Par contre, à la fin des années 90, on découvre de nouveau fossile et on note de plus en plus de particularités
anatomiques. C’est ce qui fait pousser les chercheurs à replacer les hommes erectus africains comme
distincts de ceux asiatiques stricto sensu. On les nomme Homo ergaster. Pour d’autres auteurs, ces individus
africains ne sont qu’une variation géographique d’Homo erectus.
Ce genre est aussi attesté en Georgie, il y’a 1,1Million d’année, associé à une industrie lithique de type
oldowayen.
Les plus anciennes occupations humaines en Europe datent de 1,6Million d’année à Bulgarie (Korzanika).
On trouve des traces acheuliennes au Moyen Orient ( site d’Ubeiya Israël), elles sont dates à 1,4Million
d’année. En Inde, le site d’Attirampatik dans le Tamil est daté de 1,5Million d’année. L’homme de
Denzili,un fossile trouvé en Turquie, est situé entre 1,2 à 1,6Million d’année12.
Bref ! Toutes les découvertes et collections montrent une chose, les questions sur l’origine de l’homme sont
de plus en plus complexes.
En outre, sur l’apparition de l’homme moderne, Cheikh Anta Diop propose son modèle. Celui qui consiste à
suggérer son point de départ (hominisation) en Afrique. Pour lui, le genre Homo sapiens apparait à partir de
l’homme de Rhodésie, découvert en 1920 à Broken Hill (Rodhésie du Nord). Il est le premier et le plus
ancien des hommes modernes, puisqu’il est daté de 135.000ans.13 Le site de Kanjera à l’ouest du Kenya a
fourni deux crânes associés à une faune remontant au pléistocène14. L’homme de Kanjera est aussi un
homme sapiens, et pour Cheikh Anta Diop, il n’y’a pas chez lui, la moindre trace frontale.15. Ce qui est tout
à fait faux ! La forme ne présente pas suffisamment l’aspect Sapiens ou moderne. Le caractère des orbites,
leur épaisseur, l’insuffisance de l’incurvo informalaris, l'absence de la courbe frontale etc...poussent certains
auteurs à les considérer comme une famille Rhodésie ou d’autres de la famille heidelbergensis. En outre,
l'absence de trait frontal ne signifie pas aussi modernité.
On ne peut pas situer l‘égyptologue sur les origines de l’homme. Autrement dit, pouvoir le placer entre les
différentes écoles de la paléoanthropologie. Ni de ceux qui pensent que l’évolution de l’homme moderne est
le résultat d’une évolution continuitive (thèse multirégionaliste), ni aussi ceux qui défendent le contraire en
pensant que l’apparition des hommes modernes est issu d’un remplacement entre les hommes archaïques et
les hommes typiquement modernes (Brauer G 1976, Chris Stringer 2016, Stringer 2003).
L’objectif majeur de Diop, dans sa conception paléoanthropologique, est qu’elle est symbolique. Il ne
cherche pas à savoir, ni à discuter sur les modèles souvent utilisés pour expliquer l’apparition de l’homme
moderne16. Ce qui l'intéresse tout au plus, c’est de pouvoir justifier l’origine on pas seulement « africaine »
de l’humanité mais nègre de l’humanité.17
Cependant, qu’en est-il de l’homme de Qafzeh et de Skhul qui paraissent aux yeux des spécialistes comme
très modernes18. Cheikh Anta Diop, les considère comme des « intermédiaires » mais pas comme des
premiers modèles de sapiens.19 Pour lui, il faut restreindre ce genre au type morphologique dans l’abri des
Cro-Magnon. Il est le premier homme fossile identifié comme tel et ancêtre présumé de la « race blanche ».
Et tout amalgame procède d’une ruse idéologique néocoloniale20.
12 Amélie Vialet, Sandrine Prat : « Une contribution de la Turquie au carrefour eurasiatique », colloque de France
3-4juillet 2018
13 C.A.Diop Civilisation ou Barbarie 1981
14 Richard Leakey : « Les hommes fossiles africains » in Histoire générale de l’Afrique UNESCO 1983 P.262
15 Cheikh Anta Diop 1967, Apparition de l’homme sapiens P.26
16 Selon Cheikh Anta Diop, la nature a crée six types d’homme, les trois premiers, sont les Australopithèques graciles
et robustus, les deux genres (Habiliis, erectus) : ils ont tous disparus. En outre, ils ne restent, que les trois autres, l’un
(Neandertal) est éteint et n’est probablement pas l'ancêtre de l’homme moderne. Les deux derniers sont le Grimaldien
qui apparait à 40.000ans, comme un prototype négroïde et donne naissance à l’homme blanc. Il n’est connu qu’au
solutréen (Cro-magnon). Il y’a 20.000ans. Cette lecture, parait tout à fait simpliste, aux yeux de l’anthropologie
moderne. Plutôt, la découverte de nombreux fossiles de nos jours, font reculer l’origine de la lignée humaine dans un
embranchement de 8Million d’année. (Voir tableau 1)
17 Cheikh Anta Diop 1954, 1968, 1981
18 B. Vandermeersch 1989, 1991
19 Cheikh Anta Diop 1981 P.34
20 Froment 1981, P. 34