LE RÔLE DES VALEURS ET DE L’ÉTHIQUE DANS L’ÉDUCATION PROF. VISHWANATH PANDIT Economiste éminent, le Prof. Pandit a obtenu son doctorat à l’Université de Pennsylvanie, Philadelphie, où il a travaillé avec le Prof. Lawrence Klein, prix Nobel d’économie. Il a aussi enseigné dans des universités de renom aux Etats-Unis et au Royaume-Uni en tant que professeur invité. En 1999, il a été nommé par les Nations Unies à New York, Président du groupe d’experts en modélisation politique pour les pays sous-développés. Il a été élu Président de la Société Indienne d’Econométrie en 2001-02. Il a également exercé la fonction de conseiller auprès du Ministère de la Planification du gouvernement du Sri Lanka en 198990. Récipiendaire du Swami Pranavananda Saraswati National Award de l’University Grants Commission (la commission des subventions universitaires indienne) en 2004, le Prof. Pandit a pendant longtemps exercé différentes fonctions au sein de l’Ecole d’Economie de Delhi, y compris celles de Chef du Département d’Economie et de Directeur du Centre de Développement Economique. En août 2008, Bhagavan Sri Sathya Sai Baba lui avait accordé ses bénédictions pour qu’il devienne le 8ème vice-recteur de l’Institut Sri Sathya Sai d’Enseignement Supérieur. Auparavant, depuis 2001, il avait contribué à mettre sur pied le Département d’Economie de cette même université. Ci-dessous, vous trouverez la transcription révisée du discours qu’il a prononcé à l‘occasion du Cours d’Eté de Culture et de Spiritualité Indienne organisé du l0 au 12 juin 2011 par l’Institut Sri Sathya Sai d’Enseignement Supérieur. J’offre mes pranams affectueux aux Pieds de Lotus de notre bien-aimé Seigneur, Bhagavan Sri Sathya Sai Baba avec humilité. Vénérables aînés, messieurs les invités, membres distingués de la faculté et très chers étudiants, Sairam à vous tous. 1. INTRODUCTION C’est certainement un grand événement pour l’institut, pas seulement parce que les professeurs et les étudiants de tous les campus se sont réunis au début de la nouvelle année académique, pas seulement parce que des questions vitales concernant l’éducation sont discutées pour l’orientation future, mais beaucoup plus, parce que nous pouvons nous assurer que le vénérable Recteur fondateur de cette université est ici avec nous et parce que nous sommes résolus à nous reconsacrer à Sa mission divine dont l’éducation est la pierre angulaire. Bhagavan nous a souvent dit que Ses institutions pédagogiques ont été fondées pour fournir des modèles au monde de demain et que pour cette raison, le monde nous observerait. A ceci, j’aimerais ajouter avec conviction qu’aujourd’hui, Lui-même nous regarde. Soyons en conscients à chaque instant. En traitant le sujet qui m’a été assigné, nous devons d’abord comprendre que l’éducation est le processus conçu pour faire émerger la bonté cachée et les capacités des êtres humains. Il y a plus de 2000 ans, les philosophes grecs employaient le terme ‘’Educare’’, qui a été largement utilisé lors de réflexions récentes. Pour lui donner plus de profondeur ainsi qu’un sens supérieur en fait, il a été dit que : ‘’Les éducateurs devraient concevoir les méthodes les plus simples et les plus efficaces pour tourner l’esprit vers la lumière. Pas pour y introduire la vision, car il a déjà cette faculté, mais pour corriger son orientation, car elle n’est pas tournée dans la bonne direction.’’ - Platon, la République, 375 Plus couramment, dans le monde actuel, il faut voir que l’éducation consiste en trois éléments, à savoir, l'information, la connaissance et la sagesse qui se suivent séquentiellement de sorte que nous aboutissons en fin de compte à la sagesse. Tandis que la connaissance, soutenue par l’information, développe les facultés et les capacités humaines pour réaliser beaucoup de choses de la meilleure façon possible, c’est la sagesse qui guide pour décider des priorités. Au bout du compte, tout ce qu’on entreprend doit avoir du sens, non seulement pour soi, mais plus encore pour la société dans laquelle on vit. L’intérêt personnel éclairé pourrait être le point de départ, mais on doit s’élever bien au-dessus de cela. 2. LE MAUVAIS VIRAGE Ces dernières décennies, nous avons assisté à un développement phénoménal d’une portée incroyable dans l’acquisition de l’information et de la connaissance dans le monde entier. Malheureusement, ceci s’est accompagné d’autres développements. D’une part, pour de nombreuses raisons que nous n’avons pas besoin d’aborder maintenant, de grosses parties de l’éducation sont devenues un commerce florissant et ont donc été plus ou moins corporatisées. Par-dessus le marché, il y a un second développement qui s’étend sur une période plus longue, mais qui a atteint un point critique, ces dernières décennies. Je parle du fait que la sagesse a cessé d’être une composante importante du programme d’éducation. Et c’est même pire : comme quelqu’un l’a dit, la sagesse et la vertu ont été remplacées par le vice et la folie. Tout le monde peut constater les conséquences de ces développements. L’éducation, particulièrement au niveau supérieur, a rendu les humains avides et égocentriques. Swami Ranganathananda, le onzième président de la Mission Ramakrishna, le dit magnifiquement en faisant allusion aux dix commandements de Moïse. Il dit : Moïse nous a donné les 10 commandements, mais aujourd’hui, les gens qui ont fait des études supérieures pensent qu’il y en avait 11 et ils suivent ce 11ème commandement qui dit : ‘’Même si vous désobéissez à chacun des 10 commandements, assurez-vous de ne pas être pris par la loi.’’ Voilà l’éducation actuelle. - Swami Ranganathananda, Prabuddha Bharata, Février 2011 Elle enseigne aux étudiants des manières élégantes par l’entremise desquelles le système qui prévaut peut être manipulé à leur avantage. Nous sommes continuellement confrontés à l’impact de ce système dès l’entame de notre journée. Les journaux regorgent d’histoires relatant des crimes à tous les niveaux impliquant des enfants, des femmes, des groupes sociaux et des communautés. Au lieu d’aider les autres, l’esprit se braque sur l’élimination de tous les obstacles qui se dressent, à tort ou à raison, entre moi et mes objectifs égoïstes. La corruption est devenue l’ordre du jour. Il y a des liens puissants entre les politiciens, la bureaucratie et le secteur des grandes entreprises au détriment du pauvre citoyen et de ses droits et besoins fondamentaux. Des personnes très instruites et très compétentes sont impliquées diversement à différents niveaux. La fidélité au 11ème commandement est absolue. Comment et pourquoi le monde a dû subir la terrible récession globale de 2008 constitue l’exemple le plus douloureux de ce phénomène. Les souffrances qui en ont résulté ne sont pas terminées. Des millions de personnes n’ont toujours pas trouvé d’emploi. Des tas de gens ont perdu ce qu’ils avaient économisé toute leur vie durant pour leurs vieux jours. Des millions de ménages n’ont pas accès aux soins de santé ni à l’éducation pour leurs enfants, même dans des pays qui sont considérés comme riches. Ce n’est pas l’occasion d’entrer ici dans les détails. Je voudrais faire une seule observation : Le bienveillant Seigneur de l’univers a fourni à l’humanité tout ce dont elle a besoin : des ressources naturelles précieuses, une intelligence qui peut penser et discriminer et surtout, un cœur rempli de compassion. Tout ce que nous avons à faire, c’est utiliser efficacement ces dons de Dieu pour nous-mêmes et pour les autres. Je me tourne à présent vers un problème spécifique pour voir comment les politiques sont mal conçues. Comme je l’ai déjà dit, une majorité de pays, dont les Etats-Unis et les pays européens sont aujourd’hui touchés par des taux de chômage sans précédent, ce qui à son tour conduit non seulement à une triste inégalité de revenus et de richesses, mais aussi à des problèmes sociaux plus profonds. Une théorie fausse et simplifiée à l’excès est utilisée pour promouvoir ce que l’on appelle ‘’la consommation’’, comme solution pour un excès de chômage. Ceci n’est pas réellement neuf et nous pousse à nous rappeler un poème écrit, il y a trois siècles : Alors que le luxe employait un million de pauvres gens et l’odieux orgueil un million d’autres, L’envie elle-même et la vanité se pavanaient comme ministres de l’industrie, Et leur folie chérie – leur caprice pour les mets, le mobilier et les vêtements – Ce vice étrange et ridicule fut transformé en moteur du commerce. - Bernard Mandeville : La Fable des Abeilles : vices privés, bénéfices publics (1714) Dans le monde actuel, à l’inverse d’il y a deux siècles, même la consommation aveugle ne fonctionne pas. Bien que les vices privés pullulent, les bénéfices publics sont absents. De nouvelles complexités sont manifestement à l’œuvre et celles-ci doivent être bien comprises avant de trouver des solutions efficaces. Une éducation authentique doit nous aider à faire face à un chômage global et à des inégalités sans précédent dans le monde entier. Ce qui ne va pas avec le système d’éducation qui prévaut et pourquoi celui-ci doit être changé a reçu l’attention de nos meilleurs penseurs. Il y a plus de cinquante ans, Bertrand Russell luimême nous a mis en garde : ‘’La race humaine a survécu jusqu’ici en raison de son ignorance et de son incompétence. Mais avec la connaissance, la compétence et la folie en plus, il n’y a aucune certitude de survie. Le savoir est pouvoir, mais pouvoir maléfique autant que bénéfique. A moins que l’homme ne croisse en sagesse autant qu’en savoir, la croissance en chagrin est une chose certaine.’’ - Bertrand Russell, L’impact de la Science sur la Société (1960) 3. L’ISSUE Il doit y avoir une issue qu’il nous faut identifier. C’est ici que nous avons d’abord besoin des conseils divins que Bhagavan nous a donnés, il y a longtemps. Nous devons seulement comprendre et mettre en pratique ce qu’Il dit : ‘’L’éducation implique l’élargissement du cœur et le développement du contrôle des sens. Elle devrait faire en sorte que l’on recherche à promouvoir le bien du monde. Sans cela, l’éducation est sans valeur.’’ - Bhagavan Sri Sathya Sai Baba Il insiste sur le contrôle des sens, ce qui à son tour, nécessite de contrôler le mental. En réponse à une question posée par le Dr Hislop, Swami souligne le rôle de l’esprit, quand Il dit : ‘’La méthode appropriée pour traiter l’esprit, c’est d’orienter son activité vers de bonnes actions et de bonnes pensées et de ne pas laisser le champ libre aux mauvaises pensées et aux mauvaises actions.’’ Il n’est donc guère surprenant qu’Il n’ait de cesse de nous répéter de ‘’maîtriser l’esprit’’ de telle manière que les sens soient nos serviteurs et non nos maitres. Les Ecritures du Sanathana Dharma nous exhortent aussi depuis des millénaires : Puisse mon esprit, qui est l’instrument qui permet d’obtenir les connaissances particulières et globale, qui est la stabilité même, qui est la Lumière immortelle dans tous les êtres vivants et sans lequel aucun travail n’est fait, être de bonne résolution. - Yajur Veda, 34.I.6.3 Le discours public qui concerne des sujets qui englobent l’éducation dans le monde actuel et qui porte sur l’éthique est particulièrement bienvenu, même s’il n’est pas aussi répandu qu’il devrait l’être. Toutefois, la difficulté réside dans le fait que l’éthique manque d’adéquation en raison de sa nature contextuelle. Ce qui était hier accepté comme juste ne l’est plus aujourd’hui et ce qui est considéré comme éthiquement juste quelque part ne l’est pas ailleurs. Nous devons nous focaliser sur des fondations spirituelles qui transcendent le temps et l’espace, sur le Dharma, que l’on peut traduire ici au mieux dans son sens de rectitude. Il constitue une partie des fondations, l’autre consistant en Sathya, la vérité. Encore une fois, la traduction est la meilleure à laquelle on puisse songer. A ce niveau, nous devons nous hâter de souligner qu’il n’y a qu’une seule Sathya, Dieu, et ceci nous confronte à une puissante catégorie de personnes et au point de vue qu’elles défendent farouchement et que l’on peut aborder brièvement ainsi. 4. RAISON ET RATIONALITE En ce qui concerne le comportement humain, la discussion se focalise surtout sur ce qu’on appelle la ‘’rationalité’’. En d’autres occasions, si on examine des questions philosophiques, l’attention tourne autour de la ‘’raison’’. Typiquement, les scientifiques insistent sur la vérifiabilité physique des affirmations qui sont faites. Les références à Dieu et plus généralement à la spiritualité provoquent typiquement une forte réaction de la part de cette catégorie de penseurs et il faut se préparer à une réponse bien raisonnée et pleine de sens. Sans entrer dans une analyse élaborée, j’aimerais faire quelques observations qui pourraient être utiles dans de telles situations. Mon objectif est principalement de souligner les problèmes que l’on rencontre avec ces termes et comment on les emploie souvent fautivement dans la plupart des occasions en association avec une perspective étroite de la vie humaine, mais également de l’environnement dans lequel on vit. Le terme ‘’rationalité’’ est souvent utilisé dans les sciences comportementales, comme l’économie, la sociologie et les sciences politiques. Bien qu’il soit largement utilisé, il est rarement aisé à définir. Dans la plupart des situations, la ‘’rationalité’’ se résume à la poursuite de l’intérêt personnel, sinon à de l’égoïsme pur, combiné à un processus cohérent de pensée et de décision. A la racine, il y a une vision très restrictive, non seulement de la vie, mais aussi de la société dans laquelle on vit. Critiquant rigoureusement cette notion de rationalité, le Prof. Amartya Sen, prix Nobel d’économie, nous met en garde contre le fait de devenir des ‘’idiots rationnels’’. Même ceux qui ne sont pas complètement contre l’intérêt personnel ont soulevé de sérieuses questions. Ici, je dois mentionner un autre prix Nobel, le Prof. Herbert Simon, qui parle de la ‘’rationalité limitée’’ comme étant plus proche et plus sensée pour le comportement humain. Une telle notion de rationalité mitigée prend en compte tous les facteurs, y compris les considérations morales dans le cadre desquelles les décisions doivent être prises dans tout contexte. Intimement liée à la rationalité, il y a l’idée de raison qui doit caractériser la pensée et l’action humaine. Bien que cette nécessité n’est généralement pas contestée, le principe a ses limites qui doivent être soulignées. Je ferai encore une fois référence à Herbert Simon. Remarquons qu’il a dit : ‘’(…) La raison n’est qu’un instrument. Elle ne peut pas nous dire où aller ; au mieux elle peut nous dire comment y aller.’’ - Herbert A. Simon, Reason in Human Affairs, Stanford University Press, 1983 C’est très pertinent vis-à-vis de ce qui peut être considéré comme une éducation véritable. Un éminent métapsychologue de notre temps qui s’avère être aussi un admirateur du Védanta fait une observation similaire concernant la raison : ‘’La raison nous impose des limites beaucoup trop étroites et ne nous ferait accepter que ce qui est connu et ceci encore avec des limites et vivre dans un cadre connu, comme si nous savions jusqu’où s’étend la vie…Plus la raison critique domine et plus la vie s’appauvrit.’’ - Carl Jung, Memories, Dreams and Reflections, New York, Vintage Books, 1989 5. SCIENCE ET SPIRITUALITE Les scientifiques se focalisent typiquement sur la création manifestée, en vertu de quoi ils épousent plus ou moins le principe de vérifiabilité physique pour tout ce qu’ils acceptent comme réalité. Ceci les pousse à douter de certains aspects de la spiritualité et particulièrement de la foi en Dieu, étant donné qu’ils considèrent que ceci dépasse la vérification physique et le raisonnement intellectuel habituel. Il y a des problèmes fondamentaux liés à ce point de vue. Premièrement, la plupart d’entre nous, y compris des intellectuels avertis, acceptent beaucoup de propositions scientifiques que nous ne serons jamais en mesure de vérifier, et ceci parce que nous faisons confiance aux grands scientifiques qui ont entrepris les vérifications complexes et parfois même à leurs profondes intuitions. Ne pouvons-nous pas appliquer le même principe aux grands saints et aux grands sages qui ont atteint une grande illumination et une vision impossibles pour nous, les mortels ordinaires ? Secundo, il y a la question essentielle, à savoir, ‘’Qu’est-ce que Dieu ?’’ La spiritualité nous laisse une liberté remarquable pour choisir. Les Ecritures déclarent : ‘’Tu es Cela !’’, c’-à-d Dieu. Bhagavan nous a maintes fois répété : ‘’L’amour est Dieu et Dieu est amour’’. Peut-on faire plus simple ? Comme nous l’avons déjà dit, un des problèmes de base réside dans le fait que nous sommes complètement attachés au monde manifesté du corps, du mental et de l’intellect. Nous devons transcender cette structure. Dans son discours, à l’occasion de l’assemblée annuelle de l’Institut Sri Sathya Sai d’Enseignement Supérieur, en 1985, un physicien éminent, le Prof. E.C.G. Sudarshan a recommandé que l’humanité équilibre le monde manifesté et les aspects non manifestés de la vie au moyen de ce qu’il a appelé une ‘’vision binoculaire’’. Plus récemment, de grands physiciens en sont arrivés à l’idée de Dieu et de la spiritualité comme d’une supraconscience. Il n’est pas nécessaire d’aller plus loin ici, mais ceux qui sont intéressés pourront trouver des points de vue bien argumentés au chapitre 6 (The Road from Physics to Metaphysics) du livre ‘’Journey into Valmiki’s Ramayana’’, Part 2, du Prof. G. Venkataraman, publié par Media Division, Sri Sathya Sai Sadhana Trust, Prasanthi Nilayam. 6. VERS LE BONHEUR AUTHENTIQUE Il est possible que nous n’y songions pas la plupart du temps, mais subconsciemment, nous sommes toujours à la recherche du bonheur dans toutes nos entreprises. Il faut être clair concernant deux aspects de ce phénomène et une éducation véritable doit y veiller. D’une part, veillons à ne pas poursuivre des plaisirs éphémères qui semblent nous rendre brièvement heureux. Malheureusement, cela arrive très souvent. La deuxième question qui lui est apparentée, c’est : où allons-nous chercher notre bonheur ? Ce sont les deux faces de la même médaille et l’éducation doit s’en occuper. C’est l’échec du système d’éducation prévalant qui a plongé l’humanité dans beaucoup de problèmes avec lesquels elle se débat. On cherche à résoudre les problèmes économiques avec de mauvaises méthodes. L’une d’elles est la consommation, comme je l’ai déjà dit. Beaucoup de gens gaspillent de l’argent dans des matières qui deviennent rares pour les autres, typiquement les ménages pauvres. Bhagavan nous avait déjà mis en garde contre ce problème en 1976 et Il nous avait conseillé de mettre une limite à nos désirs : ‘’La vie moderne ou ce que vous appelez la modernité, ce n’est pas le dernier style de vie à la mode. La modernité consiste à mettre une limite à nos désirs. Le contrôle de ses propres désirs est la modernité et non vivre une vie de désirs illimités.’’ - Bhagavan Sri Sathya Sai Baba ‘’Actuellement dans le monde, il y a des problèmes économiques qui nous dérangent. Nous devrions aussi chercher d’où proviennent ces problèmes, d’un point de vue spirituel. Les denrées disponibles sont limitées et nos désirs sont sans limites. Se contenter de prendre des mesures qui ne feront qu’augmenter la production économique n’est pas la bonne chose à faire. C’est une faiblesse. Le raccourci, c’est de contrôler ses désirs pour s’accorder avec la matière disponible…Les étudiants devraient s’évertuer à ne pas gaspiller la nourriture, ils ne devraient consommer que ce dont ils ont besoin et ne rien gaspiller. Partagez votre surplus avec les autres.’’ - Summer Roses on the Blue Mountains, 1976, pp. 117-19 Vingt-cinq ans plus tard, nous avons un économiste renommé qui déclare sur la base de ses recherches empiriques rigoureuses : ‘’L’augmentation des revenus ne fait pas augmenter le bien-être, que ce soit pour les revenus les plus élevés ou les plus faibles, parce que cela produit plus d’aspirations…Le désir est un géant qui grandit, que la parure de l’avoir n’a jamais pu couvrir…’’ - Richard Easterlin, ‘’Income and Happiness’’, Economic Journal, Royal Economic Society, July 2001, Vol. 111, 465-484 Cette observation est aussi documentée par le diagramme suivant qui se base sur des données mesurées au Japon : - B.S. Frey and A. Stutzer, ‘’What Can Economists Learn From Happiness Research?’’, Journal of Economic Literature, June 2002, Vol. XL, 402-435 Clairement, il nous faut chercher ailleurs le bonheur durable et authentique et pas simplement dans la richesse ou les revenus. Si c’est le cas, pourquoi poursuivre des études pour de l’argent ? Que l’éducation soit donc pour la vie et pas simplement pour gagner sa vie, comme Bhagavan nous l’a dit. C’est ce qui donne le bonheur. 7. LES DIRECTIVES DIVINES Il y a plus d’un siècle, le célèbre philosophe, John Stuart Mill, avait clairement diagnostiqué la source essentielle de maladie dans la société humaine et l’éducation authentique comme remède : ‘’L’égoïsme est la principale cause qui rend la vie insatisfaisante. Il n’y a aucune raison pour que l’homme soit un égoïste dépourvu de sentiments pour les autres. L’éducation doit corriger cela.’’ C’est certainement notre bonne fortune que le Seigneur compatissant soit descendu sous forme humaine pour nous guider, avec l’éducation authentique comme fondement de Sa mission divine. Il nous a mis en garde contre les six ennemis mortels que nous devons conquérir dès le départ de notre voyage vers l’autoréalisation. Voir Dieu dans chaque être est le but ultime, mais il faut un commencement avec le sentiment de peine que l’on éprouve, quand une personne est blessée. Bhagavan l’a merveilleusement dit : ‘’De même que toutes les parties du corps constituent un organisme, de même, tous les êtres sont comme les divers membres de Dieu. Quand la jambe est blessée, c’est l’œil qui pleure. Le même genre de relation intime existe entre Dieu et tous les êtres.’’ Développant un peu, Bhagavan insiste et nous exhorte pour que notre effort spirituel se reflète dans ce principe du service à la société qu’Il a parfois appelé ‘’l’amour sans devoir’’. Ce qui inculque ceci, c’est l’éducation authentique. Je Le cite à nouveau : ‘’L’homme doit offrir ce qu’il a de meilleur pour le bien-être des autres pour pouvoir être heureux. Chacun a son devoir, sa tâche et son rôle particulier en tant qu’individu et en tant que membre de la société à laquelle il appartient. Faites votre devoir, accomplissez votre tâche, jouez votre rôle du mieux que vous pouvez ; c’est ainsi qu’on se réalise. La société ne peut être heureuse et saine que si chaque travailleur ou si chaque individu fait son devoir et le fait bien.’’ Pour terminer, rappelons le message de Bhagavan qui nous est destiné à tous. Nous avons des droits dont on discute de trop dans le monde actuel, mais ceux-ci doivent être le prolongement de nos responsabilités. Que les deux soient associés est bien ancré dans l’ancienne culture de l’Inde. Rappelons-nous comment notre bien-aimé Seigneur le déclare : ‘’Bharat a enseigné qu’une petite partie de la société ne peut jamais disposer des ressources inépuisables du monde et que pour le fonctionnement efficace de la communauté, il est nécessaire d’attribuer différentes tâches à des groupes de gens particuliers et de permettre à chaque secteur de la communauté de contribuer sa part pour le bien commun.’’ - Bhagavan Sri Sathya Sai Baba Merci et Sairam. Magazine Heart2Heart de Radio Sai Global Harmony / Janvier 2012