symbole de la Porte, il ouvre sur le domaine de l’Unicité pure et totale. Ce
schéma est celui de tout processus initiatique, et, bien que repris sous diverses
formes, il se résume toujours à ce principe quinaire.
Pour revenir à l’histoire du Prophète Ibrahim, les quatre oiseaux coupés
en morceaux représentent la perte des moyens opératifs de réalisation. L’appel
lancé par Ibrahim permet de les revivifier et de les réunir autour de lui et de
reconstituer le quinaire originel. Nous retrouvons sous la plume de René Guénon
un passage similaire concernant la tradition chinoise : « la tradition chinoise
rapporte, en termes symboliques, que “Niu-Koua (sœur et épouse de Fo-hi, et
qui est dite avoir régné conjointement avec lui) fondit des pierres des cinq
couleurs pour réparer une déchirure qu’un géant avait faite dans le ciel”
(apparemment, quoique ceci ne soit pas expliqué clairement, en un point situé
sur l’horizon terrestre) », en note il ajoutait : « Ces cinq couleurs sont le
blanc, le noir, le bleu, le rouge et le jaune, qui, dans la tradition extrême-
orientale, correspondent aux cinq éléments, ainsi qu’aux quatre points
cardinaux et au centre. »
. Rappelons, toujours selon R. Guénon, que le
blanc n’est pas une couleur mais le principe de toutes les couleurs.
Sans développer outre-mesure ce passage, nous noterons que les
quatre éléments évoqués symbolisent les phases intermédiaires du
processus initiatique. Elles représentent les moyens de réalisation propres à
toute quête spirituelle. Le Prophète Ibrahim ouvrant le dernier âge du cycle
humain nous indique les modalités de revivification de ces moyens dans
une perspective de fin de cycle. L’appel d’Ibrahim permettant la
revivification des oiseaux (moyens initiatiques) se traduit par la volonté
sincère de parvenir au but de son existence qui n’est autre que la rencontre
du Passeur et la Délivrance de toute contrainte. Quand le Christ dit :
« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai
du repos »
, nous retrouvons le même symbolisme. La volonté sincère de
parvenir au but se traduit ici par l’effort d’aller à lui (Venez à moi), le
Verbe de Dieu. En disant : « Je vous donnerai du repos », il dit je vous
ferai accéder au centre (Paradis) le lieu de la Paix
. Le rapport des ces deux
récits réside dans le processus menant au Verbe qui est la quintessence.
C’est lui qui est la Porte de Dieu. Nous devons aller au Verbe comme les
quatre oiseaux retournent au Verbe incarné par le Prophète Ibrahim. Pour y
parvenir il faut retrouver les quatre moyens immuables qui mènent à lui.
Concernant le parallèle qu’il est possible d’établir avec les quatre
cycles ou Âges de l’homme (or, argent, airain et fer), l’être doit effec tuer
symboliquement une remontée de ces cycles pour réintégrer le centre
originel et s’élever aux états supérieurs. Ces quatre âges sont les quatre
phases de la Chute adamique et donc une Descente aux enfers. La remontée
Cf. « Le Règne de la quantité et les Signes des temps », p. 171.
Cf. Matthieu 11/25-30.
En islam le centre est appelé « Dâr as-Salâm », la Demeure de la Paix.