avant deux heures. Autant dormir jusque-
là pour ceux qui le peuvent.
Notre maison se trouve presque à la
limite de la Veine. Je n'ai que quelques
porches à passer pour atteindre le terrain
vague qu'on appelle le Pré. Un haut
grillage surmonté de barbelés le sépare de
la forêt. Il encercle entièrement le district
Douze. En théorie, il est électrifié vingt-
quatre heures sur vingt-quatre pour
éloigner les prédateurs les meutes de
chiens sauvages, les pumas solitaires, les
ours qui menaçaient nos rues, autrefois.
Mais, comme on peut s'estimer heureux
quand on a deux ou trois heures
d'électricité dans la soirée, on le touche
généralement sans danger. Malgré ça, je
prends toujours le temps de m'assurer de
l'absence de bourdonnement révélateur.
Pour l'instant, le grillage est plus
silencieux qu'une pierre. Dissimulée par
un buisson, je me couche sur le ventre et
rampe à travers une déchirure de soixante
centimètres, que j'ai repérée il y a des
années. II existe d'autres entailles dans le
grillage, mais celle-ci est la plus proche de
chez nous, et c'est presque toujours par là
que je me faufile dans les bois.
Une fois sous les arbres, je récupère
mon arc et mon carquois dans un tronc
creux. Électrifié ou non, le grillage tient
les carnassiers à distance du district
Douze. Dans la forêt, en revanche, ils
abondent, et leur menace s'ajoute à celle
des serpents venimeux, des animaux
enragés ainsi qu'à l'absence de sentiers.
Mais on y trouve aussi de la nourriture, si