opposition au savoir philosophique » (Foucault, 1983 : 3). Est définie
comme historique, par exemple, « la connaissance qui circonscrit la
pleurésie par ces quatre phénomènes : fièvre, difficulté de respirer, toux
et douleur de côté », c.-à-d. l’ensemble des symptômes observables
(Foucault, 1983 : 3). La connaissance philosophique concerne, quant à
elle, « l’origine, les principes et les causes » (Foucault, 1983 : 3). La
médecine classificatrice est donc principalement descriptive, en ce sens
qu’elle se concentre sur les symptômes de la pathologie, plutôt que sur
ses causes. De plus, elle porte un regard synchronique sur la maladie et
n’accorde, de façon générale, que très peu d’intérêt à son déroulement et
à l’évolution des symptômes dans le temps. Pour reprendre l’expression
imagée de Foucault, « les enchaînements se dénouent et le temps
s’écrase : une inflammation locale n’est pas autre chose que la
juxtaposition idéale de ses éléments historiques (rougeur, tumeur,
chaleur, douleur) sans que vienne en question leur réseau de
détermination réciproque ou leur entrecroisement temporel » (Foucault,
1983 : 4).
Le second principe qui caractérise la médecine classificatrice réside
dans sa méthode analogique. Pour déterminer la nature et l’espèce
exactes de la maladie, le médecin doit procéder par analogie, des
symptômes semblables suggérant une seule et même espèce de maladie.
Le troisième principe suppose, quant à lui, que « la forme de l’analogie
découvre l’ordre rationnel des maladies » (Foucault, 1983 : 5). Foucault
suggère ici que l’analogie n’est pas qu’un simple outil théorique. Elle
constitue la clé de voûte des « liens de parenté » entre les différentes
pathologies. Ce qu’il importe ici de comprendre, c’est que la nosologie
postule qu’il existe des espèces de maladies au même titre qu’il existe
diverses espèces de végétaux ou de vertébrés. Enfin, le quatrième
principe concerne le caractère « essentialiste » des maladies dans la
théorie nosologique. En fait, la médecine nosologique conçoit que la
maladie a une existence propre, autonome, abstraction faite du patient
et de son corps. Le malade et ses caractéristiques personnelles sont
plutôt envisagés comme une source d’interférence, brouillant
l’expression « naturelle » de la maladie : « À la pure essence nosologique
[…], le malade ajoute comme autant de perturbations, ses dispositions,
qui par rapport au noyau essentiel, font figure d’accidents » (Foucault,
1983 : 6). Aussi, afin de déterminer la nature du mal qui investit le corps,
le médecin devrait littéralement soustraire de son objectivation les
particularités individuelles du patient et en isoler les effets dans son