Le phénomène Kolgwéogo s’est développé sous nos yeux et l’État n’a pu
empêcher que ce groupe d’autodéfense ne soit un facteur de nuisance
supplémentaire dans un contexte post insurrectionnel où l’incivisme
avait le vent en poupe et l’État était très affaibli par 27 ans de dictature
de Blaise Compaoré. Des responsables comme Simon Compaoré l’actuel
patron du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès), en tant que
ministre d’État, ministre de la Sécurité nationale, peut méditer
aujourd’hui sur son action ou inaction sur ce problème. Ce sont les
communautés, qui, les premières, se sont levées contre les exactions de
ces groupes à Ténado et dans l’ouest où, pour des raisons culturelles
entre autres, leur implantation a été freinée. On ne crée que plus de
misères en affaiblissant l’État. On le voit aujourd’hui avec les drames de
Yirgou et les conflits communautaires qui ont surgi dans le pays. C’est de
bonne guerre pour les terroristes d’exacerber tous les différents qui
peuvent nuire à la cohésion nationale.
3) L’État affaibli, absent et défaillant
Les Africains ont longtemps adulé les pouvoirs absolus, confondant
immobilisme avec stabilité. Les partisans de la stabilité du pouvoir ne
faisaient aucune référence aux libertés des citoyens et à la prospérité de
la population. Après avoir consolidé son pouvoir et écarté toutes
velléités d’opposition, le président Blaise Compaoré était devenu sourd
aux cris de misères de la population. Des pans entiers du territoire était
en déshérence, sans aucun contact avec l’État : pas de routes, pas
d’écoles, pas de poste de santé : rien. C’était la « zone » où tous les
contrebandiers, les criminels et les trafiquants d’armes, de drogue, de
cigarettes, et de médicaments imposaient leurs lois. En prônant et
appliquant le concept de l’homme fort au détriment d’institutions
fortes, on met en avant le modèle de gouvernance mafieuse où c’est le
chef de bande, qui fait la loi selon ses humeurs et ses désirs et toute la
bande obéit. Ce qui crée les conditions pour que la corruption prospère