homme Sapiens
II)Cheikh Anta Diop et le problème de la race
III) La craniologie pour étudier les anciens égyptiens :
IV) Après Cheikh Anta Diop
Conclusion
Bibliographie
Introduction
Parler de Cheikh Anta Diop n’est pas dit tout facile. Il faut emmagasiner tout un spectre de discipline pour
saisir l'essentiel de ce qui fait sa thèse. Pas pour connaitre l’auteur en soi, mais c’est la discipline, si
complexe qui l'exige. Ainsi, plusieurs anthropologues, archéologues, philosophes, historiens, sociologues,
linguistes, égyptologues ont abordé la thèse de l’égyptologue sénégalais. Plusieurs livres, articles,
contributions, commémorations, conférences, film etc...lui sont adressés. Malgré tout cela, Cheikh Anta Diop
ne fait pas encore l’unanimité. Sa personne est sujet à polémique. Elle divise spécialiste et amateur,
universitaire et étudiant, enseignant-chercheur et homme politique, homme de terrain et activiste, idéologue
et scientifique, homme « blanc » et homme « noir », Occident et Afrique, passé et présent.
Depuis 1986 (date de sa mort) à nos jours, peu de contribution qui s’oriente dans la critique et la remise en
question de ses travaux a été mené. Le champs de sa production est protégé par des avant- gardistes (qui sont
d’ailleurs dans leur grande majorité ni spécialiste en la matière) ceux qui voient le « maitre » comme un
illuminé. Ils n’offrent rien à la recherche scientifique, mais préfèrent ce dogme, ce nouveau livre relevé que
1 Froment Alain. Origine et évolution de l'homme dans la pensée de Cheikh Anta Diop : une analyse critique.
In: Cahiers d'études africaines, vol. 31, n°121-122, 1991. La Malédiction. pp. 29-64
l’on appelle Nations nègres et cultures. Ou sont les spécialistes ? Soit ils sont complices de ce qui se passe ou
adoptent le « silence » pour éviter les représailles. Les premières critiques à l’endroit des travaux de cheikh
Anta Diop étaient des savants « occidentaux » : c’étaient des spécialistes en linguistiques, en archéologie, en
bioanthropologie, en histoire, en ethnologie, mais on a préféré regarder la couleur de leur peau que de juger
les idées qu’ils défendent. Ce manque de rigueur, ce laisser-aller, ce laisser-faire a facilité l’émergence d’une
certaine dose de dogmatise ravivée surtout par des contextes chargés tel que le retour du racisme, du discours
complotistes, les crises économiques et les inégalités renforcées, le nationalisme ambiant etc.... Pourtant,
Cheikh Anta Diop est critiquable, pourtant qu’il a tord dans ses « dits » et sa théorie présente d’énorme
lacune à tel point, qu’il est préférable de le jeter dans les placards de l’histoire des sciences. Pour dire vrai,
Cheikh Anta Diop est dépassé.
On oublie souvent qu’il était un homme de bibliothèque et non de terrain2. En dehors, de son expertise en
géochronologie au radio-carbone dans son laboratoire de l’IFAN3, il ne manipulait ni les outils
préhistoriques, ou paléontologiques. Il n’est l’auteur d’aucune découverte archéologique, ni ne maitrisait les
méthodes craniométriques ou analyses multivariées.
Toute sa réflexion s’appuie en grande partie sur des trouvailles publiées dans la littérature ou sur des textes
connus de tous et : « ...l'élément décisif de l’oeuvre de Diop est le regard qu’il jette sur ces matériaux et le
renversement de perspective qui en résulte non l’apport de documents neufs...»4. Notre présent s’inscrit
essentiellement sur une lecture critique de sa vision de l’évolution humaine. A savoir à quand et comment
l’humanité primitive est née en Afrique ? Si l’humanité primitive apparaissent dans ce continent voudrait-il
dire qu’elle était nègre ? Ressemblait-elle aux populations actuelles ? L’évolution humaine dans l’oeuvre de
Cheikh Anta Diop était-elle phylogénétique ou monogénétique ? A-t-il une définition précise du concept
négroïde ? Sa vision de l’évolution humaine est-elle en contradiction avec les découvertes actuelles ? La
paléontologie humaine confirme-t-elle l’existence d’un substrat racial aurait émergée l’humanité
actuelle ? Etre noir veut-il être négroïde ? Sa vision négroïde est-elle adaptative ou phylogénétique ? Cette
lecture s’appuie t-elle sur la génétique moléculaire ou de l’anthropologie biologique ?
I) De Heidelbergensis à l’homme sapiens :
Il a fallu attendre 1924 pour que l’idée d’une origine africaine de l’humanité se matérialise avec la
découverte d’un individu datant de 2,1Million d’années (Raymond Dart, Broom 1924).
Cette découverte conforte les idées de Darwin sur l’hypothèse d’une origine africaine des hominidés5.
Cependant, avant cette date, la paléoanthropologie situait le berceau de l’humanité en Asie, particulièrement
en Java 1894. Puis la mise au jour du Sinanthrope à Pekin restaure pour un certain temps l’hypothèse d’une
origine asiatique de l’humanité.6
La découverte de l’enfant de Taung ramène l'apparition du premier homme en Afrique, puis la découverte de
l’individu Broken Hill7. Ils sont suivis par la découverte du Plesianthrope, du Paranthrope, et du
Zizanthrope en Afrique de l’Est.
2 Opte Froment Alain. , 1991. La Malédiction. pp. 29-64;
3Précisions une chose, Cheikh Anta Diop n’est pas l’inventeur de cette méthode mise au point par Libby après la guerre
en 1965
4 Opte Froment Alain. , 1991. La Malédiction. pp. 29-64;
5 Pascal Picq : Il était une fois, la paléoanthropologie, Odile Jacob 2010
6 Florent Détroit : origine et évolution des Homo sapiens en Asie du Sud-Est. Description et analyses morphométrique
de nouveaux fossiles, thèse de doctorat 2001
7 Broom 1918
Enfin, la fameuse Luçy et quelques genres découverts en Ethiopie ont prolongé d’une part le genre
australopithèque (Australopithèque aminensis, Little foot, Seediba etc...) et d’autre part l'âge de l’origine des
hominini (3Million d’année)8.
Par contre de nos jours ( de 1924 à 2001), la phylogénie des hominidé les place entre 8 à 7Million d’année. Il
y’a trois individus qui prétendent être le dernier ancêtre commun (DAC) entre l’homme et les chimpanzés, il
s’agit de l’Ardipithèque (Ardipithecus ramidus), en Ethiopie, Orrin (8Million d’année) et le Sahélanthroppus
(tomai).
Cependant, Homo habilis annonce le genre homme. Le plus ancien (KNM-ER1470) est découvert à Koobi-
Fora (Kenya) par L.S.B Leakey et son fils Richard Leakey découvre d’autres genres (KNM-ER3733) au
Kenya.
Le HO7 est découvert en 1960 par Mary et Louis Leakey en Tanzanie. Le OH24 est un crâne grossièrement
déformé, datant de 1,8Million d’année, il a été découvert en 1968 à Olduvai Gorge en Tanzanie.
Cependant, le genre qui a fait couler beaucoup d’encre est le KNM1813. Longtemps placé comme un Homo
habilis moderne, il présente par contre certaines caractéristiques qui annonceraient l’homme erectus. Il est
placé comme nouveau genre, nommé Homo rudolfensis ou Kenyathope playop. Ce qui ne fait pas l'unanimité
au sein des auteurs.
Ces découvertes remettent cause les Australopithèque comme ancêtre de la lignée du genre Homo, et
élargissent la phylogénie humaine.
En 1991, Bernard Wood de l’université de Liverpool propose d’étendre l’homo ergaster au groupe africain
de fossile Homo erectus. Il présente tous les traits primitifs que les fossiles erectus indonésiens et chinois9
tels que Pithécanthrope à Java, Sinanthrope à Pékin.
Homo Rhodensis (Broken Hill ou homme de Kawbe) Omo 2 et Omo, Homme de herto sont souvent
considérés comme néandertaliens ou heidelbengensis. Le squelette récemment découvert au Kenya (Brown
et al. 1981) est le plus vieux représentant de ce groupe puisqu’il est daté de 1.6Million d’année10.
Brauer (1984) plaide pour une origine africaine de l’homme moderne et cherche à confirmer les théories
précédentes de Darwin (1871) et de Robinson (1972)
a) Le Grimaldien ou l’origine négroïde de l’humaine :
Pour l’affaire de Pildown, Cheikh Anta Diop avait formulé une diatribe contre cette fraude. Selon lui, la
farce l’homme de Pildown avait pour but d’assurer l’antériorité des européens sur le reste de l’humanité11.
Ce qui parait tout à fait simpliste comme conclusion, du fait entre 1874 jusqu’en 1918, les recherches
paléontologiques sur l’homme n’étaient pas encore orientées en Afrique.
Cependant, il faut comprendre la conception paléontologique de Cheikh Anta Diop. Elles s’inspire du
contexte des années 1940 à 1980. Durant ces périodes, la phylogénie du genre Homo pouvait se compter des
doigts (Tableau1) : c’est l’Australopithèque, lHomo Habilis, l’Homo erectus et plus tard l’Homo sapiens
(sapiens). On retenait comme caractère dérivé ou évolué (pléisomorphe) la réduction du prognathisme
alvéolaire, le diastème, l’email épaissi, l’augmentation de la capacité cérébrale, la locomotion bipède etc...
8 Les australopithèques forment un groupe très diversifié (on connaît aujourd’hui 8 espèces : cinq graciles et
trois robustes) daté entre 4,2 Ma (A. anamensis) et environ 1 Ma pour A. boisei. Ils proviennent tous
d’Afrique de l’Est et du Sud, le long de la Rift Valley), sauf A. bahrelghazali qui a été trouvé au Tchad, donc
beaucoup plus à l’ouest. Les cinq espèces graciles sont les suivantes :
-Australopithecus anamensis (entre 4,2 et 3,9 Ma)
- - Australopithecus afarensis (cette espèce comprend Lucy) (3,7-2,9 Ma)
-Australopithecus bahrelghazali (cette espèce comprend Abel) (3-3,5 Ma)
-Australopithecus africanus (entre 3 et 2,3 Ma)
- - Australopithecus garhi (2,5 Ma)
Il y a trois espèces d’australopithèques robustes (pouvant aussi être nommés Paranthropus ou
Zinjanthropus) :
- Australopithecus robustus (entre 1,8 et 1,4 Ma) -
- Australopithecus æthiopicus (entre 2,2 et 1,9 Ma)
- - Australopithecus boisei (entre 2,9 et 1 Ma)
9 http:/wwwlarecherche.fr/savoir/dossier/Fredspoor Homo erectus africains-asiatique-O1-05-2008
10 Anne Marie Tillier : « les plus anciens Homo sapiens (sapiens). Perspective biologique, chronologie et taxinomie »
HALIDH
11 Voir Froment 1991, voir aussi C.A.Diop Antériorité des civilisations nègres 1967 présence africaine
Par contre, à la fin des années 90, on découvre de nouveau fossile et on note de plus en plus de particularités
anatomiques. C’est ce qui fait pousser les chercheurs à replacer les hommes erectus africains comme
distincts de ceux asiatiques stricto sensu. On les nomme Homo ergaster. Pour d’autres auteurs, ces individus
africains ne sont qu’une variation géographique d’Homo erectus.
Ce genre est aussi attesté en Georgie, il y’a 1,1Million d’année, associé à une industrie lithique de type
oldowayen.
Les plus anciennes occupations humaines en Europe datent de 1,6Million d’année à Bulgarie (Korzanika).
On trouve des traces acheuliennes au Moyen Orient ( site d’Ubeiya Israël), elles sont dates à 1,4Million
d’année. En Inde, le site d’Attirampatik dans le Tamil est daté de 1,5Million d’année. L’homme de
Denzili,un fossile trouvé en Turquie, est situé entre 1,2 à 1,6Million d’année12.
Bref ! Toutes les découvertes et collections montrent une chose, les questions sur l’origine de l’homme sont
de plus en plus complexes.
En outre, sur l’apparition de l’homme moderne, Cheikh Anta Diop propose son modèle. Celui qui consiste à
suggérer son point de départ (hominisation) en Afrique. Pour lui, le genre Homo sapiens apparait à partir de
l’homme de Rhodésie, découvert en 1920 à Broken Hill (Rodhésie du Nord). Il est le premier et le plus
ancien des hommes modernes, puisqu’il est daté de 135.000ans.13 Le site de Kanjera à l’ouest du Kenya a
fourni deux crânes associés à une faune remontant au pléistocène14. L’homme de Kanjera est aussi un
homme sapiens, et pour Cheikh Anta Diop, il n’y’a pas chez lui, la moindre trace frontale.15. Ce qui est tout
à fait faux ! La forme ne présente pas suffisamment l’aspect Sapiens ou moderne. Le caractère des orbites,
leur épaisseur, l’insuffisance de l’incurvo informalaris, l'absence de la courbe frontale etc...poussent certains
auteurs à les considérer comme une famille Rhodésie ou d’autres de la famille heidelbergensis. En outre,
l'absence de trait frontal ne signifie pas aussi modernité.
On ne peut pas situer l‘égyptologue sur les origines de l’homme. Autrement dit, pouvoir le placer entre les
différentes écoles de la paléoanthropologie. Ni de ceux qui pensent que l’évolution de l’homme moderne est
le résultat d’une évolution continuitive (thèse multirégionaliste), ni aussi ceux qui défendent le contraire en
pensant que l’apparition des hommes modernes est issu d’un remplacement entre les hommes archaïques et
les hommes typiquement modernes (Brauer G 1976, Chris Stringer 2016, Stringer 2003).
L’objectif majeur de Diop, dans sa conception paléoanthropologique, est qu’elle est symbolique. Il ne
cherche pas à savoir, ni à discuter sur les modèles souvent utilisés pour expliquer l’apparition de l’homme
moderne16. Ce qui l'intéresse tout au plus, c’est de pouvoir justifier l’origine on pas seulement « africaine »
de l’humanité mais nègre de l’humanité.17
Cependant, qu’en est-il de l’homme de Qafzeh et de Skhul qui paraissent aux yeux des spécialistes comme
très modernes18. Cheikh Anta Diop, les considère comme des « intermédiaires » mais pas comme des
premiers modèles de sapiens.19 Pour lui, il faut restreindre ce genre au type morphologique dans l’abri des
Cro-Magnon. Il est le premier homme fossile identifié comme tel et ancêtre présumé de la « race blanche ».
Et tout amalgame procède d’une ruse idéologique néocoloniale20.
12 Amélie Vialet, Sandrine Prat : « Une contribution de la Turquie au carrefour eurasiatique », colloque de France
3-4juillet 2018
13 C.A.Diop Civilisation ou Barbarie 1981
14 Richard Leakey : « Les hommes fossiles africains » in Histoire générale de l’Afrique UNESCO 1983 P.262
15 Cheikh Anta Diop 1967, Apparition de l’homme sapiens P.26
16 Selon Cheikh Anta Diop, la nature a crée six types d’homme, les trois premiers, sont les Australopithèques graciles
et robustus, les deux genres (Habiliis, erectus) : ils ont tous disparus. En outre, ils ne restent, que les trois autres, l’un
(Neandertal) est éteint et n’est probablement pas l'ancêtre de l’homme moderne. Les deux derniers sont le Grimaldien
qui apparait à 40.000ans, comme un prototype négroïde et donne naissance à l’homme blanc. Il n’est connu qu’au
solutréen (Cro-magnon). Il y’a 20.000ans. Cette lecture, parait tout à fait simpliste, aux yeux de l’anthropologie
moderne. Plutôt, la découverte de nombreux fossiles de nos jours, font reculer l’origine de la lignée humaine dans un
embranchement de 8Million d’année. (Voir tableau 1)
17 Cheikh Anta Diop 1954, 1968, 1981
18 B. Vandermeersch 1989, 1991
19 Cheikh Anta Diop 1981 P.34
20 Froment 1981, P. 34
Ces amalgames manifestes montrent une chose, notre égyptologue s’inspiraient beaucoup sur des documents
livresques, que sur des descriptions anatomiques. Base de l’anthropologie physique !
L’amalgame est qu’il confond anatomie, datation et modernité. On peut découvrir bel et bien un fossile qui
dispose une datation ancienne. Cependant, il ne présente pas de caractères modernes, équivalents à ce que
la paléoanthropologie appelle Homo sapiens.
L’évolution du genre Homo est une relation buissonnante. Le problème pour un paléoanthropologue, est le
concept d’espèce. La seule définition pour l’instant utilisée et qui est biologique est celle d’ Ernest Mayer21.
Toutefois, cette définition biologique est réservée aux groupes génétiquement non reproductible, et il est
complexe pour les paléoanthropologues d’utiliser ce modèle pour les fossiles. Les paramètres tels que genre,
embranchement et famille sont analysés par le biais d’une étude approfondie en morphométrique. Les
divergences au point de vue anatomique sur les crânes et post-crâniens retiennent plus l’attention des
paléoanthropologues.
Il reste aussi le complexe du rythme évolutif. C’est-à-dire, chercher à subdiviser les genres en espèces ou en
sous-groupes. A quand et comment est-il possible de placer un fossile comme une nouvelle espèce ? Quels
sont les traits qui le rendent distinctifs ? A quel niveau est-il placer comme sous-groupes ? Quels sont les
rythmes de l’évolution ? Anagénique ou cladogénése ?
Ces questions, Cheikh Anta Diop les avait jamais posé !
Alors pourquoi devrons-nous le prendre au sérieux, si ces analyses ne son pas de fond mais de surface ?
Homo sapiens conserve des traits spécifiques tels qu'un neurocrâne élevé, un profil latéral arrondi, un petit
visage rétracté sous l'os frontal, un vrai menton même chez les nourrissons, de petits torus supra-orbitaux
discontinus, une période de croissance postnatale allongée et des antécédents biologiques, un tronc et un
bassin étroit avec des branches supérieures courtes.22
Il présente aussi, une forme dite « en maison » du crâne en vue postérieure, une position haute du paroi
latéral, un front redressé portant des bosses frontales. On devrait aussi noter l'absence de superstructures
osseuses au niveau de la région sus-orbitale.23.
Peut-on attribuer ces traits à l’homme de Kawbe (Broken Hill) ?
Contrairement à Cheikh Anta Diop, l’homme de Kawbe présente des traits primitifs et moins de traits
modernes. Il est plus considéré comme un Homo antecessor qu’un Homo sapiens. On situe son âge entre
125.000 et 300.000ans. Un âge qui correspond à l'avènement des pré-néandertaliens : l’homme de Tautavel
(France), il est daté de 450.000ans, l’homme d’Atapuerca (Espagne), il est daté de 800.000an, il est trouvé en
1978. L’homme Petrolona (Grèce) date de 200.000ans, il est connu en 1960.
Toutefois, l’homme de Kawbe (Broken Hill) que Cheikh Anta Diop considère comme un Homo sapiens
présente des traits néandertaliens (grand nez, des arcades sourcilières imposantes etc...). Pour d’autres
auteurs, il devrait être placé comme un pré-sapiens qui ne s’inscrit pas dans la lignée des Homo sapiens.24
Cependant, ce qui parait consensuel aujourd’hui, est que l’homme de rhodensensis est antérieur à l’homme
sapiens idaltu25.
Peut-on considérer que le Neandertal est l'ancêtre de l’homme sapiens ?
La place des néandertalienne dans la lignée humaine pose problème aux spécialistes.
Est-il l'ancêtre du genre Homo Sapiens ? A quelle place occupent les Néandertaliens dans la lignée
humaine ? Cousin ? Ou ancêtre ?
L’auteur donne deux conclusions tout à fait contradictoires.
En effet, pour Cheikh Anta Diop, si les néandertaliens étaient l'ancêtre de l’homme moderne, ils devraient
venir d’Afrique, plus précisément dans la vallée de l’Omo à la lisière du Kenya et de l’Ethiopie. Selon lui,
trois crânes exhumés ressemblent aux néandertaliens et ils sont datés de 37.000ans.
Toutefois, Cheikh Anta Diop pense autrement. Défendant que le Neandertal n’ayant pas su donner naissance
à aucune descendance, il ne peut être un pré-sapiens, ni d’ailleurs être l'ancêtre du Cro-Magnon.
21 Guillaume Lecointre, Hervé Le Guyader classification phylogénétique 2001 P, 543
22 Chris Stringer 2016 : The origin and evolution of Homo sapiens. Phil. Trans. R. Soc. B 371: 20150237.
http://dx.doi.org/10.1098/rstb. 2015.0237
23 Anne Marie Tillier : « Les plus anciens Homo sapiens (sapiens). Perspective biologique, chronologie et taxinomie »
HALIDH
24 Hublin, 2001 P. 121
25 White Tim D, et al. 2003 : « Pléistocène Homo sapiens from Middle Awash, Ethiopia » in Nature Vol 423 (6491)
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