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La complémentation directe et indirecte des verbes de perception en anglais - Philip Miller

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1
La complémentation directe et indirecte
des verbes de perception en anglais
Philip Miller, UMR 8528 SILEX, Université Lille 3
[email protected]
Introduction
Le but de cet article est d'examiner certaines motivations
sémantiques de l'alternance entre la complémentation directe et
indirecte des verbes de perception en anglais. 1 Plus spécifiquement,
je m'intéresse aux cas où le complément est un SN ou un SP dans
lequel la préposition introduit un SN. Je ne m'intéresserai donc pas
ici aux cas où le verbe de perception est suivi d'une complétive finie
(1a), infinitive (1b), gérondive (1c) ou d'un SP dont le complément
est une complétive extraposée (1d). 2
1 J'ai eu l'occasion de présenter le contenu de cet article à une Journée
d'étude du CIRLEP à Université de Reims, le 3 novembre 2000, ainsi qu'au
séminaire de linguistique anglaise de l'Université Lille 3 le 19 janvier 2001,
et dans un cadre de comparaison avec le français, au colloque « Complétude
et incomplétude », à Monbazillac, le 21 septembre 2001. Je remercie les
participants pour leurs remarques. En particulier, je tiens à remercier AnneMarie Berthonneau, Thierry Castelain, Liliane Haegeman, Ruth Huart, JeanCharles Khalifa, Maarten Lemmens, Brian Lowrey, Sabine Petit pour les
discussions que j'ai pu avoir avec eux sur certaines des analyses présentées
ici et leurs remarques. Enfin, certains des développements ci-dessous
doivent beaucoup au mémoire de maîtrise de Sabine Petit (Petit 1998).
2 Bien que cela n'ait pas une grande importance dans le cadre du présent
article, je soutiens, suivant en cela Kirsner et Thompson 1976, la position
selon laquelle dans tous les cas en (1) le complément du verbe de perception
est une proposition, dont le sujet n'est pas sémantiquement l'objet de ce
même verbe de perception. Dans les cas comme (1b,c), où l'on comprend
que le sujet de la complétive objet the children est une entité perçue, cet
élément de sens n'est pas déterminé par la grammaire, mais est une simple
inférence, que l'on tire de la perception de l'evénement dans lequel est
impliqué le sujet en question. En effet, il suffit de modifier le contenu de la
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2
(1) a.
b.
c.
d.
Sandy saw that the children were playing in the garden.
Sandy saw the children play in the garden.
Sandy saw the children playing in the garden.
Sandy saw to it that the children were playing in the garden
when Kim arrived.
De même, je ne m'intéresserai ici qu'aux interprétations strictement
perceptuelles des verbes de perception. J'exclus donc les
interprétations intellectuelles ou cognitives typiques des complétives
finies (2a), mais que l'on trouve aussi avec des groupes nominaux
objets (2b), et d'autres interprétations plus marginales comme celle
en (1d), dont on remarquera qu'elle est également possible lorsqu'un
SN est complément de la préposition to, et non une complétive
extraposée (2c).
(2) a. I then saw that he knew the answer.
b. Mrs. Carey could not see anything amusing in what she
heard, and she smiled with constraint. (Somers et Maugham,
Of Human Bondage)
c. She saw to his comfort.
L'un des éléments qui apparaîtra dans cette étude est
l'importance, pour la compréhension de la complémentation des
verbes de perception, des divergences entre la conceptualisation des
différentes modalités perceptives et la façon dont celle-ci interagit
complétive de sorte que la perception de l'événement auquel elle réfère ne
conduise pas à inférer la perception du référent du sujet pour que cette
interprétation disparaisse. C'est le cas dans des exemples comme (i) et (ii)
(où c'est sans doute le cochon et non le fermier qui a été entendu), empruntés
à Kirsner et Thompson; voir aussi Lowrey et Miller (à paraître):
(i) I saw all hell break loose.
(ii) I heard the farmer killing the pig.
Par ailleurs, une analyse détaillée montre que (1c) est en fait
structurellement ambigüe entre l'analyse esquissée ci-dessus et une analyse
où the children est objet direct, syntaxiquement et sémantiquement du verbe
de perception (cette analyse alternative n'étant pas disponible pour (1b)),
voir Declerck 1982, Felsner 1999, Lowrey et Miller (à paraître).
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3
avec les significations plus générales des différentes constructions
verbales (cf. Levin 1993, Goldberg 1995). Pour des raisons de place,
il ne me sera pas possible dans la présente étude de traiter de la
perception auditive (voir cependant Miller en prép.).
1. Modalité visuelle
Il est bien connu que l'anglais distingue deux grands groupes de
verbes référant à la perception visuelle, ceux en (3) qui se
construisent avec un objet direct, et ceux en (4) qui se construisent
avec un objet indirect, typiquement en at (mais pas exclusivement,
comme on le verra ci-dessous).3
(3) Objet direct: see, watch, (notice, observe, …)
(4) Objet indirect: look at, (glance at, glare at, peek at, peer at,
stare at, …)
Pour expliquer ce phénomène, nous commencerons par rappeler
l'alternance de complémentation entre objet direct et objet indirect en
at avec certains verbes dont le sens fait intervenir à la fois le
mouvement et le contact, appelée alternance conative (voir Levin
1993:41, Goldberg 1995:63-4).
1.1. Look et l'alternance conative
Considérons des paires d'exemples comme celles en (5a,b) et
(5c,d) où kick apparaît alternativement avec un objet direct, et avec
un objet indirect en at (on trouvera dans (5e) une liste partielle de
verbes permettant cette alternance, voir Levin 1993:41 pour plus de
détails).
(5) a. He kicked the embers apart. (London, Tales of the
Klondyke)
b. The bartenders there would not kick him. (Henry, Roads to
Destiny)
3
Voir les listes de Levin 1993:185 sq. pour plus d'exemples.
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4
c. “Chook! Mush-on! you Siwashes!” he cried, attempting, in a
vermicular way, to kick at them, and discovering himself to
be tottering on the edge of a declivity. (London, Tales of the
Klondyke)
d. Ylario tried to kneel upon the floor in his gratitude, but the
cattleman kicked at him benevolently, growling, “None of
your opery-house antics, now.” (Henry, Heart of the West)
e. hammer, hit, strike, bite, claw, peck, shoot, jab, poke, cut,
hack, scratch, nibble, chew, etc.
Pour les verbes de cette famille, dont le sens comprend à la fois un
composant de mouvement et un composant de contact, l'alternance
entre la construction directe et indirecte peut être décrite de la façon
suivante. Avec l'objet direct, le mouvement atteint sa cible, il y a
contact effectif, le référent de l'objet est un véritable patient,
l'événement décrit par le verbe a effectivement lieu. Ceci se voit
particulièrement clairement dans la construction résultative en (5a),
où le résultat du contact effectif est indiqué par la spécification du
changement dans la disposition des braises (apart) suite à
l'événement. Par contre, avec un objet indirect en at, le mouvement
est dirigé vers le référent de l'objet indirect, qui est une cible, mais
ne l'atteint pas, ou en tout cas ne l'atteint pas pleinement. Le référent
de cet objet n'est donc pas véritablement un patient, le contact n'est
pas complet, l'événement qu'on aurait avec un objet direct n'est pas
réalisé. Ceci se voit particulièrement bien dans un exemple comme
(5d). Les vachers dirigent des coups de pieds vers Ylario, mais n'ont
aucune intention qu'il y ait véritablement contact avec ce dernier
(comme le montre clairement l'adjonction de l'adverbe de manière
benevolently). Ylario est cible, et non patient, et l'événement “the
cattlemen kicked him” n'est pas réalisé.4
4
Cette interprétation de l'alternance paraît tout à fait naturelle dans le cadre
d'un travail comme celui de Gropen et al. 1991, qui montrent, par des
expériences psycholinguistiques sur l'acquisition des complémentations, que,
dans les alternances entre objet direct et indirect pour un même verbe, sans
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5
Considérons maintenant dans cette perspective les exemples de
look en (6).
(6) a. He looked at her, noting, as for the first time, the pansy blue
of the eyes that were his fiancé's best feature. (LOB P).
b. When I mentioned that for my first long voyage I did not
even have the money for the return fare, but had trusted to
luck that I would earn a sufficient amount, the young people
looked at me doubtingly. (LOB G)
c. With friendly brows and laughter // He looked me in the
eyes (Housman, Shropshire Lad XLII, in OED sub look)
d. The moment I looked him in the face I smelled mischief.
(Doyle, Stark Munro Letters)
(6a) et (6b) sont des emplois classiques de look, construit avec un
objet indirect en at. Par contre, en (6c) et (6d) look apparaît dans une
construction transitive directe qui n'est généralement pas discutée. 5 Il
apparaît donc que le verbe look entre dans l'alternance conative. Or,
il s'avère que la construction directe n'est possible que lorsque l'objet
direct réfère à un humain et est suivi de in the eyes ou in the face.
Cette contrainte sur l'alternance conative dans la complémentation de
look nous permet de mettre à jour de façon précise la métaphore
conceptuelle sous-jacente aux constructions de ce verbe (au sens de
Lakoff et Johnson 1980). Look dans sa complémentation habituelle
conceptualise le regard comme une entité en mouvement, dirigée
vers une cible, mais qui ne l'atteint pas, ou en tout cas pas
pleinement. La cible n'est pas un vrai patient, il n'y a pas
véritablement contact. Par contre lorsque le regard croise le regard
d'un autre, on parle en anglais de visual contact (comme en français
de contact visuel). C'est précisément cela qui est à l'œuvre dans les
changement majeur de signification, les référents des objets directs tendent à
être interprétés comme plus affectés que ceux des objets indirects
correspondants.
5 On trouve également cette construction avec stare, mais à notre
connaissance elle n'est pas attestée avec les autres verbes de la série (4).
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6
deux emplois directs illustrés en (6c) et (6d), le mouvement
métaphorique du regard atteint sa cible et il y a contact. On
contrastera ces emplois avec ceux donnés en (7).
(7) a. Marty scanned the faces of the others nearest him, looked
into their staring eyes. (Brown L)
b. For the past year it had become an increasing horror to look
into the silent faces of this crowd of men and women [...]
(Dixon, Foolish Virgin)
Ces exemples montrent que le seul fait de diriger le regard vers les
yeux ou le visage d'un autre ne permet pas la construction directe
automatiquement. Dans les exemples (7a,b), le contact visuel est
absent, la cible n'est pas atteinte, et la construction directe de type
(6) est impossible.
1.2. Look et la projection du regard
Cette conceptualisation de look comme la projection du regard
vers une cible est corroborée par les définitions choisies spontanément pour ce verbe dans les dictionnaires anglophones. L'OED, pour
look, propose une définition typique: “To give a certain direction to
one's sight; to apply one's power of vision; to direct one's eyes upon
some object or towards some portion of space.” 6 L'assimilation
spontanée de looking à eye-beaming dans l'exemple (8) va dans le
même sens.
6
Ceci est à contraster avec la définition proposée pour regarder dans le
Nouveau Petit Robert (sub regarder): “Faire en sorte de voir, s'appliquer à
voir (qqn, qqch).” Le TLF donne une définition plus proche de celle citée
pour look (sub regarder): “Diriger, fixer les yeux sur quelque chose, sur
quelqu'un, sur un spectacle.” Une étude comparative des verbes de
perception visuelle en français (cf. Miller en prép.) montre que regarder
couvre un domaine qui contient le plus gros des emplois de look et de watch.
La définition choisie par le NPR met en relief ce dernier aspect,
contrairement à celle du TLF.
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7
(8)
My uncle looked at Mr. Gorboduc. He [=my uncle] read
Henry James and used to pretend profundity through eye beamings at people. Mr. Gorboduc looked down. (Brown R)
On remarquera qu'à défaut d'atteindre pleinement sa cible, le regard
suscite une réaction de sa part, puisqu'en conséquence du regard de
l'oncle, Mr. Gorbuduc baisse lui-même les yeux. De la même façon,
si l'on kick at someone, cette personne aura tendance à réagir au
geste dirigé vers elle (en reculant, par exemple), même si elle n'est
pas véritablement patient.
Cette analyse du regard comme projection vers une cible est
encore corroborée par une série d'expressions périphrastiques où le
verbe look est remplacé par le nom converti, apparaissant comme
objet d'un verbe signifiant la projection:
(9) a. At the door, Cora, without pausing, threw him a look over
her shoulder: a full-eyed shot of frankest hatred.
(Tarkington, The Flirt)
b. The peddler threw a look at George, who nodded in answer.
(Colber and Groner, The Case of the Golden Bullet)
c. Soon as we had mounted, and as we turned into the trail I
gave a look back at my last night's lodging. (Wister, The
Virginian)
d. I'll give it a look tomorrow.
La langue nous dit donc que l'on peut lancer un look à ou vers une
cible ou encore le donner. On remarquera qu'en (9b), le regard sert à
poser une question plus qu'à percevoir la cible.
1.3. Les types ontologiques des compléments de look
Cette conceptualisation de look comme la pure projection du
regard, un peu comme la projection d'un faisceau lumineux qui serait
issu de l'oeil, explique une série de propriétés qui le font contraster
d'une part avec watch dans le domaine de la perception visuelle,
d'autre part avec listen dans le domaine auditif. Si l'on regarde en
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8
effet les types ontologiques des référents du complément de look, on
constate que l'on trouve des entités matérielles, animées comme en
(6a,b) ou inanimées comme en (10a). Par contre, lorsque look a une
interprétation perceptuelle stricte, on ne trouve jamais de SN ayant
comme référent un événement duratif. C'est ce qui est montré par
l'impossibilité de (10b) (le signe # marquant l'inacceptabilité
sémantico-pragmatique), que l'on opposera à (10c) avec watch.7
(10) a. Tommy looked at the clock in the nearby church. (LOB P)
b. #Tommy looked at the football match/television for over an
hour.
c. Tommy watched the football match/television for over an
hour.
Cette impossibilité s'explique aisément par les propriétés ontologiques de la métaphore conceptuelle qui sous-tend look. En effet, un
faisceau qui balaie peut conduire à la perception d'une entité, mais ne
permet pas d'appréhender un procès qui évolue dans le temps. Une
stratégie perceptive plus globale est nécessaire pour cela, comme
celle caractérisée par watch, sur lequel nous reviendrons ci-dessous.8
On notera cependant que lorsque look n'a pas une véritable
interprétation perceptuelle, mais une interprétation cognitive (comme
celles pour see en (2a,b,c) ci-dessus), il peut avoir pour complément
des entités abstraites duratives. C'est ce type d'exemple que l'on
trouve en (11).
(11) a. In self defence, Britain took the lead in creating the
European Free Trade Association. This completed the split,
7
Tommy looked at the television est en fait acceptable s'il s'agit de regarder
l'appareil en tant qu'objet matériel ou encore s'il s'agit de jeter un bref regard
sur l'écran, mais n'est pas acceptable dans le sens habituel de “regarder la
télévision”.
8 Les cas, très rares il est vrai, où look at est suivie d'une complétive non
finie de type (1b,c) (e.g. I looked at him run(ning)), sont a priori un contreexemple à cette généralisation et demandent à être examinés de plus prêt.
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9
and whether looked at from the viewpoint of that time or of
the present, it can be seen to have been inevitable. (LOB F)
b. In Laos, the administration looked at the Eisenhower
administration efforts to show determination by sailing a
naval fleet into Southeast Asian waters as a useless
gesture.(Brown A)
c. My intention, therefore, is not to say that Faulkner's
awareness has been confined within the borders of the
South, but rather that he has looked at his world as a
Southerner and that presumably his outlook is Southern.
(Brown G)
L'outil mis en oeuvre alors est “the mind's eye” et non l'oeil
physique, et le sens est proche de celui de consider. On notera en
particulier en (11b) la présence de la complémentati on avec attribut
d'objet en as typique de ce verbe utilisé comme verbe d'opinion
(même si elle est rejetée par certains manuels normatifs). L'exemple
(11c) est à la limite des interprétations conceptuelle et perceptuelle,
mais on notera que la paraphrase spontanée en outlook qui suit dans
le texte fait pencher la balance en faveur du cognitif.
L'exemple attesté donné en (12a) pourrait à première vue
sembler être un contre-exemple à la contrainte proposée. On notera
cependant que l'exemple (12b), superficiellement similaire, paraît
inacceptable avec look, exigeant au contraire watch. Ceci nous met
sur la voie de l'explication d'un exemple comme (12a) où l'on a une
interprétation du type “jeter un coup d'oeil sur” et “non regarder d'un
bout à l'autre.” Old silent films n'est donc pas interprété ici comme
dénotant des films en tant qu'événements duratifs, mais en tant
qu'entités que l'on peut appréhender comme un tout. (12b) est bien
entendu acceptable avec le même type d'interprétation.
(12) a. Producer Fellini should have looked at some of the old
silent films where they really had parties! The Dolce Vita
get-together boasted a strip tease [...] (Brown A)
b. #Fellini should have looked at the film. (ok: watched)
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10
1.4. Look et la direction du regard
La métaphore de la projection du regard vers une cible explique
aussi le fait qu'on a proportionnellement beaucoup moins d'emplois
intransitifs stricts avec look qu'avec listen. De même, on constate une
grande variété de prépositions et d'adverbes directionnels apr ès look,
phénomène qui n'apparaît pas du tout avec listen. C'est ce que l'on
voit dans les exemples en (13).
(13) a. I looked across at Nick Dowd. (LOB N)
b. He looked back at me.
c. He looked through the window at what was going on on the
other side.
d. The driver looked back [...] (LOB A)
e. [...] when he looks up from his book. (LOB F)
f. She sighed deeply, and looked away. (LOB K)
g. He looked from Vera to Sir Arthur and was astonished [...]
(LOB K)
h. [...] “how comes it that you can drink beer but not water?”
He looked piously to heaven and said, [...] (Brown P)
i. [...] without turning to look to right or left, [...] (Orczy, El
Dorado)
j. Land looked back toward the dilapidated house. (Brown L)
k. He stood up unsteadily and looked about the room [...]
(LOB M)
l. She looked round scanning the tables[...] (LOB P)
m. He has, it seems, looked through some astronomical records
[...] (LOB B)
n. He looked over my forms and [...] (Brown N).
Comme le montrent des exemples comme (13a,b,c), ces éléments
directionnels n'occupent pas la même position syntaxique ni le même
rôle sémantique que le complément indirect en at, puisqu'ils peuvent
être compatibles avec lui. Le choix d'un tel élément directionnel
après look permet de caractériser plus précisément l'orientation ou le
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11
cheminement du regard (le path de Jackendoff 1983) plutôt que la
cible. C'est le cas également en (13d,e,f) où la cible n'est pas
explicitée. Dans des exemples comme (13g,h,i,j), on pourrait penser
à première vue que le SP en to ou toward a le même rôle sémantique
que le complément en at de look. Cependant, une analyse plus
précise montre qu'il n'en est rien. 9 En effet, les prépositions to et
toward ne font qu'indiquer la direction du regard, et non la projection
vers la cible. On est dans un emploi purement orientationnel de to du
même type que celui qu'on trouve dans this sign points to the north.
En effet, on remarquera qu'en (13g) il s'agit de marquer le
changement de direction, tandis qu'en (13h) le référent de heaven est,
on peut le supposer du moins, invisible. (13i) indique simplement le
changement d'orientation du regard. 10 De même (13j,k,l) font
référence à l'orientation du regard, avec une forme de balayage pour
(13k,l). Des exemples comme (13m,n) semblent enfin combiner un
cheminement et une cible.
9
On trouve par ailleurs dans des états de langue antérieurs de véritables
concurrents de at, notamment (up)on, comme en (i):
(i) Before she could well look upon me, I addressed her (OED sub look,
1773)
10 Des exemples comme (i) à (iv) ci-dessous illustrent des cas de figure
différents où l'on n'a pas de la véritable perception, mais des emplois
intellectuels ou cognitifs. Pour (i) on peut gloser par direct attention to, pour
(ii) par count on et pour (iii) et (iv) par consider
(i) [...] but now let us look at some of the other indices that are customarily
charted, and which are looked to for their forecasting abilities.
(Brown J)
(ii) The administration at the same time, looks to the chairmen for strategic
aid in building stronger departments. (Brown H)
(iii) I always looked upon him as one of my best friends [...] (LOB G)
(iv) On such Saturdays I looked upon that man with more than ordinary
political hostility. I humanly loathed him. (LOB G)
Remarquer l'attribut d'objet en as en (iii) et la paraphrase par le verbe d'état
psychologique loathe en (iv).
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12
1.5. Look et l'interprétation des adverbes de manière
La métaphore de la projection du regard permet aussi de mieux
comprendre l'interprétation des adverbes de manière avec look. En
(14b), l'intention de Vera est de transmettre son mépris à celui qu'elle
regarde. La manière porte donc sur la façon dont le regard affecte
l'entité qui en est la cible. Dans ce contexte, il serait impossible de
rajouter without being seen. Par contre (14a) est ambigu. On pourrait
y ajouter without being seen. Dans ce cas, strange caractériserait
l'attitude de celui qui projette le regard. Mais une interprétation
comme celle de (14b) est aussi imaginable. Enfin, dans (14c), la
cible n'est pas un humain, et n'est donc pas susceptible d'interpréter
un regard. L'adverbe de manière indique une manière de regarder
choisie par le sujet pour modifier sa propre expérience perceptive.
(14) a. Larry looked at her a little strangely [...] (LOB P)
b. An expensively dressed little man turned a corner and
approached Vera. “How much do you charge, dear?” he
asked.Vera looked contemptuously at him. “More than you
could afford, my good man”. She stalked on, wryly amused.
(LOB K)
c. He looked very carefully at every piece of furnishing as
though hoping to store this information carefully in his mind.
(Brown K)
1.6. Le type ontologique des compléments de watch
Tournons nous maintenant vers le verbe watch, et plus
précisément vers le type ontologique de ses compléments. Comme le
montrent les exemples en (15a,b), à comparer à (10b,c), watch
permet des compléments dénotant des événements duratifs,
contrairement à look. On trouve d'ailleurs de nombreux exemples
avec des noms déverbaux dans leur interprétation événementielle
comme (15b). On remarquera que dans cet exemple, si o n remplace
watches par looks, on obtient une interprétation tout à fait différente
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13
et sémantiquement incompatible avec le contexte précédent, où
growth a son interprétation résultative et dénote une excroissance ou
une tumeur. De même, on trouve souvent des adverbes indiquant la
durée du watching. Watch n'est pas non plus incompatible avec des
entités matérielles, comme l'indique (15c), qui est à comparer à
(10a).
(15) a. Angelique [...], who had come to watch the match, tossed
her head at Emil and said [...] (Cather, O Pioneers!)
b. In other cases, in view of present-day knowledge of head
growth, orthodontists will recommend waiting four or five
years before treatment. The child is kept on call, and the
orthodontist watches the growth. (Brown F)
c. Tommy watched the clock in the nearby church.
Cependant, (15c) diffère de (10a) par le fait qu'il suggère l'attente
d'un changement dans l'état de l'entité observée. (10a) suggère un
regard jeté sur l'horloge pour connaître l'heure du moment. (15b)
suggère une attention prolongée pour voir quand une certaine heure
va arriver. La différence apparaît aussi clairement dans la paire
Watch me! vs. Look at me!, le premier suggérant que le locuteur va
se livrer à une démonstration, le second étant neutre à cet égard.
Contrairement à look, il apparaît que watch n'est pas conceptualisé
en termes d'une projection d'un regard vers une cible. Il n'y a aucune
directionalité impliquée. On peut le voir par exemple en notant
l'absence d'un choix de prépositions indiquant la direction du regard,
contrairement a ce que l'on avait vu dans les exemples (13) pour
look. On n'a pas watch away, watch back, watch round, watch
toward, .... Contrairement à ce que l'on avait vu en (9), on n'a aucune
expression paraphrastique du type throw someone a watch, give
someone a watch, etc. Enfin, les adverbes de manière n'ont pas la
même ambiguïté avec watch qu'avec look. Si on remplace look par
watch dans (14a), obtenant ainsi Larry watched her strangely, une
seule interprétation demeure, celle qui a trait à l'attitude de
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14
l'expérienceur. C'est ce qui explique qu'en remplaçant look par watch
en (12b), on perd complètement l'intention de la phrase de départ.
Par ailleurs, on remarque que watch, contrairement à look et see,
ne permet guère de compléments dénotant des entités intellectuelles.
On n'a ni des exemples semblables à (2a), ni des exemples du type de
ceux de la note 10, comme l'indique l'inacceptabilité de (16a,b,c).
Les cas où l'on se trouve le plus près d'une interprétation cognitive,
sont ceux du type (16d), où il s'agit cependant plutôt de veiller à son
comportement (même si l'on sort du domaine du visuel), que d'une
véritable signification cognitive de type understand ou consider.11
(16) a. *I then watched that he knew the answer.
b. *I always watched him as one of my best friends [...] (LOB
G)
c. *On such Saturdays I watched that man with more than
ordinary political hostility. I humanly loathed him. (LOB G)
d. You don't have to watch what you say. (Brown F)
1.7 Le statut de see
Nous n'avons guère encore parlé de see. Comme cela a souvent
été dit, il se distingue de look et watch par le fait de dénoter dans ses
emplois les plus habituels une action involontaire. 12 Par ailleurs, il
s'oppose à look (et s'aligne avec watch) par le fait qu'il permet des
compléments dénotant des événements duratifs. Il s'oppose à watch,
11
Pour (16c), l'étoile n'est applicable que sous une interprétation cognitive,
où loathed expliciterait watched comme dans l'exemple original de la note
10. Dans l'interprétation perceptuelle ordinaire, la phrase est bien formée.
12 La question dépasse le cadre du présent article, mais il est évident que le
statut involontaire de see est beaucoup moins clair qu'il ne peut y paraître à
première vue. Il suffit de penser à des exemples comme: Peter's in the
waiting room. Will you see him? ou I wonder who's at the door. I'll go see in
a minute. Evidemment, le sens de see n'est pas précisément le même dans
ces exemples que dans John saw the book et, dans le deuxième exemple see
a bien entendu comme complément une complétive elliptique et non un SN,
mais ces considérations ne résolvent pas entièrement le problème.
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15
par contre, en ce qu'il permet aisément des interprétations
intellectuelles et cognitives, comme c'est aussi le cas pour look.
Contrairement à watch, see est compatible avec certains SP
locatifs. Cependant, les faits sont différents de ceux que l'on a
constaté avec pour look dans les exemples (13) ci-dessus.
(17) a.
b.
c.
d.
*He saw across/back/away/up
*He saw piously to heaven / about the room
He could see (me) through the window
Gabriel from his elevated position could see over the
landscape at least half-a-dozen miles in front. (Hardy, Far
from the Madding Crowd)
e. They could see behind it the bent back of a man who was
pushing his head into the internal works to master their
simple secrets. (Hardy, The Mayor of Casterbridge)
f. You say you cannot see into the chart-room from the wheel
at night.How did you see him? (Rinehart, The After House)
g. [...] he could not see to the end of the rift. (Twain, Tom
Sawyer)
On voit que see est compatible avec des indications locatives, à
condition qu'elles ne soient pas strictement directionnelles. C'est
parce qu'elles violent cette contrainte que (17a,b) sont inacceptables.
Dans tous les cas acceptables, soit on a une préposition d ans un sens
clairement locatif comme over et behind en (17d,e), soit on a une
préposition strictement directionnelle through, to, into (17cf,g) mais
qui sert alors à indiquer le chemin jusqu'à un lieu qui fait l'objet de la
perception. On notera par contraste avec (17a) que (17g) est
possible, mais que dans ce cas l'interprétation n'est justement pas
directionnelle, mais locative, et que l'on peut paraphraser par as far
as (cf. Gruber 1967 qui a très bien mis en évidence cette contrainte
sur l'interprétation d'un objet indirect en to avec see). On remarque la
présence massive du modal could (ou can) dans ce type d'exemple.
Quand on tente de le supprimer, l'acceptabilité des phrases diminue
nettement. Les prépositions locatives dans ces phrases indiquent bien
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16
ainsi jusqu'où la perception visuelle est possible, et ne correspondent
en aucun cas à une directionalité du regard. De même, comme on l'a
noté pour look, on ne trouve pas d'expressions périphrastiques du
type give/throw a see.
En conclusion, on remarquera que pour les trois verbes, le sujet
est normalement un expérienceur effectif. C'est le cas habituellement
même pour look, comme l'atteste la réaction suite à l'expérience de
perception visuelle dans (18a). Cependant, comme le montrent un
exemple attesté comme (18b) et un exemple fabriqué mais tout à fait
naturel comme (18c), l'experience de perception est une conséquence
normale de looking, mais non une conséquence nécessaire. On peut
projeter son regard vers une entité sans qu'il y ait perception
effective de l'entité en question. Par contre, comme l'indique
l'impossibilité sémantico-pragmatique de (18d), watching implique
seeing et donc la perception du référent de l'objet direct.
(18) a. She looked at her watch and decided it was time for her
appointment with Sir Arthur. (LOB K)
b. In short, both his own declarations and his figural blindness,
when he looked at objects, [...] (Brown J)
c. He looked at it without seeing it.
d. #He watched it without seeing it.
Peut-être peut-on essayer de lier la construction transitive directe de
ces deux derniers verbes au fait qu'ils impliquent la perception de
l'objet, mais la validité de cette hypothèse est encore loin d'être
démontrée.
2. Modalités tactile et olfactive
La complémentation des verbes de perception pour les modalités
tactiles et olfactives est beaucoup moins étudiée que celle pour les
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17
modalités visuelles et auditives.13 Souvent, le discours se limite à
dire que l'on n'a pas pour ces modalités une alternance entre verbes
de perception volontaire et involontaire (e.g. Quirk et al:204, 746), et
que la complémentation se fait par un objet direct. 14 Il s'avère qu'il
s'agit là d'une simplification de la situation. En effet, ces deux verbes
permettent l'alternance conative discutée en 1.1. ci-dessus, comme le
montrent les exemples suivants.
(19) a. But I smelled the coffee [...] (Brown L)
b. In this patch was a round scab. Lily-yo felt it. It was
immensely hard. (LOB M)
(20) a. Madame always felt faint when anything unexpected
occurred, and smelled at the pretty bottle, but she never
fainted. (Wilkins Freeman, Copy-Cat and Other Stories)
b. Many a village Bose, fit only to course a mud-turtle in a
victualling cellar, sported his heavy quarters in the woods,
without the knowledge of his master, and ineffectually
smelled at old fox burrows and woodchucks’ holes;
(Thoreau, Walden)
c. Soon, Madame Defarge's hands ceased to strike, and felt at
her encircled waist. “It is under my arm,” said Miss Pross, in
smothered tones, “you shall not draw it.” (Dickens, Tale of
Two Cities)
d. [...] so close that there was not room now to squeeze my
finger between the bed-top and the bed. I felt at the sides,
and discovered that [...] (Collins, After Dark)
13
C'est encore plus vrai de la modalité gustative, que nous n'étudierons pas
ici faute de place, et faute d'avoir pu réunir un corpus d'exemples suffisant à
ce stade de la recherche.
14 Levin 1993, qui est pourtant généralement très fiable, ne donne que les
constructions avec objet direct pour smell et feel (cf. p.185-7), et ne les
mentionne pas comme permettant l'alternance conative (cf. p.41-42).
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18
Les exemples en (19) illustrent le cas de figure habituel avec objet
direct. On notera que l'interprétation est effectivement ambigüe entre
la perception volontaire et involontaire. Par contre les exemples (20),
avec des objets indirects en at illustrent l'alternance conative pour
ces verbes. De tels exemples, même s'ils sont clairement
minoritaires, ne sont pas très difficiles à trouver. On obtient un type
d'interprétation similaire à celui qu'on a pour look mais qui est de
toute évidence marqué pour ces verbes, alors qu'elle est normale
pour look. La perception est nécessairement volontaire. Dans le cas
de la modalité olfactive, le sujet agent dirige sa faculté olfactive vers
une cible, sans qu'il n'y ait cependant contact. Dans (20a), le but n'est
pas de percevoir la bouteille (qui en tant que telle n'a pas d'odeur),
mais de diriger l'odorat vers celle-ci afin d'en percevoir le contenu.
De même, en (20b), le but du chien n'est pas de sentir l'odeur des old
fox burrows en tant que tels, mais bien les odeurs des renards (ou
autres) qui y auraient séjourné. Sans doute cette complémentation
est-elle beaucoup moins habituelle avec smell qu'avec look, parce
que l'odorat n'est normalement pas pris dans un réseau de métaphores
de type projection d'un rayon vers une cible. On ne dit pas *To throw
a smell at something (cf. (9)) et on ne constate pas avec smell la
variété de spécifications directionnelles discutées pour look en 1.4.
ci-dessus.
Dans le cas de la modalité tactile, la construction en at traduit
habituellement une situation où le sujet agentif explore une région au
moyen des doigts et de la main, à la recherche d'une propriété de la
région qui ne serait décelable que par le toucher. L'agent dirige donc
sa faculté tactile vers l'entité explorée. Dans la réalité de la situation,
il y a généralement contact des doigts avec quelque chose (her
encircled waist en (20c), the sides en (20d)), mais l'entité avec
laquelle il y a contact n'est a priori pas l'entité que l'on souhaite
percevoir, ou encore, l'on souhaite percevoir une propriété
particulière de l'entité en question. C'est en ce sens que l'on retrouve
les conditions typiques de l'alternance conative. Le contact n'est pas
effectif avec l'entité ou la propriété recherchée. Le toucher est dirigé
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19
vers cet objet ou cette entité, mais ne l'atteint pas pleinement. On
remarquera que contrairement à smell, feel permet certaines
constructions périphrastiques fondées sur la métaphore du toucher
qui se projette vers une cible. On trouve par exemples des emplois
comme Let me give it a feel, similaires à (9d). Cependant, les types
(9a,b,c) ne sont apparemment pas attestés avec le nom feel. De
même, on trouve des indications spécifiant le cheminement des
doigts explorateurs avec feel, comme nous l'avons vu en (13) cidessus.
L'expérience effective de la perception est la situation habituelle,
mais elle n'est nullement nécessaire. Comme l'indiquent (21a, b), on
peut feel at ou smell at X sans effectivement percevoir ce que vers
quoi on dirige sa faculté perceptive.
(21) a. He smelled at the bottle, but couldn't smell anything at all.
b. He felt at the sides of the bed, but couldn't feel anything
there.
Dans le contexte de la modalité olfactive, il est un autre verbe
qu'il faut mentionner, parce qu'il concurrence smell, et qu'il peut
jusqu'à un certain point lui servir de pendant sur le plan de la
perception volontaire, il s'agit de sniff. Bien que ce verbe ne soit
généralement pas mentionné dans le cadre des verbes de perception,
les exemples en (22) montrent à quel point il s'intègre en fait dans un
système avec smell.
(22) a. On the table was a pile of trusses, yellow wash-leather hoops
tangled together. They looked new and living. Paul sniffed
the odour of new wash-leather. He wondered what the things
were. (Lawrence, Sons and Lovers)
b. the Baron started and sniffed at him. “Vat a strange smell
you have!” he exclaimed. (Clousten, Count Bunker)
c. A dog came bounding into the glade. He leaped the brook,
hesitated on the bank, and lowered his nose to sniff at the
water. (Grey, Spirit of the Border)
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20
Comme le montrent les exemples (22), sniff permet l'alternance
conative,15 et une étude de corpus montre que les deux constructions
sont à peu près également représentées. On constate de plus que les
compléments directs de sniff dénotent typiquement des entités
volatiles, susceptibles d'être aspirées par le nez, comme dans
l'exemple (22a). Par contre, les compléments indirects en at dénotent
des entités matérielles, cibles vers lesquelles est dirigée l'activité
d'aspiration. On voit ici que les conditions de l'alternance conative
sont clairement remplies. L'entité volatile, réalisée comme objet
direct, est un véritable patient du sniff. Elle est affectée, dans la
mesure où elle est déplacée et entre dans le nez. Par contre, pour les
entités matérielles, réalisées comme objet indirect en at, c'est
l'inverse. Si l'on sniff at the water, l'eau n'en est pas affectée, elle est
seulement cible. Si par contre si l'on sniff the water, on risque de se
noyer, ou du moins d'avoir des sensations très désagréables au
niveau des voies respiratoires.
Conclusion
Dans cette brève étude, j'espère avoir montré que certains
aspects de la complémentation des verbes de perception, et de la
rection des prépositions dans leurs compléments, peuvent s'expliquer
dans la perspective du système plus général de la rection des obj ets
directs et indirects en anglais. Pour des raisons de place, certains
faits importants n'ont pas pu être discutés autant qu'il le mériteraient.
En particulier, la modalité auditive, les emplois cognitifs ou
intellectuels et l'analyse comparative avec le français. Ces questions
seront abordées dans des publications à paraître.
15
Ce que note d'ailleurs Levin 1993:42), mais sans en tirer aucune
conséquence.
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21
Références
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In Levin, Beth and Steven Pinker (eds.). Lexical and Conceptual
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réédition de Cognition: International Journal of Cognitive
Science 41, 1991)
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Jackendoff, Ray. S. 1983. Semantics and Cognition. Cambridge,
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Lakoff, George and Mark Johnson. 1980. Metaphors We Live By.
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Lowrey, Brian et Philip Miller. à paraître. La complémentation des
verbes de perception en français et en anglais. In Philip Miller et
Anne Zribi-Hertz (éds.), Essais sur la grammaire comparée du
français et de l'anglais. Presses Universitaires de Vincennes
Miller en prép. Etude contrastive anglais francais des emplois des
verbes de perception.
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22
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maîtrise, Université Lille 3.
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Trésor
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la
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http://frantext.inalf.fr/tlf.htm
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