
Finance & Finance Internationale N°2 janvier 2016
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incarnent un certain esprit d’équité et de justice par rapport à l’univers souvent impitoyable
de la finance occidentale ».2 [OCDE 2009]
L’islam repose sur des principes à la fois éthiques, moraux, sociaux, et religieux pour
défendre l’égalité, l’équité et le bien-être de toute la société. Elle incite à l’honnêteté, à la
confiance, au respect de l’autrui et à la justice sociale. La finance islamique, elle, puise ses
fondements des préceptes de la Charia et offre un modèle à la fois rentable et éthique3.
Dans le système capitaliste moderne, le fait économique est tout à fait autonome de toute
considération religieuse. En revanche, pour l’économie islamique, la religion est tout à fait
présente dans tout processus économique ou financier. Dès lors, l’acte économique ne peut
pas s’effectuer en dehors du champ de la religion islamique. En effet, « la culture islamique
ne peut intégrer l’utopie occidentale d’un marché autonome […] qui suppose que l’Homme
n’agit qu’en fonction de son intérêt individuel et de la possession des biens économiques.
Tout à l’opposé, l’économie s’insère en islam dans une rationalité qui n’est ni individuelle, ni
collective, mais essentiellement réglée par le besoin de sauvegarder l’intégration sociale »4.
Le but de l’activité financière islamique est d’établir un équilibre social, éthique et moral au
niveau des relations économiques. La banque islamique a pour mission d’offrir aux sociétés
des modes de financement alternatifs conformes aux préceptes de la Charia. De là, la relation
entre la banque et ses clients repose sur la confiance mutuelle renforcée par des convictions
religieuses communes.
Les principes de la Charia appliqués par la banque islamique mettent l’accent sur
l’interdiction des facteurs majeurs liés aux crises financières tels que les taux d’intérêt, la
spéculation, la titrisation, le manque de transparence, l’asymétrie de l’information et la prise
des risques excessives dans les opérations financières. Dans ce sens, la titrisation qui consiste
à transférer un risque d’une société à une autre, est rejetée par la finance islamique étant
donné que la banque doit assumer pleinement le risque lié à n’importe quelle opération
qu’elle effectue.
La doctrine économique islamique interdit le transfert des dettes et des risques puisqu’elle se
fonde sur le principe de partage des profits et des risques. Elle incite le banquier à mieux
analyser les risques avant d’effectuer de telle ou telle opération parce qu’il est censé l’assumer
pleinement. Dans le cadre de l’ingénierie financière islamique, seule la titrisation basée sur un
transfert de la propriété du bien tangible sur la base duquel repose l’opération en question est
2 Organisation de la coopération et du développement économique : OCDE, » rapport annuel 2009 »,
consultable sur : www.oecd.org, consulté le 10/05/2013.
3 L’islam est la religion qui incite l’homme à s’engager davantage dans le processus du développement
économique et social visant le bien être individuel et collectif. Pour l’islam, l’Homme est investi d’une
mission par Dieu consistant à animer toute activité de création, de mise en valeur, de protection, de
développement des ressources mises à la disposition de l’humanité. (Cette mission est appelée
ISTIKHLAF et l’œuvre humaine est qualifiée AL IIMAR ).
4 Isabelle CHAPELLIERE, « éthique et finance en islam », édition Koutoubia, Novembre 2009, P : 55.